[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits

Chapitre 7 : Partie 3 Chapitre 7: Entre implosion et tension

3858 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 13/03/2019 20:25

-Quoi ?! La garde Absynthe ? Pour faire des potions… ?!

J’avais réellement du mal à retenir un éclat de rire face à la tête décomposée de mon ami.

-C’est le plus grand des honneurs de faire partie de la meilleure garde d’Eel ! protesta Ezarel. Tu ne mérites pas ce privilège, espèce d’humain ingrat.

-Mais vous m’avez vu ? Je suis une machine de guerre ! Vous vous êtes trompés ou les tests étaient truqués.

A ces mots, je vis Valkyon, chef de l’obsidienne, retenir un rire. Les mots « machine de guerre » lui semblaient peut-être quelque peu exagérés... Celui-ci commençait à avoir le visage aussi rouge que ses cheveux, et ce ton sur ton était unique en son genre. Il avait l’air aussi comique qu’un personnage de théâtre.

-Et ce gringalet est à la garde de l’Ombre ?! C’est du foutage de gueule, je me casse de ce bled paumé ! cria-t-il en poussant violemment Nathaniel.

J’allais intervenir quand Nathaniel m’indiqua d’un signe de tête de ne pas réagir. On vit Castiel sortir par la salle des portes d’un pas allongé. Il était en colère et ne voulait rien entendre pour l’instant, ce qui était assez compréhensible. Miiko regarda d’un air désespéré Castiel partir, l’adaptation n’était décidemment pas gagnée…

-Laissez-lui un peu de temps pour digérer l’information, soupira Miiko.

-Vous êtes sûrs que ce sont les vrais résultats…? hésitais-je. Castiel n’est pas, disons, très, très doué avec autre chose que « cogner », vous voyez ? Je le vois assez mal manipuler des potions ou lire des grimoires.

-Il est vrai qu’il n’a pas le profil idéal, rouspéta Ezarel. Mettez-le avec Valkyon !

-Les tests l’ont dirigé vers toi Ez, je te laisse l’élu entre les mains, répondit le chef de l’Obsidienne avec un sourire satisfait.

-Bon, taisez-vous ! tempêta Miiko en plissant le nez de manière féline. Nevra, Valkyon, Ezarel, ramenez vos disciples respectifs avec vous pour les entrainements. Ne les fatiguez pas trop dès le départ.

Je regardais Nathaniel de manière interdite. Je ne voulais pas me séparer de lui tout de suite. J’avais peur loin de lui. Et je ne me sentais pas en confiance dans ce nouveau monde. Comme s’il avait lu dans mes pensées, il s’approcha de moi. Ses yeux ambrés me sourirent, comme pour dire que tout allait bien.

-On se retrouvera ce midi, dit-il en passant une main réconfortante contre mon bras

Je lui murmurais avec une pointe de panique dans la voix :

-Mais on doit trouver une stratégie pour partir…

-Ne t’inquiète pas, me répondit-il. Je tiens les choses en main.

Il déposa un baiser sur ma joue qui me fit rougir. Nathaniel, en voyant ma teinte, ne put s’empêcher de sourire. Derrière moi j’entendis Valkyon se racler la gorge, impatient. Gênée, je me tournais vers lui en adressant un dernier au revoir à Nathaniel de la main. Je le vis suivre Nevra qui le menait à l’extérieur de la salle des portes.

Quand je fus face à mon chef de garde, je réalisais soudainement à quel point j’étais petite. Face à moi, deux mètres de haut, un quintal de muscles, un corps sculpté comme celui d’un titan venu d’une autre ère… Ses muscles noueux se tordaient sous sa peau mate. Moi, je faisais quoi, à peine un mètre soixante… moins de cinquante kilos. J’entendis le souvenir de la voix moqueuse de Castiel qui disait : « voilà Rima la mi-mouche ! ». Je chassais ce souvenir plus pathétique que drôle, et tentais de respirer lentement. Je devais avouer que j’étais légèrement intimidée par l’homme qui me faisait face. Vous m’imaginez lui faire un câlin ? Il risquerait de craquer tous les os de mon corps comme on craque la tige d’une plante. Ecœurée, je chassais cette image de ma tête.

Quand il me parla, ce fut d’une voix grave et raisonnante, aussi ample que sous la cloche d’une cathédrale.

-Bon, on va voir ce qu’on peut faire de toi.

