Les mystères d'Eldarya

Chapitre 12 : Chapitre 11 : Eclair de lucidité

3726 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 29/12/2016 00:50

 

Il serait vain d’expliquer ce que j’ai éprouvé en voyant Ezarel s’approcher de moi, un bouquet de roses à la main. Vain d’expliquer les sentiments qui se sont accaparés de mon être. Je me frottais les yeux pour vérifier que je ne rêvais pas. Son corps élancé, grand, sa démarche de mannequin… tout me faisait flancher. Ses mâchoires étaient légèrement serrées, creusant ses joues masculines. Sa tenue d’alchimiste mettait en valeur son teint pâle, ses cheveux bleus, ses yeux verdoyants. Il était élégant, parfait. Oui, il était parfait.

Lorsqu’il arriva à ma hauteur, il me dit :

- Sélia ! Je suis heureux de te voir.

Mon cœur rata un battement. Avais-je bien entendu ? Il était heureux de me voir ?! D’où lui venait cet excès d’amabilité ?!

- Hey Ezarel, balbutiais-je misérablement

- J’imagine que tu n’as pas manqué l’information du bal de fin de millénaire, dit-il en adressant un regard à Alajéa qui eut un sourire gêné puis qui glissa légèrement vers l’autre côté du corridor des gardes .

- J’ai ma bonne étoile, dis-je en souriant timidement, je n’étais pas sensé savoir ?

- On voulait réserver la surprise un peu plus longtemps, mais bon c’est déjà bien que tu ne l’ai pas appris plus tôt. Bref, je ne suis pas venue pour cela !

Il s’éclaircit la gorge d’une manière gênée. Je ne l’ai jamais vu dans cet état. Il détourna son regard et ses mèches lui couvrirent les yeux un instant. J’ai cru qu’il n’allait jamais parler ! Mon cœur allait exploser.

- Tu vois à propos du bal… je me demandais si…

Il se racla la gorge une seconde fois. Mon regard se fit insistant.

- Je me demandais si tu savais si… Eweleïn a déjà un cavalier.

Tonnerre dans mon esprit.

Désillusion.

Alajéa qui n’étais pas très loin de nous se frappa la tête de la paume de sa main en plissant les yeux d’un air désapprobateur.

Mes yeux s’embuèrent. Ewelein… Mais pourquoi il me demandait ça à MOI ? Il ne se doutait donc de rien ? Je n’étais donc rien pour lui ? Mais pourquoi ? Pourquoi ? Je n’étais donc que de la poussière ? Tout ce que l’on a vécu… ce n’était donc RIEN ? Rien que je vienne me blottir contre son torse la nuit ? Rien qu’il me prenne dans ses bras alors qu’il a cru me perdre ? Rien de me glisser un « je t’aime » en me câlinant ? Rien que je vienne le soigner le soir lorsqu’il se sentait mal ? Rien ? Ce n’était rien. RIEN. Rien. Rien. Ma vue se brouilla. Sans même m’en apercevoir, je pleurais. Je pleurais toutes ces peines endurées. Toutes ces souffrances subies pour un être aussi sec qu’Ezarel. La seule chose que j’eus la force de lui dire fut : « Je ne sais pas ». Oui je ne savais pas.

Ezarel me regardait d’un air étrange, ne comprenant pas l’origine de mes larmes.

- Sélia… qu’est-ce qu’il y a ?

Je continuais à sangloter, mes yeux cachés entre mes mains. J’étais partagée entre colère et tristesse. Qu’est-ce que j’avais ?? Mon cœur vient juste d’être brisée, mais sinon tout allait bien. J’avais envie de l’insulter, de lui dire qu’il était aussi stupide que mon poisson rouge, qu’il ne méritait pas mon amour.

 Comment ai-je pu être aussi sotte ? J’étais triste, mais je voulais des éclaircissements.

- Tu n’as jamais éprouvé quoi que ce soit pour moi ? demandais-je en cessant de pleurer.

Ezarel écarquilla les yeux.

- Je pense qu’il y a eu un malentendu Sélia… Je pense que je ne vois pas notre relation comme toi. Je suis désolé que tu aies pu penser qu’il se passait quelque chose ente nous.

