L'Ange Noir

Chapitre 3 : Chapitre 2 : "Esprits criminels"

9750 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 10/11/2016 09:04

     La nuit qu'Ali passa fut l'une des pires auquel elle eût droit au cours de sa vie. De nombreux cauchemars, tous plus effrayants les uns que les autres, venaient troubler son sommeil... Elle voyait les méchants Disney ricanant et se jouant d'elle, Hades à leur tête... Elle voyait Zira, le regard haineux, la déchiqueter de partout... Et, surtout, elle voyait cette ombre menaçante, qui riait d'un rire inhumain... L'Ange Noir... Elle ne parvenait pas à voir son visage, mais sa simple présence suffisait à la faire frémir de terreur... Elle respirait le mal à l'état pur... Si ses nouveaux camarades parvenaient à la réveiller... Elle ne saurait dire ce qu'il adviendrait de la suite... Elle savait juste une chose... Elle deviendrait le monstre le plus sanguinaire qui eut jamais existé...

     Elle espérait tant qu'il ne s'agisse que d'un mauvais rêve, que dès qu'elle se réveillerait, tout reviendrait (malheureusement...?) à la normale... Mais au plus profond d'elle-même, elle savait qu'elle se retrouverait à nouveau dans cette chambre luxueuse, entourée par ceux qu'elle avait toujours considéré comme ses idoles... Aujourd'hui, l'étaient-ils encore...? Pour le moment, elle n'aurait su répondre à cette question... Ils la maintenaient en otage, et, pourtant, elle ne parvenait pas à réellement les détester... Peut-être parce qu'elle les respectait trop... Peut-être parce qu'elle avait toujours souhaité vivre une aventure auprès d'eux... Que devait-elle penser de tout cela...? Elle savait qu'ils se jouaient d'elle, qu'ils ne la gardaient vivante que pour servir leurs intérêts... Jamais elle ne pourrait devenir amie avec eux, même si elle faisait un effort monstrueux... Alors... A quoi bon...?

 

« Je vous donne dix secondes pour sortir immédiatement de mon lit... Un... »

 

     Hein...? « Son » lit...? Mais c'était sa chambre... Qui voulait ainsi la jeter dehors...?

 

« Trois... Quatre... »

 

     Gémissant, et sans prendre la peine d'ouvrir les yeux ou de répondre, Ali cacha sa tête dans son oreiller. Si elle devait rester ici indéfiniment, au moins qu'ils la laissent dormir en paix !

 

« Vous mettez ma patience à rude épreuve... Sept... Huit... »

 

     Tiens ? Maintenant qu'elle y pensait, cette voix très grave, et assez gentleman, lui rappelait quelqu'un... Sûr, il s'agissait d'un méchant Disney. Mais qui...?

 

« Dix... Vous ne me laissez pas le choix ! »

 

     A sa plus grande surprise, l'individu... lui mordit profondément le doigt ! Hurlant de douleur et d'étonnement, la jeune femme fit un bond prodigieux dans son lit, et gesticula la main, faisant voler au loin la petite chose qui s'y était accrochée. Celle-ci vint s'aplatir dans les draps et, essayant de s'en extraire, hurla :

 

« Petite impertinente ! De quel droit osez-vous vous conduire ainsi avec le Professeur Ratigan ! Vous mériteriez bien d'avoir la peste ! »

 

     Écarquillant les yeux, Ali ouvrit grand la bouche, fixant avec étonnement le célèbre rat de « Basil, détective privé » s'extirpant des draps, et la fixant avec haine. Mince alors ! Elle venait de se faire mordre par Ratigan, c'était encore mieux qu'un autographe ! Poussant un petit couinement d'excitation, elle s'écria en s'approchant de lui :

 

« Bon sang, je suis désolée, j'ignorais que c'était vous ! Si j'avais su, je ne vous aurais pas jeté ainsi ! Bon sang, c'est trop fort ! Je vous adore depuis que je suis toute petite, vous êtes juste extra ! J'adore j'adore j'adore ! »

 

     Ratigan sembla légèrement pris au dépourvu, et la fixait en clignant des yeux. Puis, ricanant, il épousseta son costume, et répondit avec sarcasme :

 

« Ravi de voir que quelqu'un m'apprécie enfin à ma juste valeur. Mais... ce n'était pas une raison pour m'envoyer voler ainsi ! »

 

     Ce fut au tour d'Ali d'être ainsi surprise. D'habitude, Ratigan s'énervait beaucoup moins, sauf contre Basil et Fidget. Il gardait un certain sang-froid, ce n'était pas son genre de s'énerver ainsi. A moins que... Peut-être que s'être dévoilé sous son vrai jour à la tour de Big-Ben, à savoir en tant que rat, l'avait légèrement transformé... Et puis, il ne fallait pas oublier qu'il en était mort peu de temps après, cela aurait de quoi nous mettre un peu en rogne...

     Se mordant les lèvres avec gêne, elle l'aida à sortir complètement des draps, disant :

 

« Je suis sincèrement désolée, j'ai été prise par surprise. Mais... Enfin... On m'a donné cette chambre hier, pourquoi dites-vous que...

- PARDON? cria-t-il en montrant ses crocs. VOTRE chambre ! C'est la meilleure ! Tous ces imbéciles s'amusent déjà de moi pour ma taille, malgré que je sois le grand génie du mal, et maintenant, ils me mettent de côté en donnant à une petite peste d'humaine MA chambre ! Trop, c'est trop ! »

 

     Elle détourna le regard lorsqu'il l'insulta ainsi, se sentant extrêmement mal à l'aise. Comme d'habitude, elle était le boulet de service qui dérangeait tout le monde... Ne lui laissant pas le temps de répondre, Ratigan sauta du lit, et se dirigea jusqu'à une petite porte se trouvant au pied de la grosse, continuant de grogner :

 

« Mais cela ne va pas se passer comme ça ! Ange Noir ou pas, cette gamine va vite sortir de MA chambre ! »

 

     Puis il partit, laissant la pauvre Ali seule avec sa mélancolie et sa tristesse. En fait, elle ne leur serait pas utile... Elle ne serait qu'un boulet, une fois de plus... Bientôt, elle leur taperait tellement sur les nerfs qu'ils allaient tous la désintégrer sur place... Partout où elle allait, elle était rejetée, détestée... Était-ce... Était-ce parce qu'elle était... l'Ange Noir...?