Je déglutis péniblement. Il n’allait tout de même pas me torturer… si ? Je suivis cette homme-machine vers l’une des portes, qui aboutissait vers un escalier qui descendait en spirale. J’en eus le tournis. Il n’y avait même pas une rampe sur laquelle s’accrocher. D’en haut, on ne voyait que le vide sans fin qui se présentait à nous.

En silence, on descendit les marches, le bruit des bottes claquantes de Valkyon brisant périodiquement le silence. Une fois arrivés en bas, ce que je vis me coupa le souffle.

Une vingtaine de personnes… ou de créatures, s’entrainaient jusqu’à en perdre leur haleine. Equipés comme des mercenaires, avec des armes toutes aussi mortelles qu’étranges, je faillis tomber dans les pommes. Oui, j’adorais la boxe. Le combat. Mais j’aurais très honnêtement troqué ça contre la possibilité de « faire des potions ». Ça n’avait aucun sens je n’avais rien à faire dans cette pièce d’entrainement.

Premièrement, ils étaient physiquement incomparables à moi. Je ne faisais, littéralement, pas le poids. Deuxièmement, je ne voulais pas mourir jeune.

Valkyon, face à ma mine blafarde, ne cacha pas son sourire.

-Bon, rappelle-moi ton nom.

-Rima, balbutiais-je

-Viens que je te donne une tenue d’entrainement.

Je le suivis encore docilement, et là on arriva à une sorte de vestiaire. Pas de séparation hommes et femmes… ca ne me plaisait déjà pas beaucoup. Heureusement les vestiaires étaient vide pour le moment.

-Enfile ça !

Il n’y avait presque pas de tissu. J’allais lui demander une autre tenue mais il n’était déjà plus là. Génial… Je mis les vêtements : un short court en cuir noir, et un débardeur rouge motif caïmans aux contours noirs. Il était tellement serré qu’il me permettait à peine de respirer. C’est dans cet accoutrement que je rejoignis par la suite Valkyon. Ma tenue couinait comme du caoutchouc, j’étais totalement ridicule.

-Alors, Rima, ta mission est simple. Observe. Puis Imite. Tu travailleras aujourd’hui avec cette personne.

Il me désigna du doigt silhouette, pas très grande de taille, mais solidement équipée. Je fus heureuse qu’il ne m’ait pas mise avec cette sorte de créature au corps déformé qu’ils nommaient Jamon.

Même de près, je ne saurais dire si la personne que j’allais affronter était un homme ou une femme. On ne voyait ni son visage couvert par un masque, ni les formes de son corps. Cette personne semblait totalement impossible à identifier.

Elle ne me serra pas la main, ne m’adressa pas la parole, non… pourquoi s’embêter avec le protocole alors qu’on peut DIRECTEMENT BRANDIR SON EPEE. J’esquivais de justesse le coup mortel.

-Aller, imite Rima ! encouragea Valkyon en me tendant une épée plus lourde que mon bras.

Et oh que oui j’allais imiter.

Je lui assenais, avec une précision qui me surpris moi-même, un coup d’épée. La personne, surprise, réagit lentement. Reprenant sa garde, elle enchaîna une série de mouvements précis, qui auraient dû me trancher la gorge, et me découper le bras droit.

J’imitais.

L’épée, prolongement de mon bras, imita à la perfection l’enchaînement de mon adversaire. Plus lente que moi, je lui marquais le bras d’une ligne écarlate. Choquée, je me précipitais pour m’excuser.

L’inconnu ne me répondit pas. A travers son masque je voyais son regard scintillant de rage me fusiller.

-Ne t’arrête pas, cria Valkyon

L’inconnu enleva sa main de sa blessure, main qui était couverte de sang. Mon adversaire dirigea son épée pour la ficher directement sur mon cœur. Je louchais un instant sur l’arme, contrecarrais l’attaque juste à temps à l’aide de mon épée.

Bruit métallique qui raisonna dans toute la salle.

Je commençais à donner des coups différents. Désormais je n’imitais plus. Place au duel ! On n’entendait plus que le frottement des armes d’acier qui se rencontrent, sous le regard impressionné de Valkyon, qui ne nous arrêta pas. L’extase du combat et de la souffrance semblait le prendre petit à petit comme une névrose. Il ne voulait plus nous arrêter. Il ne pouvait plus nous arrêter.

