[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits

Chapitre 10 : Partie 3 Chapitre 10: Toxicité des Cassandre

1749 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/03/2019 18:55

Miiko ne nous avait toujours pas convoqués pour le combat. Cela faisait vingt-quatre heures que je me préparais, que je m’entrainais, que mes sens étaient aux aguets. Je n’en pouvais plus, j’avais envie de tuer ce Reyx, de le déchiqueter, de faire en sorte qu’il n’existe plus. Il était en quelques sortes l’une des solutions pour sortir de ce monde. Mais je ne sais pas pourquoi, une haine incroyable me gagnait à l’évocation de ce simple nom. J’étais constamment enragée, j’avais envie de lui arracher de mes crocs sa face que je ne connaissais pas encore.

Un autre jour s’écoula. Je n’en pouvais plus. Pour quoi n’ai-je pas été convoquée ? Je partis chercher Castiel. Je le trouvais, comme à son habitude depuis qu’on était ici, à côté de Kero à la bibliothèque. D’un signe de la tête je lui demandais de sortir.

-Cast… on t’as donné des infos ? T’as été convoqué pour le combat ? chuchotais-je tout bas

-Non, et ça m’inquiète aussi. Tu penses qu’on en a parlé à Nathaniel ?

-Je ne sais pas… il est difficile à trouver depuis qu’il est à l’Ombre.

-Tu penses que son pouvoir à lui c’est de nous éviter ? demandais-je à moitié sérieuse, à moitié en rigolant.

-Je n’en sais rien je ne m’étais même pas posé la question. Il n’a peut-être pas de pouvoirs.

-Impossible, pourquoi nous et pas lui ?

-Rima… retourne toi lentement.

A pas de loups, je me retournais. Je reconnus instantanément la chose énorme et effrayante qui me faisait face. Jamon, créature du diable, nous faisait face sans aucune expression faciale.

-Rima, Castiel, vous êtes mis sous quarantaine.

Avant même que je ne puisse me transformer, il nous assomma d’un coup de massue.

 

***

Des murmures incompréhensibles me firent ouvrir les yeux. J’avais l’impression de m’être assoupie pendant des siècles…

Mes yeux, peu habitués à l’obscurité, n’arrivaient même pas à voir celui qui prononçait ces incantations. En me sentant bouger, l’inconnu près de moi s’arrêta de murmurer.

-Rima ? demanda cette voix familière

-Castiel… qu’est-ce qui se passe ?

-Rima, c’est une catastrophe, c’est la guerre !

Encore sous les effets de l’endorphine, et du coup de massue que m’avait asséné Jamon, je ne réussis pas à comprendre cette phrase. Une guerre …? Les indéterminés… ? Ils étaient là ?!

-Mais…Nathaniel ? Où est-il ?

-Ils l’ont emmené avec eux ! Ils pensent que c’est à lui de réaliser la prophétie ! Il va se sacrifier Rima !

Le monde s’écroula.

Un vide inexplicable s’empara de mon cœur.

Je le revoyais devant moi, jurant qu’on restera l’un à côté de l’autre, pour toujours.

Je ne comprenais pas pourquoi il ne m’avait rien dit. Je ne comprenait pas pourquoi je n’étais pas auprès de lui.

-C’est impossible…soufflai-je,

Oui, c’était impossible. Il ne pouvait pas faire ça. Des larmes de rage commençaient à brouiller ma vue. Mon visage se déforma par la tristesse. De mes ongles je me griffais le visage.

-Il faut qu’on s’en aille Castiel ! dis-je en le secouant. Sors-moi d’ici !

Prise d’une claustrophobie soudaine, je bougeais dans tous les sens, incapable de respirer, incapable d’une pensée rationnelle. Je devais. Juste. Sortir.

Ne pas le laisser mourir.

-On est enfermés dans le cachot Rima, dit-il le plus doucement possible. On est impuissants…

Je pris conscience de l’espace qui nous entourait. De cette asphyxie irreversible. On était dans une cage confinée, aux barreaux solides qui avaient fait leurs preuves pendant des siècles. Ils avaient enfermé les plus grands criminels d’Edarya.

Une rage incroyable s’empara de moi. Je ne contrôlais plus mon corps. C’était injuste, totalement injuste. La haine avait gagnée mon corps. Castiel sentit que j’avais perdu le contrôle. Il frémit de peur.

-Eloigne-toi ! grognais-je à Castiel.

Il recula à l’aide de ses bras jusqu’à ce que son dos cogne violemment les barreaux de la cellule suspendue dans les airs.

Je sentis mon corps se torde, ma gorge sortir un cri animal.

Je sentais tout.

Je sentais la respiration saccadée de Castiel.

Je sentais les hommes qui se préparaient au combat au-dessus de nos têtes.

J’étais Autre.

Castiel semblait paniqué à la vue de mon corps massif, de mon corps de bête recouvert d’un pelage blanc.

D’un coup de pattes, je fis voler en éclats les barreaux sans efforts. Aucun loup ne pouvait être enfermé dans une cage. Les loups sont libres. J’étais libre.

Castiel, tremblant comme une feuille au vent, s’approcha de moi. Sans même que je lui dise quoi que ce soit, il monta de manière hésitante sur mon dos large. Il s’accrocha autour de mon cou.