     Elle se sentait de plus en plus mal, et n'avait qu'une seule envie : pleurer. Mais elle avait certainement du utiliser toutes ses larmes durant la nuit précédente, vu ses yeux brûlants et rouges... Elle avait plus que mal... Se sentait encore plus mal-aimée... Elle avait tellement envie... de mourir... Mais à quoi bon...? Cela ne résoudrait pas ses problèmes, du moins pas en intégralité... Quoi faire, dans ce cas...? Essayer de ne pas s'en soucier...? Rester seule dans son coin à déprimer...? Tout le monde lui aurait dit de suivre la première solution, mais vu son état actuel...

     Un gargouillis dans son estomac lui fit vite prendre une décision : elle avait faim, alors, tant que son estomac (Qui était le maître de ses pensées !) continuerait à crier famine, elle ne s'enfermerait pas dans sa chambre à double-tour. Soupirant, elle s'ôta dans son lit, s'étirant en baillant, puis se contemplant dans le reflet du miroir de la superbe commode de sa chambre ; elle avait vraiment mauvaise mine...

 

« Si je pouvais au moins les rejoindre dans une tenue plus classe... »

 

     Faisant une grimace, elle se dirigea vers l'immense salle de bain de style grec... et tombe des nus : elle ignorait comment cela avait atterri là, mais une magnifique toge noire et rouge trônait sur le bord de la baignoire, et était dispersé autour du lavabo peignes, bijoux, maquillage, etc... Bref, tout pour se rendre un peu plus présentable ! Elle espérait fortement qu'il s'agissait d'un tour de magie, craignant que quelqu'un n'ait pénétré dans sa chambre durant son sommeil... Enfin, elle n'allait pas se plaindre de cette situation : pour une fois qu'elle désirait se rendre un peu plus belle !

     Elle prit un certain temps pour enfiler sa tenue, se coiffer et se maquiller, n'ayant vraiment pas l'habitude. Puis, quand elle se jugea à peu près convenable, elle quitta sa chambre (Providentielle, vu la situation de ce matin...?), essayant de retrouver le chemin qu'elle avait emprunté la veille avec Zira.

     Mon Dieu, en y pensant, comment la lionne allait-elle réagir...? Elle avait très clairement montré son antipathie à son égard, et savait qu'elle n'hésiterait pas à lui trancher le ventre sur place si elle l'importunait de trop... Devait-elle, dès lors, compter sur elle pour l'aider à se repérer en ces lieux...? Il lui fallait espérer que quelqu'un de plus « généreux » que les autres accepterait de l'aider...

     Hades, peut-être...? Après tout, il avait été plus que gentleman avec elle... Mais il était comme ça avec tout le monde, afin de mieux assouvir ses désirs... Il ne fallait pas qu'elle croit que c'était sincère... Il se servait d'elle, et savoir qu'il était son méchant préféré n'y changerait rien... Mais... Cela ne faisait rien... Ce caractère la faisait tellement craquer...

     Un petit sourire aux lèvres, perdue dans ses pensées, elle ne fit pas vraiment attention que le nombre de personnes qu'elle croisait grandissait au fur et à mesure de son avancée, signe qu'elle se rapprochait de son but. Ce ne fut qu'en entendant quelques ricanements qu'elle redescendit de ses pensées ; les sourcils haussés, elle se tourna vers la source du bruit, et eut le cœur serré quand elle remarqua qu'il s'agissait de Morgana, de Mme Mim et de Mme Medusa.

 

« Tiens, regardez qui est là ; « L'Ange Noir » ! pouffa la première.

- Ohlala, j'ai peur, quelle horreur ! Rit la seconde.

- Nous allons tous mourir, au secours ! Finit avec sournoiserie la dernière. »

 

     Le regard baissé et tremblant, Ali s'éloigna, silencieuse, les lèvres pincées. Elle savait que personne ne pensait qu'elle était l'Ange Noir, malgré les affirmations du Docteur Facilier... Remarque, même elle avait encore du mal à y croire : elle n'avait pas le physique d'un serial-killer, après tout... Même son futur entraînement, aussi dur qu'il puisse être, ne parviendrait pas à réveiller ce monstre en elle... Et elle l'espérait secrètement...

     Finalement, après quelques minutes de marche, elle trouva à sa droite une immense porte, donnant accès à une grande salle servant de salle à manger. Déjà, des dizaines de méchants s'étaient réunis et bavardaient fortement entre eux, mangeant des plats plus variés (et étranges...) les uns que les autres. L'odeur lui alléchait les babines, et elle entra avec appétit dans la pièce. Mais elle eût un violent frisson quand elle vit que tout le monde la regardait avec sérieux, méchanceté ou amusement, silencieux. Rouge de honte, et se sentant de plus en plus mal, elle alla s'asseoir à une table en retrait, silencieuse. Reprenant leurs discussions comme si de rien ne s'était passé, et faisant comme si elle n'existait pas (Montrant encore plus qu'ils ne croyaient pas en elle), ils la laissèrent dans sa profonde mélancolie et sa lourde tristesse. Les yeux brillants, elle tremblait, se contenant fortement de pleurer. Elle voulait tant parler à quelqu'un... Elle était en présence de ses idoles de toujours... Et ils refusaient de lui adresser la parole... Assez... Elle en avait assez...

 

« Yo poupée ! J'peux m'asseoir ? »

 

     Ali sursaute, clignant des yeux et observant avec une grande surprise son interlocuteur : il s'agissait du Grand Méchant Loup en personne ! Habillé dans une tenue jaune qui ressemblait fort à celle de Mickael Jackson, il la regardait avec un sourire pleines de dents aux lèvres, bras croisés, dans une position plutôt décontractée. Elle rêvait, ou le GRAND Méchant Loup EN PERSONNE lui parlait ? ET LUI AVAIT DIT POUPEE ? Rouge comme une pivoine, elle se pointa du doigt, bégayant :

 

« M-Moi...?

