Le journal d'Anna

Chapitre 4 : 20 juillet 2017: une jolie rencontre

2163 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 06/05/2020 19:15

20 juillet, 5h45


Je n’arrive plus à dormir. Je ressasse dans mon lit mon ancienne vie et cet affreux abandon. Je me lève, m’habille vite fait et sors prendre l’air au bord de l’étang qui est devenu mon nouveau refuge. J’ai emporté une petite couverture parce que malgré le fait que nous soyons en été, il fait frais à cinq heures du matin. Je reste ici presque deux heures à contempler le paysage. Je me demande réellement comment j’ai fait pour vivre aussi longtemps éloignée de cet endroit merveilleux.


Au bout d’un moment, je décide de rentrer, voir si quelqu’un est réveillé. Je tombe sur Chloé qui prépare le petit-déjeuner.


Chloé : que faisais-tu dehors ?


Moi : j’avais besoin de prendre l’air. 


Chloé : viens prendre le petit-déjeuner, ça te fera du bien. 


Je m’assois sans dire un mot, encore choquée de ce qu’elle m’a dit hier soir.


Chloé : je suis désolée pour hier, la soirée a un peu tourné au cauchemar.


Moi : c’est clair.


Chloé : écoutes, je sais que c’est un sujet extrêmement sensible, entre maman, ton abandon. Mais si tu veux que je t’aide, il faut que tu me parles.


Moi : je suis plus sûre de vouloir retrouver mon fils biologique, ce que tu m’as dit hier soir me donne honte et j’ai peur de la réaction qu’il aurait.


Chloé : eh, on va le retrouver, je suis sûre que tu arriverais à trouver les mots pour lui faire comprendre la situation.


Moi : ça te dit qu’on aille se balader un peu pour pouvoir discuter.


Chloé : pas de soucis mais on déjeune avant.


Moi : faut qu’on prenne des forces, ça risque de durer longtemps.


Nous prenons notre petit-déjeuner puis partons dans le centre-ville à pieds.


Chloé : je te laisse dire ce que tu voulais me dire.


Moi : tu sais, j’ai énormément souffert de l’avoir abandonné, je ne le voulais pas mais j’étais obligée parce que je ne voulais qu’il soit malheureux. A l’hôpital, lorsque j’ai rencontré cette femme, elle venait de perdre son bébé. Il était mort à la naissance d’une malformation. On a sympathisé et on a décidé ça. J’ai appris quelques semaines plus tard que le père était mort.


Chloé : c’est horrible.


Moi : oui mais maintenant j’ai envie de le récupérer.


Chloé : c’est normal. Tu te souviens du nom de cette femme ?


Moi : oui, je me le ressasse tout le temps. C’est Flore Vallorta.


Chloé, choquée : Flore ?


Moi : tu la connais ?


Chloé : bien sûr, c’est l’une de mes meilleures amies. Attends, ton fils c’est Bart ?


Anna : peut-être.


Chloé : c’est le meilleur ami de Maxime.


Anna : tu as une photo de lui ?


Chloé : oui, je crois. Attends je regarde.


Elle me montre une photo au bout de quelques secondes. Je le reconnais très vite.


Moi : je l’ai déjà vu. Il était avec Maxime et Margot lorsque je les ai rencontrés par hasard. (souriant) Il est pas mal quand même.


Chloé : comme toi. Je n’en reviens pas.


Moi : moi non plus, c’est dingue.


Chloé : tu voudrais le rencontrer ?


Moi : euh, vraiment je ne sais pas. J’avais promis à Flore Vallorta de ne jamais revenir dans sa vie et celle de Sacha enfin Bart. Et je ne veux pas bouleverser sa vie.


Chloé : c’est toi qui vois. Après c’est vrai qu’il vient souvent à la maison. Tu le verras.


Moi, contente malgré tout : d’accord.


Nous marchons encore un petit moment jusqu’à ce que nous rencontrions une femme que Chloé a l’air de bien connaître et qui me dit vraiment quelque chose.


Chloé : salut Flore.


Flore : salut Chloé.


