Liz Stevens, l'énigme du phare

Chapitre 5 : Chapitre 4 - La disparue de Cornwall

1632 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 02/08/2018 18:14

Chapitre 4 - La disparue de Cornwall



Pendant que Liz était sur Fetch rock, Richard Andrews s’était tranquillement installé chez son tuteur. Il habitait une grande maison individuelle. À l’intérieur, le papier peint était soit vert soit bleu et avait une allure plutôt chic. On aurait cru se trouver dans un hôtel de luxe. Monsieur Francis Arthur Bather était un géologue*, malacologiste** et paléontologue*** britannique. En réalité, cette maison était une résidence secondaire. C’était un homme d’âge mûr qui approchait la cinquantaine. Monsieur Bather était membre de la Geological Society of London. C’était donc avec plaisir qu’il accueillait un élève de l’Académie de Londres.

 

Richard avait reçu peu de temps après son arrivée une lettre d’Archibald Lewis afin de lui transmettre ses coordonnées postale et téléphonique en cas de besoin. C’était une vieille habitude qu’il avait. Et c’était certainement cette habitude qui l’avait poussé à correspondre avec Monsieur Andrews. Au lieu de s’offusquer, Richard conserva la lettre de son ancien ami. Ce dernier avait repéré et examiné les lieux avant de passer à la prochaine étape de son travail. Un matin alors que Monsieur Bather revenait avec le journal The Times, ce dernier proposa à son inviter de venir déjeuner avec lui. Le jeune londonien accepta volontiers. Toutefois pendant que le géologue était en train de lire le journal, papier à plat sur la table du restaurant, un petit titre écrit en gras attira l’attention de Richard : La disparue des Cornouailles. Le jeune homme fut frappé d’effroi, il était devenu tout blême.

 

- Pardonnez-moi Monsieur Bather, mais puis-je vous emprunter ce journal ? demanda-t-il expressément.

- Bien sûr, répondit l’homme d’un air surpris.

Il lui confia le journal et Richard lut le petit encart qui l’intéressait.

 

------

 

May 7th, 1912

 

LA DISPARUE DES CORNOUAILLES

Le docteur Demarion déclare la disparition d’une jeune londonienne.

 

Élisabeth Stevens, une jeune étudiante en cartographie, est portée disparue depuis le 1er mai 1912. C’est avec frayeur que le Docteur Demarion vient faire sa déclaration au commissariat le plus proche de Trewarthan. La police a ouvert l’enquête.

 

-----

 

Richard lâcha négligemment le journal et se leva vivement.

 

- Mais où allez-vous ?? demanda Monsieur Bather.

- Je dois téléphoner au plus vite à Archibald, répondit le jeune homme en s’éloignant. Ne m’attendez pas pour le déjeuner.

 

Le géologue ne comprenait pas ce qui se passait. Même en jetant un œil sur la page concernée, il resta dans le brouillard. Richard retourna dans la résidence secondaire. Il avait remarqué la présence d’un téléphone dans le salon. Son hôte l’avait autorisé à téléphoner s’il en avait besoin, et là c’était bien le cas. Richard entra dans la maison et monta dans la chambre d’ami. Il chercha dans sa serviette la lettre de Monsieur Lewis. Après l’avoir rapidement trouvé, il se précipita dans le salon et décrocha le combiné. Une opératrice le reçut au bout du fil.

 

- Bonjour madame j’ai besoin de joindre un ami en Écosse, commença-t-il d’une voix nerveuse.

- Puis-je avoir le numéro de téléphone ?

- Oui c’est le 475-498. Faites vite s’il vous plaît, c’est urgent.

- Je contacte l’opératrice en Écosse et vous met en relation. Merci de patienter.

L’opératrice composa le numéro de sa consœur écossaise. Lorsqu’elle décrocha, elle donna le numéro donné par Richard et celui-ci put enfin joindre son ami.

- Monsieur Gordon à l’appareil, j’écoute.

- Bonjour Monsieur Gordon, je suis Richard Andrews. Archibald est-il présent ?

- Oui, il est ici même.

Cette affirmation retint l’attention d’Archibald. Il leva donc les yeux de son livre et fixa Monsieur Gordon.

- Puis-je lui parler s’il vous plaît ? C’est très important.

- Oui bien sûr.

- Je vous remercie.

Monsieur Gordon baissa le combiné et regarda le jeune homme curieux.

- Monsieur Lewis, un certain Monsieur Andrews voudrait vous parler. Il dit que c’est important.

Archibald se leva, s’avança vers le téléphone et prit le combiné.

- Merci. Richard ? Que se passe-t-il ?

- Élisabeth a disparu.

- Liz ?? Comment ça ? Comment le sais-tu ?

- J’ai vu un article sur le Times. Son tuteur l’a déclaré disparue. Il faut la retrouver ! Qui sait ce qu’il lui est arrivé !

