The peinteresse Worlds
Chapitre 3 : Acte 1 Chapitre Second « Nostalgie »
2622 mots, Catégorie: G
Dernière mise à jour 10/11/2025 18:02
Extrait du journal de Margaux, chef de l’Expédition 16
Date : 22 avril
Aujourd'hui, alors que le soleil se lève sur l'horizon, je prends un moment pour réfléchir à notre voyage. Nous avons quitté le port de l’Ancienne Lumière il y a maintenant deux semaines, et chaque jour qui passe semble nous plonger davantage dans un océan d'incertitudes. L'air est chargé d'une tension palpable, comme si la mer elle-même retenait son souffle, attendant de voir ce que nous découvrirons.
Nous avons navigué à travers des tempêtes de brume, des vagues qui semblaient vouloir nous engloutir. Chaque membre de l'expédition porte en lui ses propres espoirs et ses craintes. En tant que chef, je ressens le poids de cette responsabilité. Je dois les guider, les rassurer, mais parfois, je me demande si je ne les entraîne pas vers un destin tragique.
Aujourd'hui, nous avons atteint une île qui n'est pas répertoriée sur nos cartes. Elle est apparue soudainement, comme un mirage, émergeant des brumes avec une beauté troublante. Des falaises abruptes se dressent, entourées d'une végétation luxuriante, mais il y a quelque chose d'inquiétant dans l'air. Les oiseaux qui volent au-dessus de nous semblent silencieux, comme s'ils craignaient de troubler la quiétude de cet endroit.
En explorant l'île, nous avons découvert des ruines anciennes, des vestiges d'une civilisation oubliée. Les murs, couverts de lierre et de mousse, racontent des histoires de gloire et de déclin. J'ai trouvé une inscription gravée dans la pierre, mais les mots étaient à moitié effacés, comme si le temps lui-même avait voulu les cacher. Cela m'a rappelé que même les plus grandes histoires peuvent s'effacer dans l'oubli.
Alors que nous nous enfoncions dans les ruines, un frisson m'a parcouru. J'ai eu l'impression d'être observée, comme si les ombres elles-mêmes prenaient vie. Mes compagnons ont ressenti la même chose, et un silence pesant s'est installé. Nous avons partagé des regards inquiets, chacun se demandant ce qui se cachait derrière ces murs.
C'est alors que nous avons entendu un murmure, un chant lointain qui semblait flotter dans l'air. Intrigués, nous avons suivi le son, nos cœurs battant à l'unisson. Ce chant, à la fois envoûtant et mélancolique, nous a conduits à une clairière où se tenait une immense toile, tendue entre deux arbres majestueux. Les couleurs, vibrantes et éclatantes, semblaient pulser avec une vie propre, comme si elles attendaient d'être libérées.
Je me suis approchée, fascinée. En touchant la toile, une vague d'émotions m'a submergée. J'ai vu des visions de joie, de douleur, de rêves perdus et de souvenirs oubliés. C'était comme si l'art lui-même avait capturé l'essence de cette île, de ses habitants disparus. J'ai compris que cette toile était un passage, un lien entre notre monde et celui des âmes qui avaient vécu ici.
Mais alors, un vent glacial s'est levé, et le chant s'est intensifié, se transformant en un cri désespéré. Les couleurs de la toile ont commencé à se tordre et à se mélanger, comme si elles cherchaient à s'échapper. Mes compagnons et moi avons reculé, pris de panique. Nous avons compris que nous n'étions pas seuls ici, que quelque chose de plus grand et de plus ancien nous observait.
Nous avons fui, le cœur battant, laissant derrière nous la toile et ses promesses. Alors que nous regagnions notre navire, je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que nous avions découvert. Cette île, avec ses secrets et ses mystères, nous avait offert un aperçu de la beauté et de la douleur de l'existence. Mais à quel prix ?
