La petite voleuse de cookies

Chapitre 6 : Jackson Harker, pour vous servir

4635 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 29/12/2015 13:31

CHAPITRE VI

CLARA OSWALD ET LE DOCTEUR

Clara voyait bien que le Docteur la ramenait en direction du Tardis car ils se dirigeaient vers la Cathédrale aux abords de laquelle le vaisseau était amarré. Elle goûtait silencieusement la marche en sa compagnie. Au bout d'un moment, il n'y tint plus et rompit le silence.

― Est-ce que c'est habituel pour vous de prendre ma défense ? demanda-t-il.

― Non, répondit-elle. Mais je sentais que vous étiez à deux doigts de vous aliéner ceux que vous vouliez aider… Irez-vous jusqu'à me dire ce que vous leur cachez ?

― Je ne sais pas encore si je peux vous faire confiance.

― Vous préférez me laisser fouiner dans le Tardis pendant que vous allez écumer les ruelles sombres de la ville ? Si vous le faites, pouvez-vous au moins me laisser un peu de papier psychique, que je prenne des nouvelles de l'autre vous ?

― C'est hors de question. Il y a déjà beaucoup trop d'occurrences de moi-même à cette époque et je sais qu'il meurt d'envie de venir vous chercher.

― Vous le savez ? s'étonna-t-elle toujours sans le regarder.

― Il m'a écrit un mot lui aussi, laissant entendre sans détour que je n'allais pas vraiment être à la hauteur avec vous. Il n'a aucune envie de vous laisser ici avec moi, c'est très net. La jalousie ne fait pas vraiment partie de mon caractère.

Elle lui jeta un coup d'œil qui le transperça et il se sentit pitoyablement démasqué, ce dont il n'avait pas du tout l'habitude.

― Non, bien sûr, pas jaloux du tout ! C'est juste qu'il est comme vous, et comme ce prétendu Watson.

― Que voulez-vous dire par « comme vous » et par « prétendu Watson » ?

― Que vous êtes des grosses têtes et vous vous ennuyez facilement de ce fait. Au passage, ce Watson ressemble bien plus à l'idée que je me fais de Sherlock… Sherlock existe, n'est-ce pas ? Oh, et puis non, ne répondez pas pour me gâchez mes espoirs. Vous avez entendu ce qu'il a dit du potassium et de l'insuffisance cardiaque ? Est-ce que parce que vous avez deux cœurs qui pompent au lieu d'un seul et un méga problème d'adrénaline que vous vous bourrez de bananes à longueur de temps ?

― Je discute de ma santé avec vous ?! Je ne peux pas croire que je fasse cela, c'est… éminemment personnel.

― Je n'ai jamais dit que vous le faisiez volontiers…

Il s'arrêta de marcher alors qu'ils étaient en vue de Paternoster Row.

― Quel genre de relation avons-nous ? questionna-t-il inhabituellement pressant.

― Une relation très alien-terrien, je dirais.

― Vous vous réfugiez dans l'humour parce que vous ne pouvez pas dire combien nous sommes proches ?

― Je vous ai déjà dit que nous sommes amis. Nous nous voyons une fois par semaine, ça vous va ?

― Pourquoi n'habitez-vous pas dans le Tardis ?

― Parce que vous ne me l'avez jamais proposé ! Je suppose que ça vous aiguille sur notre degré de proximité…

― J'ai l'impression que je vous ai déjà vue mais je n'arrive pas à savoir où.

― Plutôt que de ne pas respecter vos règlements, vous ne voulez pas me dire plutôt si votre science des vampires vous vient de… Van Helsing ?

― Vous connaissez Abbe ?

― Oh mon Dieu, soupira-t-elle, c'est ça que j'adore avec vous ! Vous êtes en train de me dire que ce n'est pas qu'un personnage de roman et qu'il existe vraiment ? Van Helsing oui, mais Sherlock non ?

Il reprit sa marche en direction de la porte de la maison de Vastra.