Son ton était posé et sans aucune trace de son ironie malveillante.

- Tu es une personne à qui je tiens beaucoup, mais je ne pense pas qu’on puisse partager un futur commun.

Je l’ai regardé dans le blanc des yeux.

- Merci pour ton honnêteté, murmurais-je

Je partis en courant vers ma chambre, sanglotant, et si mes larmes avaient été des étoiles, elles auraient rempli un ciel bleu de galaxies aussi belles qu’étranges. La nuit s’annonçait éternelle.

***

Quelqu’un toqua à la porte.

Cela faisait quelques heures que je pleurais sans interruption.

Je ne voulais pas ouvrir.

« Qu’ils aillent tous se faire foutre ! » songeai-je égoïstement.

- Sélia ? tenta d’un ton hésitant Alajéa

Je ne voulais pas lui répondre.

- Sélia, je voulais juste te dire que je suis là si tu veux parler…

Silence.

- Je ne suis pas venue tout à l’heure parce que j’imaginais que tu voulais être un peu seule… Mais sache que je suis là. Je pense à toi !

Elle attendit encore un peu.

J’entendis le bruit de ses talons cliqueter sur le parquet parfait du corridor simple. Elle s’éloignait.

« C’est ça, pars ! Ne reviens plus jamais me voir… qui veut de moi de toute façon ? Personne. » me dis-je en sanglotant.

Il ne m’aime pas.

Il ne m’a jamais aimé.

Jamais.

Une larme perla au coin de mes yeux. La première d’une longue série.

***

Mon réveil sonna. Il était trois heures du matin.

Cela faisait donc combien d’heures que je pleurais comme un bébé ?! Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit ! Et l’heure de mon entrainement a sonné.

Toute la motivation que j’ai ressentie cette dernière semaine s’évapora. Je ne faisais ça que dans l’espoir d’attirer l’attention d’Ezarel. Et en sachant que tout était fini maintenant, rien ne me poussait à aller voir Valkyon. Mais un engagement avait été conclu. Et faire machine arrière était impossible. Valkyon lui-même m’avait dit : « … mais je te dis tout de suite : tu t'engages sur le long terme. Ce ne sera pas facile. Alors si tu souhaites te désister sur le champ je ne broncherais pas. Mais si tu acceptes, sache que je serais intransigeant. »

Je n’avais pas envie d’aller m’entrainer. Je ne me sentais ni bien physiquement, ni mentalement. Mais je devais y aller. Sinon la situation allait empirer… c’est tout de même spectaculaire le nombre de trucs horribles qui me sont arrivés depuis quelques mois ! Je pense avoir gagné le record de poisse cette année : être projetée dans un nouveau monde, perdre mes parents, ma famille et mes amis de vue à jamais, me faire kidnapper (ce kidnapping reste d’ailleurs encore un mystère) pour finalement être affectée à une garde qui ne me correspond pas ; et pour clôturer le tout : me faire rejeter par ce que je croyais être « l’amour de ma vie ». J’ai regardé trop de films Disney je crois… L’amour avec un grand « A » n’existe pas.

J’étais perdue.

Larguée.

Et l’unique personne pour me venir en aide était une sorte de fausse sirène maladroite.

En trainant un peu, je cherchais mes vêtements de sport. Ils sentaient bon la citronnelle, et ça calma un peu mon esprit tourmenté. Je mis mes vêtements et jetais un rapide coup d’œil à mon visage sur le miroir. Pa-thé-tique. Je ne ressemblais à rien ! Mes yeux étaient cernés, mes lèvres fades, mes cheveux en bataille. Je me rinçais vite fait le visage pour qu’on ne remarque pas les séquelles de mes larmes passées. Je fis une queue de cheval rapidement, me mis un peu d’anticerne et un coup de rouge à lèvres. En souriant, je réussis à me convaincre que je n’étais pas si moche que ça, et que je n’allais pas finir vieille fille.

