Jade, l'apprentie humaine

Chapitre 2 : "Le baptême de feu"

2446 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/09/2017 11:37

Chapitre 2 : "Le baptême du feu" 



Précédemment : Naissance 


Le trajet de charrette ne fut pas très long. Pendant tout le temps de ce petit voyage, j’en profitai pour regarder aux alentours. Des deux côtés, je voyais défiler des maisons en bois ou en pierres, ou faites de deux matières, avec de la paille, des chaumières, des bars. Il n’y avait que du gazon partout. Soudain, elle passa devant un bâtiment différent, plus grand et marron clair. Le devant était décoré par des fleurs et un drapeau blanc avec une flèche noire vers le bas. Finalement, la charrette glissa sur le sol en faisant un demi-tour et s’arrêta net. Tout d’un coup, mon champ de vision voyait un mur en bois, grand de trois mètres, avec une porte grande ouverte sur un monde extérieur qui avait l’air immense.  

Devant moi, une femme fine et un peu plus grande que moi nous regardait intensément, les mains sur les hanches.  

— Terminus, tout le monde descend ! s’exclama la conductrice de la charrette.  

Je sautai la première à terre, puis le reste suivit. Il y avait des filles habillées comme moi, toutes pareils avec leurs cheveux roses et courts. Les autres étaient des hommes musclés avec des bracelets serties de piques, une ceinture rouge aussi épaisse que le tissu marron qui faisait office de jupe courte et des sandales. Ils avaient tous la même tête stupide et inexpressive, avec leurs cheveux en forme de casque et leurs moustaches en guidon blonde. Ils étaient une bonne cinquantaine en tout.  

Quant à la dame, elle ressemblait un peu aux filles aux cheveux roses. C’était une femme très belle, aux cheveux longs brun-roux et des yeux bleus d’une couleur intense. Elle avait une robe d’un vert kaki foncé et sans manches qui lui arrivait aux chevilles, et un t-shirt vert clair qui ressortait pour couvrir ses épaules en dessous. A la taille, elle avait une espèce de grande sacoche qui pendait sur le côté de sa taille. Puis, à l’avant et à l’arrière, elle avait une jupe par-dessus sa robe, jeune au niveau de la taille, qui descendait jusqu’à caresser le gazon derrière, et qui s’arrêtait un peu après la robe vert kaki devant.  

— Bonjour tout le monde ! s’exclama-t-elle alors d’une voix cristalline en tapant dans ses mains. Vous devez tous être un peu perdus, mais malheureusement, on n’a pas le temps de prendre le thé. Suivez-moi, je vais vous donner l’essentiel des informations en route ! Oh, et en fait, mon nom est Dana ! 

La dénommée Dana se mit donc en route et sortit du village par la porte. Mes pieds étaient scotchés au sol. Tout le monde me dépassa et suivit la femme en partant sur la gauche après être sorti. Une dernière fois, je regardai le village derrière moi. Tant de vie, d’animations… Mais où étais-je ? Quelques secondes plus tard, je décidai de la suivre. 

Elle nous amena vers un feu de camp quelques mètres plus loin. Nous vivions dans une plaine entourée de sapins haut d’une bonne dizaine de mètres. Des villageoises erraient ici et là, partaient vers les arbres, se baissaient au sol et revenaient dans la ville. Accolés au rempart, je vis de nouveau des tubes de liquide violet qui se remplissaient tout doucement. A côté de ça, des petits triangles de bois qui semblaient être des passages vers des souterrains. Des bacs d’or en sortaient régulièrement.   

— Ce que vous voyez là-bas, ce sont des extracteurs d’élixirs et des mines d’ors, dit alors Dana en montrant les infrastructures. Peut-être vous fera-t-on travailler là-bas si on a besoin de renforts, donc on vous appellera à ce moment-là. Vous en saurez plus au moment voulu. Le grand bâtiment rond là-bas, d’où une lumière violette s’élève, c’est un laboratoire. Les plus aguerris d’entre vous y iront, ajouta-elle en leur jetant un sourire malicieux. Et plus vous êtes forts, plus vous y irez… ! 

