Une histoire de sorcières

Chapitre 1

899 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 17/03/2019 11:39

Chapitre 1


C’était un temps couvert comme sa mère les aimait. Le vent battait les branches des arbres qui venaient de perdre leurs manteaux de verts feuillages. Les feuilles reprenaient leurs libertés et s’envoler à travers champs. L’une d’entre elle vint se poser sur le cercueil qui attendait que le croque-mort ouvre la porte du crématorium. Elle attira l’attention de la jeune femme qui se tenait à côté de la boîte en bois. Vêtue entièrement en blanc, elle avait relevé ses longs cheveux bouclés en chignon parfaitement coiffé. Elle posa doucement sa main sur le cercueil et laissa la feuille s’envoler un nouveau. Ses yeux humides, d’avoir trop pleuré, suivirent les courbes de la feuille brune qui disparut derrière le petit bâtiment de briques rouges.


Quelqu’un tira sur sa veste blanche, elle baissa aussitôt son regard pour apercevoir le visage rond de son petit frère. Son regard était fixé sur le cercueil de sa mère, d’un geste de la main, il le pointa pour indiquer à la jeune femme les deux hommes habillés en noir qui venait de se placer aux extrémités du catafalque. Elle entremêla ses mains avec celle de son petit frère et commença à marcher derrière le cercueil. Les deux croque-morts poussaient le corps de la mère des deux orphelins jusqu’à l’entrée du crématorium. La jeune femme s’essuya les yeux pour faire disparaître les dernières larmes qui s’en échappaient avant de pénétrer dans la dernière demeure de sa mère.


- Petit, tu devrais sortir. Ce n’est pas quelque chose qu’un enfant devrait voir... »


- Il reste. » Répondit Lysandra sur un ton qui n’appelait aucun commentaire. Léon était plus que capable d’assister à cette scène. En brûlant le corps de sa mère, ses cendres pourront être dispersées à travers vent et reprendre leurs places dans la nature.


- Vous êtes Lysandra Salem ? » Demanda l’un des croque-morts qui venait de se placer devant le grand four crématoire. 


- Oui. Il y a un souci ? » La voix tremblante, Lysandra essayait de se contenir pour ne montrer aucune faiblesse. Désormais, elle était à la tête de sa famille et elle ne devait pas faillir, en aucune façon.


- Non, non ! Votre mère avait tout prévu, le cercueil ainsi que le four crématoire ont été payé quelques semaines auparavant. C’est très étonnant pour quelqu’un de son âge... »


- Que voulez-vous dire ? Qu’elle s’attendait à mourir ? » Coupa Lysandra.


Sur ces mots, Lysandra planta ses yeux vert pomme dans ceux du croque-mort. Elle pouvait ressentir la peur qui commençait à s’immiscer en lui alors que la tristesse s’échappait de chacune de ses cellules. Son regard s’intensifia alors qu’elle s’insinuait peu à peu dans les émotions du vieil homme. Ses lèvres commencèrent à trembler, sa transpiration s’intensifia et après quelques secondes, il posa sa main contre son cœur et serra sa poitrine. Son genou flancha lorsque la grande porte en bois du crématorium s’ouvrit avec fracas.

Lysandra tourna aussitôt sa tête pour découvrir une femme pénétrer dans la petite pièce rosée. Habillée entièrement en blanc, elle portait une robe crayon qui mettait en avant chacune de ses formes plantureuses. Son épaisse chevelure rousse était rehaussée de deux plumes blanches. D’un pas léger, elle s’avança jusqu’au croque-mort qui venait de tomber par terre avant de poser une main aux ongles manucurés sur son épaule. L’homme papillonna des yeux en se redressant. Un regard vague s’afficha sur son visage alors qu’il se levait pour reprendre son travail.


- Enterrer une personne aujourd’hui est grandement suffisant. » Murmura la femme dans l’oreille de Lysandra.


L’intéressée n’oscilla pas d’un pouce, elle resserra son emprise sur son petit frère tandis que les croque-morts faisaient entrer le cercueil de sa mère dans le four crématoire. La famille Salem regardèrent leur mère partir en fumée. Les flammes dansaient dans le four dévorant le cercueil en bois. Bientôt, il ne resta plus rien de la dépouille de sa mère. Seules ses cendres restaient, dernier vestige de la femme qui avait donné la vie aux deux enfants présents.


Une dernière fois, Lysandra s’avança quelques instants pour regarder les restes de sa mère avant d’inviter son petit frère à quitter le crématorium. Il lâcha sa main et hocha négativement la tête avant de laisser son regard se perdre sur les cendres de leur mère. Lysandra haussa les épaules et quitta cette pièce aux murs rosées qui lui donnait des nausées. Elle détestait les couleurs pastel, à son sens ce n’était même pas de réelle couleur. La nature était vive et les teintes qui l’emplissaient l’étaient d’autant plus : vert, blanc, noir, marron, rose, rouge et tellement d’autre encore ! Il n’y avait que les humains pour apprécier ces nuances transformées. 

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