[Nathaniel][Castiel] La passion des Amants Maudits

Chapitre 9 : Partie 3 Chapitre 9: Reyx

2280 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 15/03/2019 18:55

Le parfum envoûtant d’un chocolat chaud me réveilla de ma torpeur. J’entendis la petite voix d’Iris me dire que je m’étais évanouie, qu’Apollon m’avait ramenée à la maison. Que ma compétition de boxe allait devoir attendre, mais que j’étais en sécurité maintenant. Je lui souriais, toujours les yeux fermés. Je la sentis poser un baiser humide sur mon front. Elle me dit que j’allais lui manquer. Pourquoi sa voix était-elle triste ? Elle me dit qu’elle se sentait seule sans moi. Je ne comprenais pas. « Je suis avec toi » murmurai-je en refusant d’ouvrir les yeux. Ouvrir les yeux, c’était tomber dans l’obscurité. Ouvrir les yeux, c’était sombrer dans la démence. C’était mourir.

J’ouvris les yeux.

-Iris… ? balbutiai-je

Je vis le chocolat chaud. Je ne vis pas Iris.

-Iris… ? répétais-je les larmes aux yeux.

Je ne voyais pas Iris. Il y a toujours une part de cauchemar dans les rêves. Je sanglotais doucement en reconnaissant ma chambre à Eel, toujours aussi impersonnelle, toujours aussi creuse, toujours accompagné de ce sablier maudit, qui coulait, coulait, coulait toujours et encore !! D’un geste brutal je pris le sablier et le fracassais contre le sol pour qu’il explose en mille morceaux. Les cristaux brisés du sablier se mêlaient au sable étrangement blanc. Je marchais sur un verre qui me coupa le pied. Je retins un cri de douleur. Le rouge de mon sang teinta le sable virginal.

-Crève ! dis-je en pleurant. Crève…

Alarmé par le bruit, je vis Nathaniel apparaitre. Paniqué à la vue du sang, il s’approcha de moi

-Rima… Rima, tout va bien je suis là.

Il me porta en me ramenant sur mon lit. Je me laissais faire.

-Iris… murmurais-je contre le torse de Nathaniel.

Il continua à me bercer alors que je pleurais. J’ai eu l’impression que ce moment avait duré des heures. J’étais là, avec lui, sanglotant tranquillement, calmant la vivacité du souvenir, essayant de me réhabituer au présent. Il caressait mes longs cheveux noirs tranquillement, silencieusement, des racines jusqu’aux pointes, dans un mouvement langoureux. Je voyais son visage grave, ses yeux ambrés clos. J’avais l’impression qu’il souffrait plus que moi, qu’on aurait dû inverser les rôles…J’avais l’impression de lui faire du mal. Je me calmais. Il ne cessa pas de me caresser les cheveux.

-Rima, je suis désolée, mais il faut que je te dise quelque chose. Castiel nous attend à la plage.

-Qu’est-ce qui se passe ?

-Plusieurs choses se sont passées pendant que tu étais endormie.

-J’ai dormir si longtemps que ça ?

Ma voix était teintée par la panique.

-Près de trois jours. Ne t’inquiète pas, ce n’est pas beaucoup au vu de ce que tu as vécu. Mais il y a de graves problèmes.

« Au vu de ce qui c’était passé… » me murmurais-je intérieurement.

-Tu parles de… du loup ? Tu l’as dit aux … ?

Il posa un doigt sur mes lèvres.

-On ne doit pas en parler ici. Bois ton chocolat chaud et on y va.

Je bus la boisson en m’étouffant presque, mis un vêtement présentable pour sortir, puis Nathaniel m’emmena en me prenant par la main. Sentir cette main fermement serrée sur la mienne ne me rassura pas. Au contraire, ça exacerbait mon anxiété et inquiétude. Il nous fallut à peine quelques minutes pour rejoindre Castiel. Au QG, on s’était efforcés de marcher tranquillement, en saluant de la main ceux qu’on croisait. Mais une fois la grande porte dépassée, c’était le grand sprint.

Je vis Castiel qui était face à la mer. Il se retourna et un sourire illumina son visage en me voyant.

-Rima ! s’exclama-t-il en me faisant voler dans les airs. J’ai cru que tu n’allais jamais te réveiller.

Ce tourbillon me donna un peu des nausées, j’avais envie de recracher mon chocolat chaud.

-Je ne sais pas ce que j’ai eu… dis-je en me grattant l’arrière de la tête.