- Calme-toi Richard. C’est très inquiétant. Je te rejoins à Newscatle. Je serai là dans deux ou trois heures. Nous aviserons ensuite.

- Très bien, je t’attendrai à la gare.

 

Archibald reposa le combiné et informa Monsieur Gordon qu’il devait partir dans l’immédiat. Richard en fit de même lorsque Monsieur Bather rentra chez lui. Archibald ne prit aucune valise. Il acheta juste un aller pour Newscatle Upon Tyne. Entre-temps sur l’île de Fetch Rock, Élisabeth dormait toujours dans le bureau d’Oliver Drake. Elle rêvait. Dans ce rêve, elle se réveillait dans ce fameux bureau. Doucement elle se redressait et se frotta les yeux. Sa vue était d’abord trouble puis elle finit par voir bien nettement. Elle se tourna pour se lever du lit. Mais pendant qu’elle pivotait, la porte s’ouvrit subtilement. Élisabeth aurait pu ne pas s’en apercevoir si la porte ne grinçait pas. Elle tourna son regard vers sa gauche, la poignée était baissée comme si une main était posée dessus. Soudain elle vit une ombre presque opaque. Elle leva les yeux et vit un fantôme qui la scrutait de façon menaçante. « AAAhhh !!! » cria-t-elle d'une voix perçante. Elle se redressa vivement sur le lit et se frotta les yeux. Elle regarda autour d’elle mais ne vit aucune ombre. Combien de temps avait-elle dormi ? Elle regarda la pendule et fut estomaquée. Elle affichait toujours 2h01. Pourtant Liz était certaine d’avoir dormi plusieurs heures. La porte se mit soudainement à grincer. Prise de panique, Liz s’enfonça dans le bureau. Si elle avait pu passer à travers le mur pour fuir, elle l’aurait bien fait. Elle fixait la porte pendant plusieurs minutes tout en haletant. Cette porte l’obsédait. Que se cache-t-il derrière cette porte ? Allait-il venir et attendait-il qu’elle sorte pour l’effrayer à nouveau ? Élisabeth ne savait quoi faire. Pétrifiée par la peur, elle se mit à pleurer la tête entre les genoux. Une silhouette se matérialisa dans la pièce ; mais ce n’était pas une ombre noire. Elle était plutôt verte et semblait transparente.

 

- Ne pleurez pas mademoiselle, fit une voix de jeune homme.

Liz sursauta.

- Allez-vous-en ! hurla-t-elle d’une voix tremblante. Laissez-moi tranquille !!

- N’ayez pas peur… Je ne vous veux aucun mal.

La silhouette ne bougeait pas. Elle semblait attendre que la jeune femme se calme mais elle trépidait encore.

- Qui… Qui êtes-vous ? demanda-t-elle.

- James Woolf, répondit le fantôme après un silence pesant. Vous devez partir. Il n’y a plus d’espoir pour nous ici.

- Que vous est-il arrivé ?

- Drake a eu un comportement étrange. Elle l’a possédé pour mieux nous atteindre. Il est mort en dernier, juste après moi. Elles ne lui ont laissé aucun répit après m’avoir dévoré.

- Qui ça ??

- Ces femmes dans le miroir.

- Quel miroir ? Je n’en ai pas vu.

- Vous ne devez pas savoir. Partez tant qu’il est encore temps.

- C’est vous qui m’avez menacé ?

- Non, c’était Robert Shaw. Lui aussi veut que vous partiez. Tant que vous serez sur cette île, vous serez en danger. Je vous en prie, partez mademoiselle.

- Je ne peux pas partir tant que je n’aurai pas rallumer le phare.

- Elle l’a condamné la lampe. J’ai déjà essayé de la rallumer et Robert aussi. Nous avons échoué.

- James, savez-vous qui sont ces femmes et ce qu’elles veulent ?

- Ce sont des sorcières qui se nourrissent de chair humaine. Elle les aide à rajeunir et elles puiseront toute l’énergie qu’elles pourront obtenir de cette attache. Je les entends discuter derrière le miroir. Vous êtes la prochaine sur la liste. Elles savent que vous êtes ici.

- Mais comment font-elles ? Où sont-elles ?

- Derrière le miroir, c’est un passage entre leur monde et le nôtre. Je n’aurais pas dû me mettre en face de lui. Son bras m’a saisi à la vitesse de l’éclair. Je n’ai pas eu le temps de comprendre ce qui m’arrivait. Allez-vous-en !! Votre vie en dépend !

 

------------------------------------

 

* Géologue : personne étudiant l'évolution et la composition de l'écorce terrestre.

** Malacologiste : personne qui étudie les mollusques.

*** Paléontologue : personne étudiant les fossiles.

Laisser un commentaire ?