Vacances en mission
Cette fanfiction participe au Défi du Forum de Fanfictions.fr Mots et maux estivaux (juillet à août 2022) en seconde chance
Les mots en gras sont les mots imposés par le Défi.
Vacances en mission
Par une journée ensoleillée du mois d’août, à Saint-Pétersbourg, Russie.
Persée Jackson, que tout le monde surnomme Percy, le fils du dieu grec Poséidon et de la mortelle Sally Jackson, est en mission spéciale avec son amie Annabeth Chase et Lou Ellen Blackstone dans le plus grand pays au monde.
Vous vous demandez certainement, mais pourquoi des demi-dieux iront se perdre dans cet immense pays ? Tout étrange que ce puisse être, mais ils accomplissent une prophétie. Au moment même où chacun pense enfin être en paix et reprendre une vie normale d’adolescent, car Cronos, les Titans et ses alliés sont vaincus, mais ils se trompent lourdement, point de repos pour des demis-dieux ! Quelle vie !
Commençons par le début, comme il sied à toute histoire…
À la mi-juillet, quelque part aux États-Unis, à Miami.
Percy était à la plage avec son amie demie-déesse, Annabeth, fille d’Athéna et du professeur d’Histoire Frédérick Chase. Ils marchaient tranquillement, traversant des allées de palmiers magnifiques. Ces arbres apportaient une ombre bienfaisante, tempérant la chaleur insupportable. Soudain, un message Iris(1) se forma sous leurs yeux. Ils virent Chiron, l’entraîneur à la Colonie(2), mine sérieuse, qui affirma :
— Jeunes demi-dieux, venez d’urgence à la Colonie ! Une Prophétie doit être déchiffrée !
La température interne du corps du jeune couple semblait grimper de plusieurs degrés face aux dangers des quêtes qui impliquaient des affrontements avec des monstres et mettaient leurs vies en péril.
— Nous arrivons immédiatement ! scanda sérieusement Annabeth, les yeux gris lançant des éclairs.
— Une voiture spéciale, prêtée gracieusement par Hermès, arrivera sous peu !
Une voiture semi-transparente faite de nuages gris et de fumée se matérialisa sous leurs yeux.
Le conducteur, un nain aux dents sales, les invita à s’installer sur les jolis transats qui remplaçaient les sièges arrière du véhicule.
En moins de cinq minutes, ils arrivèrent à destination, devant la frontière magique de la Colonie. À peine la traversèrent-ils que le Centaure arriva. Il ne prononça que trois mots :
— Réunion d’urgence !
Ils rentrèrent immédiatement dans la Grande Maison, demeure des deux directeurs de la Colonie et où les réunions importantes se tenaient. C’était une villa gigantesque faite en brique au milieu d’un petit parterre de myosotis. Tous les chefs des cabines étaient autour d’une immense table en chêne laqué, silencieux, mines inquiètes. Ils étaient assis sur de grossières chaises en bois orné d’un coussin unicolore clair. Dans un coin, Dionysos, ou Monsieur D. pour les familiers, trônait sur un fauteuil dans le style de la Restauration, en buvant comme d’habitude son Cola Diet, chemise déboutonnée et air maussade.
— Alors Perceval Jeanson…
— Persée Jackson, le corrigeait-il automatiquement.
Le dieu l’ignora et continua :
— … Et Annabelle Chasseur, vous partez en quête d’un demi-dieu de l’autre côté de l’Océan !
— Quoi ! s'exclama le couple à l’unisson. En Europe ?
La Pythie, Rachel Elizabeth Dare, vêtue d’une longue robe blanche des prêtresses antiques, était assise dans un coin, calme et imperturbable. Ses yeux verts brillèrent de joie de revoir ses amis, malgré le temps estival, synonyme de vacances et de retour à la maison de sa famille mortelle pour plusieurs. L’adolescente aux cheveux roux se leva de son siège et affirma d’une voix puissante :
— J’ai eu une vision et l’un des fils de Hermès a tout noté. Veux-tu nous la lire ?