― Nous en reparlerons une autre fois. Ce soir, je préfère que vous restiez ici en compagnie de Jenny plutôt que dans le Tardis. Je tiens à mes derniers gâteaux.

Il souriait en soulevant l'imposant loquet de la porte. Ne venait-elle pas d'avouer qu'elle l'adorait ?

.°.

 

CLARA OSWALD ET JACKSON HARKER

Le Docteur, Vastra et Strax étaient donc sortis en expédition potentiellement chasseresse et possiblement punitive, en la laissant seule avec Jenny.

Pourtant, parce que cette dernière était intimidée, Clara était plutôt toute seule dans le salon à attendre que quelque chose se passe.

Contre toute attente, ses pensées la ramenaient inlassablement vers le douzième Docteur, plutôt que celui qu'elle venait de quitter. Il fallait dire ce qui était : devoir lui mentir gâchait tout son plaisir. Comme de surveiller toutes ses paroles ou devoir contourner sa curiosité naturelle. Peut-être aurait-elle dû reconnaître que la confiance que lui témoignait « Archim Boldo » lui manquait face à l'attitude un peu circonspecte du Onzième. Les vieux réflexes de leur relation ne revenaient pas, ce qui était logique car pour l'un d'entre eux au moins, cette dernière n'existait pas encore.

Pour s'occuper, elle réfléchissait au problème de Meltomène. Pourquoi le magicien chinois voulait-il se débarrasser d'elle ? Etait-ce parce qu'elle savait quelque chose de trop ? Ou… parce qu'elle aurait été gênante ?... Mais si oui, gênante pour quoi ? Que voulait-il au Docteur ? Elle ne comprenait pas cet homme. Il aurait suffi qu'il se taise au lieu de fanfaronner et lui révéler tous ses plans. Il avait passé son temps à ne presque rien cacher de ce qu'il aurait dû. C'était vraiment très étrange. Si le Docteur trouvait naturel que tout cède devant lui, tant il se trouvait « impressionnant », Clara pensait pour sa part, que tout cela avait été beaucoup trop facile pour être honnête.

« Facile » restait toutefois relatif. Pas tellement facile pour elle qui se retrouvait coincée dans le mauvais siècle, et finalement très impatientée de l'être. Le Douzième avait raison. Elle avait fait un mauvais calcul en croyant que son précédent lui l'aiderait sans ergoter. Si elle avait réfléchi avec sa tête, elle serait maintenant avec un Docteur qui avait confiance en elle et qu'elle pourrait aider.

.°.

Le bruit de la cloche d'entrée la tira de ses réflexions et elle entendit Jenny aller ouvrir et parler à quelqu'un. La jeune servante ne tarda pas à la rejoindre avec une roseur confuse aux joues en déclarant qu'un gentilhomme la demandait mais qu'elle hésitait à le faire entrer au salon.

Un bref instant, Clara espéra vraiment qu'il s'agisse du Docteur, venu la chercher en découvrant miraculeusement où et quand elle se trouvait, ce qui la décida à se lever. Un gentilhomme ? Elle pouvait supposer que les tempes grises et la prestance altière du Douzième pouvaient produire cet effet et impressionner quelqu'un d'aussi jeune que Jenny… du moins s'il n'ouvrait pas la bouche pour traiter tout le monde de cerveau en gelée !

Lorsqu'elle fut sur place, elle dut vite renoncer à ce fantasme-là. Un homme brun assez grand, vêtu d'un manteau redingote noir porté sur un pantalon gris, attendait le dos tourné. Pas du tout la silhouette du Docteur, regretta-t-elle un instant avec un pincement au cœur.

― Bonsoir, dit-elle prudemment. En quoi puis-je vous aider ?

L'homme qui tenait son haut de forme sous le bras et ses gants dans la main, pivota en l'entendant parler. Elle ne s'attendait pas du tout à ça. Les traits de ce visage, elle les connaissait, quoique depuis peu : c'étaient ceux de Jack Harkness.

