Deltarune - Chapitre 2 : Rêve ou cauchemar ?

Chapitre 0 : Prologue

2053 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 31/01/2019 16:26

Ce prologue raconte la fin de Deltarune comme je la vois.


       La nuit était maîtresse des environs, déplaçant son lourd voile de noirceur sur la ville.


Les rayons du maigre croissant de lune peinaient à traverser les épais rideaux qui masquaient les fenêtres des maisons. Un silence pesant régnait, aucun son n'était perceptible.


Ses yeux s'ouvrirent d'eux-mêmes sur le drap qui recouvrait sa tête, qui n'était pour lui qu'un amas sombre qui commençait à l'empêcher de respirer. Il cligna plusieurs fois ses paupières, mal éveillé, la respiration difficile. L'impression qu'une pile de livre avait été placée sur son poitrail était omniprésente. Même sa couette lui semblait étrangement lourde, comme lestée de plomb aux extrémités.


Kris voulut lever le bras afin de la rabattre et de pouvoir avaler un peu d'air, mais quelle ne fut pas pas sa surprise lorsqu'il resta collé à son flanc. Remuer ses doigts était également devenu une tâche impossible. Il se retrouvait totalement paralysé.


Les prunelles du jeune garçon devinrent aussi rondes que des soucoupes. Ses membres qui lui semblaient à présent gourds refusaient de bouger, quel que soit le mouvement qu'il tentait d'exécuter.


Un ricanement fusa alors. Il était léger, discret comme celui d'un enfant se moquant à gentiment d'un camarade tombé à terre, mais pour Kris, il eut le même effet qu'un éclair déchirant un ciel d'été.


Bien qu'il fut déjà figé comme dans un bloc de glace, il eut l'impression que ses muscles se ratatinaient un peu plus sur eux-même.


Le poids qui s'exerçait sur sa poitrine s'accentua, lui arrachant un pitoyable geignement.


Des bribes de la légende des créatures démoniaques étouffant ceux se trouvant dans un paisible sommeil lui revinrent subitement en mémoire. Il imagina bientôt une vile bête assise sur lui, attendant qu'il s'asphyxie lentement, tout en riant de son sort.


L'enfant sentait que l'air peinait toujours plus à pénétrer dans ses poumons. Serait-ce la mort qui l'attendait lorsque la plus petite molécule d'oxygène disparaîtrait en lui ?


Néanmoins, la créature ne lui laissa pas le temps de se poser plus de questions et poussa un soupir lassé. Le fait de ne pas sentir sa victime se débattre devait l'ennuyer, et Kris perçut bientôt le poids qui s'allégeait, pour ensuite disparaître. Certes, l'air était encore rare, mais sentir son poitrail libre était bien plus important.


Le ricanement, pourtant, n'était pas parti, ni la paralysie qui emprisonnait ses membres.


Il s'était déplacé à côté du lit, raisonnant soudainement terriblement fort dans les oreilles du jeunes garçon.


Le fait que son bras soit soudainement enserré par ce qui ressemblait à une main suffit à faire monter l'angoisse en lui, formant une boule dans sa gorge. Il se retrouva projeté en dehors de la protection que formait son drap, et atterri dans un bruit mat sur le tapis au centre de la chambre.


Il était tel une poupée de chiffon abandonnée à présent, à la merci des griffes de la chose. Kris déglutit péniblement, la cherchant des yeux, faisant de grands ronds inutiles avec ses prunelles. La pièce paraissait vide, presque abandonnée, comme-ci la vie n'y avait jamais été présente.


Pourtant, il savait qu'elle n'avait pas quitté les lieux.


Un chuchotement le lui fit bientôt savoir; une voix enfantine aux intonations rauques, presque d'outre tombe :

Alors Kris. On ne dit pas bonjour à son vieil ami ?


Un frisson parcourut l'entièreté de son échine pour allait se ficher dans le bas de son dos. La peur l'empêchait de réfléchir correctement. Qui était cet « ami » ?