Je me demande si nous serons capables de porter ce fardeau, de vivre avec les souvenirs de ce que nous avons vu. Peut-être que, comme cette toile, nous aussi sommes destinés à nous effacer dans l'oubli. Mais je refuse de laisser cette pensée m'engloutir. Nous avons encore des histoires à conter, des couleurs à ajouter à la toile du monde.
Mais aucuns de nous ne survivra pour la raconter...
Margaux.
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Acte 1
Chapitre Second
« Nostalgie »
Maelle ouvrit les yeux, le cœur lourd, dans un monde qui semblait tout droit sorti d'un rêve. Elle se redressa lentement, ses mains tremblantes effleurant le sol doux et pastel qui l'entourait. Ce paysage était une toile vibrante, où les couleurs s'estompaient lentement, évoquant des souvenirs d'un passé révolu. Les vieux cafés aux terrasses désertes, ornés de tables en fer forgé et de chaises en bois patiné, lui rappelaient des moments de bonheur qu'elle avait perdus. Des couples figés dans des instants de joie se tenaient la main sous des lampions qui s'allumaient doucement à la tombée de la nuit. Les arbres aux feuilles dorées, semblables à des éclats de soleil, murmuraient des secrets oubliés, tandis que des oiseaux aux plumages délicats volaient en cercles, ajoutant une touche de vie à cette scène mélancolique.
Mais pour Maelle, tout cela n'était qu'un décor triste. Elle était le dernier membre de sa Compagnie, la dernière survivante d'une aventure qui avait mal tourné. Les larmes coulaient sur ses joues, et elle se laissa aller à pleurer, le chagrin l'étouffant. Ses amies, ses camarades, tous disparus, emportés par les dangers de ce monde mystérieux. Elle se sentait seule, perdue dans cette toile qui, bien qu'éblouissante, ne pouvait apaiser la douleur de sa perte.
Alors que la nuit tombait, Maelle décida de s'installer pour la nuit. Elle trouva un petit coin tranquille près d'un café abandonné, où elle alluma un feu. Les flammes dansaient, projetant des ombres vacillantes sur les murs décrépits. Elle tremblait, non seulement à cause du froid qui s'installait, mais aussi à cause de la tristesse qui pesait sur son cœur. La solitude était écrasante, et elle se demanda si elle trouverait un jour sa place dans ce monde.
Soudain, un bruit la fit sursauter. Elle se retourna brusquement.
-Hum... retenti une voix. ...il me semble... »
La magie de l'instant fit jaillir son arme dans sa paume, et elle pointa sa rapière vers l'ombre qui se dessinait dans le brouillard.
-Il me semble qu’on m’observe ! » Finit-elle, la voix déterminée.
La créature émergea lentement, levant les mains devant son visage. C'était une silhouette étrange, presque enfantine, avec des formes arrondies et des couleurs vives.
-Ne fais pas de mal à Bommer ! Aucun mal il ne te veut ! » Dit-elle d'une voix douce, presque chantante et implorante.
Maelle, méfiante, observa la créature s'approcher. Elle roulait au sol, affichant une expression joyeuse, comme si elle était ravie d'avoir trouvé une nouvelle amie.
-Qui es-tu ? » Demanda-t-elle, baissant légèrement sa garde mais restant alerte aux moindres signes hostiles.
-Je m'appelle Bommer ! s'exclama la créature, ses yeux pétillants de malice. Je suis une création de la Peintresse, une sorte de compagnon de voyage ! »
Maelle écarquilla légèrement les yeux, surprise.
-Tu es une création de la Peintresse ? »
-Oui ! répondit joyeusement Bommer, tout en s’approchant pour fouiller dans les affaires de Maelle. Je suis là pour t'accompagner dans tes aventures ! »
-Hé ! Qu'est-ce que tu fais ? s'écria Maelle, réalisant que la créature avait déjà commencé à grignoter une barre de céréales. C'est à moi ! »
-À moi, à moi ! » Répéta Bommer, la bouche pleine, comme un enfant insouciant.
