A jamais je maudis le jour où ...
Vice Versa
~NATSU~
La ville d’Atlanta en l’an 10 001 était une ville fantôme.
Elle était sombre, tout comme le ciel et la terre qui était noire. Il n’y avait plus aucun habitant, à part nous.
« Nous », ce sont les quelques humains restant de ce monde. Nous sommes six.
Je m’appelle Natsu Dragnir et je suis l’un des survivants de l’apocalypse qu’il y a eu il y a deux cent ans. Oui, j’ai un peu plus de deux cent ans.
Est-ce une malédiction, d’être condamné à vivre aussi longtemps ?
Au fil des années et des siècles qui ont suivis l’apocalypse, j’ai vu mourir des tas de personnes.
Au fil des siècles, les bébés avec lesquels je m’amusais alors qu’ils étaient encore dans les bras de leur mère sont devenu mes amis, puis je les aient vu vieillir jusqu’à mourir. Moi, j’avais toujours les traits fins d’un jeune adulte. Malgré mes deux cent ans passés, je ne vieillissais physiquement pas.
C’était dur de voir mes amis mourir de vieillesse ou de maladies et devenir ami avec leurs propres enfants et petits-enfants. J’étais l’homme qui avait eu le plus d’amis venant d’un grand nombre de générations différentes. Mais je ne regrette rien.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus que six, et je sens que la fin de l’espèce humaine est proche.
Vais-je survivre en regardant mes actuels compagnons mourir, comme je l’ai toujours fait au fil de ma vie ? Ou vais-je mourir ? Je ne sais pas si je suis immortel. Peut-être que seule la mort naturelle ne peux m’atteindre.
- Natsu, il faut que l’on parte …, m’intima Lucy.
Je la regardai un instant, puis je me mis à la suivre. A la base, j’étais un brésilien. Je n’ai quitté mes terres natales que lorsque mon arrière-petit-fils est mort.
Le monde était noir à présent et quelques étranges créatures semblaient dominer le dominer. Les villes à présent toutes dites fantômes sont un terrain de chasse très riche pour ces créatures semblant être sorties tout droit des tréfonds des abysses.
Nous, faibles humains, étions condamnés à mourir.
Lucy Heartfilia était ma meilleure amie. Elle avait trente ans. J’avais connu toute sa lignée. C’était au fond réellement passionnant de voir les générations défiler. Mais terriblement nostalgique.
Nous passâmes ensemble entre les ruines et les quelques bâtiments encore debout, faisant attention à ne pas faire trop de bruit. La nature sauvage ne devait point être témoin de cette traversée nocturne que nous effectuions.
Je sentais mon amie serrer fortement ma main. Elle avait peur, c’était certain. Je me demandai alors à cet instant si la race humaine était faite pour vivre un tel cauchemar. Lucy me prouvait que non. Ses émotions mises à nues me montraient qu’aucun être humain ne pouvait faire face à quelque chose comme cela.
Toujours aussi lentement, nous passâmes devant une grande maison abandonnée semblable à un vieux manoir.
- Elle est terrifiante …, souffla la blonde, le souffle saccadé.
La porte grande ouverte en haut des petites marches de bois rongés par le temps donnait sur un très grand miroir encore en assez bon état. A croire que le temps ne vient pas à bout de toutes les choses matérielles …
- Attend-moi ici, je vais voir quelque chose., lui intimais-je.
Pétrifiée, elle ne pût que m’obéir, restant droite comme un piquet au milieu du petit chemin qui était autrefois, sûrement, une des allées principales de la ville d’Atlanta.
Je me hissai en haut des marches menant à l’entrée de la maison pour finir par y pénétrer.
Désireux de voir mon visage que je n’avais pas vu depuis des années dans ce miroir, je m’approchai de ce dernier. Il était fissuré et avait quelques traces noires qui brouillaient un peu mon image qui y était reflétée.
A mon grand étonnement, ce ne fût point mon visage que je vis, mais celui d’un bien bel homme à la chevelure blonde cendrée et aux yeux bleus foncés.
Apeuré, je fis un bon en arrière, le cœur battant, le corps moite et les sens les aiguës en ébullition. Qui était donc cet humain ?!
Prenant mon courage à deux mains, je m’approchai encore une fois du miroir, voulant examiner de plus prêt l’homme intégré dedans qui n’avait pas bougé d’un pouce.
- Qui êtes-vous ?, demandais-je en posant ma main sur l’image de son visage.
Il me sourit. Un sourire qui me pétrifia. Etait-il vraiment humain ? Si oui, alors j’aurais honte de me dire à cet instant que ce présumé « humain » était l’une de ces créatures maléfiques sorties des abysses.
Que Dieu me dise pourquoi je vois une telle personne avec des yeux de reptile ! Cela était en soit terrifiant pour quelqu’un comme moi qui a vécu pendant plus de deux cents ans éloigné de toute forme de civilisation. Quelle était cette espèce ?
Des mains saisirent violemment mes avant-bras et mon sang se glaça quand je vis ce blondinet me tirer à l’intérieur de miroir.
- LUCY !!!, hurlais-je, terrifié de me faire entrainé dans les abysses.