C’est Flore, je n’en reviens pas, la mère de mon fils.


Flore : Anna ?


Moi : oui c’est moi.


Flore, en colère : je croyais que tu devais ne plus jamais revenir ici.


Chloé : eh calme-toi, elle avait besoin de renouer avec moi.


Flore : ne t’avises même pas d’avouer à MON fils qui tu es.


Moi, ironique : j’ai peur.


Flore : je rigole pas.


Moi : moi non plus.


Chloé : eh stop, calmez-vous. On va aller boire un café toutes les trois et vous pourrez vous expliquer.


Moi et Flore, en même temps : hors de question.


Chloé : ah mais ça n’était pas une proposition en fait. Arrêtez de faire vos gamines.


Flore : d’accord mais pas longtemps.


J’ai pas envie de discuter avec elle. Elle m’a presque insultée dans la rue et puis j’ai rien à lui dire.


Chloé, à mon oreille : comme ça tu vas pouvoir lui demander comment il va, essaie de la convaincre pour lui avouer qui tu es.


Moi : je sais pas.


Nous rentrons dans le bar et commandons. Chloé essaie de lancer une conversation mais c’est le silence complet.


Chloé : sérieusement parlez-vous, sinon c’est moi qui le fait et ça risque de ne pas être très joli. On est des adultes, maintenant.


Je ne sais plus quoi dire. Je n’arrive plus à parler. Je la laisse donc parler à ma place en espérant que ça ne fasse pas trop de dégâts.


Chloé : bon Anna tu ne me laisse plus le choix, là. Flore, Anna aimerait rencontrer Bart et éventuellement lui dire qui elle est pour lui.


Flore : c’est hors de questions. C’est mon fils.


Chloé : ça n’y changera rien. Il a quand même le droit de connaître la vérité, sa vie a été fondée sur un mensonge.


Flore : je lui ai caché pendant dix-sept ans et je continuerais à le faire sans problème.


Chloé : Tu caches sans scrupule ses origines à Bart. Imagine s’il l’apprenait ? Tu ne penses pas au mal que tu es en train de faire à Anna là.


Flore : il fallait y penser avant. C’est trop tard maintenant. Si personne ne lui dit, il n’ a aucun problème. J’y vais, je n’ai plus rien à faire ici.


Elle part et je m’effondre, en larmes.


Moi : je n’arriverais jamais à le rencontrer.


Chloé : si, je suis sûre que tu y arriveras.


Nous décidons donc de rentrer chez Chloé. Je vais me coucher directement, fatiguée, malgré le fait qu’il soit midi.



15h28


Je ne pensais pas dormir autant mais je crois que j’en avais besoin. Je me lève et voit Chloé et Alex dehors, dans les bras l’un de l’autre. Ils ont l’air tellement amoureux. J’aimerais moi aussi trouver un homme qui me rende aussi heureuse parce qu’on peut dire que pour l’instant je n’ai pas été gâtée.


Je décide de les rejoindre.


Chloé : tu es réveillée, tu as faim ?


Moi : non pas tellement.


Chloé : viens t’asseoir avec nous.


Moi : non je crois que je vais aller me balader sur la plage.


Chloé : ok pas de soucis.


Je sors donc de la maison et me dirige vers la plage. Je me balade pendant presque deux heures au bord de la mer puis décide de rentrer. Sur la route du retour, près du bord du canal, mon pied se raccroche sur une pierre et je tombe. Un homme qui a vu la scène s’approche de moi et m’aide.


Homme : vous allez bien ?


Moi, essayant de me relever : oui ça va, ne vous inquiétez pas.


Lorsque j’essaie de m’appuyer sur ma cheville droite pour me relever, j’hurle de douleur et retombe à terre. 


Homme : attendez je vais vous aider. On va aller s’asseoir sur un banc.


Moi : merci.


Il m’aide à aller m’asseoir sur le banc le plus proche de nous.


Homme : je peux vous enlever votre chaussure pour voir si c’est gonflé ?


Moi, commençant à le regarder : oui bien sûr.


