Cœur givré

Chapitre 30 : Flamme & Givre

3344 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 30/11/2025 16:30

Le lendemain, Kyojuro avait reçu une mission, et comme convenu, Lucy l’accompagnait.

Après avoir embrassé Muichiro une dernière fois — un baiser qu’il avait eu du mal à laisser partir — elle suivit le Hashira de la Flamme hors du domaine, sous sa fidèle ombrelle blanche, Koriha perché fièrement sur son épaule.

Kyojuro, égal à lui-même, avançait d’un pas léger, chaque fibre de son corps vibrant d’enthousiasme. Il jetait de fréquents coups d’œil à Lucy, admirant sa tenue comme si c’était la première fois.

— Tu es splendide aujourd’hui, Lucy ! s’exclama-t-il.

— Tu as l’allure d’une noble ! Élégante, raffinée… Cela te va à merveille !

Il baissa ensuite les yeux vers le corbeau qui gonflait ses plumes jusqu’à l’orgueil.

Les yeux du Hashira s’illuminèrent.

— Et Koriha est MAGNIFIQUE aussi !!

Krooo !

Koriha redressa encore plus la tête, comme s’il avait grandi de trois centimètres.

Lucy ne put retenir un petit sourire.

— Merci, Kyojuro. Tu es gentil.

Le rire chaleureux de Kyojuro résonna dans le chemin forestier.

— Haha ! Il se pavane beaucoup sous les compliments, ce petit ! Cela lui va bien !

Puis il détourna légèrement la tête et regarda Lucy, son expression changeant subtilement.

Toujours souriante, mais plus douce.

Plus sincère.

— Puis-je te confier quelque chose, Lucy ?

Elle hocha la tête.

— Je t’écoute.

Kyojuro inspira profondément, ses yeux rouge-jaune se posant sur elle avec une gravité rare.

— Je dois l’avouer… quand j’ai vu ta transformation, j’étais sceptique.

Lucy sentit son cœur se serrer légèrement.

Mais Kyojuro poursuivit, sa voix soudain plus calme, plus franche :

— Et pourtant te voir aujourd’hui…marcher avec nous, te battre avec courage, rejeter l’emprise de Muzan avec une force que même nous, Hashira, nous peinons à imaginer…

Il s’arrêta un instant, ses yeux brillants d’admiration.

— …tu as tout mon respect.

Lucy cligna des yeux.

La phrase lui transperça la poitrine, douce et brûlante à la fois.

Le respect de Kyojuro… celui de l’homme le plus droit, le plus honorable qu’elle connaisse…

— …oh… Kyojuro…

Sa voix tremblait un peu malgré elle.

Le Hashira de la Flamme sourit, un sourire chaud comme un foyer en hiver.

Il posa une main rassurante sur son épaule, très délicatement.

— Tu as dépassé toutes mes attentes, Lucy. Tu es forte. Pas seulement… physiquement. Mais ici.

Sa main glissa brièvement vers son propre cœur.

— Et c’est cette force-là que j’admire le plus.

Koriha, ému par l’atmosphère, poussa un petit « kroo » sensible.

Kyojuro rit doucement.

— Même lui est touché, tu vois ?

Lucy porta une main à sa poitrine, absorbant chaque mot.

Oui, être acceptée par Kyojuro… c’était plus qu’un compliment.

C’était une reconnaissance.

Une lumière dans la nuit.

Il resserra doucement sa prise sur son épaule, un encouragement vivant dans chaque geste.

— Je crois en toi, Lucy. À cent pour cent.

Le cœur de Lucy se gonfle, chaud et serré dans sa poitrine.

Il n’avait que deux ans de plus qu’elle… et pourtant, ses mots résonnaient comme ceux d’un père fier.

Ou d’un grand frère qui veille.

Sans réfléchir, portée par une impulsion sincère, elle se jeta dans ses bras.

Elle le serra si fort que Koriha perdit l’équilibre, poussant un KROAA ! indigné en battant des ailes avant de s’envoler en zigzaguant.

Kyojuro lâcha un rire tonitruant, surpris mais ravi.

— Ahahaha ! Doucement !

Mais il l’entoura aussitôt de ses bras puissants, chaleureux, rassurants —

une étreinte pleine, solide, bienveillante.

Une étreinte qui donnait envie de ne plus jamais la lâcher.