Elle convint en le fixant avec assez d'ébahissement que la situation commençait à devenir un peu vertigineuse pour son petit cerveau, même s'il n'était pas complètement en gelée. Pas plus tard qu'il y avait deux minutes, elle était en train de penser que c'était un vrai crève-cœur de devoir interagir avec un Docteur qui ne la connaissait pas et la traitait en étrangère parce qu'on n'était pas au bon moment de leur relation, et voilà que c'était au tour de Jack d'être là devant elle ! Un vieux vieux Jack, selon toute vraisemblance. Depuis combien de temps ce diable d'homme traînait-il donc sur Terre ? [*]

Il avait posé ses gants à l'intérieur de son chapeau sur une petite banquette de l'entrée, et en deux enjambées était venu enlacer sa taille familièrement, en penchant la tête vers elle dans l'intention manifeste de lui donner un baiser qui ne visait pas la joue. Elle posa une main sur sa poitrine gansée d'un beau gilet de soie – un peu surprise par ailleurs qu'il ait adopté lui aussi une tenue locale, plutôt que ses sempiternels vêtements de la Seconde Guerre. Il les portait encore dans le lointain futur où elle l'avait déjà rencontré une fois.

― Mais qu'est-ce que vous croyez être en train de faire ? demanda-t-elle en se reculant légèrement.

Dans ses yeux, elle décela une fugace et très sincère incompréhension. Sans la lâcher, il tourna un peu la tête pour la considérer, sans doute plus surpris qu'il ne voulait bien le montrer.

― Et bien… comme je l'ai dit, je vais rester quelques jours en ville pour affaires et tu m'as dit que nous pourrions nous revoir… alors me voilà !

― Je vous demande pardon ? Nous revoir ?…

Ce n'était pas possible que ce soit le Jack qu'elle avait rencontré sur Velquesh. C'eut été lui d'ailleurs, elle ne voyait pas pourquoi, il se serait permis d'être aussi… familier, alors qu'ils ne s'étaient parlé que très brièvement et qu'à peu près rien de ce qu'ils avaient dit, n'était susceptible de conduire à... un accueil aussi chaleureux.

Il se fendit d'un sourire incrédule et demanda :

― Est-ce que c'est une sorte de jeu ? Nous nous sommes quittés ce matin. Au marché.

Au marché ? Ah. Le problème, c'est qu'elle n'était pas du tout allée au marché. Qu'est-ce qu'il racontait ?

Jack soupira de déception devant son air ahuri. Il la relâcha et se recula d'un pas.

― Ok, j'ai compris. Ma présence n'est peut-être plus aussi opportune que la nuit dernière, dit-il allant reprendre son chapeau.

― La nuit dernière ?

― A la taverne… euh La Rose et la Couronne, je crois.

Clara s'étouffa à moitié intérieurement, en entendant ce nom qui fit tilt immédiatement. Oh mon Dieu ! Il valait mieux que le Docteur ne soit jamais au courant de ça ! Si la Clara victorienne n'était pas rentrée chez elle la nuit précédente où elle l'avait attendue en vain, c'était parce qu'elle était en compagnie… de Jack ?! Non mais combien de chances raisonnables au monde, y avait-il pour qu'une catastrophe pareille se produise ?

Troublée, elle se rappela qu'elle avait vu très brièvement le visage de Jack quand elle avait cherché qui aurait pu l'aider dans ce siècle. Etait-ce pour ça qu'elle l'avait entraperçu ? Cela n'aurait donc eu rien à voir avec une information généreusement partagée par le Tardis ?

Théoriquement, elle savait qu'elle ne pouvait pas se sentir responsable des agissements de son Echo dont elle ignorait presque tout, mais n'écoutant rien de cet argument, son cœur s'était mis à battre trop fort et ses joues stupides s'étaient mises à rougir sans pouvoir s'arrêter... Il fallait pourtant que cela cesse.

