A jamais je maudis le jour où ...
Chapitre 22 : Afin de devenir des anges
1632 mots, Catégorie: T
Dernière mise à jour 04/10/2015 11:07
Afin de devenir des anges
~SORANO (ANGEL)~
J’étais triste. Profondément triste.
Assise sur le sofa du salon, mon mari allongé la tête posée sur mes cuisses, je réfléchissais tout en le regardant dormir.
J’avais tout pour être heureuse. Mon mari et moi avions énormément d’argent : lui étais le boss d’une grosse organisation secrète de dilears, et moi, j’étais une prostituée.
On se faisait un bon paquet de fric et nos affaires marchaient très bien. On avait tout les deux des clients habituels, un peu faciles à manipuler … C’était cool pour augmenter les prix !
Avec tout ce blé, on pouvaient s’acheter tout ce qu’on voulait. On a acheté un appartement gigantesque avec vue sur tout Miami, on faisait partis de tous les clubs un peu chauds de la ville et on était sacrément populaires !
C’était bien parce que mon mari n’était pas dérangé par mon métier. Il aimait d’ailleurs clamer ça sur tous les toits.
« Ma meuf c’est une pute, et alors ?! »
Il m’aimait, lui. Et tout ce que je faisais, ça lui était égal.
« Angel, tant que t’est heureuse ça m’va. »
Sous ces airs de délinquant du quartier, c’était un putain de type cool et posé. Au début, ce n’était qu’un gros plan cul organisé par un pote à lui qui était un de mes bons clients. Il avait voulus nous rapprocher parce que pour lui, une pute et un marchand de pétards et de weed c’était trop la classe comme couple.
Au début, ça ne devait être qu’un p’tit abonnement de cinq baises. Puis mon mari a augmenté à dix. Puis quinze, vingt, vingt-cinq … Jusqu’à m’épouser pour de bon.
Il a casqué son pote jusqu’à ce qu’on se mette en couple … C’était lui qui payer nos baises, à mon mari et moi. D’ailleurs, c’était la première fois où je prenais un réel plaisir à faire mon travail. C’était un homme calme, posé, pas prise de tête, et super bon au lit ! L’homme que toutes mes collègues rêveraient d’avoir dans leurs lits !
Plus tard, j’appris qu’il était originaire de la même ville que moi : Detroit, la ville fantôme.
Le plus drôle, c’était que nous avions des noms de code ! Lui c’était « Cobra », et moi « Angel ».
Pourquoi « Cobra » ? Je ne sais pas … Nous nous sommes donner mutuellement ces surnoms. Sont nom de code à lui, il m’était venu directement. Il me faisait penser à un serpent … Alors « Cobra » c’était le nom le plus classe que j’ai trouvé ! Oui, un serpent qui injecte son venin. Et je peux vous dire qu’il ne me l’a pas injecté qu’une fois ! C’était tellement bon que j’ai finit par devenir accro.
En parlant de ça, j’allumai un joint, le fumant.
« Angel » … Il m’avait expliqué ça … Ah, oui ! Selon lui, les anges n’auraient pas les cheveux blonds dorés mais blancs argentés. C’était sa mère qui lui avait dit ça quand il était petit, m’avait-il raconté. A croire que le destin fait bien les choses.
Je caressais les cheveux rouges bordeaux de mon mari. La cicatrice de son œil droit me fascinait. Il m’eût raconté qu’il c’était sacrifié lui-même cet œil pour revoir un jour sa petite sœur. Il y croyait dur comme fer, il avait lu qu’il fallait se sacrifier un œil pour espérer revoir l’être qui nous avait abandonné. Les gens disaient qu’il était con et qu’une morte ne méritait pas le sacrifice de la vue. Heureusement, il n’avait pas fait de même avec son œil gauche.
Je me mis à pleurer.
C’était si méchant, les sentiments. Sa petite sœur était celle qu’il chérissait tant, il s’occupait d’elle dans cette petite maison faite par les mains des enfants qu’ils étaient.
Ils étaient eux aussi enfants de Detroit, tout comme moi, jadis. Detroit était une ville fantôme, pauvre et sans lois. Les meurtres y étaient fréquents, tout comme l’inceste et le cannibalisme.
Le hasard avait fait que ma sœur et la sienne ont étés retrouvées dépecées au même endroit. Autrefois, je ne savais pas à qui était les morceaux à côté de ceux de ma jeune sœur Yukino. Maintenant, je le sais.
Le destin nous a tout deux conduits à Miami, en Floride. Une ville riche et vivante, sur les côtes Américaines des Etats-Unis. C’était plus paisible qu’une ville qui tombait en ruine et qui grinçait et hurlait de tous les côtés.
Pour ma part, j’y ai laissé le corps de ma sœur et celui de ma mère, enterrés tout deux à côté l’un de l’autre. Dieu seul sait si elles ont étés déterrées pour être le nouvel objet de cultes d’une des nombreuses sectes terrifiantes de Detroit … Ils déterraient souvent les morts.
- Angel ?
Je forçai mon regard flou à devenir plus clair, regardant mon mari dans les yeux. Son visage était bercé de larmes. Non pas des siennes, mais bel et bien des miennes.
- Désolée si je t’ai réveillé, Erik., reniflais-je en essuyant mes larmes.
- Ne t’en fait pas Sora’.
Son regard était vide et noir. Il ne semblait plus être en vie. Comme d’habitude … Cobra semblait avoir perdu le goût de la vie. Une de ses mains calleuses vint caresser mes cheveux, comme pour me réconforter.
- J’aimerais … Avoir les mêmes cheveux que les tiens, Angel., déclara-t-il.
Mes lèvres se pincèrent.
- Tu pense que c’est possible ?
Ma bouche s’ouvrit. Erik se redressa, maintenant assis à côté de moi.
- Tu veux …
- Devenir un ange. Comme toi.
Son timbre de voix, son regard, ses gestes et ses expressions me tendaient une perche. Que je saisis à pleines mains.
- Alors … Devenons enfin des anges.
J’acquiesçais tandis qu’il se levait, se dirigeant vers notre chambre. Il revint avec deux calibres 45. Il m’en donna un que je saisis avec précaution par le manche.
A présent face à face sur le sofa, nous portâmes notre arme à notre tempe.
- Angel … Je t’ai déjà dit que je voulais que tu sois heureuse ?
- Oui, tu me le dit tout le temps. A chaque fois que je prends une décision. Cobra, tu es toujours là pour moi.
- Si c’est la seule façon pour que tu sois heureuse, je le fait avec toi., décida-t-il en chargeant l’arme, prêt à tirer.
J’éclatais en sanglot, faisant de même avec mon arme.
- Tu crois … Que je reverrais Yukino une fois être devenue un ange ?, demandais-je entre deux sanglots.
- Oui. On reverra nos familles et nous pourront enfin vivre sans fardeaux.
- Et … On pourra changer de travail dans notre prochaine vie ?, demandais-je.
- Oui. Je te rendrais heureuse pour de vrai, ce coup-ci.
Une larme passa la barrière de sa paupière et il tira.
Je hurlai, le voyant s’effondrer, un énorme trou dans sa tempe, baignant dans son sang. Il était mort …
- JE ME DETESTE TELLEMENT ! PUTAIN !, hurlais-je.
Sans hésiter, je tirai. Mon corps tomba ensuite lourdement sur le sol, aux côtés de celui de l’homme qui a fait toute ma vie.
-A jamais je maudis le jour où la vie nous encourage au suicide-