L'enquête de la Wammy's House

Chapitre 6 : Epilogue

Chapitre final

1081 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/01/2021 15:27

Wammy’s House, Chambre de L, lundi 15 juillet 2002, 13h25

 

Le déménagement était presque fini. Enfin il quittait la Wammy’s House. À presque vingt-trois ans, il faisait partie des orphelins qui étaient restés le plus longtemps dans l’institution. Mais il était temps. Watari lui avait promis moult activités aux États-Unis et il s’était laissé tenter.

Roger souleva un énième carton :

- Tiens, t’as rien écrit sur celui-là !

L le prit à son tour et, comme si au moment où il le toucha une illumination eu lieu, l’arracha aux bras de Roger.

- C’est personnel.

L avait longtemps oublié ce carton, la poussière pouvait en témoigner. Pourtant, il n’en avait pas oublié le contenu. Cela ne l’empêcha pas de ressentir une tension avant de l’ouvrir. Rien à l’intérieur n’avait bougé. O n’avait que très peu d’affaires personnelles. Elles tenaient toutes dans ce carton : quelques cahiers de cours, de fausses cartes professionnelles ou d’identités, beaucoup de maquillage. L avait également rajouté deux choses.

 

La première était le dossier de l’enquête que O menait avec M sur la Wammy’s House. Plus précisément sur Watari. Jamais L ne l’avait ouvert. Contrairement à O, il avait toujours aimé la Wammy’s House, le seul lieu où il avait sa place. O, au contraire, l’avait fui dès que possible. Une fois, elle lui déclara que les couloirs l’angoissaient, que les cerveaux ralentis des autres enfants l’étouffaient et que Watari représentait tout ce qu’elle ne voulait pas être.

La première page du dossier affichait deux mots : Harry Welles et une photo : Watari. La seconde était sobrement intitulée « Pourquoi je mène un combat contre mon grand-père ? »

La liste regroupait une cinquantaine de points de moments où Watari l’avait agacée, d’autres qu’elle jugeait suspicieux. Un seul retint réellement l’attention de L : M’a séparée de mes parents. Une multitude de longues annexes quant à sa généalogie suivait. L ne comprenait pas. O avait toujours dit qu’elle se fichait de qui elle avait été, de qui formaient sa vraie famille, qu’elle construirait la sienne un jour. Mais finalement, elle portait beaucoup plus d’importance à celle-ci qu’il ne le pensait, au point d’haïr Watari.

- Comment a-t-elle pu avoir autant d’informations ? demanda soudainement la voix de Roger qui venait de revenir.

- Tu savais tout ça ?

- Quasiment. Watari et moi sommes amis depuis notre enfance. Mais O se trompait. Watari n’a rien à voir dans la séparation de son fils et de sa petite-fille. Les parents de O buvaient beaucoup trop, ils étaient incapables de s’occuper d’elle. O, à l’époque elle s’appelait encore Alice, a donc été placée, de nombreuses fois, jusqu’au jour où Watari a décelé quelque chose chez elle.

- Il ne l’aurait donc pas adopté si elle n’avait pas été un génie ?

- Tu sais, L, c’est compliqué quand on est quelqu’un avec autant de responsabilités que Watari. Mais heureusement, le destin a donné à O un esprit vif et malin. Je pense que ça l’a sauvée. Watari a sûrement, par respect pour son fils, laissé O le détester à la place de ses parents, qui, de toutes façons, ne venaient jamais.

- Sont-ils au courant pour sa mort ?

- Il me semble. Mais leur fille est pour eux morte le jour où Alice est devenue O.

 

La seconde chose que L avait rajouté au carton était pour lui ce qui lui faisait le plus de mal, mais dont il n’arrivait pas à se détacher : l’enregistrement des lentilles.

L, qui n’avait plus aucun meuble à sa disposition, s’assit à même le sol pour insérer la disquette dans son ordinateur portable. Dès que l’enregistrement débuta, L entendit sa propre voix lui dire :

- Tu sais que tu es belle avec tes lunettes ?

La O qui se reflétait dans le miroir sale lui souriait. L appuya sur pause. Quelque chose de faux transparaissait dans ce sourire. Ce n’était pas le souvenir qu’il avait d’elle. O était plutôt hautaine et fermée sur elle-même. Les sourires, quand elle en offrait, étaient souvent distribués pour obtenir ce qu’elle souhaitait, pour finir une mission, pour charmer ceux qu’elle voulait détruire.

Après la mort de O, L s’était longtemps demandé si elle pouvait ressentir ce que n’importe qui ressentait : la joie, l’amour, la colère. O ne l’avait certainement jamais aimé. Elle ne se permettait pas ce genre de distraction. Son brillant esprit ne fonctionnait que si elle n’avait pas d’attache. L l’avait longtemps enviée pour cette capacité.

 

Le carton était de nouveau refermé. L ne sut s’expliquer, mais il savait que plus jamais il ne le réouvrirait. Comme la boite de Pandore, il contenait tout ce qu’il détestait et qui le faisait souffrir.

- Roger ? Je peux avoir ton briquet ?

- Tu es sûr de vouloir faire ça ?

- Il est temps pour moi de tourner la page, retomber sur ce carton ne me fait que reculer. Si je veux réellement rendre hommage à O, ce serait en essayant de faire revivre son génie. Si j’ai des attaches, je n’y arriverai pas. Brûler ce carton, c’est avancer.


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Voilà, c’est ici que s’achève un an et demi d’écriture. L’enquête de la Wammy’s House et moi on a vécu une histoire d’amour un peu toxique : je n’en voulais plus, mais elle revenait toujours. C’est la première fois que je termine un projet si important à mes yeux, j’espère qu’il vous aura plu.

Un énorme merci à Alresha qui a eu la patience de s’attaquer à tous mes verbes plats, de noter toutes les virgules portées disparues et qui m’a expliqué le mystérieux conditionnel. Cette fin de parcours a été bien plus agréable grâce à toi !

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