En me regardant avec un peu plus d’insistance dans le miroir, je me suis rendue compte de l’état catastrophique dans lequel je m’étais mise. Pourquoi est-ce que j’en fais tout un drame ?! Ok, Ezarel ne m’aime pas, et alors ? Je suis jeune, fraiche, belle, j’ai toute la vie devant moi. Je dois arrêter de penser au prince charmant, et me concentrer sur ce qui est réel : me forger une place au sein de la garde d’Eel. Et c’est ce que je vais réussir à faire. Ezarel m’a permis de faire l’un des meilleurs choix dans ma vie : m’entrainer. Grace à cela, je vais devenir la femme sportive que j’ai toujours rêvé d’être, puissante, redoutable, et indépendante. Pas besoin d’un homme pour être heureuse !

Convaincue de mes dires, je réussis à me sourire et descendis vers la forge. Je vis la porte de fer. Je la toisais d’un air provocateur. « A nous deux maintenant ! » m’exclamais-je.

La porte grinça bruyamment, mais n’avança que de quelques millimètres. Le bruit émis était disproportionné par rapport à l’ouverture. Je tentais une seconde fois. BINGO ! Les deux centimètres nécessaires pour passer étaient là ! Je retins mon souffle, me fis la plus mince possible puis entrais.

Après avoir emprunté l’habituel escalier en colimaçon, je retrouvais Valkyon qui me regardai de ses yeux ambrés. Il avait quelque chose à la main.

- Tu es en retard Sélia ! Tiens ça pour changer !

Il me lança un morceau de tissu… qui n’était autre qu’une nouvelle tenue de sport ! Je lui souris.

- Ne me regarde pas comme ça, et va te changer ! dit-il d’un ton ferme

Mais malgré l’apparente dureté de sa voix je réussis à percevoir une flamme bienveillante dans son regard. J’entrai dans les vestiaires et pris quelques temps pour admirer la nouvelle tenue. Celle-ci dépassait la première en beauté. C’était un pantalon noir un peu ample et serré aux chevilles aux reflets violacés qui rappelaient la couleur de mes yeux, accompagné d’un haut couleur vert militaire qui s’alliait à merveille avec mon teint couleur basané. C’était juste sublime. J’enlevai mes vêtements dans les vestiaires. J’étais dos à la porte, quand je sentis quelqu’un entrer. Mon cœur atterrit dans mon estomac. Je me retournais pour voir Nevra qui me faisait face. Avec pudeur je pris mes vêtements du sol et couvris tant bien que mal mon corps qui n’était vêtu que de mes sous-vêtements. Mais que diable faisait-il ici ??

- Nevra !! Sors d’ici !!

Aucun semblant de gêne ne se lisait dans son visage.

- Du calme je n’ai rien vu ! Je sors…dit-il en cachant ses yeux de ses mains

Il sortit aussi vite qu’il n’était rentré.

Mes joues étaient en feu. J’avais tellement honte, je détestais qu’on voit mon corps. Je mis mes vêtements aussi vite que possible. En sortant, je retombais sur Nevra qui attendait devant la porte des vestiaires.

- Mais qu’est-ce que tu fais ici ? demandais-je en rougissant

- J’attendais que tu sortes pour que je puisse me changer, répondit-il en dévoilant ses incisives

- Tu t’entraines ?

- Non je suis venu ici pour chasser des elfes.

J’écarquillai les yeux. Devant ma mine interdite, il explosa de rire.

- Mais je rigole ! dis donc t’es fatiguée toi, bien sûr que je suis ici pour m’entrainer.

Je baissai les yeux en rougissant de plus belle. Le fait d’avoir évoqué les elfes m’a perturbé. Ça m’a fait penser à Ezarel. Etait-il au courant de ce qui s’est passé ? Comme pour répondre à mes interrogations secrètes, il me dit :

- Mais je ne tarderai pas à m’y mettre, à la chasse aux elfes…

Sa remarque me coupa le souffle. Il était au courant !

- Mmmh, je préférais l’autre tenue, elle était beaucoup plus… aérée, dit-il en faisant allusion à mon décolleté.

Il réussit à me faire oublier l’histoire des elfes…Ne cessera-t-il jamais de me troubler ?Oh, mais je viens juste de me souvenir que Nevra avait quelque chose d’important à me dire l’autre jour ! Et je dois m’excuser de ne pas être venue au rendez-vous à la cantine, je dois tout lui expliquer...

- Nevra, je…

- Je vous dérange peut être ? tonna la voix sombre de Valkyon.