Mais pourquoi donc ? J’avais l’impression que Dana restait volontairement flou… Je sus pourquoi la seconde d’après : 

— Je ne vous en dis pas trop pour l’instant, expliqua-t-elle. Vous serez peut-être mort dans une demi-heure.  

Étrangement, je n’avais pas peur. Je ne fus pas choqué ou autre. C’était juste une information de plus à l’instant où je l’entendais. 

—Là, on se dirige vers notre camp militaire, enchaîna-t-elle d’une voix forte. Vous y trouverez vos armes respectives. Ensuite, on vous briefera et vous partirez au combat illico ! 

En effet, une fois arrivé, nous vîmes des caisses ouvertes autour du feu. Dana donna des arcs à toutes les filles, et une épée épaisse à tous les garçons.  

— Très bien ! finit-elle par dire, les mains sur les hanches. Bon alors écoutez-moi bien maintenant : Vous êtes des combattants, des guerriers. C’est votre raison de vivre et rien d’autre ne compte. La seule façon dont vous pourrez vous accomplir, c’est tuer, attaquer ! Et on va vous en donner l’opportunité.  

Elle marqua un pause, puis continua. 

— Votre but est de protéger cette vallée, la vallée de Priène, et notre beau village du nom de Tyrinthe. Pour cela, il faudra nous protéger de nos pires ennemis, les gobelins ! Ce sont de vilaines et petites créatures à la peau verte qui en veulent à notre façon de vivre, à nos habitants, à nos ressources ! Il est nécessaire de mettre fin à leur existence, et c’est pour cette raison que nous vous avons appelé ! 

Au fur et à mesure qu’elle parlait, nous nous sentions galvanisé, comme animés d’une mission qu’elle immisçait peu à peu dans notre esprit. D’une main, j’agrippai la bandoulière de mon arc qui pendait dans mon dos, prête à l’action. Je n’avais plus qu’une envie, une obsession : Transpercer de la viande de gobelin avec mon arc… ! Même si les informations étaient encore floues… 

Cependant, Dana s’apprêtait à en remettre une couche : 

— Je vais vous montrer plus en détail de quoi sont capable ces gobelins… Allons à l’orée de la forêt, décida-t-elle d’une voix claironnante. S’y trouve un passage vers une grotte. Retenez bien ce que je vous dis, il en va de vos vies : C’est la première et dernière fois que vous y mettrez les pieds. Allons-y ! 

Dans tourna alors des talons et se mit en marche avec entrain. Cette fois, je la suivis sans broncher. Nous y arrivâmes en une petite minute. A la seconde où nous pénétrâmes dans la forêt, un vent lent d’une froideur extrême sembla souffler nos âmes, faire trembloter nos muscles, vibrer nos squelette. La différence de température était, même pour un nouveau-né comme moi, car c'est ce que j'étais finalement, des plus surnaturelles. Le bruit du vent ressemblait bizarrement à des paroles qui s'élevait dans les tréfonds de cette nuée de sapins inquiétant et tous désespérément haut, tel une rangée de soldats sans sentiments.  Et ce vent semblait être un courant fin dans une forêt, courant que Dana suivait. Elle slalomait entre le crocs troncs de sapins sans broncher en suivant un courant de pus en plus froid, voire glacial. 

Finalement, après avoir contourné un arbre, elle déplaça un buisson de fougères factices et prit un chemin étroit qui l’emmenait vers des souterrains. 

Je me rappelle ne plus arriver à réfléchir décemment. Ce froid n’était définitivement pas normal. Et finalement, c'est une bonne chose que je n’ai pas eu les idées parfaitement claires à ce moment. Par que sinon, j’ai l’intuition bizarre que j’aurais eu un réflexe physique violent, consistant à utiliser mon arc à torts et à travers sur quiconque s’approchait de moi, comme pour me protéger… parce que ce vent était une agression. Oui, c’est comme ça que je l’ai vécu. Comme une agression. Pas seulement physique comme des coups, ou psychique comme un harcèlement. Mais comme une agression pire, distillé de raisons, à la fois innocente et cruelle. 