Une fougue inexplicable s’était emparée de nos corps, une énergie invisible faisait vibrer chacune de nos cellules. Autour de nous se forma un cercle. J’entendais les personnes autour de nous nous encourager. C’est dans cette effervescence incroyable que d’un coup subtil je la mis à terre. Un coup mortel. Elle ne pouvait plus bouger. Il me suffit d’un rien pour la désarmer. Être désarmée, c’est être morte.

J’avais gagné.

Tout le monde m’acclama. En sueur, la face aussi rouge que mon débardeur, une joie inexplicable me prit.

-Rima ! Rima ! criaient-ils.

Le sourire aux lèvres, le dos plié en deux, je reprenais mon souffle. Valkyon me regarda un hochant la tête, fier de sa nouvelle recrue.

Je me dirigeais vers mon adversaire, et lui tendit la main.

-C’était bien joué, lui dis-je, espérant qu’il n’allait pas profiter de mon fairplay pour me tuer.

Contre toute attente, l’inconnu se plaqua contre mon corps, pour me faire un énorme câlin.

-Tu a été formidable !! s’exclama une voix étrangement aigue

L’inconnu enleva son masque et je ne pus réussir à retenir un petit cri de surprise quand je vis le visage le plus féminin au monde. De grands yeux bleus maquillés, des cils qui touchaient ses paupières, une chevelure volumineuse aussi brillante que de la soie, des pommettes rondes et rebondissantes. Elle était magnifique.

-Impossible que ce soit ta première fois au combat ! poursuivit-elle dans cette joie extrême

-Je viens à peine d’arriver, dis-je haletante. J’avais juste fait de la boxe avant.

-Tu es beaucoup trop douée, m’assura-t-elle. Et ce dernier coup que tu m’as donné. J’ai cru mourir !

Je ris de bon cœur avec elle. Valkyon, non loin, nous rejoignit.

-Bon les filles, c’est le moment de prendre une pause bien méritée. Bon travail à toi Rima. Vous avez l’après midi libre.

On sautait de joie, comme si on était déjà les meilleures amies du monde.

-Viens, allons manger, on se douchera après ! dit-elle en m’entrainant par le bras.

Je faillis trébucher une dizaine de fois sur les marches en spirales qui menaient vers la sortie. Mes jambes endolories par l’effort avaient du mal à suivre.

-Moi c’est Alajéa, me dit-elle. J’espère que Karuto a préparé quelque chose de bon ce midi, mon ventre crie famine.

Je rigolais en disant qu’il était de même pour moi.

Une fois arrivées à la cantine, je vis Nathaniel discutant sur une table avec Kero.

-Oh c’est Kero ! cria Alajéa. Et un inconnu aussi. Un humain comme toi non ?

Je n’eus pas le temps de hocher la tête que déjà elle me tirait vers la table.

Nathaniel, en me voyant, se leva automatiquement.

-Rima, je-je…ta tenue… dit-il en rougissant.

Il détourna le regard par pudeur ce qui me fit rire. J’aimais tellement ces moments-là. Le voir rougir faisait fondre mon cœur…je devais admettre que son attitude d’ange le rendait vraiment mignon.

-Ah oui il n’y a pas beaucoup de tissu à l’obsidienne, rigola Alajéa en m’empêchant de répondre.

-Tu es toute rouge également, on ne t’as rien fait de mal ? demanda-t-il

-Et très transpirante, ajouta Alajéa en plissant les paupières

-Parle pour toi ! rétorquais-je. Mais je vais bien, juste un entrainement très physique disons,

On commençait tous à discuter, comme si l’on se connaissait déjà depuis des siècles et des siècles. Comme si on se connaissait depuis toujours. On n’eut même pas besoin de faire des présentations. On commanda des plats, qu’on dégusta tout en partageant des anecdotes dans cette ambiance bon enfant.

-Tu sais où est Castiel ? demandais-je à Nathaniel.

-Il était avec moi tout à l’heure mais il a mangé un truc qui a eu un effet bizarre sur lui… répondit-il 

-Mais il va bien ?

Ma voix laissait un peu trop transparaitre mon inquiétude.

-Rien de grave, sa peau est devenue rouge et brûlante, une allergie aux baies d’ici. Il est passé à l’infirmerie. Ewelein s’occupera bien de lui

-Oui, Ewelein fait des merveilles ! confirma Alajéa

Rassurée, je me détendis un peu.

-Et pour son attribution de garde… ?

-Je ne sais pas, il n’a pas voulu m’en parler, soupira le jeune homme. Mais j’avoue que ça me laisse aussi dans l’incompréhension.

