Jade, l'apprentie humaine

Chapitre 3 : Ma première bataille !

2765 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/09/2017 10:58

Chapitre 3 : Ma première bataille 


Précédemment : Naissance, puis baptême. 



Enfin, nous regagnions le soleil tapant fort sur la plaine. En amont de la colline, on pouvait voir les remparts du village. Je pressai nerveusement la bandoulière de mon arc. J'étais plus que prête à me battre, mon heure était venue. Soudain, j'entendis un bruit derrière moi : Un autre groupe sortait de la forêt.  

Ce dernier était nettement plus hétéroclite que le nôtre et c’était des combattants aussi. Des barbares, des archers comme moi, mais aussi des personnes gigantesques aux cheveux roux, des hommes vêtues d’une veste bleue avec une capuche qui couvrait leur visage. Bizarre par cette chaleur. Il y avait aussi ces personnes à la peau foncée qui chevauchaient des cochons, et oui ces petites squelettes équipes d’une bombe ou encore… de petites être verts et dégoûtants ?! Des Gobelins !!! 

Immédiatement, je m'empara de mon arc et d'une flèche, en même temps que tous les archers à côté de moi. Quant aux barbares, ils hurlèrent comme des veaux en laissant s'échapper des filets de baves de leurs bouches.  

— Du calme ! S'écria aussitôt Dana en levant les mains en l'air. Ces Gobelins ne sont pas méchants ! Ou du moins, il n'en n'ont pas le choix : nous les avons asservi. Ils n'ont pas de compétences de batailles exceptionnelles, mais ce sont des rois pour attraper les ressources. Les grand dadais là, ce sont des géants. Lors d'un combat, ils ne se dirigent que vers les défenses, rien de plus, rien de moins ! Ce qui chevauchent les cochons s'appellent... des chevaucheurs de cochons, bien évidemment ! Et les hommes vêtues de vestes bleues sont des sorciers ! Ils sont comme des archers avec une portée moindre mais des dégâts triplés ! Retenez bien ces informations, elles sont importantes sur le champ de bataille ! 

— Hey, Dana ! Il va falloir y aller ! 


C'était une autre fille qui avait parler. Une petite, plus petite que moi, aux cheveux bleus et courts avec deux couettes, et une robe longue sous un tablier salie par de la nourriture. 


— Je te ramène la deuxième fournée ! Continua-t-elle de sa voix enjouée. Le chef n'est pas content du tout ! Il veut qu'on attaque illico presto, on manque vraiment de pièces d'or là ! 

— Bon d'accord, d'accord ! Il va donc falloir courir ! Ecoutez-moi bien tout le monde !!!  

La centaine que nous étions tourna la tête vers elle, immensément concentré. C'était le moment pour notre toute première bataille... ! 

— Regardez sur votre droite, à deux cent mètres d'ici ! Il y a un chemin en terre sinueux : Si vous allez suffisamment vite, vous arriverez au village de Gobelins en une vingtaines de minutes. Dépêchez-vous, notre chef est quelqu'un de particulièrement impatient ! Que la grande prêtresse de notre vallée vous porte chance dans votre combat ! 


La fin de son discours fut ponctué de cris de rage qui firent vibrer l'atmosphère. Dans un mouvement de masse semblable à celui d'une proie se jetant sur son gibier, nous nous sommes mis à courir avec rage, le plus rapidement possible, droit vers le chemin de la forêt. La chaleur était harassante, mais de courir faisait apparaître un vent qui rafraîchissant nos visages.  


Mes cheveux sautillaient comme un écuyère sur son cheval, mes pieds foulaient la descente de la colline tellement vite que j'avais l'impression de voler. A mes côtés, je voyais les cochons sautiller, les géants trottiner en faisant gronder le sol, les barbares courir en brandissant dangereusement leurs épées dans le vide. Cependant, les Gobelins étaient de loin les plus rapides. Avec leurs sacoche au dos, ils traçaient carrément tous le groupe et entamèrent le chemin de forêt cinq secondes avant tout le monde. 

Il y faisait plus sombre que prévu, mais je continuais de courir. Moins vite cependant, car le sol était beaucoup moins confortable. Encore une fois, je sentais entre les troncs de sapins un vent, calme cette fois, mais toujours sonore, qui semblait dire quelque chose. Cependant, dès que je me concentrais pour l'écouter, ce n'était plus que... du vent, au sens propre du terme. Ce jour-là, je décidai que je détestais les forêts pour toujours. Et les événement qui suivirent ne firent qu'attiser ma haine envers cet espace :  

Un grondement sourd s'échappa du fond de la forêt, suffisamment puissant pour faire trembler le sol, les arbres, l'air lui-même. Les oiseaux et autres créatures volantes s'échappèrent par la voie des airs, et les autres animaux détalèrent aussi vite que possible vers le village de Tyrinthe. Toutes les troupes s'arrêtèrent, moi y compris, en proie à une peur soudaine. C'était la première fois que j'éprouvais ce sentiment. Une nervosité rare, les tremblements incongrus de mes membres, la moiteur de mes paumes serrés sur l'arc, les battements de mon cœurs... Cœur dont je prenais aussi conscience pour la première fois. 