Maelle, exaspérée, tenta de reprendre la barre de céréales, mais Bommer s'accrochait à elle avec une détermination enfantine.
-Non, non ! Je l'ai trouvée ! » S’écria-t-il, ses yeux brillants d'une joie malicieuse.
- Tu ne peux pas juste prendre mes rations comme ça ! s'indigna Maelle, frustrée. J'en ai besoin pour le voyage ! »
Bommer, avec un air de défi, fit une moue boudeuse.
-Mais je suis affamé ! protesta-t-il, se roulant au sol comme un enfant à qui l'on refuse un jouet. Je n’ai mangé qu’un pot de peinture ce matin ! » Finit-il, allongeant sa phrase, exaspérant la jeune fille.
Maelle soupira, réalisant qu'elle ne gagnerait pas cette bataille. Elle décida donc de faire un compromis entre sa faim et sa frustration croissante.
-D'accord, mais ne touche pas à tout ! » Concéda-t-elle en secouant la tête.
Une fois le choc de la rencontre passé, ils s'assirent autour du feu de camp, la chaleur des flammes réchauffant l'atmosphère. Maelle se massait les tempes, essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Bommer, tout en mâchant joyeusement, lui expliqua qu'il faisait partie des « Compagnons de Voyage », des créatures qui apportaient soutien et encouragement aux artistes dans leurs aventures.
-La Peintresse m'a créé pour aider ceux qui cherchent à explorer ce monde ! Parla Bommer avec enthousiasme. Je suis là pour te guider et te protéger ! »
-La Peintresse t'a créé ? Tu dis ? Répéta-t-elle, incertaine de cela. J’ai du mal à y croire. »
Maelle, bien que toujours méfiante, commença à se détendre. La présence de Bommer, avec son air joyeux et son innocence, lui apportait un certain réconfort. Ils échangèrent des histoires autour du feu, et Maelle se mit à rire des anecdotes de Bommer sur ses précédentes rencontres avec d'autres artistes.
La nuit tomba lentement, enveloppant le paysage d'une douce obscurité. Les étoiles scintillaient au-dessus d'eux, et Maelle se sentit étrangement apaisée. Elle avait trouvé un compagnon inattendu dans ce monde étrange, mais elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle pourrait vraiment compter sur lui.
Le lendemain matin, le soleil se leva lentement, baignant la Toile de ses rayons dorés. Maelle se réveilla avec une nouvelle détermination, mais aussi une légère irritation à l'idée de devoir surveiller ses rations. Elle était prête à commencer son voyage à travers ce monde fascinant, avec Bommer à ses côtés, bien qu'elle se demandât combien de barres de céréales il lui resterait à la faim.
-Allons-y ! s'exclama Bommer, sautillant sur place. Il y a tant de choses à voir et à découvrir ! »
Maelle sourit légèrement, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir un peu frustrée. Elle savait que le chemin serait semé d'embûches, mais avec Bommer à ses côtés, elle se sentait prête à affronter tout ce qui l'attendait, même si cela signifiait devoir partager ses rations. Ensemble, ils s'engagèrent sur le chemin sinueux qui serpentait à travers le paysage pastel, dans la Toile de la Nostalgie. Les couleurs vibrantes les entouraient, et chaque pas qu'ils faisaient les rapprochait un peu plus de l'inconnu. Maelle se sentait un tout petit peu plus vivante, et pour la première fois depuis longtemps, elle avait l'impression que l'aventure ne faisait que commencer.
Cette nuit, après une journée entière de marche, la nuit enveloppait le paysage d’un voile de mystère, et Maelle dormait paisiblement, bercée par le crépitement du feu qui s’éteignait lentement. Les étoiles scintillaient au-dessus d’elle, mais dans l’ombre, quelque chose se préparait. Le paysage pastel qui l’entourait commença à se transformer, les couleurs s’estompant lentement pour laisser place à une teinte monochrome, comme si le monde entier était devenu une toile vierge, attendant d’être peinte.
