Bart et Hugo, une histoire d'amour

Chapitre 8

1821 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/09/2018 01:57



C'est le matin du procès de Hugo. Il va sans dire que Bart a très mal dormi, voire pas dormi du tout. Les pires pensées lui ont traversé l'esprit toute la nuit. Il a imaginé Hugo dans une cellule crasseuse et miteuse, entouré de deux taulards qui passent leur temps à le maltraiter. Il est dans un état de fatigue avancé mais il n'a pas d'autres choix que faire face. Il s' est habillé avec un jean stretch blanc et une chemise noire. Il faut une certaine tenue pour le tribunal. Anna lui a expliqué qu'ils doivent arriver tôt car il y a beaucoup de sécurité à passer et que les comparutions immédiates vont s' enchaîner.

Lorsqu'ils arrivent, l'angoisse prend possession du jeune homme. Le building est impressionnant. Il est froid avec son carrelage gris au sol et ses escaliers en marbre.


Anna : Ça va aller ?


Bart : J'ai peur pour Hugo. Tu vois là en ce moment, je ne pense pas à notre couple ni à comment je vais vivre l'avenir. Je pense juste à lui... Il ne devrait même pas se trouver dans cette situation pourrie. Je veux juste qu'il s'en sorte sans égratignure.


Anna : Quoi que le juge décide, ça ira pour Hugo et tu sais pourquoi ? dit-elle d'une voix douce.


Bart secoue la tête à la négative.


Anna : Parce que tu es là pour lui. Il n'est pas tout seul dans cette épreuve.


Bart : Oui enfin s'il doit aller en prison, c'est pas moi qui vais l'aider à quelque chose.


Anna : Bien sûr que si. Crois-moi Bart, j'en ai vu des prisonniers complètement isolés et c'est vraiment pas drôle pour eux. Toi tu seras là pour Hugo, tu iras le voir et la perspective de t'avoir près de lui quand il sortira, c'est ça qui le fera tenir. Mais on n'en est pas encore là. Essayons de rester positifs.


Bart : Humhum... marmonne le jeune homme.


La mère et le fils passent les contrôles de sécurité et puis vont s'installer dans la salle 12, là où se tient la séance de comparutions immédiates pour la matinée. Ils s'assoient au premier rang. il faut dire qu'il y a assez peu de public pour ce type de procès. Quand la grande aiguille arrive sur le 12 alors que la petite se tient droite sur le 11, le coeur de Bart se serre. Une petite porte en bois sur la gauche de l'estrade du juge s'ouvre et le visage fatigué de Hugo apparaît, tenu par des menottes dans le dos, un policier le guidant. L'officier l'amène jusqu'à la petite table où se tient maître Amalric. Le regard des deux amoureux se croisent et instantanément Hugo se sent un peu mieux. Son amoureux lui fait un clin d'oeil complice et le jeune homme lui rend un léger sourire.


Le juge ouvre le dossier de Hugo, y jette un oeil et le referme.


Juge : Monsieur Quéméré, j'aurais quelques petites questions à vous poser si vous n'y voyez pas d'inconvénients.


Hugo : Oui monsieur le juge. Répond-il d'une voix qu'il tente de garder sereine malgré le stress.


Juge : Vous avez avoué 21 cambriolages entre Hendaye et Sète. Pourquoi ses aveux ?


Hugo : Je dois assumer mes erreurs, monsieur le juge.


Juge : Avez-vous conscience de la gravité de la situation ?


Hugo : Oui monsieur le juge. J'ai finalement réalisé que mes actes étaient graves et que je ne pouvais pas continuer ainsi.


Juge : Qu'est-ce que qui vous a fait comprendre ceci ?


Hugo : J'ai... Il se racle la gorge... rencontré quelqu'un qui m'a fait réaliser que la vie, ça peut être autre chose que simplement s'amuser sans penser aux conséquences.


La belle déclaration de son compagnon touche Bart et il sourit timidement en se mordillant doucement l'intérieur de la lèvre inférieure.


Juge : Mmhh... réagit le juge en dodelinant de la tête. J'ai vu en étudiant votre dossier que vous n'avez pas d'adresse fixe, vous ne vous êtes posé nulle part depuis le décès de votre mère il y a deux ans. Et c'est aussi là que vous avez commencé à cambrioler. Enfance sans père et avec une mère alcoolique qui vous maltraitait... En entendant ça, le coeur de Bart s'arrête de battre un instant. Il savait que Hugo avait à peine connu son père mais il n'avait aucune idée de l'enfance difficile qu'il avait dû subir. Vous n'avez pas vraiment été gâté par la vie, dirons nous.


Hugo : Je ne me cherche aucune excuse, monsieur le juge.


Cette réflexion fait mouche auprès du magistrat. Il apprécie les gens qui assument leurs erreurs.


Juge : Je vois ça, monsieur Quéméré. Vous n'êtes pas un jeune homme violent. Vous semblez avoir la tête sur les épaules et vous avez compris vos erreurs. Cela dit, je ne peux ignorer que vous avez cambriolé vingt et une villas. Monsieur Quéméré, levez-vous je vous prie.


Le jeune homme et son avocat se lèvent de concert. Bart prend la main de sa mère et la serre. C'est maintenant que tout va se décider.


Juge : Monsieur Quéméré, pour les faits qui vous sont reprochés je vous condamne à dix-huit mois de prison dont six mois ferme.