— Que se passe-t-il ? S'exclama alors la voix la plus aiguë que j'eus jamais entendue.  


C'était un de ses hommes de couleur ébène qui chevauchaient des cochons. Ils semblaient déjà moins benêts que les barbares, mais sans plus. 


— Où sont donc nos Gobelins ? S'enquit alors une voix plus calme, légèrement suave.  


C'était un sorcier. On voyait clairement de par leurs regards qu'ils étaient les plus érudits. Ils attendirent quelques secondes, mais rien ne se passa. Finalement, nous nous remîmes en route, non sans appréhension. Nous nous sommes mis à slalomer de plus en plus vite, suivant le chemin que nous voyions grâce aux rayons de soleil filtrant la cime des arbres et s'éclatant sur le sol en une multitude de points de tailles différentes. 

Parmi tous les archers, je fus la seule à sentir le danger : Un mini-tremblement du sol, minime, de ce que notre corps ne perçoit normalement pas. Je le ressentis, partir de mes pieds nus et remonter mes jambes comme un plante murale. Comme un automate, cette sensation étrangère dans mes jambes décupla la force de mes mains sur mon arc. 


— Attention ! Hurlais-je alors en m'arrêtant, tout en bandant mon arc.  


Plus de la moitié s'arrêta, perplexe. Une fraction de secondes plus tard, une marée verte nous encerclait totalement : Des Gobelins. Des centaines de Gobelins. Était-ce un nombre normal ? Avions-nous pénétrer dans leur village sans le savoir ? Une multitude de questions auquel je fermais immédiatement la porte. Ceux qui avaient continué se virent submerger par la marée verte, s'y noyèrent en hurlant e douleur. Certains disparurent d'un coup en éclatant, laissant derrière eux qu'une flaque de liquide violet : de l'élixir comme disait Dana. Une pensée effrayante frappa mon esprit mais je la réfutais.  

Je pris une flèche dans ma sacoche et tira dans la vague d'ennemi. Eux étaient armés d'épées, et il ne fallait que quelques secondes avant qu'ils ne nous tuent tous en raison du surnombre. Cependant, j'avais des équipiers, je n'étais pas seule : Les sorciers jetaient des boules de feu qui grillaient plusieurs ennemis d'un coup, les géants frappaient le sol en écrasant plusieurs Gobelins, les chevaucheurs sautaient dans la mare tels des lapins dans une plaine de gazons. Les cris fusaient de partout. J'entendais le fracas des épées contre elles, le bruit des flammes, les tremblements des attaques des géants... Cependant, je ne me déconcentrais pas. Je mitraillais le champ de combat de mes flèches sans m'arrêter, en bougeant de manière erratique pour ne pas me faire prendre pour cibles.  


— Comment as-tu su ? 


Je me retournai subrepticement : c'était un sorcier qui avait parlé, accolé à mon dos.  


— Je l'ai senti... répondis-je dans un souffle, non sans m'arrêter de tirer. Ils se sont sous mis à courir d'un coup et j'ai sentis les tremblements... 


C'est bien ce que je pensais... murmura-t-il, légèrement essoufflé. C'est pour ça que vous les archères n'avaient pratiquement rien sur vous si ce n'est cette robe. Vous êtes hypersensibles à ce genre de choses. Mais le fait que tu sois la seule à l'avoir senti est  surprenant.  

— On est en train de perdre, pointa du doigt un chevaucheur avec sa voix aiguë.  


En effet, rien n'y faisait. Les Gobelins les mangeaient impitoyablement. Désormais, ils étaient en train d'attaquer l'un des deux géants qui restaient en grimpant sur lui. Cela me donna une idée. Il n'y avait plus beaucoup de barbares, deux ou trois chevaucheurs, un seul sorcier et une dizaine d'archers.  


— Hé, Géant !!!  


Le seul qui restait encore tourna le regard vers nous. Il avait plusieurs entailles aux tibias d'où sortait de l'élixir. Il tourna sa grosse tête lentement vers le sorcier qui l'avait appelé :  


— Il faut qu'on s'en aille d'ici ! Peux-tu nous porter sur ton dos ? 

— Abattre... défenses... abattre... défenses... 

— Complètement lobotomisé... soupira le sorcier en hochant désespérément la tête. Attention l'archer ! 

Je me retournai aussitôt : Trois Gobelins sautait vers moi, couteau à la main. A la vitesse de l'éclair, je sortit trois flèches de mon carquois, banda mon arc et leur transperça la gorge tous trois d'un coups.  

— Ils sont trop proches... ! 


Mon regard se perdit dans la bataille... Soudain, je fut attiré par le bracelet en or que portait le chevaucheur, à la main droite. Puis je m'aperçut que le sorcier avait une bourse à la ceinture, chose que je n'avais pas remarqué sur les autres...  