Le sang du garçon ne fit qu'un tour dans ses veines. Il se relevait lentement, sans que le consentement de son esprit y soit pour quelque chose. Ses mains s'appuyaient sur la surface molle du tapis, ses jambes se repliaient contre son corps, puis exerçaient une petite pression afin de se mettre debout.


Un sentiment de pure terreur l'envahissait peu à peu.


A présent, il se trouvait campé sur ses deux jambes, les genoux légèrement pliées, le dos courbé et les bras ballants. Son regard était fixé sur le motif de son tapis, incapable de regarder autre part.


Alors, c'est ça d'avoir vrai un corps ?


Le cœur battant à tout rompre, Kris observait, impuissant, la créature qui s'appropriait petit à petit sa chair.


Tient, mais qu'est-ce que je sens là ? lui demanda-t-elle avec un ton mielleux.


La voix résonna douloureusement dans son crâne.


Une Âme ?! Puissante en plus. J'avais oublié que les humains vivaient grâce à cette chose. Qu'est-ce que ça fait si je la retire ?


Le bras de Kris se raidit subitement. Ses doigts s'agitèrent dans le vide, comme récemment libérés d'un étau, puis ils foncèrent vers son ventre. Les yeux du garçon s'exorbitèrent. Son cri resta malgré tout coincé au fond de sa gorge, devenant un pauvre râle de douleur.


Ses doigts s'étaient enfoncés dans son abdomen comme dans un morceau de beurre. Il aurait voulu gémir, hurler, s'égosiller, mais aucun son ne sortait. Une larme coula le long de sa joue, puis vint s'écraser sur le sol.


Sa main en sortit tout aussi brusquement qu'elle était entrée un cœur aussi gros qu'un poing, palpitant encore, entouré d'un halo rouge. Un liquide poisseux s'en écoulait. Son sang. Son sang qu'il sentait s'échapper à travers la large plaie que la chose avait créé dans son ventre.


Intéressante... mais tu n'en auras plus besoin.

La créature lui fit prendre de l'élan, pour ensuite violemment envoyer l'Âme dans cette petite cage contenue dans un chariot rouge que Kris avait toujours eu, juste à côté de son lit. La porte grillagée se ferma dans un bruit métallique sous le choc, empêchant le cœur rouge de rejoindre son possesseur.


Le jeune garçon haletait, sa vision devenait floue, le déchirement était insupportable. Le fait d'être séparé de ce qui le constituait, sa propre Âme, son essence, était encore plus abominable. Seule la présence de la chose lui permettait de rester encore « vivant ».


Les humains sont si fragiles, si faibles... Dommage que je sois obligé de me contenter de toi.


Son bras se tendit à nouveau. Kris était trop affaibli pour songer à ce que la créature ferait avec lui, son nouveau pantin.


Sa main s'alourdit. Il lui semblait que le pommeau d'une arme à lame très courte se trouvait à présent dedans. Malgré sa réticence, ses iris se tournèrent d'eux-mêmes vers l'objet, qui n'était autre qu'un large couteau de cuisine.


La créature, qui paraissait plus habituée à « son corps » amena l'arme devant les yeux de Kris, comme s'il s'agissait des siens, et caressa doucement son tranchant du bout des doigts. La tête du garçon se releva, l'obligeant à fixer la porte de la chambre.


Allons saluer tes petits amis comme il se doit ! dit alors la créature en glissant la lame dans la poche de son hôte.


Sa voix résonna atrocement fort dans la tête de Kris.


Malgré la douleur et sa paralysie, celui-ci tenta de rester en place alors que la chose tâchait d'avancer vers le battant de la porte.


N'essaies pas me résister ! Ton corps est à moi à présent !


Un rire sadique envahi son esprit, rebondissant dans son crâne comme autant d'échos chaotiques.


Apparut alors subitement un visage d'une noirceur infinie dans le champs de vision de Kris. Seuls une bouche et deux yeux en fentes verticales rougeoyants étaient visibles. Quelque chose de moqueur y résidait. Il s'approchait de lui, tandis que les ricanements allaient croissant, toujours plus fous, toujours plus angoissants.