-Mais nous on sait, dit Nathaniel.

-Depuis qu’on est à Eldarya, on s’est découvert de nouvelles aptitudes, dit Castiel. Je suis devenu une sorte d’intellectuel malgré moi, et toi tu es…

-Une métamorphe, termina Nathaniel. Ton animal fétiche est le loup.

Un flash back me frappa. « Fais attention à ton ami » m’avait-il dit. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Est-ce que je devais les informer ? Je décidai de me taire pour le moment.

-Est-ce que vous en savez plus sur les métamorphes ? demandais-je avec curiosité.

J’avais envie de découvrir ma véritable nature. Avec hésitation, Castiel répondit :

-En fait, disons que les métamorphes ne sont pas très bien vus à Eldarya…Selon les légendes faeliennes que j’ai pu lire, ils sont vus comme une menace, comme des personnes qui sont susceptibles de retourner à l’état de nature à n’importe quel moment et… perdre toute humanité.

-Mais… il n’y a pas beaucoup de monde qui possède ce pouvoir, n’est-ce pas ?

-Pas vraiment non, dit Castiel. Ce n’est pas un pouvoir très commun.

-On n’a rien dit à ton chef de garde, ni à Miiko, ni à personne, poursuivit Nathaniel.

J’étais un peu abattue. J’avais un pouvoir maudit par ce monde étrange.

-Hé, Rima, ce ne sont que des légendes, rassura Castiel. Elles sont souvent fondées sur des prénotions, sur une incompréhension face aux personnes différentes de nous. Tu n’as rien d’une menace. Il faudra juste apprendre à contrôler ton pouvoir. Après la première métamorphose, on peut dormir jusqu’à des mois ! Toi tu l’es levée de bon pied en quelques jours, c’est exceptionnel !

Je ne partageais pas l’enthousiasme de Castiel, même s’il avait réussi à me remonter légèrement le moral.

-Mais donc… c’est ça ce qu’il y avait de grave à me dire ? demandais-je

-Si seulement, soupira Nathaniel.

-Nathaniel a écouté une conversation censée être secrète, expliqua Castiel.

-J’ai réussi à m’introduire dans la salle de cristal le jour où tu t’es évanouie.

-Comment tu as fait ça ? m’exclamais-je

-Les hommes de l’Ombre, répondit mystérieusement Nathaniel. Bref, il y avait Miiko, Leiftan, les chefs de garde et des membres de l’étincelante. Ils ont dit qu’ils avaient identifié l’homme à l’origine de toute le trouble à Eldarya. Un dénommé Reyx, venu de la terre des indéterminés. Il a attaqué un village frontalier à Eel…et la prochaine cible c’est le QG.

C’était le nom que j’avais entendu avant que Nevra ne… m’agresse ?

-Mais… et la prophétie ? Elle ne peut pas nous aider ?

-Petit génie ! Ça c’est un point pour nous ! s’exclama Castiel. La prophétie dit :« deux ne feront plus qu’un, et la paix renaitra. Eel ploie sous la force éphémère d’un. Mais un ne survivra pas. Tel est le destin des amants maudits». J’ai cherché diverses interprétations, et honnêtement je pense qu’on n’est pas loin. « Deux ne feront plus qu’un » peut vouloir signifier que c’est l’union des deux mondes qui ferait renaitre la paix. Ici sous-entendu Eel et la Terre. Ou bien elle peut correspondre à l’union de deux personnes, au choix.

Nathaniel se racla la gorge et regarda autre chose. Certaines pensées lui auraient traversé l’esprit ?

-« Eel ploie sous la force éphémère d’un ». Ce « un » peut être justement Reyx. Parce que sa force est éphémère, et qu’elle inquiète Eel. Et ce « un » qui ne survivra pas, peut soit être le même « un » cité précédemment (donc Reyx). Ou bien ça peut être le produit des deux qui ne font plus qu’un, c'est-à-dire les deux mondes ou la fusion des deux corps. Tu me suis ? demanda Castiel

-J’avoue ne pas très comprendre…

-Bon, je t’explique ça autrement. En fait, la complexité de la prophétie réside dans le fait que l’« Un » peut autant se référer à un individu, qu’au monde. C’est un terme qui englobe tout ce qui est uni, tout ce qui est homogène. Il y a une pluralité d’interprétations. Mais ce qui peut très clairement nous guider dans l’interprétations, c’est que cette prophétie s’inspire d’une légende qui est très populaire à Eldarya.