Je sortis une flèche de mon carquois et me mis à transpercer avec rage les ennemis les plus proches comme je l'aurais fait avec une épée, sans aucune sorte de pitié. Puis je fit une roulade arrière entre les jambes du sorcier pour apparaître devant lui, un genou au sol, et une flèche prêt à partir, encore pleines d'élixir sur le bout. 


— Att... Archère, que fais-tu... ?! 


Trop tard, la flèche était parti : elle transperça sa bourse et continua sa lancée jusqu'à se planter sur un sapin. Le choc déchira la bourse d'où tombèrent, comme je l'espérais, des pièces d'or. Le bruit était minime, mais chacun des gobelins l'entendit. Aussitôt, ils coururent vers les minerais jaune et se bousculant l'un, l'autre, nous oubliant complètement. 


— Mon or... ! Comment as-tu osé... ? 


Mais j'avais détalé en courant, sans l'écouter. J'esquivai habilement les deux derniers géants qui tombaient raides morts, et plongea dans la forêt de sapins. J'étais assez petite pour me faufiler entre les grandes fougères qui me cachai intégralement. Je m'éloignai le plus rapidement possible sans un regard en arrière... Oui, je fuyais le champ de bataille et je n'en étais pas fière. Moi qui était si remonté il y a quelques minutes... ! J'haletai comme un chiot, apeurée par l'enjeu. Je m'arrêtai finalement au bout de quelques minutes. Je m'asseyais, adossée conte un arbre.  

Je posa mon arc à côté de moi et respira à grands coups pour calmer mes battements de cœur. Mon regard s'arrêta vers la cime des arbres qui filtrait les rayons du soleil. Cela me fit du bien de souffler un peu. Je me souviens d'un élan de bien-être qui m'envahit à ce moment. Moment qui ne dura que quelques secondes, car j'entendais des fougères bouger loin devant moi. A nouveau, je dus m'armer de mon arc et fixer l'environnement autour, même si je ne voyais pas à 30 centimètres autour de moi. Cependant, que voix que je connaissais bien me fit ranger mon arme.  


— Allons barbares, faites honneur à votre rang ! S'exclama la voix du sorcier à travers brousses, essoufflé. Cessez donc, le combat est perdu !!! 

— Le combat n'est perdu que parce que tu l'as décidé ! Répliqua le barbare. Je vais mettre cette forêt à feu et à sang ! 

— Chevaucheur, aide-moi donc avec ces deux énergumènes !!! 

— J'ai déjà un Gobelin à garder... ! 


S'ensuivit des bruits de luttes couplés à des gémissements sourds. Je vis les chaussures, le pantalon et la moitié du ventre du sorcier sous la cime des fougères au dessus de ma tête. Soudain, ils tombèrent juste en face de moi, toujours en train de se battre. Derrière eux, je vis apparaître un cochon d'où descendit le chevaucheur. Il se baissa précipitamment pour arrêter la bataille qui avait éclaté, et je pus voir qu'il avait un gobelin sur l'épaule. Derechef, je me levais en position de défense et les nouveaux arrivants me regardèrent avec surprise.  


— La traîtresse est parmi nous ! S'exclama alors le sorcier, tout en plongeant la tête des deux barbares dans le sol. 

— Une traîtresse, où ça ?! S'enquit bêtement le chevaucheur en regardant un peu partout sauf vers moi.  

— Espèce de garce !!! 


Le sorcier plongea alors vers moi, plus vite que je ne l'aurais cru, en me plaquant durement contre le tronc derrière moi. En même temps, il m'avait soulevée en l'air au dessus des champs de fougères, à son niveau. J'étais à un triple décimètre du sol, tenue par le cou. 


— Hey ! S'exclama l'un des barbares en pointant son épée vers mon assaillant. Le seul traître que je vois ici, c'est toi ! Tu nous empêches de nous battre contre les gobelins, mais toi-même t'attaques à tes alliés !!! 

— Ce n'est que justice ! Rétorqua l'autre. En effet, cet espèce de... de nouveau-né m'a fait perdre quelque chose d'infiniment précieux... ! Tu vas le regretter ! 

— Ce que tu vas regretter, c'est de m'énerver parce que ta victoire est loin d'être assurée contre moi ! Répliquai-je, confiante.  

— Quelle grande bouche !!! Sourit le sorcier, au bord de l'éclat de rires. Ce ne sont que paroles ! 

— Tu paries... ? 


A ce moment, j'appuyais la flèche que j'avais sortit discrètement lorsqu'il parlait avec le barbare, contre sa gorge. Il haussa les sourcils de surprise, puis se re-concentra avec un sourire narquois : Je sentis soudain sa main devenir chaude, incandescente, d'une lueur rouge menaçante.  


— Moi aussi j'ai plus d'un tour dans mon sac... ! Murmura le sorcier, de plus en plus sérieux.  


Je me rappela alors que les sorciers jetaient des sorts qui apparaissaient mystérieusement de leurs mains, mains qui étaient plaqués contre mon cou... ! J'étais dans une posture plus que problématique... !


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