Lucy enfouit un instant son visage contre lui.

— Merci, Kyojuro… ça compte beaucoup pour moi.

— Pas besoin de me remercier ! répondit-il en lui tapotant affectueusement la tête, comme s’il l’avait toujours protégée.

— Ta détermination a toujours été une source d’inspiration ! Démon ou pas !

Koriha, volant au-dessus d’eux, poussa une série de croassements indignés, comme un sermon furieux.

Puis il atterrit brusquement sur l’épaule de Kyojuro et lui donna de petits coups de bec à l’oreille.

— Aïe ! Hé, calme-toi, petit incendiaire ! s’exclama Kyojuro en riant.

Il tapa doucement du doigt le bec du corbeau, qui tenta de le pincer en retour, vexé d’avoir été bousculé.

Le Hashira sembla trouver la scène hilarante, comme toujours.

Puis il releva brusquement la tête, regagnant son énergie flamboyante.

Koriha, totalement pris au dépourvu, glissa de l’épaule comme une pierre tombant d’une falaise.

KROOOAA— !?

Il disparut hors champ pendant exactement trois secondes…

avant de revenir dans un vol maladroit, les plumes hérissées d’indignation.

Lucy éclata de rire.

Puis Kyojuro bomba le torse, toute trace de sérieux évaporée.

— BON ! Nous avons une mission à accomplir ! lança-t-il avec son enthousiasme habituel.

— Assurons-nous qu’aucun démon ne vienne perturber la nuit !

Lucy hocha la tête, souriante.

Elle s’écarta de lui, réajusta son ombrelle, et tous deux reprirent la route, leurs pas résonnant côte à côte sur le chemin.

Une flamme et un flocon.

Leur duo improbable avait déjà fière allure.

))))))))))((((((((((

Le soleil descendait lentement derrière les montagnes, avalé par l’horizon en une lueur d’ambre et de braise.

Le ciel s’assombrissait déjà, teinté d’orangé profond, et quelques étoiles timides perçaient le voile du crépuscule.

La forêt s’emplissait des bruissements familiers de la faune nocturne.

Lucy et Kyojuro avançaient ensemble, leurs pas synchronisés, bercés par le parfum humide des arbres et le souffle léger du vent.

J’ai un bon pressentiment concernant cette mission ! — lança Kyojuro avec un élan si vibrant qu’il semblait illuminer le sentier.

Je le sens au fond de moi !

Lucy sourit doucement, ajustant son ombrelle avant que la nuit complète ne l’autorise à la refermer.

Je me suis entraînée une bonne partie de la nuit pour perfectionner mes capacités. Ça se passera bien, dit-elle en observant ses mains pâles.

Kyojuro hocha la tête avec un enthousiasme contagieux.

Voilà l’esprit ! Avec un tel dévouement, on va boucler cette mission en un rien de temps !

Il leva le poing vers le ciel dans un grand geste typique de lui.

Maintenant, montrons à ces démons ce qui arrive quand on croise notre chemin !

Une brise légère fit vibrer les feuilles.

La nuit finissait de tomber, enveloppant leurs silhouettes.

Koriha, très fier de sa nouvelle place, est installé sur sa tête comme sur un trône, le plumage gonflé, les yeux vifs scrutant la moindre ombre.

La lune filtrait à travers les branches, dessinant des rayons pâles le long du chemin.

Kyojuro, désormais plus discret, murmura d’un ton bas et vigilant :

Reste attentive. Même si rien ne s’est encore montré, les démons savent se cacher quand ils le veulent.

Lucy opina.

Puis—

CRAC.

Une brindille qui se brise.

Net.

Sec.

Beaucoup trop proche.

Ils se figèrent tous les deux.

Lucy pivota immédiatement vers la source du son.

Ses pupilles se rétractèrent.

L’odeur.

Elle la sentit avant tout.

Du sang.

Métallique.

Acre.

Et… le démon.

Une bouffée d’instinct pur la propulsa en avant, avant même qu’elle n’y pense.

Elle partit.

Vitesse fulgurante.

Sans hésitation.

Sans stratégie.

Juste… une pulsion.

Kyojuro écarquilla les yeux.

Lucy ?!

Elle courait déjà entre les arbres, guidée par la senteur invisible.

Kyojuro se lança immédiatement à sa poursuite.