-Laquelle ? demandais-je

-Cette légende dit qu’il y a de cela dix siècles, Eldarya traversait la plus grande guerre de son existence. Les pertes étaient humaines au combat étaient énormes, et se succédaient catastrophes naturelles, maladies, émeutes, crises économiques… rien n’allait. Et c’est à ce moment-là qu’arrivèrent deux humains sur terre : Autre et Même. Ensemble, les Elus réussirent à ramener la paix. Mais une fois l’adversaire abattu, les amants périrent mystérieusement. Voilà pour quoi on les appelle les « amants maudits ».

Je réfléchis un instant. Autre et Même… ça faisait écho à ce que m’avait dit le loup. « Je suis Même et toi tu es Autre. » m’avait-il dit. Est-ce que cela voulait dire que je faisais partie des amants maudits ? En qui dois-je veiller ?

 

-Ça semble coller parfaitement... à une exception près, dis-je en réfléchissant. On est trois Castiel.

-Bien, tu sembles me suivre ! dit-il en rigolant

-Quoi ? C’est moi l’inculte maintenant ? rouspétai-je

-Elle a raison, dit Nathaniel. Il y a un problème numérique qui met à mal toute ta théorie. Il faut qu’on explore d’autres pistes. On ne peut pas présenter ça à Miiko. Et puis, de toute façon, on n’a pas l’unique interprétation, l’unique résolution de la prophétie.

-Nathaniel, je t’ai déjà dit que j’ai fait le tour de tout ce qui peut être lu. J’ai étudié, encore et encore, et rien, nada. Si tu as mieux dis-moi.

-Si tu veux mon conseil, toi et Rima restez en sécurité au QG.

-Qu’est-ce que tu veux dire par là ? demanda Rima en fronçant les sourcils

-Je veux simplement dire que je ne veux pas qu’il vous arrive quoi que ce soit parce que vous pensez que vous avez quelque mission providentielle pour sauver ce monde. Vous ne devez rien faire. Alors ne sortez plus du QG pendant deux jours. Même rester ici à la plage est devenu dangereux.

-Mais, et toi alors ?

-Ne t’inquiète pas pour moi Rima.

-Nath, n’oublie pas qu’on est une équipe !

Le diminutif fusa…me plongeant dans des souvenirs diachroniques.

«J’insiste Nath, je ne peux pas te laisser payer pour moi.

Nath…pourquoi l’avais-je appelé ainsi ? Ce diminutif est sorti si naturellement. Il baissa les yeux en souriant.

-Rima, je t’assure que ce n’est rien. Dis-moi plutôt ce qui te tenterait

Le temps passe

Nath, je ne sais pas quoi te dire, c’est adorable. Je n’ai rien fait pour toi, alors que toi tu fais des efforts sur tous les points. Je n’ai pas encore eu l’occasion de te remercier pour le restaurant, ou bien de t’être occupée de moi, de m’avoir emmenée à l’hôpital, d’ailleurs je ne t’ai même pas encore remboursée ! Excuse-moi, je ne me sens pas vraiment à la hauteur.

Nathaniel me sourit, et m’approcha de lui. Je sentais son parfum léger de nouveau. Citronnelle, jasmin… Je me sentais si petite blottie ainsi contre lui. »

Le temps passe.

Tout semblait si loin.

-Nath… répétais-je comme pour m’approprier ce nom. Qu’est-ce que tu as l’intention de faire ?

Je levais la tête vers son visage fin. Il me sourit. Il posa sa main contre ma joue avec délicatesse.

-Rien que tu ne saches déjà Rima. Rien que tu ne saches déjà…

Sans même m’en rendre compte, je lui fis un câlin. J’avais un mauvais pressentiment.

-Ensemble pour toujours ?

-Pour toujours, m’assura-t-il en posant son menton sur ma tête.

On entendit Castiel se racler bruyamment la gorge.

-Je vous dérange peut-être ?! demanda-t-il en grinçant des dents.

Je souris en retrouvant le Castiel que j’avais toujours connu. Un tempérament de feu reste toujours un tempérament de feu.

Une énorme vague s’écrasa sur le rivage et n’atteignit que Castiel, qui tomba platement sur le sable, aussi mouillé qu’un poisson. Contre toute attente, on éclatait de rire. Les grognements de Castiel ne firent qu’accentuer cette euphorie générale. Cette simple vague nous ramena au présent, et nous fit oublier ce qui allait bientôt se passer.

Le QG allait être attaqué.

 

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