Douloureuse découverte

Jamais un trajet en voiture avec Pénélope n'avait été si silencieux. Elle, qui était si volubile, ne décrocha aucun mot. Elle se contenta de regarder par la fenêtre.

Derek voulait avoir une discussion avec elle mais il ne savait pas comment l'entamer, alors il garda le silence lui aussi.

Pourrait-il réparer son erreur ?

Quand ils arrivèrent au restaurant, les autres sirotaient déjà leur boisson et avaient passé commande. Rossi fit signe au serveur :

« Où est Devon ? demanda Reid

— Il a été appelé par le boulot » dit-elle en faisant la moue. Les filles éclatèrent de rire.

« Savannah n'est pas venue ? demanda JJ sans aucune once de déception.

— Non, l'hôpital l'a bipée pour une urgence, répondit-il.

— Ça nous donne l'occasion de déjeuner entre nous, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas fait. » dit Hotch.

Le serveur prit rapidement la commande de Derek et Pénélope.

L'équipe passait un agréable moment. Derek intervenait de temps en temps dans la conversation parce qu'il était toujours préoccupé à cause de ce qu'il venait d'apprendre. Finalement, il était content que Savannah eût été appelée parce qu'elle aurait fait une petite crise en découvrant que Devon avait dû partir. Elle n'aimait pas trop être seulement avec les membres de l'équipe. Elle se sentait exclue alors qu'ils avaient tout fait depuis le début pour l'intégrer. Elle était encore plus contrariée d'être avec le groupe quand Pénélope était là. Derek n'arrivait pas à comprendre cette animosité qu'elle avait pour Pénélope. Elle n'avait rien fait pour que Savannah la prît en grippe de cette manière, bien au contraire. Même quand Derek lui avait certifié des semaines après l'incident de la Saint-Valentin que les relations entre eux n'étaient que professionnelles, elle persistait à se montrer froide envers Pénélope et à lui lancer des regards accusateurs si elles étaient toutes les deux dans la même pièce. Qu'aurait-il dû faire de plus ? Il avait arrêté de lui parler, bon sang !

Quand il y repensait maintenant, il se dit qu'il avait trop facilement renoncé à son amitié avec elle. Il aurait dû dire non à Savannah, lui dire qu'elle devrait se faire à l'idée que Pénélope était sa meilleure amie et le resterait. Si seulement, il avait eu ce courage.

Il était curieux de savoir pourquoi elle avait éprouvé le besoin d'aller voir Pénélope alors que la situation était déjà réglée. Il se demandait surtout ce que Savannah lui avait dit de si horrible. Il craignait le pire après avoir entendu toutes les idées qu'elle avait mis dans la tête de Sam. Cet idiot !

Croyait-il vraiment que Pénélope était ce genre de femmes ? Une femme qui avait un petit ami et le trompait avec un autre qu'elle ferait passer pour son meilleur ami ? Il était de plus en plus en colère contre Sam et surtout contre Savannah puisque c'était elle qui avait été à l'origine de tout ce drame.

« Comment se fait-il que tu sortes avec quelqu'un qui travaille dans les forces de l'ordre, Chaton ? Je pensais t'avoir entendue jurer que cela n'arriverait jamais ?! demanda Rossi à Pénélope.

— Ah mon Étalon Italien, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis ! » dit-elle faisant ainsi ricaner tout le monde puis elle continua :

« Voyez-vous, je n'ai pas su ce qu'il faisait avant notre troisième rendez-vous. Au milieu du diner, le bureau l'a appelé. C'est là qu'il m'a dit ce qu'il faisait comme métier. Il était manifestement gêné d'avoir à m'abandonner et je lui ai dit que je comprenais parce que je travaille pour le FBI. On en a parlé après. Je lui ai dit que ce n'était pas dans ma philosophie de sortir avec un agent du gouvernement et qu'avant d'entrer au FBI je n'avais pas toujours été très respectueuse des lois. Je lui aussi dit ce que je pense de la violence et des armes. J'ai pris quelques jours pour savoir si je voulais continuer à le voir. Et j'ai continué ! De toute manière, il était trop tard pour tout arrêter. J'étais déjà trop attachée à lui.

