The peinteresse Worlds
Chapitre 1 : Acte 1 - Chapitre Premier : Edward.
2163 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 04/09/2025 21:09
« Dans chaque coup de pinceau, elle tisse des mondes où la beauté et la douleur s’entrelacent, car c’est dans l’éphémère que se révèle l’essence de notre humanité. Chaque couleur qu'elle choisis est une émotion, chaque tableau, un souvenir effacé, et je suis à la fois l'acteur et la victime de ses histoires que le temps peine à retenir. »
Extrait d’un journal trouver et annoter pour recherche par l’Expédition 2.
18 Aout.
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Le brouillard s'épaississait autour des bateaux, enveloppant l'expédition dans une étreinte glaciale. Cela faisait des semaines qu'ils naviguaient dans cette mer de brume, chaque jour se fondant dans le suivant, comme une toile dont les couleurs s'estompaient lentement. Les membres de l'expédition, fatigués et inquiets, scrutaient l'horizon, espérant apercevoir un signe de leur destination.
Soudain, une forme émergea à travers le brouillard, se dessinant lentement comme un rêve oublié. C'était le "Cœur" du Tableau de la Nostalgie, une immense toile vibrante de couleurs pastel, qui semblait pulser avec une vie propre. Les nuances de rose, de bleu et de doré se mêlaient, créant un spectacle à couper le souffle. Les membres de l'expédition, subjugués par cette beauté, échangèrent des regards d'émerveillement et d'inquiétude.
« C'est magnifique… » Murmura Clara, les yeux brillants d'admiration.
« Oui, mais qu'est-ce qui nous attend à l'intérieur ? » Répondit Matthew, le regard fixé sur la toile, son cœur battant la chamade. L'angoisse s'insinuait en lui, mais il savait qu'ils n'avaient pas le choix. Ils devaient entrer.
Les bateaux accostèrent sur une plage de sable fin, où les vagues murmuraient des secrets oubliés. En posant le pied sur le rivage, Matthew ressentit une étrange sensation, comme si le sol lui-même était une toile aux teintes pastel, où les couleurs s'estompaient lentement, évoquant des souvenirs d'un passé révolu. Les paysages étaient parsemés de vieux cafés aux terrasses désertes, ornés de tables en fer forgé et de chaises en bois patiné. Des couples, figés dans un moment de bonheur, se tenaient la main sous des lampions qui s'allumaient doucement à la tombée de la nuit. Les arbres aux feuilles dorées, semblables à des éclats de soleil, murmuraient des secrets oubliés. Des oiseaux aux plumages délicats volaient en cercles, ajoutant une touche de vie à cette scène mélancolique.
« C'est... incroyable. » souffla Maelle, émerveillée par la beauté qui les entourait.
Mais alors qu'ils avançaient dans le brouillard, un bruit sourd résonna dans l'air, tel un écho sinistre.
Les membres de l'expédition se figèrent, leurs cœurs battant à tout rompre. Une silhouette émergea de l'ombre, une femme d'une beauté troublante. Ses cheveux gris-blanc, d'une douceur comparable à celle de la soie d'araignée, tombaient en cascade autour de son visage, flottant dans l'air et le temps. Ses yeux vairons, oscillant entre des nuances de bleu profond et d'orange éclatant, capturèrent leur attention.
Elle portait un costume élégant, une chemise à jabot en soie blanche, et un pantalon gris clair qui s'harmonisait parfaitement avec l'ensemble. À sa hanche gauche, une rapière ornée de motifs évoquant des plumes et des poils de pinceau brillait sous la lumière tamisée. Ses mains, délicatement gantées de blanc-gris, ajoutaient une touche de raffinement à son apparence.
« Qui êtes-vous ? » demanda l'un des membres de l'expédition, la voix tremblante.
La femme ne répondit pas, mais son regard se posa sur lui avec une intensité troublante. Un frisson parcourut l'échine de Matthew.
« Elle semble plus vieille qu'eux... » Murmura un autre membre, attirant l'attention de la femme.
Sans un mot, elle dégaina la rapière avec une précision mortelle et, d’un geste vif, trancha la tête d’un des membres de l’expédition. La scène se ralentit alors que la tête tombait et roulait au sol, le choc résonnant dans l’air et fit reprendre conscience de la situation aux soldats. La panique s’empara du groupe.