Hé-hé ! Lucy, attends ! Ne part pas sans plan !

Mais elle n’écoutait plus.

L’odeur l’aspirait.

L’appel du danger.

Ou de la proie.

Ou… quelque chose entre les deux.

Les arbres s’écartèrent soudain, laissant apparaître une petite cabane branlante, perdue au milieu des troncs.

Une lueur fuyante passait à travers les interstices du bois.

Une ombre bougeait à l’intérieur.

Le démon était là.

Tapit.

Haletant.

Blessé, peut-être.

Ou… en plein repas.

Lucy sentit sa propre respiration s’accélérer.

Son sang se glacer.

Ses veines frémir.

Elle posa une main sur la porte.

Kyojuro arriva derrière elle, légèrement essoufflé.

Lucy ! Ne—

Trop tard.

Elle poussa déjà la porte.

Le bois grinça comme un cri étouffé.

Et l’odeur lui explosa littéralement au visage.

Un nuage épais.

Métallique.

Putride.

Saturé de mort.

L’air en était si chargé qu’il semblait poisseux.

Instantanément :

— ses crocs ressortirent

— ses griffes s’allongèrent

— ses pupilles se contractèrent

L’instinct se réveillait.

Là, dans cette cabane.

Les murs étaient maculés de sang.

Des éclaboussures sombres sur le sol.

Des traînées épaisses sur les planches.

Des corps… ou ce qu’il en restait… jonchaient le sol comme des poupées abandonnées, membres tordus, yeux vitreux.

Une ombre bougea au fond.

Puis une voix, suave et dégoûtante, résonna :

Ahhh~ ? Qu’avons-nous là… ?

Une silhouette se détacha de la pénombre.

Le démon avançait en se léchant lentement les griffes.

Ses yeux brillaient d’une lueur démente.

Un autre démon qui joue avec les humains ? susurra-t-il en fixant d’abord Lucy, puis Kyojuro.

Il ricana, un son aigu qui fit vibrer l’air.

Puis il bondit.

D’un mouvement brusque, animal, fulgurant.

Kyojuro esquiva de justesse.

Mince ! Rapide !

Il dégaina aussitôt, la lame sifflant dans l’air, et para une seconde attaque.

D’un geste précis, Lucy se griffa l’avant-bras.

Une ligne de sang rouge sombre coula le long de sa peau.

Elle s’agenouilla, posa ses doigts au sol.

Le sang toucha la terre.

Et la terre réagit.

Un givre bleu pâle se déploya soudain, rampant sur le sol comme une vague vivante, serpentant entre les lames d’herbe et les planches abîmées…

…se dirigeant droit vers le démon.

Celui-ci eut à peine le temps de reculer.

Quoi— ?!

Le givre jaillit d’un coup.

SHRRRKKK.

Il emprisonna ses pieds dans une gangue de glace impitoyable, le clouant au sol comme un piège vivant.

Le démon se figea, paniqué.

Lâche-moi… lâche-moi !!

Il arracha, tira, frappa, en vain.

Puis il tourna sa haine vers elle.

TRAÎTRESSE !

Sa voix dégoulina de rage pure.

Comment oses-tu t’allier à ces humains immondes ? Tu es l’une des no—

Il n’eut pas le temps de finir.

Kyojuro abattit son katana dans une frappe nette et parfaite.

La tête du démon vola, heurta le sol dans un bruit sourd, puis se désagrégea lentement en cendre.

Le silence retomba d’un coup.

Kyojuro rengaina dans un geste fluide, puis tourna vers elle un immense sourire ensoleillé.

Beau travail d’équipe !

Lucy se releva, sa blessure déjà refermée.

Elle allait lui répondre lorsqu’un son très faible atteignit ses oreilles.

Un… sanglot ?

Un petit bruit, fragile, étouffé, presque imperceptible.

Lucy se tourna brusquement vers l’arrière de la cabane.

Kyojuro sentit lui aussi le changement dans l’air.

Il se raidit immédiatement, resserrant sa prise sur la garde de son arme.

Puis ils l’entendirent tous les deux.

Un gémissement.

Faible.

Douloureux.

Un survivant ?! s’exclama Kyojuro avant de se précipiter.

Il écarta d’un coup les débris d’une planche éclatée et découvrit—

Un enfant.