- Nan, la Mère l'Oie... Bien sûr toi, qui d'autre ? Bon, c'est pas tout, mais je peux m'asseoir ? »

 

     Complètement interloquée, elle approuva doucement de la tête, faisant un très léger GASP. Alors ça... Elle qui croyait que tout ce beau monde refusait de lui adresser la parole...

 

« V-Vous... Vous ne craigniez pas... les moqueries des autres...? J-Je veux dire... Je sais que personne ne me porte dans son cœur...

- Et alors ! Ricana-t-il. J'fréquente qui je veux, et c'est pas une bande de cochons mal léchés qui va me dire ce que je dois faire ! Je suis THE Big Bad Wolf, LE Grand Méchant Loup, un peu de respect, sérieux ! »

 

     Il n'y avait pas à dire, sa façon de parler et d'agir le rendait juste énormément cool... Elle eût un petit rire sympathique, le premier après tous ces événements noirs. Elle ignorait s'il se fichait d'elle, mais, pour l'instant, elle se sentait bien. Espérons que cela dure, et que ce ne soit pas encore une mauvaise plaisanterie...

 

« Et puis, j'vais te dire poulette... je peux t'appeler poulette ? J'vais te dire : moi, je trouve juste mortel que tu sois l'Ange Noir ! Sérieux, c'est trop la classe, t'imagine tous les trucs que tu pourras faire quand tu sauras utiliser ta magie ! Les autres devraient y réfléchir, avant de dire « Gna-gna-gna, elle n'arrivera à rien, gna-gna-gna » !

- … Ils ont peut-être raison... soupira-t-elle. Et je ne trouve pas cette situation si... classe que ça...

- Ooooh, genre ! Se moqua-t-il. On verra, quand tu t'y feras ! Moi, perso, mais va pas le répéter, je suis certain que tu parviendras à nous ressusciter, je le sens jusqu'au fond de mes tripes ! Sauf que les autres pensent que, parce que je suis plus cool qu'eux, je n'ai pas la cervelle pour mieux y réfléchir. Fail ! C'est pas eux qui peuvent faire s'écrouler un immeuble rien qu'avec un souffle ! »

 

     Il parlait beaucoup, comme toutes les personnes branchées. Mais, au moins, il lui parlait, lui permettant de se sentir un peu mieux. Elle fit un petit rire, prête à rétorquer, quand elle remarqua que celle qui devait lui faire visiter les lieux s'approchait. Celle-ci semblait d'une humeur noire, et marchait d'une cadence plus que lourde, tout en maugréant du regard tous ceux qui osaient la regarder. La lionne passa à côté de leur table sans porter la moindre attention sur elle ; se mordant les lèvres, Ali essaya de lui parler :

 

« Z-Zira...? »

 

     Seul un rugissement froid répondit à son appel, tandis que Zira s'éloignait, et disparaissait au détour du couloir. Tremblant, la jeune femme baissa le regard, retombant dans sa mélancolie.

 

« La vache, elle semblait encore moins commode que d'habitude, la Zira ! Siffla le Grand Méchant Loup. Remarque, depuis que son môme a été désintégré, ça peut se comprendre...

- Son môme ? sursauta Ali. Vous voulez dire Nuka ?

- Alors déjà, poulette, tutoie-moi, tu me donnes un sacré coup de vieux ! Ensuite, oui, j'parle de Nuka : cet idiot, il n'avait qu'à pas non plus se moquer de la flammèche d'Hades, autrement, il l'aurait pas fait disparaître pour toujours ! »

 

     L'antipathie de Zira à son égard s'expliquait... Hades lui-même lui avait demandé, non, ordonné de lui servir de guide ; c'était normal de refuser d'obéir à celui qui avait détruit son unique famille... Elle ressentit une certaine empathie pour la Hors-la-Loi... Elle n'osait imaginer ce qu'elle ferait à sa place...

 

« En tout cas, t'attends pas à ce qu'elle te fasse visiter les lieux, vu son caractère de chien ! Continua-t-il.

- Je sais... souffla-t-elle tristement. Je crois que je vais me débrouiller toute seule...

- Par la Grande Louve, pas question ma ptite ! Rétorqua le célèbre loup. Un gentleman tel que moi ne laissera pas une gente demoiselle se promener toute seule au beau milieu de ces zouaves ! T'inquiète poulette, je te servirai de guide !

- C-C'est vrai...? W-Whow, m-merci, Grand Méchant Loup, vous... Tu es très... cool !

- Ouais, je sais, je sais... ricana-t-il. Mais mange au moins quelque chose, va y'avoir de la marche, je te préviens ! »

 

     Clignant des yeux, elle fixa avec hésitation sa table dépourvue de nourriture. Riant sans raison, le Grand Méchant Loup continua :

 

« J'avais oublié que t'es nouvelle ! Ce qui est cool ici, c'est qu'il suffit que tu penses très fort à cque tu veux pour l'avoir ! Démonstration... »

 

     Se léchant les babines, il resta silencieux pendant quelques secondes, et hurla de plaisir... quand une superbe assiette remplies de côtes de porcs bien grasses apparut face à lui, surgissant de nulle part ! Écarquillant les yeux, elle le fixa mangeant son plat avec avidité, puis replongea son attention sur la table. Penser à ce qu'elle voulait manger... Fermant les yeux, elle se concentra au maximum... et eut la surprise de sa vie quand elle vit devant elle un petit déjeuner complet ! Pain, beurre, jus d'orange, café, rien ne manquait ! Et en goûtant et buvant, elle eut l'agréable étonnement de voir que c'était bon ! Ravie, elle mangea avec appétit tout ce qu'il y avait dans son assiette, tout en discutant avec son camarade.

     Sans tabou, il lui raconta sa vie. Bien sûr, elle connaissait en gros l'histoire des « Trois Petits Cochons », et de son étonnante capacité à détruire des maisons d'un simple souffle. Mais ce qu'elle découvrir en plus lui fit mal au cœur : une mère morte à sa naissance, et un père chef de meute qui faillit le tuer après une mauvaise chasse... Lorsqu'il décida de quitter enfin cette meute abominable, il se retrouva pendant longtemps seul, malheureux durant les hivers rudes, affamé à cause de ses chasses peu glorieuses... Il raconta comment, petit à petit, il devint plus « humain », croyant que cela lui donnerait plus de chances pour survivre... Sa mésaventure avec trois de ses plats favoris... Et, enfin, la chasse qui lui coûta la vie... Le loup étant son animal préféré, Ali crut qu'elle allait hurler de rage à la fin de son histoire... Le pauvre, elle se sentait tellement mal pour lui...

