Douloureuse découverte
« Je suppose que Savannah et toi n'êtes pas de grandes copines ? demanda Devon
— Comment tu as deviné ? demanda-t-elle étonnée.
— Je n'ai pas eu à le deviner, elle me l'a fait comprendre.
— Que t'a-t-elle dit ?
— Quand vous étiez en salle de conférence, j'ai commencé à lui faire la conversation, tu sais pas pure courtoisie et elle a commencé à me poser des questions sur nous, sur comment on s'était rencontré, ce que je te trouvais, si ça allait bien entre nous, si tu m'avais parlé de Derek. Elle m'a dit que je devrais la remercier d'avoir mis un terme à cette relation malsaine que vous entreteniez avec Derek, que tu lui faisais des avances constamment et que c'est ce qui avait causé le rupture d'avec ton ex et que si sa relation avec Derek n'était pas solide, elle n'aurait pas duré à cause de toi. Je l'ai envoyée balader mais gentiment je te promets.
— Je comprends maintenant pourquoi elle faisait cette tête quand on est revenu. Elle ne cessera donc jamais ?!
— Quoi ? Elle a déjà dit ce genre de choses de toi ?
— On peut dire ça comme ça. C'est une longue histoire. On peut en parler après ? Les autres nous attendent.
— Pénélope, j'aimerais mieux tout savoir maintenant. Ils seront au restaurant et je souhaiterais savoir à qui j'ai affaire. Je saurai quoi lui répondre la prochaine fois qu'elle tentera de dire du mal de toi.
— Ok, ok. Laisse-moi envoyer un message aux filles pour leur dire de commencer sans nous. » Elle attrapa son téléphone, pianota rapidement et le redéposa. Elle s'installa dans son fauteuil et en offrit un à Devon. Elle commença son récit :
« Derek et moi étions les meilleurs amis du monde, jusqu'à ce qu'il me présente Savannah. C'était le soir de la Saint-Valentin et nous sommes allés diner tous les quatre au restaurant.
J'avais eu l'impression que tout s'était bien passé. J'ai tout fait pour qu'elle se sente à l'aise avec moi mais deux jours plus tard Sam m'a appelé me disant qu'il devait absolument me parler. Il avait rencontré Savannah et elle lui a mis la tête à l'envers, lui disant qu'il n'était pas un homme s'il tolérait que je puisse lui manquer de respect comme je le faisais en flirtant ouvertement avec Derek devant lui. Il lui a demandé si c'est avec moi qu'il comptait finir sa vie parce que je n'étais pas le genre de femme qu'on devrait épouser, que je ne respectais la relation des autres et que je voulais briser la sienne avec Derek en lui courant après. Il lui avait dit qu'il était bien aveugle s'il avalait mes bobards à propos de mon amitié avec Derek parce qu'il ne s'agissait en rien d'amitié vu tous les surnoms qu'on se donne, notre façon de nous comporter ou de nous parler… Bref ! »
Derek qui était resté derrière la porte crispaient les poings. Comment Savannah avait pu dire tant de méchancetés et de mensonges?
« Tout ça pour dire qu'elle avait réussi à le faire douter de moi. Cela faisait un an qu'on était ensemble. Même si au départ il a eu un peu de mal à comprendre ma relation avec Derek, avec le temps il a fini par voir qu'il n'y avait rien d'autre qu'une profonde amitié. Derek et lui étaient même devenus des amis. Sam avait appris à me connaître et à apprécier ma personnalité. Enfin, c'est ce que je croyais. Je veux dire … je suis moi ! Je flirte avec tout le monde, je donne des surnoms à tout le monde sans pour autant leur faire de l'œil. Sam m'a posé un ultimatum : c'était soit je mettais fin à mon amitié avec Derek soit il mettait un terme à notre relation. J'ai pas réfléchi. Un homme qui a si peu confiance en moi et qui me demande de jeter aux orties une amitié de plus de 8 ans. Je l'ai mis à la porte de mon appartement.
J'ai compris les jours suivants que Savannah avait du faire la même chose avec Derek sauf que lui n'a pas fait le même choix que moi. »
Derek baissa la tête. Il avait honte. Elle avait raison. Il avait sacrifié leur amitié alors qu'elle y était restée fidèle.
« Je l'ai compris parce que tout d'un coup, il n'y avait plus de surnoms, j'étais devenue Garcia pour lui. Il ne me taquinait plus et quand je flirtais avec lui, il ne répondait pas. Pas besoin d'être Einstein pour saisir le message. Je n'ai pas insisté, j'ai respecté son choix. Et au cas où je n'aurais pas compris, Savannah m'a rendu visite quelques jours après pendant que l'équipe était sur une affaire. Je ne vais même pas te répéter toutes les horreurs qu'elle m'a sorties. »
Derek secoua la tête. Savannah ne lui avait jamais dit qu'elle était venue au bureau pour parler à Garcia. Que cachait-elle d'autre ?
« Tu as parlé à quelqu'un de sa visite au bureau ? demanda Devon
— J'en ai parlé à Spencer. Il a pris des mesures pour qu'elle ne soit plus autorisée à monter quand l'équipe est en déplacement. Mais je pense qu'elle n'a rien tenté depuis.