Je sursautai. La masse de muscle noueux était juste derrière moi. Son corps ne touchait pas le mien mais son aura réussi l’exploit de me transpercer.

- Je m’excuse Valky…

- Tu arrives en retard, me coupa-t-il, tu refuses à un membre de la garde de se changer donc tu le retardes, et en plus de cela tu bavardes comme une pucelle de 10 lunes ! Tes excuses ne sont pas valables. Fais-moi cent pompes.

J’obtempérais sans chercher à m’expliquer. J’avais tort, je le savais. Je me mis à faire mes pompes en silence, en sentant mes bras endoloris souffrir à chaque mouvement.

Nevra pouffa de rire en me voyant souffrir. Je lui lançai un regard que je voulais noir, mais qui ne fit qu’intensifier son fou rire. Nevra partit se changer pour me retrouver dans la même position de souffrance.

Valkyon me surveillait en silence, se confondant avec le décor si surprenant.

Vingt pompes de faites…

Soudain, Nevra qui jusque-là n’avait fait que m’observer descendit et se mit en position de pompe. Il commença à en faire à un rythme effréné, ce qui me surprit.

- Mais qu’est-ce que tu fais ? réussis-je à articuler

- Je fais des pompes avec toi, dit-il à sa centième répétition

- Pourquoi ?!

- Tu as déjà oublié ?

- De quoi tu…

La voix de Nevra tonna dans mon esprit : « La prochaine fois on viendra s’entrainer ensemble, on verra bien qui surprendra le plus l’autre. »

Alors comme ça il voulait jouer ! Très bien. Il allait voir de quoi j’étais capable !

Tout à coup j’accélérais le rythme, 50 pompes, 60, 70… 100 !!

Nevra me regarda en souriant. On se leva au même moment, et nous fîmes nos étirements ensemble.

- Pas mal du tout, admit-il. Voyons ce que te réserve Valkyon pour la suite.

Une mine sadique s’empara de lui. Il savait déjà que j’allais souffrir.

- Alors comme ça j’ai deux élèves aujourd’hui ? Parfait ! s’exclama Valkyon. On va voir ce que vous valez en combat à mains nues.

Oh non… Pas les combats à mains nues ! Je ne mangeais que ça depuis une semaine… Et j’étais toujours aussi nulle. Mais impossible de protester. J’allais me battre contre Nevra. Mais Nevra lui ne se souciait pas de cela. Il était pris au piège ! Il devait faire la séance d’entrainement sous la coupe d’un autre chef de garde.

- En position de combat ! Face à face ! Pas de coup là où ça fait mal, ce message t’es adressé Sélia, dit Valkyon.

Je blêmis à l’allusion. Je n’étais pas fourbe à ce point tout de même !

Nevra m’adressa un sourire charmeur en se positionnant face à moi.

- L’objectif est de terrasser l’adversaire et de le mettre KO. Nevra évite de lui briser les côtes. Elle n’a pas encore les protections adaptées. Et laisse lui toutes ses dents.

Mon teint se fit livide. Casser des côtes ?! Ce que Valkyon était aimable, il assurait mes arrières…

- Vous pouvez commencer.

Face à Nevra, mon cœur battait la chamade. L’adrénaline commençait à monter. J’allais me faire défoncer c’était sûr, mais nourrir l’espoir d’une réussite me rassurait. Ses yeux gris perle me toisaient avec intensité. Il n’attaquait pas. Il attendait patiemment que je fasse le premier mouvement pour se ruer sur moi. Nos sens étaient aux aguets. Nos muscles tendus prêts à passer à l’attaque à tout moment. Sentant que cet état de tension ne pouvait durer plus longtemps, je me décidais à donner un coup sec au niveau du plexus solaire. Nevra l’évita sans mal.

- C’est tout ce que tu as ? me provoqua-t-il

Je ne réagis pas à la remarque. Je lui lançais un autre coup qui ne frôla même pas son abdomen. Un autre vers ses pectoraux qui eut le même impact : inexistant.

- Mon torse t’attire à ce point ?