 

« Ouais, enfin, je me plains pas d'être devenu un macchabée, regarde-moi maintenant ! J'ai plus faim, j'ai plus froid, c'est la belle vie d'être mort, en fait ! A part tous ces abrutis qui me considèrent pas comme un des leurs... Okay, je suis pas le pire méchant qu'on ai jamais vu, mais, au moins, ça me rend moins con !

- Tu veux dire que tu ne voudrais pas revivre, si je venais à... à... hésita-t-elle le regard baissé.

- Franchement ? Naaan ! Enfin, je m'en fiche ! Ça me permettrait de prendre ma revanche sur les trois côtes de porcs sur pattes, mais après ? Je veux pas encore mourir de faim et de froid, moi ! »

 

     Elle sourit doucement, approuvant. Le Grand Méchant Loup n'était pas, en fait, si démoniaque que ça... Il paraissait beaucoup plus ouvert, et il était cool... Peut-être pourrait-elle s'en faire un ami, qui sait... Elle espérait tant que cela ne soit pas un piège...

     Après quelques minutes, les deux camarades se levèrent et quittèrent la grande salle, sous les yeux noirs des autres méchants. Elle ne put s'empêcher de frissonner, apeurée, ce que remarque son compagnon :

 

« Relaaaax poulette, arrête de t'en faire ! Fais semblant de pas voir ces demeurés, et t'auras la tête tranquille !

- … Le problème est que je suis trop attentive aux jugements des autres à mon égard... soupira-t-elle avec mélancolie.

- Ah ouais ? Pourquoi ça ? »

 

     Elle le regarda avec une certaine hésitation, se pinçant les lèvres. Se frappant le front, le Grand Méchant Loup ajouta :

 

« Oh, poupée, mets-toi ça dans le crâne : si j'voulais pas venir te voir, je l'aurais pas fait, et ça, tu peux me croire ! Mais, voilà, j'suis venu, car... chais pas... t'as quelque chose en plus que les autres ! J'parle pas de ton côté démoniaque, j'parle d'autre chose.

- Peut-être parce que le loup est mon animal préféré...? sourit-elle doucement.

- Noooon ? Sans blague ? sursauta-t-il, ravi. Alors, tu peux être sûre qu'on va s'entendre, poupée ! »

 

     Elle émit un petit rire, avant de prendre son souffle, et de commencer le récit de sa vie, en version beaucoup plus résumée. Ses nombreux déménagements à cause du travail de son père, sa vie à Haïti, ses années de collège épouvantables, ses déceptions au lycée, etc... Le Grand Méchant Loup l'écoutait avec passion, ne l'interrompant parfois que pour lui indiquer certains endroits importants des Enfers, comme les amphithéâtres, les appartements, etc... Cela lui faisait un bien fou de se dévoiler ainsi : elle ne pensait pas aux conséquences que cela pourrait avoir, et parlait sans retenue, sous l'oreille attentive et intéressée de son compagnon. Après tout, personne n'avait jamais pris le temps de l'écouter ainsi... Elle n'avait jamais eu d'amis fidèles... Les seuls qu'elle avait se trouvait à des centaines de kilomètres d'elle... Pas pratique quand on avait besoin de parler à quelqu'un... Et, malheureusement pour elle, elle avait toujours du s'en contenter, et se taire... Il était stupide de croire que les habitants des Enfers sauraient lui faire rattraper tout cette perte... Mais elle continuait d'espérer... Elle priait que le Grand Méchant Loup ne mente pas... Ne la trompe pas...

     Elle omit juste un détail qui avait de la valeur, mais qui pourrait la nuire s'il tombait entre de mauvaises mains... Sa passion pour les méchants Disney... Les murs avaient des oreilles, et elle n'osait imaginer ce qu'il pourrait faire d'une telle information... Il pourrait lui faire du chantage, l'obliger à leur obéir, ou bien...

 

« Ben dis donc, et dire qu'y en a qui ose se plaindre de leurs vies ! Hoqueta de surprise le loup. Ma pauvre poulette, t'as pas été chanceuse de la vie ! »

 

     Sortant de ses pensées à ces paroles, la jeune femme approuva tristement, ajoutant :

 

« J'ai pris l'habitude, tu sais...

- Faut pas te laisser faire, faut leur montrer le... le Grand Méchant Loup qui est en toi, tiens ! Faut leur souffler à leurs gueules leurs 4 vérités, leur rentrer dedans, les rabaisser, les bouffer, les déchiqueter, les...

- Jamais je n'oserai faire tout ça ! S'apeura Ali.

- Faudra bien, poulette, si tu veux un jour te faire respec...

- Tu me donnes envie de vomir, Zira ! »

 

     Les deux compères s'observèrent avec des yeux ronds, et s'approchèrent très doucement du détour du couloir d'où venait la dispute. Ali reconnut parfaitement la voix froide et sec de Scar, qui rabaissait très violemment la pauvre Zira, tête baissée, grognant.

 

« Ohla, les deux tourtereaux s'engueulent encore ? murmura le Grand Méchant Loup. Dans ces cas-là, le mieux à faire, c'est encore de se barrer très doucement... »

 

     Mais Ali désapprouva de la tête, contemplant la lionne tremblant devant son époux. Elle écouta très attentivement la discussion, le cœur serré.

 

« Depuis que tu es arrivée aux Enfers, tu ne cesses de me faire honte ! Rugit Scar, dos à la cachette des deux individus. D'abord avec ton imbécile de films, maintenant...

- Je t'interdis de traiter NOTRE fils d'imbécile, tu m'entends ! siffla Zira, le poil hérissé.