Un petit garçon d’à peine six ou sept ans, recroquevillé contre le mur, couvert de poussière de bois et de sang séché.

Son petit corps tremblait violemment.

Il serrait quelque chose tout contre sa poitrine.

Une poupée brisée.

Un bras arraché.

Du tissu déchiré.

Mikey…

Lucy sentit son cœur se déchirer.

L’image de son petit frère se superposa un instant à celle du garçon.

Elle fit un pas en avant.

Mais le sang

Cette odeur.

Trop forte. Trop fraîche. Trop irrésistible.

Elle sentit sa gorge se contracter, la faim rugir derrière ses dents.

Elle recula brusquement, plaquant une main sous son nez.

Kyojuro…

Sa voix tremblait.

Occupe-toi de lui… s’il te plaît…

Elle se détourna, dos à la scène, luttant de toutes ses forces pour ne pas céder à l’instinct.

Kyojuro hocha d’abord la tête, grave, puis son expression se radoucit lorsqu’il posa enfin les yeux sur l’enfant recroquevillé.

Il s’approcha lentement, ses pas mesurés, sa voix adoucie malgré la tension ambiante.

Tu es en sécurité maintenant… shhh…

L’enfant, tremblant de tous ses petits membres, se laissa attraper sans résistance.

Dès que les bras chauds de Kyojuro se refermèrent autour de lui, il enfouit son visage dans son épaule.

Ses doigts crispés serraient toujours sa poupée brisée.

Un nom était brodé maladroitement sur son ventre :

Ayame.

Lucy, elle, fixa ce nom une seconde…

Puis quelque chose d’autre attira son regard.

Un bras.

Un bras d’adulte, arraché, ensanglanté, gisant au sol à quelques pas.

L’odeur était trop fraîche.

Trop puissante.

Trop vivante.

Son souffle se bloqua.

La salive commença à s’accumuler dans sa bouche, lourde, impossible à retenir.

Un filet de bave glacée glissa au coin de ses lèvres.

L’instinct hurlait.

Prends-le. Mange. Maintenant.

Ses pupilles se contractèrent en une fente étroite.

Kyojuro réagit immédiatement.

Il pivota brusquement, son regard brûlant d’inquiétude quand il vit exactement ce que Lucy fixait.

En une fraction de seconde, il se plaça devant elle, cachant la vision du bras de son propre corps — sans lâcher l’enfant.

Un murmure ferme, mais bas pour ne pas affoler le petit garçon :

Lucy. Regarde-moi.

Elle ne bougeait pas.

Sa respiration saccadée faisait trembler tout son corps.

Regarde-moi, répéta Kyojuro, plus insistant.

Ses yeux accrochèrent enfin les siens.

Respire.

Lucy ferma les paupières d’un coup, ses griffes se replièrent dans ses paumes…

Trop fort.

Beaucoup trop fort.

Le sang jaillit entre ses doigts.

Son corps se mit à trembler violemment.

Kyojuro… gémit-elle, la voix brisée, étranglée entre la faim et la honte.

Kyojuro réagit instantanément.

Toujours avec l’enfant dans un bras, il se pencha vers elle et attrapa son poignet de sa main libre.

Il força doucement ses doigts à s’ouvrir, un par un, pour empêcher ses ongles de s’enfoncer davantage dans sa chair.

Tu es plus forte que ça, Lucy.

Sa voix était basse, urgente, vibrante de certitude.

Ne le laisse pas gagner. Tu m’entends ? Tu es plus forte.

L’enfant dans ses bras gémit, sentant toute la tension autour de lui sans comprendre. Il se blottit davantage contre la chaleur de Kyojuro.

Avant que Lucy puisse répondre…

Un craquement retentit dans le toit effondré de la cabane.

Puis un froissement d’ailes.

Un deuxième corbeau — pas Koriha, un autre — surgit de la nuit et plongea, battant des ailes pour se stabiliser avant d’atterrir sur l’épaule de Kyojuro.

Son cri strident déchira le silence saturé de sang.

CROAA ! URGENCE ! URGENCE !

Attaque de démons à proximité !

Civils en danger !

Croaa ! Immédiatement !

Le souffle de Kyojuro se coupa.

Ses yeux s’enflammèrent à nouveau — cette flamme intérieure qui ne vacille jamais, même au cœur du chaos.