Je me mis à courir, sentant à peine le poids de Castiel sur mon dos. Je dévalais les escaliers, et cherchais de mon regard perçant la silhouette de Nathaniel. A la salle des portes, tous ceux qui nous voyaient criaient avec effroi, interrompant leur marche à la guerre.

-Un loup des neiges ! criaient les voix de tous côtés

Ignorant leurs cris de panique, je sortis du corps du bâtiment, continuant à le chercher, avant qu’il ne soit trop tard… Je voyais des faeliens combattre l’armée de Reyx, des corps tombaient à flot. La terre était imbibée de sang, les plantes ne recrachant pas ce vin impur.

Des flèches fusaient ça et là, se fichant dans les cœurs, dans les têtes, dans les orbites. Je vis des têtes dépossédées de leurs corps, je voyais des sourcils froncés à l’extrême par l’effort, je voyais des plaies béantes, des morts entassés.

Un loup blanc dans un bain de sang, à la fourrure encore pure. Seules mes pattes étaient teintées de ce liquide rouge.

Soudain, je le vis.

Je sentis à la crispation de Castiel qu’il le vit aussi.

Au milieu des armées en délire, il se dressait là, vain conquérant d’Eel, tranchant les corps comme du beurre.

« Eel ploie sous la force éphémère d’un. »

Reyx était bien là, ignoble créature de plus de deux mètres de haut, à la musculature équivalant à deux fois celle de Valkyon, aux yeux invisibles, au bandeau noir recouvrant son crâne nu. Protégé des pieds à la tête par une tenue de combat, il faisait voler son sabre tranchant d’ennemi en ennemi.

Je sentis une main tenter de calmer mes grognements sombres.

-Je vais descendre soigner les blessés, dit Castiel. Cherche Nathaniel avant d’entreprendre quoi que ce soit.

Je bougeais la tête de droit à gauche en désapprobation.

-Tu ne peux pas me protéger. Et je dois me rendre utile. Le sabre des indéterminés est mortel. Celui de Reyx est légendaire…Fais attention aux coups. Fais attention à toi.

Je le caressais de la tête. Et je laissais Castiel là, en me jurant de le protéger. Quoi qu’il arrive. Comme je devais protéger Nathaniel.

Pourtant je regardais Castiel comme si c’était la dernière fois.

Était-ce la dernière fois ?

Je ne savais plus ce que j’éprouvais.

Sans tarder davantage, je me mis à foncer dans la masse humaine, sans regarder en arrière. Je courais dans tous les sens, faisant usage de la précision de ma vue. Il n’y avait nul Nathaniel à l’horizon. Mais où était-il ?

Un cri.

Un cri bien trop familier.

Pour quoi avais-je laissé Castiel seul sans protections ? Pourquoi avais-je laissé Nathaniel me mentir ?

Reyx.

Là.

Face à Castiel.

Il allait le tuer.

J’étais loin.

Trop loin.

Je le vis brandir son sabre.

J’accélérais.

Mes larmes étaient absorbées par ma fourrure.

Je ne respirais plus, je retenais mon souffle en pulvérisant mes muscles par l’effort.

Je courais à ne plus en finir, je ne pouvais que grogner, je ne pouvais que hurler.

Je voulais parler.

Castiel allait s’abandonner au monstre.

Je n’étais plus qu’à quelques mètres quand il le transperça.

Je poussais un cri de douleur, comme si le sabre m’avait traversé.

Je n’étais plus le loup blanc. Je n’étais plus Autre. J’étais juste la simple Rima qui vit Nathaniel se faire transpercer le cœur à la place de Castiel.

-NON ! criais-je de toute la force de mon âme.

Nathaniel gisait là, mort, auréolé comme un ange. Reyx, au contact de son sabre avec Nath, s’était écroulé sans vie sur la terre. Horrifiée, je ne bougeais pas. Ce n’étais pas possible. Non, non, j’étais dans le déni.

-Reyx est mort ! crièrent ses partisans. Fuyons !

Je n’écoutais plus rien, je ne voyais plus rien que le corps inerte de Nathaniel. J’ignorais la nudité de ma peau. Les yeux injectés de sang pas le choc, je le rejoignis en tressaillant de démence. Castiel, aussi pâle que la mort, mis de côté le corps de Reyx.

-Nath, je t’en supplie, réponds moi… murmurais-je en pleurant contre son torse. Nath…

-Je suis Même, tu es A-Autre…Protège ton C-castiel…  

-Nath, c’était toi le loup ? C’était toi ?

Il ne répondit pas.

-Nath réponds je t’en supplie. De l’aide ! De l’aide ! PITIE, criais-je en vain. Ewelein ! Cherchez-moi Ewelein…Nath tu m’avais promis. Tu avais promis qu’on serait ensemble pour toujours…

Je criais toujours, déchirée par la douleur, par l’injustice.

-Rima…

Je n’arrivais plus à le regarder, les larmes m’empêchaient de voir quoi que ce soit.

-Tu… lis le passé… J-je lis l’avenir. Prends cette…l-lettre.

-Nathaniel, je t’en supplie…reste. On est Un.

-N-non Rima. N-non…On est juste… maudits.

Il ne répondit plus.

Il était endormi.

Il ne se réveillerait jamais.

 

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