- Un infirme et imbécile comme lui ne pouvait être mon fils ! Désapprouva le frère meurtrier en griffant le sol profondément. Il aurait du y réfléchir à deux fois avant d'importuner le Dieu des Enfers, il a mérité de mourir !

- Tu es monstrueux de dire ça ! hurla-t-elle, des larmes de colère aux yeux. Tu continues encore de penser que ce traître de Kovu valait mieux que Nuka ! Imbécile, en arrivant ici, tu es devenu faible, pathétique et prêt à commettre les plus plates besognes ! »

 

     Des flammes de rage pure dansant dans ses yeux, le lion attaque férocement la lionne, fracassant sa patte sur son visage, lui entaillant la joue et l'envoyant valser un mètre plus loin. Ali s'arrêta de respirer, tremblant : comment il osait faire ça à son épouse ! Scar était encore plus épouvantable qu'elle ne l'imaginait ! Que faire ! Vu la haine qu'il dégageait, il risquait bien de la...

     Gémissant de douleur, Zira ne put se relever, et contempla avec froideur son mari, lui montrant les crocs.

 

« Pourquoi Scar...? Où est passé le grand Roi du passé...?

- Comparé à toi, je pense à ma survie, et je ne m'encombre pas de boulets qui ne pourront que me gêner... répondit-il avec un mauvais sourire.

- … Parce que je suis devenue un boulet pour toi... mon Roi...? demanda-t-elle, la voix tremblante.

- Tu as tout compris, petite idiote... »

 

     La jeune femme ressentit presque le cœur brisé, et sentit son pouls accélérer. Il était monstrueux, il n'avait pas le droit de jouer avec ses sentiments de cette manière ! Elle avait l'impression de suivre, en tant que spectateur, ce qu'elle avait vécu par le passé... Elle devait faire quelque chose !

     S'approchant d'une manière menaçante, Scar ricanait, ravi de voir que ses paroles avaient complètement détruit la lionne, qui, lasse, était prête à se laisser tuer sans opposer de résistance. Toutes griffes dehors, il finit dans un chuchotement glacial :

 

« Prépare-toi à rejoindre ton incapable de fils... Oh, ça y est, je me rappelle : en mourant une deuxième fois, tu disparaîtras pour de bon ! Adieu, petite idio...

- LAISSE-LA! »

 

     Étonné, il n'eût pas le temps de répliquer que, déjà, Ali se jeta sur lui, et l'envoya s'écraser contre le mur en s'écroulant à moitié sur lui. Sonnée, elle recula immédiatement, de peur de recevoir un coup de griffes ou de crocs, et s'écria :

 

« Zira, sauve-toi ! »

 

     La concernée, yeux écarquillés, contempla celle qui tentait de la protéger avec incompréhension. Après les paroles froides qu'elle lui avait dit la veille... elle la défendait, et ce au péril de sa vie...? C'était soit très courageux, soit très stupide ! Elle ne savait quoi penser, mais une chose était sûre : c'était une idiote morte !

     Reprenant peu à peu ses esprits, Scar contempla avec des yeux meurtriers celle qui avait osé s'en prendre à lui. D'un coup, l'audace d'Ali tomba au niveau zéro, et elle comprit enfin dans quelle situation elle s'était mise : elle était fichue, se dit-elle !

 

« Toi... Celle que tout le monde appelle Ange Noir... grogna-t-il avec menace. Sache que personne ne m'a jamais humilié de cette façon sans s'en mordre les doigts...

- Tu m'étonnes mon vieux, on a bien vu ce que t'as fait à ton frère pour ça ! Ricana le Grand Méchant Loup, faisant tout pour sauver sa camarade d'une mort certaine.

- Je ne t'ai rien demandé, sac à puces ! cria-t-il en le fusillant du regard. Maintenant, vous allez tous les deux payer ! »

 

     Rugissant, Scar bondit vers sa direction, crocs et griffes sortis. Le souffle coupé, elle ne réfléchit pas, et se jeta sur le côté, se fracassant violemment au sol pour éviter de mourir déchiquetée. La chute fut très douloureuse, et elle crut entendre un sinistre « Crac » de son dos, mais l'heure n'était pas à la réflexion, car le lion, bavant presque de rage, faisait demi-tour pour contre-attaquer. Le Grand Méchant Loup, poings levés, voulut s'interposer, mais il se retrouva très vite contre le mur, KO. Pâle comme un linge, Ali tenta tant bien que mal d'éviter ses griffes acérées et ses crocs mortels, mais la fatigue commença à l'anéantir petit à petit... Conscient de ce désavantage, Scar ricana :

 

« Tu n'en as plus pour très longtemps, « Ange Noir », abandonne ! »

 

     Soudain, il se jeta en arrière, et envoya ses griffes lacérer une bonne moitié de son bras. Hurlant de douleur, elle s'écroula au sol, à genoux, contemplant avec une peur immense le sang qui coulait abondamment de sa blessure ; elle manqua de défaillir, elle qui en avait une sainte horreur... Elle se sentait si faible... C'était la fin... déjà...?

     Se léchant les babines, le lion s'approcha petit à petit d'elle, ravi d'avoir un repas à se mettre sous la langue. Et puis, personne ne lui en voudrait de l'avoir tué, ils savaient tous pertinemment qu'elle n'était pas l'Ange Noir ! Il s'apprêta à bondir sur elle, prêt à lui trancher le ventre d'un coup de griffes... quand il s'écroula au sol, les yeux retournés, immobile et respirant avec beaucoup de difficultés... Zira mordant profondément sa gorge !

     Celle-ci, les yeux rouges, le cracha avec dégoût, grognant, avant de s'approcher de la blessée, qui la contemplait avec des yeux exorbités, le teint pâle.

 

« I-I-Il est... « mort » …?

- Non, juste profondément KO... répondit la Hors-la-Loi gravement. L'artère que j'ai mordu l'a fait perdre conscience, mais il s'en remettra...

- M-Mais pourquoi m'avoir sauvé...? demanda-t-elle, n'en revenant toujours pas.