L’interpellé un petit nouveau aux yeux bleus remplis de malice, aux cheveux brun clair et aux oreilles quasi elfiques approuva et sortit un parchemin de la poche de son jeans.
— Vol en palier, pour arriver dans contrée soviétique et féérique, / Le couple lié par le trident vert et la chouette grise avec la torche de pierre noire doivent prêter attention au mauvais transit / Pour ne pas attirer le mauvais œil du sorcier colérique. / Ne pas négliger l’allié et son conseil / Au risque de devenir fou dans la corbeille. / Trouver la puissante prisonnière / Qui réunira la Colonie sous une bannière. / Fille de sang royal, la céleste, / Elle évitera un inceste.
— Très énigmatique ! commenta Chiron.
Un lourd silence accueillit les paroles de la prophétie tant redoutée, silence quasi religieux.
— Déjà nous avons l’indice du pays, se fit entendre la voix de Laurel Victor, la fille de Niké, rompant le calme quelques minutes plus tard, l’URSS, peut-être la Russie ?
— Permettez que j’intervienne, s’immisça la Pythie en levant ses blanches mains vierges de toutes bagues. Je dois vous préciser que la prisonnière du sorcier colérique est une demie-déesse très puissante, plus puissante même qu’un fils des Trois Grands(3).
— Comment ? demanda Sherman Yang, le chef de la Cabine d’Arès. Ce voudrait dire que ce demi-dieu a pour père l’un d’eux et pour ancêtre l’autre, non ?
La Prophétesse d’Apollon haussa les épaules pour toute réponse.
— Je ne saurais te dire d’où vient sa puissance, commenta le Centaure, mais, concentrons-nous à comprendre précisément la Prophétie !
— Et le couple, c’est vous deux, s’exclama une voix puissante de l’un des chefs de Cabine, le trident, c’est Persée Jackson, et la chouette, c’est Annabeth Chase.
— Mais, protesta la fille d’Athéna d’une petite voix, je ne suis pas le seul enfant de ma mère divine.
— Pourtant tu es l’unique fille de ta mère à être amie avec le fils de Poséidon, commenta Chiron.
— Ouais, concéda Annabeth. Vous avez raison ! Et notre compagnon de quête sera un enfant de la cabine de Hécate, puisque son symbole est la torche. Lou Ellen Blackstone est cette fille de la déesse de la Magie qui se joindra à notre quête, son nom signifie pierre noire. Et le reste de la prophétie est très obscure !
— Donc, Lou Ellen, Annabeth et moi partons en quête pour trouver une demi-déesse prisonnière quelque part à l’autre bout du monde… Dans un froid pays où un sorcier vit aussi. Et c’est ce sorcier qui retient prisonnière celle qui permettra d’unifier la Colonie. Et en chemin, nous trouverons des alliés, résuma Percy. Ai-je bien compris ? Mais si on part en Russie, je sais pas pour les autres compagnons, mais je connais pas le russe ! Et l’ancien grec m’est d’aucun secours ! L’anglais, peut-être ? Comment va-on communiquer ?
— On achète un dictionnaire anglo-russe de base, suggéra Annabeth. Et on pourrait aussi visiter la Place Rouge, le Kremlin, la Cathédrale Basile Le Bienheureux et le Théâtre Bolshoi ! s’enthousiasma-t-elle, car elle était passionnée par l'architecture.
— Je pense que cela serait pour une autre fois, lorsque nous serons réellement en vacances, ma chère ! Les bikinis, les lunettes de soleil et les appareils photo peuvent dormir dans ton armoire cet été !
— Très bien, fit la moue la fille d’Athéna. Alors on se prépare pour prendre le premier vol pour Moscou !
— Partez pas si vite les jeunes ! s’exclama une voix de Stentor derrière leur dos.