« Repli ! » Ordonna Matthew, son cœur battant la chamade. Ils se retournèrent, mais un trait de peinture fusa à travers l'air, s'écrasant comme une étoile filante sur les membres de l'expédition. L'explosion les emporta, laissant Matthew couvert de poussière, le souffle court. Autour de lui, le chaos régnait. Les cris et les détonations résonnaient, et il vit Charles essayer de sauver Edward, qui était à terre, blessé et inconscient.
« Matthew, qu'est-ce que tu fous ?! Faut qu'on dégage ! » Hurla Charles, mais avant qu'il ne puisse réagir, une explosion dorée de peinture éblouissante le frappa, le réduisant à néant. Matthew se releva, encore sonné, titubant au milieu du désastre. Il réussit à se réfugier derrière la coque retournée du navire, haletant. À ses côtés, Maelle, la plus jeune membre de l'expédition, était couvert de saleté et tremblait.
« Elle nous suit pas ! Mais putain, c'est qui ?! » S’interrogea un soldat, le regard affolé. Le soldat se leva pour tenter d'attaquer, mais un autre trait de peinture l'atteignit directement à la tête, l'explosant dans un éclat de sang. Matthew et Maelle, sous le choc, respirèrent en haletant, les traces de sangs maquillant leurs vissages.
« Nous devons aller au point de ralliement… » Murmura Matthew, mais alors qu'il parlait, une silhouette sombre se déplaça furtivement dans le brouillard. Il jeta un regard, apercevant la forme d'une créature qui semblait traquer les survivants, cherchant à effacer la lumière et la créativité.
Un membre de l'expédition jeta un regard désespéré vers la créature, et avant qu'il ne puisse crier, il fut happé et disparut dans un hurlement.
« On doit bouger ! » Hurla Matthew, se relevant avec Maelle, tous deux titubant en s'entraidant. Un soldat apparut, paniqué, avant qu'une créature, semblable à un oiseau aux plumes noires, ne le happe entre ses serres suintantes d'encre. Le cri de l'homme s'éteignit dans le tumulte.
Matthew et Maelle, leurs visages et uniformes couverts de terre et de sang, se traînèrent l'un vers l'autre sur le champ de ruines. Une créature apparut, semblable à une forme éthérée hantant les ruines. L'expression de fatigue et de terreur se reflétait dans ses yeux.
Alors, la créature joignit les mains en l'air, elle créa une étrange « sphère d'encre compressée » entres-elle et la projeta en avant, l'impacte détruisant le sol devant eux, les faisant tomber dans le vide en dessous.
Acte 1 - Chapitre Premier : Edward.
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- 10 ans auparavant : en parallèle de l’Expédition 26 -
L’amphithéâtre était rempli de murmures excités, les élèves et futurs voyageurs s’asseyant sur les bancs en bois usés, impatients d’entendre ce que l’instructeur avait à dire. Maelle, une jeune fille aux cheveux châtains et aux yeux pétillants de curiosité, était assise au premier rang, son carnet de notes ouvert sur ses genoux. Elle avait toujours été fascinée par les récits des explorateurs, mais aujourd’hui, l’atmosphère était différente. Une tension palpable flottait dans l’air, comme si le sujet à venir était plus qu’un simple cours.
L’instructeur, un homme à la voix grave et au regard perçant, se leva et balaya la salle du regard. « Aujourd’hui, nous allons parler de la Peintresse et de son influence sur l’humanité. » Ses mots résonnèrent dans l’amphithéâtre, et un frisson parcourut l’assemblée. La Peintresse, figure mythique et redoutée, est souvent décrite comme une entité capable de manipuler la réalité à travers l’art. Ses créations, bien que magnifiques, sont également jugées néfastes.
Maelle écoutait attentivement, notant chaque mot. Elle avait entendu des histoires sur la Peintresse, des récits de ceux qui avaient osé s’aventurer dans ses toiles, mais jamais elle n’avait compris l’ampleur de son pouvoir. L’instructeur continua, décrivant les effets dévastateurs que la Peintresse avait eus sur les âmes des hommes, comment ses œuvres pouvaient aspirer la lumière et la créativité, laissant derrière elles des coquilles vides.