Le garçon n'avait plus le courage de laisser les larmes couler. Il ne ressentait même plus l'affliction que lui faisait subir sa blessure et la perte de son Âme. Il laissa alors le visage avancer, jusqu'à ce que le rouge qui dessinait ses contours l'avale, et le laisse dans l'obscurité totale, seul, avec ces rires qui n'en finissaient plus.


Une silhouette aux ailes nimbées de lumière traversa brusquement les ténèbres, aveuglant Kris, et déchirant l'image du visage imprimée sur ses rétines. Un faible « Réveille-toi » parvint à ses oreilles, et la luminosité augmenta encore et encore, jusqu'à l'engloutir entièrement.



Il se releva en sursaut, de la sueur tapissait son front, où étaient collées quelques mèches de cheveux. Ses prunelles rétrécies par la peur regardaient tous les recoins de la chambre plongée dans une très légère pénombre, qui était percée par un grand rais de lumière passant sous ses rideaux.


Le garçon avala de grandes goulées d'air ; sa respiration tardait à se calmer.


Il entendait encore le rire sardonique qui rebondissait dans son esprit, comme pour lui dire que ce cauchemar recommencerait encore et encore tant qu'il tomberait dans les bras de Morphée.


Kris palpa rapidement la zone que la créature avait transpercée avec sa propre main : rien de liquide ou de rouge n'était venu poisser son pull, malgré les quelques picotements qui subsistaient – étrangement – encore dans la zone. Il jeta même un coup d'œil en direction de la petite cage, pour voir si un cœur rouge plein de sang ne serait pas en train d'y flotter.


Un cauchemar. Seulement un cauchemar. L'ayant fait se coucher immédiatement après qu'il soit rentré, sa mère – Toriel – avait oublié de lui rappeler de prendre son médicament, voilà qui expliquait ce songe.


Ses saccades calmées, Kris inspira et expira lentement, avant d'essuyer son front et de réordonner ses mèches de cheveux.


Il se saisit d'un crayon à l'air neuf, trônant sur une des étagères vide qui surplombait son lit. L'objet était orné de minuscules chauves-souris et de citrouilles grimaçantes. Un sourire passa sur ses lèvres lorsqu'il le vit, lui enlevant toute peur.


« Ça, ce n'était pas un rêve par contre. » se dit-il en serrant le crayon dans ses mains et en le posant contre son cœur.


Mais le fait de tenir cet objet lui rappela subitement son rendez-vous avec Susie.


Il fourra bon gré mal gré son trésor dans sa poche, et se leva, tout de même heureux de quitter la chambre, qui commençait à l'effrayer après ce cauchemar.


Il ouvrit ses rideau avant d'être ébloui par la lumière éclatante du soleil, qu'il ne pensait plus jamais revoir, puis sortit de l'endroit en trottant.


Un rapide passage dans sa salle de bain lui montra le teint fantomatique encore luisant de transpiration qu'il avait adopté. Si sa mère le voyait ainsi, elle s'inquiéterait immédiatement. Il passa un peu d'eau sur sa face, de sorte à paraître en meilleur forme, et rejoint le salon.


Personne. Ni dans la cuisine d'ailleurs. Toriel devait être partie faire quelques courses.


Cela fut confirmé par un post-it rose collé au réfrigérateur, qui dictait à Kris de rester sage durant le temps où sa mère serait sortie chercher des provisions. Celui-ci soupira et prit son crayon, avant de marquer en réponse qu'il sortirait avec son amie, et qu'il n'irait pas loin.


Il signa ensuite par son prénom suivi d'un minuscule cœur.


Le fait de se savoir esseulé dans sa maison lui donna rapidement quelques frissons. Il se dépêcha de prendre le morceau de tarte démesuré qui avait été laissé là à son attention, et de sortir des lieux, préférant largement profiter de la fraîcheur du dehors que de l'angoissante moiteur de l'habitation.


Sa pâtisserie terminée et ses doigts pourléchés, Kris dû se dire qu'il devait bien se rendre à son rendes-vous avec la monstresse. Il fourra le papier qui enrobait le morceau de tarte dans sa poche puis se mit en marche en direction de l'école.

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