Tous se retournèrent et sursautèrent en discernant Argos, le géant aux cent yeux et gardien-frontière dans le cadre de la porte. Il tenait entre ses mains le roman policier Garces de femmes ! de James Hadley Chase.
— Je viens d’obtenir de Zeus la permission de conduire un avion indétectable pour tous les types de radars possibles de ce monde, ajouta-t-il. Faites vos bagages et je vous attends !
Tous approuvèrent et se dispersèrent pour préparer tout le nécessaire au voyage : nourriture, vêtements, armures et armes. Biens suffisants pour soutenir un siège de dix ans.
***
Au même instant, au confin de l’univers, au Vingt-Septième Royaume, au dvoretz(4) du folklorique sorcier.
Kochtcheï l’Immortel, un grand homme, large d’épaules, était vêtu d’une ample robe ornée de pierres précieuses laquelle rivalisait au plus luxueux modèle du XVe siècle. Il lévitait dans les couloirs de sa demeure pour s’arrêter dans une salle obscure adjacente à celle du trône. Ses sandales dorées décorées de méandres grecs n'effleuraient pas les dalles. Cette pièce était meublée d’une immense bibliothèque en bois d’acajou remplis de vieux grimoires en maroquins dorés et argentés. Au centre trônait une table en chêne rehaussée d’un placage d’or et accompagnée d’un fauteuil en noyer doré dont le dossier et l’assise rembourrés étaient agrémentés d’un coussin à motifs floraux. Sur la table reposaient une assiette d’argent et une pomme d’or de jouvence, aux côtés d’un verre en cristal rempli de vin et d’un vase du même matériel dépourvu de tout arrangement floral. La fenêtre, orientée plein sud, dispensait une luminosité conférant à la salle une atmosphère plus chaleureuse.
— Pomme d’or, roule sur l’assiette d’argent et montre-moi des villes et des champs, montre-moi le prochain amusement de mon esprit, ces trois jeunes étrangers !
L’assiette changea de nuances, devenant vert forêt, pourpre et bleu nuit, avant de montrer l’image qui l'intéressait : les trois demi-dieux à la Colonie qui faisaient des préparatifs pour leur mission.
Un sourire carnassier étira ses minces lèvres. Il sortit un téléphone cellulaire de sa poche et appela la Sorcière du conte Hansel et Gretel et lui hurla :
— Sortez de votre paillote, maintenant ! Partez à la capitale en mission de reconnaissance ! Amadouer les trois jeunes étranges touristes que vous rencontrerez sur votre chemin !
— Je n’aurai même pas le temps d’aller au festival, grommela-t-elle.
— Quoi ? Une fête estivale ? Vous pourrez la visionner sur Youtube si vous le voulez, votre messe noire ! fulmina-t-il. Alors que les trois étrangers que vous devez inviter à un pique-nique partiront certainement ! Allez, exécution, maintenant !
Et la Sorcière raccrocha d’un geste sec. Le sorcier slave appela une fée de sa connaissance, la Fée Carabosse, celle-là même qui avait maudit la Belle au bois dormant il y a plusieurs siècles de cela.
— Mon amie de longue date, je t’envoie en mission de reconnaissance dans la capitale ! Le jour tant attendu est arrivé !
— Hourra ! Cela va changer mon quotidien !
— Et n’oublie pas les papillotes, ma chère amie !
— Pour se friser les cheveux ? s’étonna-t-elle.
— Certainement ! Avec tes cheveux noirs et lisses, tu es trop connue ! Des cheveux frisés et teints en blond, en plus d’une petite intervention de chirurgie esthétique et personne ne te reconnaîtra, même pas ta mère ! Ces américano-grecs ne sont pas des plus intelligents, mais ils ne faut pas les prendre pour des dindons ! Ne néglige pas le samovar ! Une tasse de thé, c’est efficace pour endormir les méfiances naturelles !
— J’arrive tout de suite !
Ravi, Kochtcheï plana jusqu’à la salle du trône, réfléchissant aux épreuves plaisantes qu’il pourrait infliger à ses futurs invités, tout en espionnant l’activité des demi-dieux à travers son artefact magique.