Clara se considérait – peut-être bien à tort, si l'on prenait en compte son amitié avec le Docteur – comme quelqu'un d'assez raisonnable. Et à ce titre, elle savait bien que le cas échéant, jamais elle n'aurait jeté son dévolu sur un type dans le genre de Jack qui devait juste être tout simplement impossible à garder. Trop beau, trop coureur, trop peu enclin à s'engager affectivement. Et puis par-dessus le marché, trop gay surtout, d'après ce dont elle se souvenait ! La vraie question qui l'inquiétait plus, c'était pourquoi pouvait-il vouloir l'embrasser, s'il aimait plutôt les hommes ?

Au final, elle se demanda si elle avait vraiment envie de connaître la réponse à cette question qu'elle soupçonnait déprimante. Car le nouveau Docteur lui avait assez fait remarquer qu'il ne la trouvait ni jolie ni féminine, qu'elle était « bâtie comme un homme », que ses yeux étaient énormes, que son visage était trop rond, qu'elle avait un sale caractère de Mademoiselle J'ordonne… etc.

― Tu es bonne actrice ! reconnaissait Jack, ignorant des pensées qui roulaient sous son crâne. J'y ai cru ce matin quand tu disais que tu voulais qu'on se revoie vite…

Il ouvrit de lui-même la porte pour prendre congé d'elle. Deux doigts sur le chapeau, il lui décocha un sourire qui avait franchement l'air de sous-entendre qu'elle ne savait pas ce qu'elle perdait. Mais sans insister pour autant : normal, avec son physique, il devait crouler sous les ouvertures...

Jenny s'approcha timidement de la porte restée ouverte, tandis qu'elles le regardaient regagner la rue où il s'éloignait déjà…

― C'est vrai que vous étiez au marché ce matin, je vous ai vue… C'est… parce qu'il est marié, c'est cela ?

― Marié ? Ça m'étonnerait beaucoup... Oh ma chère Jenny, rien n'est si simple que vous le croyez ! Dites-moi quelque chose... Quand vous nous avez vus, diriez-vous que nous avions l'air de bien nous connaître ?

Elle hocha la tête.

― Vous aviez l'air très épris. Comme des amoureux.

Proprement mortifiée, Clara la remercia. Puis avec un pincement au cœur de devoir laisser partir encore un visage presque rassurant dans sa situation particulière, elle haussa le ton pour le rappeler :

― Attendez Jack ! Ne partez pas ! Capitaine ! Revenez, je vous en prie. Je vous dois une explication !

.°.

Il avait stoppé aussitôt sa marche et fait demi-tour pour courir à petites foulées vers l'imposant perron de la demeure de Vastra. Peut-être n'était-il pas aussi désinvolte qu'elle l'aurait cru ?

Elle le pria d'entrer afin qu'il ne reste pas dehors. Il obtempéra sans se faire prier en la considérant patiemment avec des yeux intenses en attendant qu'elle se décide à parler. Elle prit une profonde inspiration avant de commencer.

― Je suis désolée. J'ai l'impression que je vous dois cette explication, même si je suis certaine qu'elle pourrait vous paraître… douteuse.

Douteuse ? releva-t-il. Essayez quand même, j'ai l'esprit très ouvert…

― Vous en aurez besoin… Voilà, je ne vois qu'une chose qui puisse expliquer ce que vous essayiez de me dire tout à l'heure. Il se trouve que j'ai… une sœur qui vit ici à Londres. Nous nous ressemblons beaucoup, et selon toute vraisemblance, c'est elle que vous avez dû rencontrer hier. Moi, je ne vis pas ici, je suis simplement en visite.

― Vous avez une jumelle ! réalisa Jenny en trouvant que cela expliquait au moins les différences de vêture constatées le matin même. C'est extraordinaire !

― Non, en l'occurrence, c'est seulement embarrassant… commenta Clara, plutôt pour elle-même.

― Je vais faire un peu de thé, proposa la domestique avec enthousiasme.

― Ne prenez pas cette peine Jenny, je ne suis pas sûre que Monsieur puisse rester... dans la mesure où il est probablement très en retard pour un autre rendez-vous en ce moment même…

Monsieur serait ravi d'avoir la politesse d'accepter au moins une tasse, répondit Jack avec l'air du chat qui va manger le canari.