-Il y a certaines choses qui se dévoileront peut-être avec le temps, répondit simplement Kero. Peut-être qu’il va se plaire à l’Absynthe. Les examens sont infaillibles. Il se voit peut-être lui-même comme un autre qu’il n’est pas.

-Peut-être, murmurais-je. Sinon toi, ça s’est bien passé avec Nevra.

Nathaniel sourit mystérieusement.

-C’était autre chose…

J’arquais les sourcils en signe d’incompréhension. Il ne me répondit pas. Cela signifiait qu’il ne voulait pas en parler maintenant. Ou ici… On divaguait sur divers autres sujets, sans même nous rendre compte que l’heure tournait, que tant de choses se passaient en dehors de ce Quartier Général bien protégé. La seule chose qui m’importait c’était d’être près de Nathaniel, près de ce doux regard, de sa présence réconfortante.

-Oh mais il est tard ! s’exclama avec effroi Alajéa. Je dois y aller les gens, à demain !

-Moi aussi, ajouta Kero

Nathaniel et moi les saluâmes en souriant.

-Je dois aller me doucher Nath

J’allais me lever quand il me prit soudainement par le bras. Interloquée je le questionnais du regard.

-Tu feras ça après, me murmura-t-il. Viens avec moi.

Il m’entraina par le bras. Tout à l’heure Alajéa, maintenant Nathaniel… laissez-moi vivre !

-Tu m’emmènes où ? demandais-je agacée.

Il m’intima le silence et me conduit hors des bâtiments du QG. On passa par l’allée des arches, jusqu’à l’entrée de la grande porte.

-Nath…Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…

Le ciel était d’une noirceur à peine bleutée. Il faisait vraiment nuit noire. Des étoiles étaient éparpillées ça et là comme des gouttes de lait, et garantissaient un minimum de luminosité. Pas de lune à Eldarya. Je me sentis bizarre en perdant ce repère si familier.

Nathaniel, quant à lui, ne semblait pas perturbé par rapport à mes problématiques astrophysiques. Il continuait à marcher de manière butée.

-Nath réponds moi quand je te parle !

-On est arrivés ! s’exclama-t-il

Il s’arrêta d’un coup et n’ayant pas le temps de ralentir j’atterris sur Nathaniel. Il amortit ma chute.

-Ca va ?!

-Ne t’inquiète pas, le sable a amorti ma chute.

« Le sable ? » me demandais-je intérieurement. Tellement absorbée par les étoiles, je ne me rendis même pas compte qu’il m’avait emmené vers une plage. Je sentais le corps chaud de Nathaniel contre le mien. Le sable, lui, la mer, le ciel… je me sentis bien.

-Je vous dérange peut-être ? tonna une voix bien trop familière

Je me levais en sursautant comme si j’avais fait quelque chose de mal.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? Tu nous espionnes ?!

-Non, c’est moi qui l’ai fait venir, dit Nathaniel en époussetant sa tenue pleine de grains de sable.

-Et tu ne pouvais pas me le dire plus tôt ?

-Attends, je vais t’expliquer…            

-Et toi, là, dis-je en pointant du doigt Castiel. Tu disparais toute la journée pour apparaitre là comme une fleur ? Et ta tête n’est même pas rouge : ou bien Ewelein a fait des miracles, ou bien vous me cachez quelque chose.

-Mais laisse-nous parler ! cria Castiel

-Moins fort, il se peut qu’on soit suivis, chuchota Nathaniel

-Et par qui ? dit encore plus fort Castiel. La garde de l’ombre déteint étrangement sur toi le blondinet !

-Mais tais-toi ! répondit-il en grinçant des dents.

-STOP !

Tous les deux se tournèrent vers moi. J’avais enfin de l’attention.

-On est tous fatigués, stressés, inquiets… on ne sait pas où on est, ni pourquoi on est là. Peut-être que c’est juste absurde, qu’il n’y a aucune raison particulière à tout ce qui se passe, que c’est injustifiable. Mais n’oublions pas que nous sommes une équipe ! On doit être indestructibles, rien ne doit pouvoir entraver nos liens, quels qu’ils soient. Vous devez arrêter de fragiliser le groupe. Alors maintenant, arrêtez de vous engueuler et expliquez-moi ce qui se passe !

A mesure que je les grondais, tous les deux regardaient piteusement leurs pieds.

-Bon, vous pouvez parler maintenant…

-On s’est dits que la plage serait un bon endroit pour se voir en discrétion. Ce sera dorénavant notre point de rencontre. On a une idée pour s’en sortir.

