Recueil de divagations

Chapitre 3 : Je suis le genre

496 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 22/09/2019 15:38

Lors de cet exercice, nous devions reprendre la structure narrative suivante : commencer chaque paragraphe par “Je suis le genre de XXX qui...” en détaillant alors une caractéristique ou un trait de personnalité du personnage (qui pouvait être nous-même, un personnage inventé, un animal, un esprit...). Nous pouvions également changer de personnage à chaque paragraphe.


Je suis le genre de plancton qui vivote tranquillement dans les eaux froides du cercle polaire. Je me laisse porter par le courant, petite algue à la dérive. Bien que vos yeux globuleux ne puissent nous voir, mes semblables et moi fixons environ la moitié du dioxyde de carbone de l’atmosphère. Mais au lieu de nous remercier, vous pourrissez notre eau avec vos porte-conteneurs qui passent par le pôle pour gagner quelques jours de trajet.

Je suis le genre de baleine qui aime nager. Je plonge parfois le plus profondément possible avant de remonter à toute allure pour jaillir de l’eau dans un bouillonnement d’écume. Mais désormais, je navigue en eau trouble : le bruit incessant que vous faites résonne dans les mers, brouille mon chant et m’empêche de me repérer. Alors que ma chorale, auparavant, traversait l’océan d’un bout à l’autre, me voici bien en peine pour retrouver mon baleineau.

Je suis le genre de crabe qui aimerait faire face aux turpitudes de la vie, mais qui doit les affronter de profil. Certains d’entre vous me voient dans le Zodiaque, présidant à vos destinées. Alors pourquoi ne pas me respecter un peu ? Arrêtez de m’enlever ma carapace ! Ou alors, soyez humain : tuez-moi avant.

Je suis le genre de mouette qui aime sentir le vent dans ses plumes. Cette sensation de liberté qui s’empare de moi lorsque j’attrape un courant d’air chaud et que je me retrouve projetée vers le haut... Ce sentiment est inexprimable. Je plonge parfois dans l’eau pleine de vie pour attraper un poisson dont le goût me met en extase. En fait, je croque la vie à plein bec. Et puis, j’ai vu votre bateau noircir la mer. Curieuse, je me suis approchée et m’y voici collée. J’ai battu des ailes, me suis démenée jusqu’à ce que le soleil disparaisse, englouti par les flots. Épuisée, je me sens maintenant couler, l’eau noire, épaisse et gluante me coulant dans la gorge, remplaçant le goût du poisson.


L’aviez-vous remarqué ? Une chaîne alimentaire se cache dans ce texte ! La baleine mange le plancton puis, lorsqu’elle meurt et vient s’échouer sur une plage, est à son tour mangée par les petits animaux nécrophages, dont les crabes, qui sont eux-même une proie de choix des mouettes.

Je m’étais amusé à choisir mes animaux en fonction de cette relation toute particulière qui les unissait... (Oui, j’ai des passe-temps bizarres. Ne jugez pas.)

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