À l'instant où il entend la sentence, les paupières du jeune surfeur se ferment et il baisse la tête. Six mois ferme... six mois derrière des barreaux. Quant à Bart, il se prend la tête dans les mains de stupeur.


Juge : Vous effectuerez votre peine à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone à compter d'aujourd'hui. Est-ce-que vous avez bien compris ?


Hugo : Oui monsieur le juge. Répond le jeune homme d'une voix qu'il tente de garder forte.


Juge : Très bien. Vous avez cinq minutes pour dire au revoir à vos proches et puis l'officier vous conduira à la maison d'arrêt.


Sur ces mots, le juge tend le dossier de Hugo à son greffier assis à sa droite, et ouvre le suivant en attendant. Hugo se retourne, fébrile, vers son amoureux. Bart se lève et ils se tiennent l'un face à l'autre, séparés par la petite barrière de bois. Pendant quelques secondes, ils ne trouvent pas les mots. Ils ne peuvent que se fixer, hagards. Puis Bart tend une main tremblante vers son compagnon. Ils mêlent leurs doigts, geste plein d'amour et de tendresse.


Bart : Je suis désolé... bredouille-t-il.


Hugo : Pourquoi tu dis ça ?


Bart : C'est ma faute si tu en es là. Si je n'avais pas suggéré l'idée débile de cambrioler le labo des flics, tu ne te serais pas dénoncé.


Hugo : Écoute-moi bien Bart, dit le jeune homme d'une voix grave, les yeux dans les yeux, ça n'est PAS ta faute, okay ? Je veux que tu te sortes ça de la tête.


Bart : Mais...


Hugo : Y'a pas de mais. Je me serais fait prendre de toutes manières. Tu n'es responsable de rien. Je ne veux pas que tu te sentes coupable. Tu me le promets ?


Bart : Okay... répond-il timidement.


Hugo : S'te plaît Bart, je pourrais pas supporter que tu te reproches quoi que ce soit. S'te plaît...


Bart : Je te le promets... ajoute le jeune homme avec plus de conviction cette fois.


Hugo : Bon... il va falloir qu'on attende un peu pour San Diego... dit le surfeur en tentant de dédramatiser un peu la situation.


Bart : On visitera le monde une fois que tu seras sorti. Hugo lui sourit avec émotion. Et en attendant, je vais venir te voir autant que possible. On va tenir, six mois c'est pas si long. Répond le jeune Vallorta d'un ton sincère. Il veut rassurer son amoureux qui doit mourir de trouille à l'idée de passer six mois dans une cellule.


Hugo : Tu sais, je t'en voudrais pas si tu... Il ne peut finir sa phrase, Bart le coupe.


Bart : Chut ! Je sens que tu es sur le point de dire une grosse connerie là... Je te l'ai déjà dit hier. Toi et moi, on est ensemble quoi qu'il arrive.


Hugo : Qu'est-ce-que j'ai fait pour mériter un ange comme toi ? Se demande le jeune surfeur, presque incrédule de la force de l'amour de Bart à son égard.


Bart : Tu as débarqué dans ma vie et tu m'as appris à aimer.


Hugo : Arrête... murmure le jeune homme, prêt à laisser quelques larmes couler sur ses joues.


L'émotion les envahit tous les deux et ils tombent dans les bras l'un de l'autre. Et ils se serrent, se serrent, se serrent, espérant presque que s'ils se serrent suffisamment, personne ne les séparera. Mais l'officier de police tapote sur l'épaule de Hugo.


Policier : Il est temps, jeune homme.


Hugo : Juste un instant, s'il vous plaît.


Le policier hoche la tête.


Bart : Je t'aime. Surtout tu ne l'oublies pas, d'accord ??


Hugo : Promis.


Bart : On va vite se revoir. Je vais demander un parloir le plus vite possible.


Hugo : Tu prends soin de toi, Bart, okay ? Sors, vois tes amis, va en cours. Vis une vie normale.


Bart : Elle ne sera pas normale tant que tu seras enfermé.


Hugo : Bart...


Bart : Je sais, j'ai compris ce que tu veux dire.


Le policier attrape les poignets du jeune prévenu et lui met les menottes.


Policier : En route jeune homme.


Hugo : Je t'aime, Bart.


Le jeune lycéen ne peut rien répondre. Sa gorge est si serrée par la douleur et il fait tout ce qu'il peut pour ne pas pleurer pendant qu'on emmène son homme loin de lui. Seulement lorsque la petite porte en bois se referme, de chaudes larmes roulent sur ses joues. Anna le prend dans ses bras mais rien n'y fait, il est inconsolable.


Bart : Je peux pas, j'ai besoin d'air là... dit-il en repoussant sa mère.


Il sort en trombe de la salle d'audience et se rue dans les toilettes des hommes. Une chance, il n' y a personne. Il pose ses mains sur le rebord du lavabo et fixe son reflet dans la glace. La douleur qu'il ressent est indéfinissable. Rien ne lui a jamais fait aussi mal. C'est comme si des dizaines de lames le transperçaient toutes en même temps. Son souffle devient de plus en plus fort et court puis tout à coup, il explose dans un cri de rage.


Bart : AAAAAAAAAAARGGGH !! hurle-t-il en se repliant vers le sol.


Il finit assis par terre, dos au mur, sanglotant tout ce qu'il sait. Un homme rentre dans les toilettes et le regarde, à la fois curieux et perplexe. Mais Bart n'y prête aucune attention. Il ne peut rien faire d'autre que pleurer. Hurler sa souffrance. Il est cloué de douleur au sol.

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