Bleu. Tel était la couleur du ciel éclairé par le Soleil. Incroyable … je n’avais pas vu un tel spectacle depuis des années … D’ailleurs, il n’y avait pas que le ciel qui était bleu.
- Natsu-san !
Quoi … ? Je relevai un peu la tête, fixant « l’homme » qui m’avait tiré dans le miroir. Il souriait toujours.
- Q-Qui t’es toi ?!, demandais-je en dégageant mes avant-bras de sa poigne.
- Bienvenue en l’an 799, Natsu-san !, s’exclamait-il, l’air ravis avec un grand sourire démoniaque où j’aperçus des canines très pointues.
Je fis un bond en arrière, les yeux ronds comme des billes.
- NE T’APPROCHE PAS DE MOI, SATANACE !!!, criais-je en mettant mes bras devant moi.
Il éclata de rire, me montrant encore une fois ses dents terrifiantes.
- Je m’appelle Sting Eucliffe et je viens de t’attirer dans ton futur, Natsu-san ! Tu es très connu dans notre monde !, déclara-t-il.
- Mon … Futur ?, répétais-je, choqué. Non, il doit y avoir une erreur, là d’où je viens, le monde n’est plus qu’un tas de ruines !, fronçais-je les sourcils.
Il se gratta l’arrière du crâne, puis il claqua des doigts comme s’il avait eu une illumination.
- Le monde s’est reformé depuis très longtemps, Natsu-san. Nous avons tout recommencé à zéro. Tout ça grâce à toi ! Tu a trouvé le moyen de recréer la vie il y a sept cent quatre-vingt-dix-neuf ans !, expliqua-t-il.
- Quoi … ?
- Tu es le héros de l’humanité, l’homme qui a traversé toutes les générations sans prendre une seule ride ! Tu avais deux cent soixante ans quand tu a créé ce nouveau monde.
Dans trente ans de là où je viens … Ais-je alors trouvé un moyen de ramener la vie sur Terre, dans trente ans ?
- Euh … Je suis mort dans votre époque ?, osais-je demander.
- Oui, il y a cinq cent ans., sourit-il.
- ET CA TE FAIT SOURIRE ?!, m’outrais-je, choqué par les réactions bizarres de cet homme.
Il se mit à rire à gorge déployée.
- Je ne suis pas illettré, j’ai lu des bouquins sur toi et ton histoire ! J’ai décidé de t’amener dans ce monde avec ce miroir pour une très bonne raison …
- Je t’écoute, qu’est-ce que tu attends de moi … ?, demandais-je, méfiant.
Il rougit.
- Je suis incroyablement … excité et attiré par toi …, avoua-t-il en passant une main dans ses cheveux blonds cendrés.
C’est … Une blague … ?
- Hein ?!, m’étouffais-je.
- Il y a trois ans, quand j’ai commencé à lire des livres sur toi, j’étais tellement plongé dedans, tellement à fond dans ton histoire, tellement passionné par toi … Je suis tombé amoureux.
- Attend … Est-ce que tu sais que c’est impossible ?!, gueulais-je, choqué.
- Quoi donc ?, me demanda-t-il.
- Ben … Déjà de tomber amoureux d’un personnage qui a vécu et qui est mort il y a longtemps … Et puis … Tu es aussi un homme !!!
- Où est le problème ? Tu es devant moi, en chair et en os. Et puis l’amour entre personnes du même sexe n’est pas tabou dans cette époque !, se réjouit-il.
Sans me laisser répliquer, il s’approcha de moi, collant son torse au mien. Une de ses mains douces et calleuses trouva mon engin viril, l’empoignant à travers le tissu de mon pantalon.
- Eh oh ! Qu’est-ce que tu fais là ?!, hurlais-je en le sentant commencer à me masturber.
- Viens avec moi, Natsu-san ! Juste quelques instants … Et je te promets de te ramener dans ton époque ensuite !, jura-t-il avec un air de merlan frit.
Je le fixai. Me ramener dans mon époque ? Non … Enfin … Lucy et les autres ont besoin de moi … Mais … Dois-je vivre pour les autres ou pour moi … ?
- Sting … Promets moi de ne jamais me renvoyer dans mon époque., fis-je en m’accrochant à lui.
- C-Comment ? Mais … Tu es le créateur de ce monde …, fit-il, déboussolé.
- Tu n’a aucune idée de ce qu’il se passe dans le passé ! Je ne veux pas créer ce monde. Je ne veux plus être à l’origine d’autres grands malheurs. S’il te plaît, garde-moi avec toi …
L’apocalypse, Lucy et les autres … Cela était une fin et créer un nouveau monde comme celui-ci n’était peut-être pas une bonne chose … Refaire sa vie ici était peut-être la solution pour que tout s’arrête ici pour moi … C’est sûrement la meilleure des choses.
- Alors suis-moi Natsu-san ! Je vais te faire visiter ma chambre par tous les recoins …, promit-il en se léchant les lèvres.
Je souris. Un tout petit sourire que je n’avais plus esquissé depuis un bon nombre d’années.
Ici allait commencer ma nouvelle vie. Dans ce monde que j’ai créé. Et peut-être ici pourrais-je mourir avec la satisfaction d’avoir fait quelque chose de ma misérable et longue vie …
-A jamais je maudis le jour où j’abandonne la vie difficile pour la vie facile-