Quand Jenny les laissa seuls en trottinant vers l'office, il commença à la toiser du haut de son bon mètre quatre-vingt et puis il ajouta un peu plus bas :

― Et puis surtout, Monsieur serait ravi de savoir d'où vous connaissez le nom que vous venez de lui donner. Ce n'est pas celui qui figure sur ses papiers d'identité et ça ne le sera pas avant longtemps…

Dans les yeux de Jack, Clara voyait flamber sans conteste une attente avide de réponses d'un tout autre calibre que ses timides allégations embarrassées.

― Et comment faut-il vous appeler dans ce cas ? chercha-t-elle à éluder, la gorge un peu sèche et assez mal à l'aise.

― Jackson Harker, enchanté de faire votre connaissance, répondit-il en lorgnant sa bouche avec insolence. Et vous comment vous appelle-t-on ? Miss Oswald également, je suppose, si vous n'êtes pas… (ses yeux tombèrent sur son absence d'alliance)… mariée.

― Jane Moneypenny, répondit Clara. Le nom de ma mère.

Il s'esclaffa, les yeux brillants.

― Je crois que vous êtes bien loin de chez vous, « Jane Moneypenny ».

― Je crois que mon cas fait pâle figure en comparaison du vôtre, « M. Harker ».

.°.

Nonchalamment assis sur un canapé du salon aux murs couleur terre cuite où il l'avait suivie, il la détaillait avec une certaine insistance, attendant qu'elle veuille bien en dire davantage, assise dans le grand fauteuil en osier de la maîtresse de maison. La jeune servante mettait un temps infini à servir le thé, ce qui le faisait bouillir d'impatience car il devinait que cette brune qui ressemblait si fort et si peu à la très douce Clara, ne parlerait que lorsqu'ils seraient seuls. Pendant que Jenny apportait des scones en plus, elle ne fit aucun effort pour amorcer la conversation.

― Vous m'expliquez la situation ? demanda Jack abruptement.

― Volontiers. Un inconnu se présente en affirmant être intime avec ma sœur. Puis-je vous demander quelles sont vos intentions envers elle ?

Il se mit à rire et secoua la tête.

― Oh, non pas celle-ci. La vraie situation, celle qui expliquerait pourquoi vous m'appelez « Capitaine Jack Harkness »… Alors que je ne porterai pas ce nom avant plusieurs dizaines d'années. Quand nous sommes-nous rencontrés ? « Moneypenny » me laisse penser que vous êtes familière du 20e siècle ?

― En ce qui vous concerne, nous n'allons pas nous rencontrer de si tôt. Vous ne vous souviendrez pas de moi à ce moment-là, c'est dire.

― Je suis mal élevé d'habitude, mais là ça bat des records, j'en suis navré d'avance.

― Il n'y a pas d'offense, vu le nombre d'années pour vous. Puis-je savoir ce que vous faites là ?

― Et bien, je suis en voyage d'affaires pour la compagnie qui m'emploie.

― Mhh, laissez-moi deviner, vous avez été mis sur le cas de Jack l'éve… de l'assassin de Whitechapel ? se corrigea-t-elle aussitôt. La compagnie qui vous emploie n'est donc pas déjà Torchwood car c'est un tueur en série, pas une menace extraterrestre…

Il cligna de l'œil.

― Cette homonymie est bien fâcheuse et pour tout dire… irritante.

Il prit sa tasse de thé et en avala quelques gorgées, avec une grimace éloquente.

― J'aurais bien pris quelque chose de plus fort, grommela-t-il avant de reprendre. Tout ceci est très injuste, Miss Moneypenny. Vous avez l'air de tout savoir de moi, et moi rien de vous. Me diriez-vous comment vous pouvez avoir une jumelle ici, alors que vous n'êtes pas de cette époque ? Séparées à la naissance ?

― Que vouliez-vous à ma sœur ?