- Quoi, tu aurais préféré mourir ? Rugit-elle. Si tel est le cas, on peut s'arranger ! »

 

     Ali resta silencieuse, jugeant qu'aucune réponse n'était envisageable à cette question. Elle contemplait la lionne avec hésitation et anxiété. L'avait-elle sauvé, parce qu'elle en avait fait de même...? C'était une méchante, à l'origine, et il était rare qu'ils sachent être reconnaissants... Que devait-elle penser à tout ceci...?

 

« La blessure saigne beaucoup, mais cela aurait pu être pire, tu as eu beaucoup de chances... continua-t-elle. Pour éviter qu'elle ne s'affecte, laisse-la pendant quelques minutes sous l'eau, et bande-la... Serre beaucoup, et tout ira bien... »

 

     Elle approuva doucement de la tête, se sentant de plus en plus défaillir. Oh oui, la suite de la visite attendrait, elle ne se sentait pas en état de continuer à marcher... Silencieuse, Zira fit demi-tour, et s'apprêta à la quitter, quand Ali l'interpella doucement :

 

« Zira ! Je... Je... Merci... »

 

     Elle afficha un doux sourire, pensant sincèrement ses paroles. La concernée ne lui accorda pas un regard, et la laissa seule, mais Ali était sûre qu'elle avait entendu. S'en fichait-elle...? Avait-elle du remord de l'avoir sauvé...? Tout était possible, mais toujours était-il que, grâce à elle, elle était vivante. Elle saurait la remercier, en tant et en heure.

 

« Par la Grande Louve, quel mal de tête j'ai, ohlala... »

 

     Le Grand Méchant Loup, encore un peu sonné, se remettait petit à petit de son KO. Se couvrant sa plaie de sa main, elle l'aida à se relever, souriant faiblement :

 

« Comment tu te sens...?

- Comme si j'étais coincé dans un piège à loup, sinon, ça... va ? Nom d'une côte de porcs, comment ça se fait que t'as le bras en sang, poulette ! Et qu'est-ce que le gros minet fait par terre, lui ! Et où elle est, la Zira ! J'ai raté un épisode, ou quoi ! »

 

     Riant doucement, elle lui raconta ce qui s'était passé, tout en marchant en direction de « sa » chambre, nauséeuse et désirant ardemment se coucher au plus vite. Sifflant de surprise, son camarade dit :

 

« La Zira qui sauve quelqu'un, c'est digne d'un exploit ! Je suis sûr qu'elle doit s'en mordre les doigts, pardon, les griffes, mais, vla, c'est fait, c'est fait !

- J'espère qu'elle n'aura pas trop d'ennuis avec Scar quand il se réveillera... craignit-elle en se mordant les lèvres.

- Ben, vu la rouste qu'il s'est pris, je crois qu'elle peut dormir sur ses deux oreilles ! Par contre, pour être franc, j'crois qu'il faudra que tu sois prudente, poulette... C'est pas pour dire, mais tu t'es fait un ennemi assez puissant, là...

- … Je sais... soupira Ali. Je ferai attention... Si je savais me battre, aussi...

- Non, parce que, va pas croire, j'étais pas en forme, sinon, je lui aurais mis une sacrée raclée, tiens, au gros minet ! Fit-il en balançant ses poings dans le vide. »

 

     Malgré sa faiblesse, elle ne put s'empêcher de rire à gorge déployée, adorant l'humour et la modestie du loup. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent tous deux à leur destination.

 

« Tu es sûr que ça ira pour ton bras ? S'enquit-il, par mesure de prudence.

- Oui, je te remercie, ça va aller. J'irai directement me coucher après m'être désinfectée le bras. Merci, Grand Méchant Loup. Il n'y a pas à dire, tu es vraiment extra. »

 

     Souriant, il lui montra son pouce, et s'apprêta à partir, mais Ali s'écria :

 

« Au fait, quand tu me traites de poulette, tu le penses vraiment ?

- Ben ouais, tiens ! Ricana-t-il, lui faisant un clin d'œil. Moi, j'te trouve aussi mignonne qu'une côtelette de porc ! »

 

     Puis il la laissa sur place, quelque peu étonnée. Clignant des yeux, elle ferma la porte derrière elle : elle devait bien le prendre ? Oui, certainement, vu sa passion pour les cochons. Elle sourit, attendrie : jamais personne, par le passé, ne lui avait dit qu'elle était mignonne, bien au contraire. Sauf ses parents, bien sûr, mais c'était normal... A force, elle avait fini par croire qu'elle était laide, et avait du mal à croire à un compliment... Espérons qu'il ne lui avait pas dit ça d'une manière hypocrite...

     La douleur à son bras reprit au même instant, la faisant gémir et trembler encore plus. Scar ne l'avait pas raté, elle y réfléchirait à deux fois avant de l'affronter ! Ayant quelques petits vertiges, elle se dirigea vers la salle de bains, et fit couler de l'eau froide sur sa plaie ; cela lui fit un bien fou au bout de quelques secondes, mais, maintenant, elle était épuisée. Prenant des compresses et bandages, elle alla s'asseoir sur le lit, s'apprêtant à se soigner... quand un détail important lui revint : où était Ratigan ? Avait-il réussi à convaincre elle ne savait qui pour récupérer en intégralité sa chambre d'origine ?

 

« Qu'est-ce que vous faites encore ici, vous...? »

 

     Sursautant, elle regarda autour d'elle, et s'aperçut que le dit rat se trouvait sur la commode voisine, accolé au mur et bras croisés, la fixant avec des yeux étincelants. Faisant un petit gasp, elle se renfrogna légèrement, étant plus qu'apeuré par la présence du professeur, malgré sa petite taille.

 

« J-Je venais j-juste p-pour me soigner... J-J'ai eu un différend a-avec...

- Scar ? L'interrompit-il en levant une patte. Oui, je le sais, ma chère, les rumeurs courent vite en ces lieux, vu qu'il n'y a pas grand-chose d'autre à faire. Il ne vous a pas raté, d'après ce que je vois.