Il serra l’enfant un peu plus fort contre lui, pour le sécuriser contre sa poitrine…

…et au même instant, Lucy disparut.

Littéralement.

Un souffle glacé.

Un flou bleuâtre.

Un craquement du sol sous la force de son départ.

Elle était déjà loin.

Kyojuro écarquilla les yeux, surpris par la vitesse… puis alarmé par la direction.

Lucy !!

Aucune réponse.

Juste le bruissement violent des feuilles dérangées sur son passage.

Elle avait profité de l’alerte.

De la panique.

De la nécessité de s’éloigner du sang.

Pour fuir.

Pour courir.

Pour se défouler loin de la tentation.

Kyojuro se mordit la lèvre, frustré de ne pas pouvoir la suivre.

Pas avec ce petit garçon tremblant dans ses bras.

Pas avec des civils en danger.

Bon sang… ! grogna-t-il entre ses dents.

L’enfant leva alors timidement les yeux vers lui.

Ses joues étaient encore couvertes de larmes séchées, mais sa curiosité l’emportait peu à peu.

Il fixait l’oiseau noir installé sur l’épaule de Kyojuro — le corbeau qui sautillait frénétiquement, agité d’une urgence palpable.

Croaa ! À l’est !

À cent cinquante mètres !

Des démons ! Civils en danger ! Croaa !!

Le petit garçon sursauta, resserrant sa poupée contre lui.

Kyojuro n’hésita pas.

Il inspira profondément, retrouvant sa concentration.

Puis, calmement :

Accroche-toi bien, petit.

Il glissa le garçon contre son dos, le maintenant d’un bras solide, son autre main déjà sur la garde de son katana.

Son regard se tourna dans la direction indiquée par le corbeau.

Il hocha la tête.

Guide-moi.

Le corbeau étendit les ailes, plongea devant lui, traçant la route à travers les arbres.

Kyojuro s’élança.

Le sol se déroba sous lui dans un claquement sec, comme sous l’impact d’une explosion.

))))))))))((((((((((

Lucy déboule dans la clairière comme un éclair bleu glacé.

Un instant, le démon est là — penché sur un civil en panique, les doigts déjà refermés sur son col.

L’instant d’après…

CRACK— !

Son pied s’abat violemment sur le côté de son crâne.

L’impact est si brutal que l’air ondule autour d’eux, un bruit sourd résonnant dans toute la clairière.

Le démon est projeté comme une poupée de chiffon, tournoyant sur lui-même avant d’aller fracasser un arbre dans un craquement sinistre.

Le civil tombe à genoux, haletant, les yeux agrandis par la stupeur.

Et Lucy atterrit.

Avec une grâce glaciale.

Entre l’humain et la bête.

Comme une ombre blanche prête à tuer.

La lune éclaire sa silhouette immobile.

Ses griffes.

Ses crocs.

Le givre qui serpente déjà le long de ses bras, sifflant comme un serpent d’hiver.

Le démon, grognant et furieux, se relève tant bien que mal, sa main couvrant son visage défoncé.

Toi… ! crache-t-il entre deux spasmes de régénération.

Il retire sa main ensanglantée ; les os craquent et se reforment.

Puis il la dévisage, ses yeux brillant d’une répulsion féroce.

Un démon qui se range du côté des humains ?!

Un sourire hystérique étire ses lèvres déchirées.

PITOYABLE !!!

Lucy ne répond pas.

Elle n’a même pas besoin.

Sa respiration se fait plus froide.

Le givre blanchit l’herbe à ses pieds.

Les veines sombres autour de ses yeux frémissent.

Puis elle disparaît.

Une bourrasque.

Un souffle glacé.

Un déplacement tellement rapide que le démon n’a même pas le temps de comprendre.

Qu—

C’est la dernière chose qu’il tente de dire.

Car Lucy est déjà sur lui.

Son visage tordu par un rictus féroce, presque bestial.

Ses crocs révélés par une expression qui n’appartient plus vraiment à une humaine.

Ses griffes s’écrasent contre sa gorge.

Puis—

SHRRK— !

Un bruit sec, tranchant, définitif.

La tête du démon roule au sol avec un bruit mat.

Le corps tombe un instant après, comme un pantin désarticulé.

Sa vision s’éteint avant même que la tête n’atteigne la terre.

Laisser un commentaire ?