― Hélas, ce que veulent tous les hommes seuls, débarqués dans une grande ville où ils ne connaissent personne… admit-il sans la moindre gêne.

― Un peu de « compagnie », je suppose ?

― Exact, mais ne soyez pas jalouse. Je peux être tout à fait équitable, vous savez.

― Je n'en doute pas, mais ce n'est pas du tout ce qui m'inquiète. Aviez-vous l'intention de la mêler de près ou de loin à votre… investigation ?

― Précisez votre pensée, je ne suis pas sûr de saisir.

― Vouliez-vous lui faire tenir le rôle de l'appât, dans l'espoir de mettre la main sur le meurtrier ?

Il leva un sourcil et finit sa tasse pour se laisser un peu de temps pour répondre, sans doute parce que cette idée qu'il n'avait pas eue, lui plaisait assez.

― Je me sens un peu… offensé que vous puissiez l'imaginer de moi… Surtout après l'écoute et la grande bonté qu'elle a témoignées au malheureux naufragé en exil que je suis. Pourtant…

― Pourtant ? releva-t-elle en fronçant les sourcils, craignant d'avoir eu raison.

― Votre idée n'est pas mauvaise…

― Et bien, renoncez-y ! Ma soeur a un rôle précis et crucial à tenir dans quelques années. Il ne doit rien lui arriver de fatal d'ici là… Si quelqu'un doit faire la chèvre, je préfère encore que ce soit moi plutôt qu'elle !

― Vous n'y êtes pas. Mais... vous pouvez m'aider d'une autre façon, qui ne vous fera pas courir le moindre danger.

― Qu'est-ce que vous avez en tête ?

En le voyant sourire en coin de ses belles dents blanches, elle se demanda si elle avait bien fait de poser cette question-là. Avec un homme de sa réputation, les réponses valaient toujours leur pesant de cacahuètes.

― Et bien… je me demandais si vous accepteriez de faire de moi une honnête femme ?

.°.

 

 

[*] Note de l'auteur : La timeline de Jack.Dans le canon de Doctor Who, après avoir été abattu sur le Satellite 5 par les Daleks et ressuscité par Rose, Jack cherchant à retrouver le Docteur au 20e siècle s'est téléporté trop tôt (le manipulateur de vortex ayant été endommagé par le tir Dalek) et atterri à Cardiff en 1869. Date à partir de laquelle il a vécu sur Terre en attendant de pouvoir retrouver le Docteur une centaine d'années plus tard. Il n'est censé avoir pris l'identité de Jack Harkness qu'après la 2nde guerre mondiale, quand le véritable Capitaine Harkness est mort en mission.Bien des années plus tard au début du 21e siècle, Jack a été renvoyé plus de 2000 ans en arrière et enterré vivant dans une tombe par son frère ivre de vengeance. Il n'est censé en être sorti qu'en 1899 sur l'intervention du Torchwood de l'époque. Mais il y avait donc deux versions de lui en circulation et le plus âgé a choisi quelques années après de se faire cryogéniser à Torchwood pendant 107 ans.

En 1888 date supposée de ma fiction, Jack n'aurait dû être que le « jeune » Jack qui n'a connu que Rose et le 9e Docteur. Mais pour les besoins de mon histoire, je lui préfère le vieux Jack qui aurait été retrouvé et réanimé aussi en 1869 mais qui ne vit ni à Londres ni à Cardiff (pour éviter de tomber sur la plus jeune version de lui-même) et qu'il n'a pas décidé de se faire cryogéniser tout de suite mais juste de vivre ailleurs sous un autre nom proche du sien. Pour les connaisseurs, le nom de Harker, qui paraît si commode pour remplacer Harkness, est aussi celui de Johnathan et Mina Harker, personnages bien connus du roman Dracula (1897). Ce Jack étant directement importé de la fin de la saison 2 de Torchwood, il ignore tout des événements relatifs aux 456 et au Jour du Miracle, sans parler des événements que j'ai développés dans ma saison alternative.

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