- Nevra !! m’exclamais-je

En tentant de nouveau le coup au plexus solaire, Nevra décida de passer à l’attaque. Il s’empara de mon bras, le pressa contre mon dos, puis d’un coup au niveau des ischios-jambiers réussit à me déséquilibrer et au lieu de m’écraser au sol, Nevra me posa lui-même par terre pour éviter de me faire mal. Le manque de respeeeect. J’étais tellement faible qu’il pouvait se permettre le luxe de me poser délicatement sur le sol. Pathétique…

Le vampire me proposa son bras pour me relever. Je le saisis malgré tout.

- Ca va pas trop mal ? me demanda-t-il un peu inquiet

- Moi avoir mal ? Tu rigoles j’espère ! dis-je d’une manière faussement outrée.

- Vous vous êtes bien battus, dit Valkyon, j’estime que vous vous êtes suffisamment entrainés pour aujourd’hui. Sélia, n’oublie pas : demain à la même heure !

Je hochais de la tête. Valkyon partit chercher ses autres élèves qui avaient un cours juste après, et je me retrouvais seule avec Nevra.

- Ça te dirais de venir aux bains avec moi ? me demanda-t-il

Je lui offris mon regard exaspéré pour réponse.

- Je t’assure que l’eau est à une température juste parfaite, il y a des savons exquis, des parfums venus de terres lointaines…

- Nevra… déjà que j’ai du mal avec le fait que tu m’aies vue en sous-vêtements…

- Mais pourquoi ?! s’exclama-t-il, ton corps est juste parfait, tu ne devrais pas en avoir honte ! J’en connais des femmes qui aimeraient avoir ton corps, et je t’assure que si elles l’avaient elles ne le préserveraient pas comme toi tu le fais. Et… c’est ça aussi qui m’intrigue chez toi. En fait, je m’excuse que ça ait pu te gêner, je n’ai vraiment pas voulu de cela… Je m’excuse. Je ferais plus attention la prochaine fois.

Je fus touchée par sa sincérité, et la douceur de ses propos. Je me sentais un peu mieux, et la gêne éprouvée ultérieurement disparut.

- Merci à toi Nevra. Et d’ailleurs, je voulais m’excuser moi aussi. L’autre jour on devait se voir à la cantine, et voilà je n’ai pas pu venir parce que j’étais obnubilée par mes trois objectifs, et donc je n’ai pas du tout vu le temps passer.

- Oh ce n’est rien, dit-il sincèrement, tes trois objectifs ?

- Haha oui, mes objectifs pour réussir à me forger une place dans ce monde… Mais passons, tu voulais me dire quelque chose ce jour-là il me semble, je me trompe ?

Nevra se gratta le derrière de la tête.

- Non, trois fois rien. Je ne sais même plus…

- Ah, me contentais-je de dire.

Je le regardai avec douceur. Je ne sais pas pourquoi il m’inspirait soudainement confiance. Malgré toutes ses allusions purement charnelles, il était doux de l’intérieur.

- Je ne pense pas avoir réussi à t’impressionner aujourd’hui, et c’est normal je n’ai pas encore le niveau pour me confronter à un adversaire comme toi.

- Je sais, je sais, n’insiste pas je suis le meilleur, dit-il en rigolant

- Haha méfie-toi il n’y a rien de plus simple que de flatter l’ego de quelqu’un !

- Tu ne pensais pas ce que tu disais ?

- Si ! Mais maintenant je connais ta corde sensible !

Il se joignit à mon rire.

Nos regards se croisèrent intensément. Nevra semblait vouloir dire quelque chose. Mais il semblait bloqué.

- Tu…

- Oui… ?

- Tu es très belle.

- Merci…

Quelque chose clochait. Il allait me dire quelque chose d’autre, je le sentais, je le lisais dans son regard.

- Tu es sûr que tu n’as rien à me dire ?

- Promets-moi de ne pas mal le prendre, dit-il précipitamment.

- Je te le promets

Il se racla la gorge

- Ezarel n’est pas quelqu’un de bien pour toi. Tu ne mérites pas quelqu’un comme lui. Je comprends que tu ne sois pas d’accord avec mes propos, mais vraiment, il ne pourra pas te rendre heureuse.

- Qui est-ce que je mérite alors à ton avis ?

Nevra fut dérouté par la question. Pourtant, c’est avec fluidité qu’il répondit :

- Personne ne te mérite Sélia. Personne…

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