« Les expéditions qui ont tenté de percer le mystère de la Peintresse ont souvent rencontré des fins tragiques. Il marqua une pause, laissant le poids de ses mots s’installer. Nous devons nous rappeler que l’art peut être une arme à double tranchant. » Les élèves échangèrent des regards inquiets, mais Maelle, au fond d’elle-même, ressentait une étrange excitation. Elle voulait comprendre, explorer, et peut-être même défier cette entité qui semblait si puissante. Elle se promettait de ne pas laisser la peur l’envahir.
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- Dans le présent -
Maelle reprit doucement conscience, allongée sur le sol. Elle se redressa lentement, un gémissement de douleur échappant de ses lèvres. Son flanc était blessé, et elle pouvait sentir le sang s’écouler lentement. En regardant autour d’elle, elle réalisa qu’elle se trouvait dans un paysage entièrement blanc, comme si elle était piégée dans une toile inachevée. La lumière était éclatante, mais elle ne parvenait pas à réchauffer son cœur.
Avec peine, elle se leva, se tenant le flanc, et commença à avancer, un pas après l’autre. Le sol était dur et froid sous ses pieds, et chaque mouvement lui rappelait la douleur. Elle devait retrouver les autres, savoir ce qui était arrivé. Alors qu’elle marchait le long d’un chemin terreux, une vibration soudaine fit trembler le sol. Elle se mit à couvert, se cachant derrière un rocher, son cœur battant la chamade.
Le bruit d’un objet percutant le sol résonna, et elle jeta un coup d’œil. Une empreinte énorme à griffes se formait dans la terre, et son cœur se serra d’angoisse. Elle savait qu’elle avait affaire à une créature invisible de la Peintresse. Les grognements se rapprochaient, et elle pouvait sentir la terreur l’envahir.
Les traces dans le sol se dirigeaient maintenant vers elle. Elle gémit, transpirant de peur, retenant sa respiration. Les empreintes s’arrêtèrent juste devant elle, et elle sentit son cœur s’arrêter. Puis, un nouveau grognement se fit entendre, et d’autres traces se mêlèrent à celles de la première créature. Les deux bêtes invisibles grognaient entre elles, et Maelle, paralysée par la peur, remarqua une goutte de salive tomber d’une des créatures, coulant sur son épaule.
Elle retint son souffle, attendant que le danger passe. Les grognements s’éloignèrent lentement, et elle laissa échapper un soupir de soulagement, mais la terreur et la perte de ses compagnons l’envahissaient. Elle se redressa, sachant qu’elle devait continuer.
Devant elle se dressait un immense tableau représentant un paysage de café en terrasse, des habitations évoquant une civilisation oubliée. Elle haletait, son cœur battant à tout rompre. À ses pieds, un cadavre était allongé, assis contre le tableau, tenant une lettre dans ses mains. Elle s’approcha, le cœur lourd, et après une prière silencieuse, elle prit la lettre et la lut.
« Si quelqu’un trouve cette lettre, sachez que je suis arrivé ici après un long périple. Ces créatures m’ont gravement blessé, et je crains que mon chemin ne s’arrête ici... que je ne pourrai pas aller plus loin. Ceux qui m’ont précédé ont laissé des messages, des avertissements, et j’espère que ces informations seront utiles pour les générations futures. Je suis désolé de vous abandonner, mais je n’ai pas le choix. La Peintresse est plus puissante que je ne l’avais imaginé. Elle a le pouvoir de transformer la réalité, et ses créatures sont des ombres de ce qu’elle a créé. Je vous en prie, soyez prudents. » - Edward, Expédition 21.
Maelle sentit une boule se former dans sa gorge. Elle remercia le soldat silencieusement, murmurant la devise des Compagnies : « Pour ceux qui viennent, et ceux qui suivront après. » Elle se redressa, le cœur lourd mais déterminé. Elle devait avancer, non seulement pour elle-même, mais aussi pour ceux qui avaient sacrifié tant de choses pour explorer ce monde.
Elle observa le tableau, ses couleurs pastel vibrant d’une vie propre. La tentation de toucher la toile était forte, comme si elle l’appelait. Maelle tendit la main, hésitant un instant, puis, rassemblant son courage, elle toucha la surface. Instantanément, elle se sentit aspirée, comme si elle était engloutie par un océan de couleurs.