- Non, on va dire ça...sourit-elle faiblement. »

 

     Serrant les dents pour ne pas lui montrer sa souffrance, elle commença à couvrir du mieux qu'elle le pouvait ses plaies, sous l'œil attentif du professeur. Celui-ci, se massant la tempe, levait parfois les yeux au ciel, comme s'il avait affaire avec la dernière des imbéciles. Elle le remarqua, bien évidemment, mais resta silencieuse, refusant de paraître impolie (… Même si, à cet instant, c'était plutôt l'inverse...). Finalement, n'y tenant plus, Ratigan la stoppa, en soupirant :

 

« Le bandage que vous venez de faire ne tiendra pas jusqu'à demain matin, vous serez morte d'une hémorragie bien avant... »

 

     Sans lui laisser le temps de réagir, il sautilla à ses côtés, prit une bandelette, et commença à la bander de ses petites pattes, lui demandant parfois de lever le bras. Rouge comme une pivoine, Ali tenta doucement de l'arrêter :

 

« P-Professeur, c-ce n'est pas la peine, j-je peux me débrouiller t-toute seule !

- Navré de vous dire cela, ma chère, mais non, vous ne pouvez pas, énonça-t-il sans quitter son côté gentleman. »

 

     Toussotant, elle se laissa faire, silencieuse, essayant de contenir quelques petits rires qu'occasionnaient ses pattes sur sa peau. Mince, Ratigan en personne s'occupait d'elle, le rêêêêêêêêve ! Cela ne semblait pas particulièrement l'enthousiasmer, remarque, cela se comprenait, se dit-elle : certes, il était gentleman, mais il restait le génie du mal avant tout.

     Souhaitant détendre légèrement l'atmosphère, elle tenta :

 

« A-Avez-vous pu parler à quelqu'un p-pour la chambre...? »

 

     Elle ne pouvait pas faire pire... Grognant, il serra d'un coup pour lui montrer qu'elle avait très mal choisi son sujet, la faisant gémir sur le coup, et répondit gravement :

 

« En effet... Mais ils refusent de m'écouter... Je cite : « L'Ange Noir est bien plus important qu'un vulgaire » … Mmmph... « … rat d'égout » … Balivernes ! Qui nous dit que vous êtes bien la personne que nous recherchons ?

- L-Le docteur Facilier a p-pourtant dit...

- Vous voulez un conseil ? Grommela-t-il en la fixant avec intensité. Ne vous fiez qu'à votre instinct, et non pas à ces tours de passe-passe... »

 

     Finissant son superbe bandage, il se détourna d'elle, faisant voler sa cape, finissant avec froideur :

 

« Malheureusement, les autorités supérieures ne sont pas du même avis, et je me vois dans l'obligation de laisser ma place à une... une...

- … Vulgaire humaine... finit-elle d'une voix malheureuse. P-Professeur, s-si j'avais su, j-jamais je ne...

- Gardez votre pitié pour vous, ma chère, j'ai une fierté à défendre ! »

 

     Sifflant entre ses dents, il s'apprêta à descendre du lit pour rejoindre la sortie, mais Ali bloqua son chemin de sa main, les yeux brillants.

 

« Ne partez pas, je vous en supplie ! »

 

     Quelque peu pris au dépourvu, il la fixa en clignant des yeux, ne sachant quoi dire, et la laissant continuer avec une certaine intrigue :

 

« Vous avez parfaitement raison, comparé à vous, je ne mérite pas tous ces privilèges... C'est vous qui devez rester ici... Après tout, vous êtes le Professeur Ratigan, le plus grand génie du mal, qui mieux que vous mérite le respect ? »

 

     Il l'avait déjà entendu dire cela quelques heures plus tôt, mais il n'y croyait pas vraiment. Pour la première fois depuis son arrivée ici, quelqu'un reconnaissait le véritable génie de Ratigan ? Non, tout cela était bien trop étonnant, il devait y avoir une raison... S'allumant l'une de ses cigarettes, il contempla la jeune femme, bras croisés, souriant sournoisement.

 

« Tout cela est fort plaisant à entendre, ma chère. Mais j'ai l'art de lire des sens cachés dans chaque mot, et je sais que tout ceci dissimule quelque chose de bien plus profond, je me trompe...? »

 

     C'était pas pour rien que, dans son monde, il était autant craint... Écarquillant les yeux, elle serra les poings, hésitante. Elle n'avait rien dit au Grand Méchant Loup, pourquoi devrait-elle faire confiance à un véritable criminel...? Pourtant... Elle n'en pouvait plus de cacher la vérité, il fallait bien, qu'un jour, cela sorte...

     Prenant une grande inspiration, elle finit par avouer :

 

« Si je vous fais autant d'éloges, Professeur... C'est parce que vous, ainsi que tous vos confrères méchants... êtes mes idoles... Là d'où je viens, je suis rejetée, détestée, sans cesse humiliée... Peu de choses me permettaient de sourire et de reprendre un peu de joie de vivre... Mais le jour où je vous ai tous découvert, un à un, cela a changé... Dès que je vous voyais, je me sentais bien, apaisée... Et j'avais l'impression... que nous nous ressemblions un peu... Nous sommes hais par la société, nous avons tous, je n'en doute pas, de douloureux passés, etc... Bref... Je m'identifie à vous... Voilà pourquoi... je vous respecte... et vous adore... »

 

     L'étonnement était tellement grand que Ratigan faillit en lâcher sa cigarette, regardant cette jeune femme qui tentait tant bien que mal de dissimuler sa gêne. Elle... adorait... les méchants... comme lui...? C'était plus qu'inédit, cela tenait presque du miracle ! Qui pouvait aimer des êtres qui ne pensaient qu'à faire souffrir ? En y pensant, cela ferait une servante de choix... Se caressant le menton, il réfléchit pendant quelques secondes, envisageant toutes les possibilités. Oui... En la manipulant un peu, pourquoi pas...? C'était à tenter, car même si elle n'était pas l'Ange Noir (Il en était persuadé), elle pourrait lui être utile...

     Ricanant, il s'approcha d'elle, disant sensuellement :

 

« Ma foi, cela est fort intéressant, ma chère, et je ne vous cache pas mon agréable surprise. Dans ce cas, les choses sont différentes : si cela vous tente, pourquoi ne deviendrions pas... camarades de chambre, mmm...? Il est tout à fait possible de partager cette immense pièce en deux, et avec votre aide, je suis certain que je pourrai me construire un véritable petit nid douillet.