N'empêche que le résultat est que cela fait plusieurs mois maintenant que Morgan et moi n'avons que des relations professionnelles et ce n'est pas plus mal. Notre amitié n'était pas si forte que je le pensais. Elle n'avait aucune valeur pour lui. Au début, ça m'a fait beaucoup de peine, mais au bout de quelques semaines, j'ai relativisé. Reid et moi, on est devenu très proche et je me dis que ça n'arrivera jamais avec lui. Il est très loyal et très franc, tellement franc qu'il peut en être vexant parfois. » elle rit.
Morgan retint ses larmes. Elle minimisait l'importance que leur amitié avait pour lui. Après tout c'était de sa faute, c'était lui qui l'avait mise à l'écart. C'était maintenant Reid qui avait le rôle de confident et de protecteur.
« Et puis j'ai rencontré un homme beau comme un dieu qui est gentil, doux et attentionné et qui n'a rien à voir avec la tête de nœud avec qui j'ai perdu un an de ma vie. Tout s'arrange finalement. » conclut-elle.
« Sam est un imbécile qui s'est laissé manipuler un peu trop facilement à mon avis.
Je sais que tu es TOI et c'est pour ça que je ne peux plus me passer de toi. Tu flirtes avec tout le monde et je sais que ce n'est pas méchant. Tu as même flirté avec mon épicier et il a quoi ? 70 ans ? J'ai cru que tu allais lui faire avoir une crise cardiaque » dit Devon en riant.
Derek riait silencieusement. Il imaginait bien Garcia en train de flirter avec le vieil homme en essayant de le faire rougir..
« Et tu sais, Derek est un idiot. » lui dit Devon
Derek cessa de rire et crispa les poings. Il était énervé. Comment un homme qui venait de le rencontrer et qui ne connaissait rien de lui se permettait de le juger ?
Devon poursuivit :
« Ma mère m'a toujours dit qu'un ami, un vrai était plus important que toutes les jolies filles qui ne feraient que passer dans ma vie et ça s'est vérifié quand j'étais à l'université. Mon meilleur ami et moi étions attiré par la même fille. On était jeunes et bêtes, entre nous c'est devenu une vraie guerre. Quand j'ai compris que je risquais de perdre le meilleur ami que j'avais jamais eu, j'ai laissé tomber. J'ai renoncé à la fille. Et tu sais quoi ? Il n'est pas resté un mois avec elle. Ça ne valait vraiment pas la peine de perdre notre amitié pour si peu. Tant pis pour lui. Il ne sait pas quelle fantastique amie il a perdue. » lui dit-il en l'embrassant.
« Mais moi je sais quelle fantastique petite amie j'ai. »
Derek desserra les poings. Devon avait raison. Il était un idiot qui avait perdu une fantastique amie.
« Oh ! Mon P'tit Chou à la crème, tu es trop gentil. » Pénélope l'embrassa à son tour et dit :
— On f'rait mieux d'y aller. »
Elle récupéra son sac et ils s'apprêtaient à quitter le bureau. Morgan frappa à la porte pour faire comme s'il venait d'arriver.
« Oh Morgan !
— Je venais justement vous chercher. Les autres sont déjà partis.
— On y va. » répondit Pénélope.
Ils marchaient tous les trois vers l'ascenseur quand Pénélope demanda à Devon :
« Quand tu parlais de ton meilleur ami à l'université tu parlais de Ryan ?
— Ouais, lui-même.
— Oh, mon Petit Cœur ! Si j'avais été la fille en question, c'est toi que j'aurais choisi les yeux fermés.
— Merci mon Ange. Ça me rassure » dit-il en riant.
Morgan se sentait nauséeux. Tout ce qu'il avait entendu l'avait bouleversé. Pénélope avait raison. Elle avait privilégié leur amitié alors que lui, l'avait jeté au feu pour faire plaisir à Savannah. Pour retenir une femme dont il venait de découvrir le vrai visage. Elle avait manipulé Sam et l'avait convaincu que Pénélope n'était pas une femme bien, alors que c'était la plus gentille et la plus innocente personne au monde. La femme qu'il aimait et qu'il voulait épouser avait causé la rupture de sa meilleure amie … enfin de son ex-meilleure amie. Il l'avait perdue à cause de son acharnement à vouloir réussir sa relation avec Savannah. L'avait-elle manipulé lui aussi ?
Ils étaient dans le parking souterrain et se dirigeaient vers les voitures quand le téléphone de Devon sonna.
« Carter. … je ne suis pas très loin….. Ok je suis là dans 10 minutes. »
Il se tourna vers Pénélope avec un regard contrit et allait ouvrir la bouche mais Pénélope le devança :
« Ne t'inquiète pas, j'ai compris. Va attraper les méchants. Tu vas me manquer. Appelle-moi dès que tu peux. »
Elle lui tint le visage et l'embrassa tendrement.
« J'espère que ça ne va pas durer des jours. Je t'appelle ce soir de toute façon. » dit Devon.
Elle le regarda s'éloigner. Elle allait prendre sa voiture quand Morgan lui dit :
« On peut y aller ensemble. C'est plus pratique que de prendre deux voitures »
En lui donnant cette raison logique, il espérait la convaincre de venir en voiture avec lui.
Elle hésita un instant mais finit par accepter. Après le déjeuner, il prendrait le temps de mettre de l'ordre dans ses idées, de repenser à tout ce qui s'était passé avec Savannah et Pénélope. Il devait réfléchir : tenait-il toujours autant à rester avec Savannah maintenant qu'il savait tout ce qu'elle avait fait ?