Il regarde ma cheville et voit qu’elle est gonflée et commence à s’inquiéter.


Homme : je devrais appeler les pompiers, ça commence à gonfler, c’est pas bon signe.


Moi : non, ça devrait aller.


Homme : permettez-moi au moins de vous emmener aux urgences.


Moi, souriant à moitié : si vous voulez.


Homme : bien sûr, appuyez-vous sur moi.



18h30


Nous arrivons à l’hôpital et un infirmier me prend tout de suite en charge. Je demande à cet inconnu de m’accompagner pour que je puisse le remercier.


On me pose dans une salle de soins. J’appelle Chloé pour la prévenir et décide de faire connaissance avec cet homme qui, je ne vais pas vous mentir est plutôt sexy.


Moi : je voulais vraiment vous remercier de m’avoir aidé.


Homme : c’est normal, quand une jolie jeune femme est en détresse, je l’aide.


Moi : je ne me suis pas présentée, je m’appelle Anna, Anna Delcourt.


Homme : enchanté Anna, moi c’est Karim Saeed.


Un infirmier arrive, accompagné d’un médecin que je connais très bien : maman.


Marianne : Anna ? Ca va ?


Moi, sèche : ça va, juste un peu mal à la cheville.


Marianne : on va te faire une radio. Tu as prévenu Chloé ?


Moi : oui, c’est bon.


Ils me font faire une radio qui montre que ma cheville s’est cassée durant la chute. Ils décident de l’immobiliser en mettant un plâtre que je devrais garder durant un mois. On me donne aussi des antalgiques pour éviter d’avoir trop mal et des béquilles. Ensuite, Karim me ramène chez Chloé.


Moi : laissez-moi vous inviter à prendre un café demain au Spoon pour vous remercier de votre gentillesse.


Karim : avec plaisir. Demain, dix-huit heures. J’espère ne pas être indiscret en posant cette question mais vous connaissez le docteur Delcourt ?


Moi : vous connaissez son nom ?


Karim : elle est connue dans la ville.


Moi : et c’est ma mère. A demain, Karim.


Il me donne son numéro de téléphone en prime et s’en va. J’espère ne pas avoir été trop sèche en lui parlant mais c’est sorti tout seul. Voici ce que ma mère faisait au lieu de s’occuper de nous lorsque nous étions petites. Elle se taillait une réputation. Lorsque je rentre, j’ai un grand sourire, suite à ma rencontre avec ce beau brun, que Chloé voit tout de suite.


Chloé, en m’aidant à m’asseoir : c’est quoi ce sourire ?


Moi, prise au dépourvu : rien.


Chloé : tu as la cheville cassée et un énorme plâtre mais tu as un sourire qui illumine presque toute la maison, il s’est passé quelque chose.


Moi : tu ne voudrais pas devenir enquêteuse ?


Chloé : ah donc j’ai raison, c’est celui qui t’as amené à l’hôpital et ramenée ici ?


Moi : ça ne sert plus à rien de mentir. Oui c’est lui, tu es contente ?


Chloé : c’est qui ?


Moi, rigolant : t’es sérieuse ?


Chloé : quoi ?


Moi : je ne te dirais pas.


Chloé : tu m’as bien dit que c’est maman qui t’avais soigné ?


Moi : oui, pourquoi ?


Chloé : elle saurait peut-être qui c’est ?


Anna : bon d’accord. Il s’appelle Karim Saeed.


Chloé : le capitaine Saeed ?


Anna : c’est un flic ?


Chloé : à moins qu’il y ait deux personnes qui s’appellent comme ça à Sète, oui c’est un policier. Tu seras bien protégée au moins avec lui.


Anna : on ne va pas se mettre ensemble.


Chloé : seul l’avenir nous le dira.


Nous finissons la soirée tranquillement. Je n’arrête pas de penser à Karim. J’ai tellement hâte d’aller boire un verre avec lui demain et faire plus ample connaissance.


Je vais me coucher le soir, fatiguée et avec une douleur incessante à la cheville malgré les antalgiques. Malgré ça, je garde toujours le sourire.



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