- Hein ? C-Camarades de chambre ? sursauta-t-elle, encore plus rouge. M-V-Vous me promettez de ne p-pas regarder quand j-je me changerai...? »

 

     Cette remarque ne fit pas réellement rire son compagnon, vu la tête qu'il faisait. Okay, elle avait compris, Ratigan était tout, sauf un pervers !

 

« J-Je plaisante, je plaisante ! Se corrigea-t-elle en secouant les mains. Bien sûr, ce serait avec plaisir, Professeur. Merci !

- Fort bien, tout est réglé ! Fit-elle en lui serrant un doigt. Sur ce, je vais vous laisser prendre du repos, les épreuves que vous avez traversé ont du être mouvementé ! »

 

     S'inclinant pour la saluer, il quitta le lit, et sourit méchamment lorsqu'il eut le dos tourné. Parfait, elle était tombée dans le panneau, cela ne serait pas bien difficile de gagner sa confiance... Mais il perdit vite son sourire devant sa dernière remarque :

 

« Que cela reste entre nous, Professeur, mais de tous les méchants Disney, vous êtes, sans conteste, l'un de mes préférés, de part votre charme fou et votre génie diabolique. »

 

     Les yeux écarquillés, il la regarda avec étonnement lui sourire avec douceur. Secouant la tête, il ne rétorqua pas, et quitta la chambre d'un pas élégant. Allons bon, il ne fallait surtout pas qu'il se fasse prendre par les sentiments !

     Le cœur chantant presque, la jeune femme s'affala sur le lit, tout sourire. Ne se doutant absolument de rien, elle était on ne peut plus ravie ! Elle était devenue amie avec le Grand Méchant Loup, Zira ne voulait plus la tuer (D'après ce qu'elle avait compris dans son attitude), et Ratigan l'acceptait ! Tout se passait comme... Comme dans tous ces rêves qu'elle avait fait au cours de sa vie... Mis à part cet incident avec Scar, sa première journée au sein des Enfers s'était à peu près bien passée. Si cela pouvait continuer ainsi...

     Elle n'en oubliait pas pour autant la raison de sa venue ici... L'Ange Noir... Devait-elle croire les propres d'Hades et de Facilier...? Ou bien se ranger auprès de la majorité...? Elle espérait tant que tout cela ne soit qu'un horrible cauchemar, et qu'ils se soient trompés... Mais elle savait que, si tel était le cas, elle ne leur servirait plus à rien... Car, après tout, c'était... des méchants...

     Quand elle finit par s'endormir, le bras encore endolori, Ali était encore partagée entre la joie et l'anxiété... Qui croire...? Que croire...? Que faire...?

 

 

 

     Assis sur son trône, Hades contemplait sa boule de cristal géante avec sournoiserie, un verre de nectar à la main. Tout se déroulait exactement à la perfection... D'après ce qu'il venait de voir, la nouvelle hôte de l'Ange Noir avait, malgré les apparences, son caractère. Il suffisait donc de le titiller un peu pour que sa personnalité démoniaque ressorte...? Une information à ne surtout pas oublier, se dit-il...

     Stoppant ce que lui montrait la boule de cristal d'un geste de la main, il posa son visage sur sa main collée aux accoudoirs de son siège en pierre, réfléchissant. S'il y avait bien un sentiment qui réveillerait la démone, c'était la colère... Que faire pour rendre folle de rage la jeune Ali...? Se charger discrètement de ses amis...? Non, inutile, qui lui disait que le Grand Méchant Loup, Zira et Ratigan ne se jouaient pas d'elle...? Après tout, ils savaient être tout aussi fourbes que lui. Quelles autres possibilités...? La piéger...? Non, elle se douterait facilement qu'il était à l'origine du sale coup, et elle ne se soumettrait plus à son autorité.

     Soudain, des paroles qu'il avait dit la veille au trio diabolique lui revinrent en mémoire. Il avait prévu que le Capitaine Crochet se chargerait de son entraînement aux armes... Malgré qu'il soit un grand amateur de rhum, il n'en restait pas moins la meilleure fine lame de tous les Enfers... Et certainement le plus horrible (Dans le sens dur) des entraîneurs... Il savait rendre fou n'importe qui, il ne serait pas difficile de faire craquer cette frêle jeune fille...

 

« Les enfants, amenez-vous ! cria-t-il en souriant méchamment. »

 

     Sans perdre une seule seconde, Peine et Panique vinrent le rejoindre, au garde à vous. Les yeux flamboyants, il se leva, et les contempla avec fourberie.

 

« Allez dire à Crochet qu'il est en charge, dès demain, de l'entrainement de l'Ange Noir. Que cela lui plaise ou non s'il venait à se montrer peu coopératif !

- A-Absolument votre horreur ! Approuva vite le démon verdâtre.

- Devons-nous en informer la concernée, votre fourberie ? S'enquit le gros violet.

- Bien sûr que non ! Ricana Hades. Cela en deviendrait moins drôle... et intéressant... »

 

     Hochant la tête et s'inclinant, le duo sortit vite en courant de l'immense salle du trône, sous les ricanements du Dieu. Tout marchait à la perfection... ce ne serait peut-être pas demain, ni les jours qui suivent... Mais il savait que, bientôt, l'Ange Noir serait de retour... Car, après tout, quelques heures plus tôt, les Moires lui avaient confié :

 

« Préparez-vous...

Imminent est son retour...

Car dès lors que le Démon se réveillera...

Le cœur de glace se brisera... »

 

     Bon, il fallait bien l'avouer, comme à leur habitude, les Moires n'avaient pas été claires... Mais ces mots voulaient tout dire ! Que pouvaient-ils signifier d'autre ? D'accord, le « Le cœur de glace se brisera » était incompréhensible, mais le reste, niquel !

     Souriant méchamment, il regarda ses Enfers depuis son imposante fenêtre, bras croisés. Le Styx était très calme... Mais bientôt, très bientôt, ce silence ne serait plus qu'un mauvais souvenir... Bientôt, ils pourraient tous quitter cet endroit infâme, et se venger de l'abomination qu'ils avaient subi de leur vivant... Ils suffisaient d'être patients... Patient...

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