Le chemin devint un tunnel sinueux, faiblement éclairé par des torches accolés aléatoirement aux parois. Je ne sentait plus ni mes doigts ni mes pieds. J’avais juste envie de réconfort. De chaleur. Le tunnel déboucha sur une petite grotte. Il y avait un feu au centre, de couleur jaune. Ce fut alors une vague de chaleur douce et bienveillante qui heurta nos corps et les faisant frétiller de bonheur. J'étais au bord de l’extase vivant pleinement un sentiment de plénitude unique en son genre. Après l’enfer, je vivais le paradis. J’étais dans un état de bonheur tel que je ne remarquai que p tard qu’une femme était assise au coin du feu.  

Son visage était caché par une capuche de fourrure noire, appartenant à une robe qui couvrait aussi l’entièreté de son corps. Je ne vis que ses mains, longues, inexpressives et pâles comme les pattes d’une araignée à la peau morte. Je n'avais pas encore les notions de vieillesse et jeunesse. Sinon, j'aurais été surpris de la voix suave qui s'élevait d'un corps si vieux lorsque j'entendis : 

— Bonjour les enfants !  Vous êtes venu voir le passé de notre vallée Priène ? Dana, donne moi le bol en haut de l'étagère derrière moi  

Je pus donc voir que la grotte n’était pas vide, loin de là . Je voyais des étagères remplis de bocaux en verres contenant des substances des plus étranges. Je vis aussi des coffres. La dame prit le bol qu’on lui donna entre ses longs doigts effilés et prit dedans une pincée de poudre verte qu’elle jeta immédiatement dans les flammes. 

Les flammes semblèrent exploser et prient une hauteur de deux mètres. Le crépitement de flamme s'était accentué , son ronronnement hypnotisant capta mon attention. Dans les flammes se dessinèrent alors des villages, des scènes de vie quotidiennes qui donnaient le sourire. Des couples élevaient tranquillement leurs enfants, les hommes travaillaient la terre en chantonnant, les femmes dansant autour des flammes et leurs chants se répercutait divinement bien dans la grotte. Pas un instant il me vint à l’esprit que voir tout ceci dans des flammes était bizarre. 

Puis les Gobelins vinrent  attaquer. Leur visages moches et narquois se dessinaient dans les flammes devenues encore plus bruyantes et menaçante. Sous mes yeux ébahis, révoltés, il détruisirent la vie des habitants que je regardais la seconde d’avant. Je vis des scènes de destruction gratuites, inhumaines. Mais aussi des scènes de pillages, d’humiliation. Les Gobelins saccageaient notre mode de vie, nos droits, s’en prenaient à nos familles… ! Je n’avais plus qu’une envie : détruire ces Gobelins pour retrouver l’honneur perdu de la fière vallée de Priène.  

Soudain le feu reprit une taille normale, une couleur moins vive, se remit à crépiter doucement , et la dame éleva la voix :  

— Je peux voir de la colère dans vos à eux auparavant vides : vous êtes maintenant prêt à redorer là blason de notre bien aimée vallée ! Dana ! Envoie-les au combat des que possible… le temps presse ! 

— Entendu ! Allez, en route mauvaise troupe ! Et au pas de course ! 

Nous nous exécutâmes avec un froideur guerrière . Les attributs physiques nous avaient été donnés à la naissance, et désormais nous avions le mental nécessaire pour partir au front. En repartant cependant, je remarquai que le froid reprenait peu à peu ses droits. J’eus envie l’espace d’un instant de rester auprès de ce puissant feu. Maintenant je comprends.  

Les flammes n’étaient là que pour attiser la haine et associer ce sentiment sombre au réconfort, car je venais d’un environnement glacial . En même temps que je me réjouissais de la présence de la chaleur, cette dernière venait  me susurrer a l’oreille pourquoi il fallait tuer tout Les Gobelins. C’était de la manipulation. Mais elle était nécessaire pour que les guerriers comprennent vite. Cela faisait maintenant une demi-heure que j’étais né. Et mon corps était animée par la haine. J'avais désormais une raison de vivre : Nous défendre.


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