C’était Nathaniel qui avait parlé.

-C’est vrai ? dis-je avec excitation. Ça consiste en quoi ?

- Il faut qu’on résolve la prophétie, posa-t-il lentement

-QUOI ?! m’exclamais-je

Pourquoi étais-je toujours aussi naïve ? Comment ai-je pu croire qu’un plan réaliste sortirait de cette bouche ? C’était la chose la plus absurde que j’avais entendue depuis longtemps… Et Dieu sait que j’en ai entendue des choses bizarres depuis que je suis ici.

Nathaniel reprit la parole.

-C’est l’idée de Castiel. Selon lui, prouver qu’on n’a rien à voir avec les prévisions de l’oracle, en particulier celle sur des amants maudits, ça pourrait les rendre plus enclins à nous ramener chez nous. On serait un fardeau inutile.

-Mais…comment tu peux être sûr qu’on n’a rien à voir avec ça alors que tu n’as même pas résolu l’énigme ?

-On n’a rien à voir avec ça ! dit Castiel en serrant les poings. Il n’y a rien de logique à ce qui se passe Rima, on n’est pas chez nous, et leurs soucis sont leurs soucis.

Il appuyait sur chacun des mots avec insistance, son visage était crispé par cette articulation excessive. En voyant qu’il commençait réellement à s’enflammer, je décidais de changer de ton.

-Bon, imaginons que ce soit le cas, qu’on soit là par pur hasard… comment on va réellement faire pour résoudre cette énigme ?

-Ca c’est déjà mieux comme question. Il suffit justement de s’en poser quelques-unes pertinentes, de réfléchir, et de se documenter, répondit Castiel de manière plus calme cette fois-ci

J’écarquillais les yeux devant cette réponse scientifiquement idéale prononcée par Castiel. Je ne le reconnaissais plus, je n’arrivais pas à y croire. Où avait-il appris tout ça ? Il a minoré toutes les classes qu’il a faites. Ce n’était pas possible qu’un tel décalage puisse exister…

-Les sources sont disponibles ? demandais-je

-Oui mais…commença Nathaniel

-…elles sont en faelien. J’ai vérifié ça tout à l’heure, continua l’homme aux cheveux rouges. Kero m’a montré comment étaient classés les ouvrages.

-Tu es allé… à la bibliothèque ? demandais-je totalement interloquée

-Je ne suis pas inculte c’est bon !

-J’ai le droit d’être surprise, tu as toujours eu horreur des livres ! Je ne t’ai jamais vu en tenir un seul dans la main. Donc aller à une bibliothèque… Et puis, les livres sont en faelien ? Ce sera impossible pour nous d’apprendre une nouvelle langue avant quelques mois ou années…dis-je de manière désespérée. Il faut qu’on trouve autre chose.

-Je te signale que ce n’est pas parce que tu ne me vois pas lire que je ne lis pas. Et puis le faelien est un croisement d’arabe et d’hébreu. Honnêtement, ça se tente.

-Tu peux arrêter de te moquer de moi ? Je suis sérieuse, on a besoin d’un plan.

-Je suis sérieux. Tu peux, pour une fois dans ta vie, arrêter de me sous-estimer et de me rabaisser !

Nathaniel, sentant le début de querelle, se détacha doucement du triangle qu’on formait, pour me laisser seule face à Castiel.

-Mais Castiel tu ne parles ni l’hébreu ni l’arabe ! Ça ne se tente pas ! C’est impossible autant pour moi que pour toi ! Tu ne connais rien d’autre à part un français balbutiant ! Alors l’arabe et l’hébreu, n’y pense même pas !

Castiel reçut ces piques sans rien. Je crois que j’avais un peu dépassé les bornes…

-Alors démerde-toi toute seule.

Il passa entre Nathaniel et moi sans nous toucher. J’eus l’impression de recevoir un coup dû à la puissance du vent généré par son mouvement de colère.

-Autre chose Rima…

Quand il parla, ce fut dos à moi.

-Tu es ici la seule qui fragilise le groupe.

A ces mots, il quitta la plage sans faire de bruits. Je ne le retins pas.

-Tu crois que j’ai abusé… ? demandais-je à Nathaniel avec une petite voix.

Je connaissais déjà la réponse.

-Il se peut que oui… en tout cas dommage qu’il soit parti, il avait peut-être la clé de la prophétie.

 

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