Dans cette obscurité, une silhouette émergea lentement des ombres. C’était un vieil homme, dont l’apparence trahissait le poids des années et des épreuves. Son visage était marqué par des rides profondes, témoignant d’une vie de souffrances et de luttes. Ses cheveux, d’un blanc argenté, étaient longs et emmêlés, tombant en désordre autour de son visage fatigué. Ses yeux, d’un brun intense, brillaient d’une lueur de détermination, mais aussi de désespoir.
Il portait un long manteau sombre, usé par le temps et les combats, qui drapait ses épaules et lui conférait une allure à la fois mystérieuse et imposante. Ce manteau était souvent ouvert, laissant entrevoir une chemise simple et des pantalons sombres. Le vieil homme se déplaçait avec une canne, qui, à première vue, semblait ordinaire.
Alors qu’il avançait, il s’arrêta, observant l’étrange jeune fille qui regardait Maelle, son visage délicat marqué par une beauté intemporelle qui contrastait avec la tristesse de son sort. Ses cheveux, d’un noir-ancre profond, tombaient en vagues soyeuses autour de son visage, encadrant des yeux d’un bleu éclatant qui reflétaient à la fois la détermination et la mélancolie. Elle portait une robe légère, ornée de motifs colorés qui évoquaient les toiles de La Peintresse, mais dans cette nuit sans couleur, elle semblait se fondre dans le décor monochrome.
Le vieil homme s’approcha de Maelle, toujours observé par l’étrange fille, son regard empreint d’une sagesse ancienne. Il ne prononça pas son nom, mais son aura imposante suffisait à capter l’attention de quiconque se trouvait à proximité. Il l’observa, puis, dans un murmure presque inaudible, il laissa échapper des mots chargés de sens.
« Jeune fille… »
La jeune fille s’agenouilla devant Maelle, sa voix douce et mélodieuse s’élevant dans l’air frais de la nuit.
« Je l’ai envie… ceux qui ne voient pas… ceux qui n’ont pas conscience… Elle caressa les cheveux de Maelle avec une tendresse infinie, comme si elle cherchait à lui transmettre une part de son essence. ...Une nouvelle toile se lève sur nos mondes… et ils n’en ont pas conscience… » Murmura-t-elle, ses mots flottant dans l’air comme une mélodie oubliée.
Puis, dans un éclat de lumière éphémère, la jeune fille disparut, se fondant dans l’obscurité, laissant derrière elle un sentiment d’étrangeté et de mystère. Le vieil homme, quant à lui, resta un instant en silence, observant la scène avec une intensité palpable. Puis, il se détourna, disparaissant à son tour dans les ombres.
Le lendemain matin, le soleil se leva lentement, baignant la Toile de ses rayons dorés. Maelle se réveilla avec un léger frisson, un sentiment d’inquiétude l’envahissant sans qu’elle puisse en comprendre la raison. Elle se redressa, regardant autour d’elle, mais tout semblait normal. Bommer, son compagnon joyeux, était déjà en train de sautiller autour du feu, son enthousiasme contagieux.
-Bonjour, Maelle ! Prête pour une nouvelle journée d’aventures ? » S’exclama-t-il, ses yeux pétillants de malice.
Maelle lui sourit faiblement, mais une partie d’elle restait troublée par le rêve qu’elle venait de faire. Elle se leva, secouant la tête pour chasser les souvenirs de la nuit précédente. Peut-être n’était-ce qu’un rêve, pensa-t-elle. Mais alors qu’elle se préparait à reprendre la route, elle ne pouvait s’empêcher de se demander si quelque chose de plus grand se tramait autour d’eux.
Le groupe se mit en marche, et Maelle se força à se concentrer sur le chemin qui s’étendait devant eux. Les couleurs vibrantes de la Toile l’entouraient, mais une ombre persistante planait sur son esprit. Elle se sentait à la fois excitée et nerveuse, comme si chaque pas qu’elle faisait la rapprochait d’un destin qu’elle ne pouvait pas encore comprendre.