Doctor Who - Echo

Graham ferma la porte du Tardis derrière lui, me laissant seule. Ryan, Yaz et lui voulaient profiter d'une journée terrestre normale. Je comprenais et acceptais leur choix, et m'envolai vers ailleurs, là où le Tardis me mènerait.

           Cette vieille fille me fit atterrir sur Terre, au même endroit, mais deux siècles plus tard. Sur l'écran, elle m'avait écrit "Perturbations Temporelles", pour justifier son choix. Mais bon, ce n'était pas la première fois qu'elle s'excusait de la sorte : un beau jour, avec Amy et Rory, on devait profiter des falaises de Thoros Gamma quand... Enfin bref, je m'égare.

           J'ouvris la porte du Tardis qui fit son habituel grincement. Je pris une grande bouffée d'air puis je partis m'aventurer dans la grande ville qu'est devenue Sheffield en ce 23e siècle. Je flânais dans les grandes rues rendues étroites par d'immenses immeubles, appréciais les places pavées de grandes dalles beiges polies où les gens s'activaient, essayais les vélos en libre service avec amusement (bien que, n'ayant pas de carte d'identité, je les fraudât au papier psychique)...

           Je me rendis ensuite dans un café, par curiosité. Je ne savais pas que commander, j'ai du changer vingt fois d'avis et dix fois de serveurs, au moins. J'eus enfin mon chocolat chaud au fraises quand je remarquai un détail : une jeune femme, cheveux bruns, relativement long, assise à la table en face de moi. Je ne voyais que son dos, mais je connaissais ce dos... D'où ? Quelque part. C'est l'ennui de trop voyager : on ne sait plus où on a vue telle chose.

           La jeune femme se leva et partit. J'avalai mon chocolat chaud et l'imitai. J'essayai d'être la plus discrète possible, et j'avais l'impression qu'elle ne se doutait de rien. Était-elle la perturbation temporelle ? Je théorisais là-dessus quand elle s'arrêta sans crier gare, l'air d'avoir oublié quelque chose. Perdue dans mes pensées et à une distance trop proche d'elle, je la bousculai. Instinctivement, je m'excusai, elle se retourna ensuite et je pus enfin voir son visage.

           Ce visage... !

           Clara.

           Je ne réfléchis pas et sautai dans ses bras. Je lui murmurai à quel point elle m'avait manqué, que j'étais désolée de tout ce qui était arrivé et que je l'emmènerai à nouveau où elle voudrait si elle le désirait. Une larme coula sur ma joue.

           "Qui êtes-vous ?" me demanda-t-elle, quelque peu inquiète.

           Cette phrase eut sur moi l'effet d'une bombe atomique. Je ne compris pas, absolument pas, ce qui venait de se passer. J'aurais pourtant reconnu ma Clara entre toutes...

           "Enfin, Clara, c'est moi, l'informai je. Le Docteur ! Maintenant que j'y pense, c'est vrai que tu ne m'as pas vue encore avec ce corps... Qu'en penses-tu ? Ca change du vieil écossais aux cheveux gris, hein ? Je n'aimais pas les cheveux gris non plus, je ne m'y suis jamais vraiment habituée en fin de compte...

           - Désolé madame, mais je crois que vous me confondez avec une toute autre personne." affirma-t-elle en me repoussant et repartant.

           Comment était-ce possible ? Le neuro-blocant aurait eu des répercutions sur sa mémoire aussi ? Pourtant son Témoignage s'était souvenu de moi... Non, c'était forcément autre chose...

           Perturbation temporelle...

           Des mots, des pensées s'entrechoquaient dans ma tête sans me laisser le temps d'y réfléchir. Cette perturbation temporelle semblait avoir un lien avec Clara...

           Peut-être avais-je changé de dimension ?

           C'est peut-être la Clara d'une autre dimension, où certaines choses diffèrent de notre univers – d'où les perturbations temporelles que perçoit le Tardis, lié à notre univers – et où je n'existe pas ?

           Non, je ne préfère pas penser à un monde sans Docteur, ce serait trop triste. Et puis je l'aurais senti si on n'était en dehors de notre monde... Mauvais théorie.

           J'eus subitement une autre idée : remarquer les anachronismes. Un anachronisme est une perturbation temporelle, non ?

           Me voilà donc, parcourant Sheffield, au 23e siècle, à la chasse aux anachronismes ! Je scrutai chaque détail, de chaque maison, personne, arbres... Tout pouvait venir d'un autre temps. Mais je ne regardai pas où il fallait au bon moment, et je percutai quelqu'un. La pauvre personne tomba par terre, inconsciente. Il s'agissait de Clara.