Finalement, c'est une bonne chose. Nous comprenons très bien les contraintes de nos métiers. »

Derek ne put s'empêcher d'être envieux. Il repensa à la réaction de Pénélope quand Dévon avait été appelé plus tôt. Elle s'était montrée très compréhensive. Savannah aurait réagi à l'opposé. Elle aurait piqué une crise et il aurait eu tout le mal du monde à la calmer et avoir un baiser d'au revoir.

Elle aurait dû être en mesure de comprendre son travail. Elle avait des horaires aussi fastidieux et imprévisibles que lui. Quand il y réfléchissait, si c'était elle qui était appelée au milieu d'une sortie ou d'un moment intime, cela ne posait aucun problème. Derek devait accepter sans rien dire. Que lui avait-elle dit plus tôt ‟le travail c'est le travail" ?

S'il s'avisait de lui dire la même chose, elle lui arracherait les yeux.

« Tu veux dire que tu n'as fait aucune recherche sur lui avant d'accepter de sortir avec lui ? Pénélope ! » gronda Rossi.

Tout le monde savait que Rossi devait être vraiment excédé, il l'appelait rarement autrement que « Chaton ». Il était très protecteur envers elle, comme toute l'équipe d'ailleurs, car il la considérait comme sa fille.

« Je sais Dave, ce n'était pas prudent mais j'avais un bon feeling. Je savais que c'était le bon.

— C'est le bon ?! s'exclama JJ

— J'en suis sûre au fond de moi

— Je suis ravi pour toi Chaton » la félicita Rossi.

Derek ne put contenir ce sentiment de jalousie qui commençait à l'envahir. Pourquoi ne pouvait-il pas avoir la même relation avec Savannah ? A un moment, il était persuadé qu'elle était la bonne. Mais il n'en était plus sûr à présent.

Rossi paya la note comme promis et ils quittèrent tous le restaurant pour retourner au travail.

Comme Garcia était venue avec lui, Morgan avait présumé qu'elle rentrerait aussi avec lui.

« Garcia, on y va ? demanda-t-il.

— Ah non Morgan ! On l'embarque avec nous ! cria Emily.

— Je savais que cela allait arriver. Elles vont me cuisiner jusqu'au bureau. A tout à l'heure Morgan » dit-elle à Derek en s'éloignant avec les filles.

Morgan entendit JJ lui dire :

« On veut tout savoir de ton magnifique petit ami !

— Attention JJ ! On regarde de loin. Ce magnifique Adonis est à moi, rien qu'à moi ! » avertit-elle en ricanant.

Cela lui avait manqué d'entendre Pénélope parler ainsi, sauf qu'avant tous ces surnoms lui étaient réservés.

De retour au travail, Morgan s'isola dans son bureau alors que JJ, Emily, Reid et Pénélope parlaient dans le bull pen. Garcia leur donnait surement tous les détails de sa relation si parfaite avec son Magnifique Adonis Devon Carter, agent spécial responsable-adjoint.

La jalousie pointait une nouvelle fois le bout de son nez.

Il devait réfléchir à ce qu'il allait faire en rentrant chez lui et ce qu'il allait dire à Savannah. Devait-il prendre les devants et la mettre face à tout ce qu'elle avait fait ? Ou devait-il attendre qu'elle vînt poser des questions sur le déjeuner l'air de rien ?

Morgan réalisait maintenant à quel point il avait mal lu le comportement de celle qui partageait désormais sa maison. Toute cette demande d'attention, toutes ces scènes étaient de simples moyens pour elle de s'assurer qu'elle avait la main mise sur lui. La manipulatrice qu'elle était voulait toujours tout contrôler et surtout lui.

Mon Dieu, quel profiler il a été ? Il n'a même pas su repérer tous ces signes, ou il n'a pas voulu. Il était tellement déterminé à la garder pour ne pas finir seul.

Il y avait eu Pénélope d'abord, puis l'équipe, Clooney et enfin une de ses sœurs. Il s'était éloigné de sa propre famille. A quel moment était-il devenu si faible au point de devenir la marionnette de Savannah ?

Mais il était décidé à mettre un terme à tout ce cirque.