***
Simultanément, à l’autre bout du monde, à Vladivostok, Russie.
Le Petit Chaperon Rouge qui n’était plus une fillette, mais une jeune femme, se mira dans la glace pour ajuster son chaperon vert orné de motifs slaves traditionnels qui se mariait bien avec sa longue robe blanche décorée de fleurs de lys dorés et murmura une formule magique composée de mots en français, en allemand et en russe :
— Miroir petit miroir, veux-tu me montrer ceux à qui je dois avertir de l’existence de la légende familiale ? Montre-moi où ils sont maintenant ! Vite ! Bistro! Schnell!(5)
Et le miroir vira au vert pomme, puis au doré avant de montrer une image des trois demis-dieux en préparation pour leur quête.
— Ils sont encore loin de la ville-capitale, songea-t-elle. Je vais appeler mère-grand pour qu’elle m’amène à Moscou, c’est plus rapide et moins cher !
Elle couvrit la psyché d’un tapis oriental, puis se rendit au salon où trônait un vieux modèle de téléphone.
— Babouschka, mère-grand, Yaga, daigne sortir de ta forêt pour venir à moi. Je veux voyager à bord de ton mortier pour arriver à Moscou.
— Je ne me réjouis pas de quitter ma belle maisonnette, mais tu sais que je n’ai guère le choix, la très maligne petite-fille de mon sang !
— Merci babouschka !
Et Baba Yaga, une vieille femme toute ridée et courbée par l’âge (mais ne le dites pas trop fort), coiffa son casque d’aviateur et ses lunettes qui contrastaient avec sa robe en soie fleurie des années 1960. Elle navigua dans un mortier géant avec agilité impensable pour son âge et se retrouva, en deux temps trois mouvements, devant la porte de l’appartement de sa petite-fille. Son mortier géant était décoré des coquillages les plus exotiques, selon la dernière mode qu’elle avait créé pour la collection d’été.
— Allez ! On y va ! À bord du prototype du jet privé Yaga et Cie ! Bienvenue à bord !
— D’ailleurs, babouschka, comment va ton entreprise ?
— Bien, comme des petits pains chauds ! Surtout depuis que j’ai conçu des avions plus élancés ! Je dois remercier ton sens du business ! Je suis le meilleur pilote de ma génération et de la génération actuelle grâce à toi !
Et les deux femmes arrivèrent en moins d’une heure non loin du Boulevard Strastnoï à Moscou.
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(1)Un message Iris, dans Percy Jackson, est un message, ou plutôt un contact audiovisuel en invoquant la déesse Iris, avec n'importe qui dans le monde contre une offrande, une pièce de monnaie, à la déesse, sorte de Skype des demi-dieux avec une touche antique.
(2)La Colonie, aussi appelée la Colonie des Sangs-Mêlés, est un endroit spécial pour les demis-dieux grecs dirigé par le Centaure Chiron et Dionysos. Elle est divisée en bungalows, ou Cabines, pour chaque Olympien, soit un total de vingt cabines, douze pour les principaux dieux de l’Olympe et huit pour les dieux mineurs. Ainsi, les demi-dieux habitent la maison de leur parent divin lors de leur séjour dans cet endroit protégé magiquement. Pour pouvoir habiter dans une cabine, il faut que le parent divin reconnaît son rejeton, le réclamant en faisant apparaître son symbole au-dessus de sa tête à sa venue à la Colonie. Chaque cabine est dirigée par un chef, c’est-à-dire un enfant du dieu grec qui a suffisamment d’expérience et a prouvé sa valeur au combat.
(3)Les Trois Grands est le qualificatif dans Percy Jackson pour la triade que sont Zeus, Poséidon et Hadès, trois dieux puissants.
(4)Un dvoretz est un château des contes russes.
(5)Быстро en russe, Bistro, signifie Rapidement, à l’instar de Schnell en allemand.