La boite de Pandore

Chapitre IV : L’orphelinat

Suite à la mission de Pohaku, Mirach et Kainé ont récupérer leur récompense et regagner la guilde. Comme le maitre est absent, ce fut le croquemort qui les accueilli.

-      Bonjour, les jeunes, comment s’est déroulée la mission ?

-      Ça aurait pu être mieux… Grogne Kainé avec un air abattu sur le visage.

-      Je comprends. C’est toujours frustrant d’appeler à l’aide, et pour vous Eden, pas trop traumatisant ?

-      Non. J’ai déjà connu pire. Admet l’espion.

-      Allez-vous reposer, le maitre ne reviendra que demain. Donc, vous avez quartier libre.

Mirach et Kainé regagnent le grand bâtiment de la guilde et profite de la fin de journée pour se reposer un peu, mais surtout, pour rédiger leur rapport de mission. Les rapports de quêtes sont essentiels pour le fonctionnement des guildes. Chaque mission terminée doit faire l’objet d’un rapport envoyé à la guilde Alpha Centuri A qui les archives et qui les conservent. Et si jamais on découvre qu’une guilde exécute des missions sans faire de rapports, elles peuvent recevoir de lourdes amendes, ou pire encore, être dissoute. Car, seuls les rapports permettent aux guildes de pouvoir contrôler les actions de chacune et vérifier qu’un certain code éthique est appliqué. Et c’est sur ses tâches administratives que se termine la journée.

Le lendemain, alors que Mirach est en train de se rendre à la salle de petit-déjeuner, il est interpelé par le maître dont les traits semblent tirés. Sans doute fatigué par une journée, ou peut même toute une nuit, qui avait dû être éprouvante puisque, selon toute vraisemblance, il vient seulement de regagner la guilde.

-      Bonjour, Eden. Comment s’est passé votre mission d’hier ?

-      Très bien. Nous avons reçu l’aide d’Alicia, car, nous sommes tombés dans un traquenard.

-      Intéressant, vous avez donc vue notre générale à l’œuvre ?

-      C’est une générale ? S’étonne Mirach.

Au sein des guildes, chaque membre a un rang qui lui donne un pouvoir hiérarchique dont l’importance varie suivant les guildes. Ils sont généralement répartis par ordre d’importance de la façon suivante :

Maître

Général

Brigadier-Chef

Brigadier

Initié

Débutant

           Plus, on est haut dans le classement et plus cela signifie que la guilde confie des responsabilités à la personne. Et souvent, plus on est haut, et plus on est puissant en termes de magie. Cependant, il n’est pas impossible que quelqu’un avec une magie « faible » puisse occuper un poste à responsabilité. Car, la personnalité des individus impacte pour beaucoup cette distribution de poste.

-      Serait-elle plus âgée qu’elle en a l’air ? Devine le militaire.

-      Vous êtes perspicace, souligne Shyûu avec un petit sourire narquois.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Mirach est soulagé d’apprendre ça. Car, déjà savoir qu’une adulte est capable de produire une magie aussi puissante et irréaliste à ses yeux, est moins inquiétant que d’imaginer une enfant capable de tels prodiges.

-      Quel âge a-t-elle ? S’enquit Mirach.

-      Je la laisserais vous en parler quand elle se sentira prête. C’est à elle de vous raconter son histoire, pas à moi. D’ailleurs, en parlant de raconter…

-      Je vous écoute, l’invite le militaire à continuer sa phrase.

-      J’aimerais que vous passiez la journée avec Snow et Die à l’Orphelinat. Chaque membre de la guilde doit s’en occuper régulièrement. Ce matin, vous irez vous occupez des chambres. Et cet après-midi, vous passerez du temps avec les enfants. Cela vous convient ? En général, l’après-midi, ils aiment écouter des histoires ou les dernières missions accomplis par les membres. Conclue le maître de la guilde.

-      Très bien, approuve-t-il.

Puis, sans attendre, le maître s’éclipse pour aller se reposer. Et c’est donc au petit-déjeuner qu’il retrouve la jeune femme prénommée Snow qu’il avait vue quelques jours auparavant. La jeune femme aux cheveux de jais, la peau blanche comme la neige et les yeux à la couleur du ciel. La beauté de la jeune mage est stupéfiante, et il faut dire que son charme glacial la rend mystérieuse.

-      Bonjour Snow, je m’appelle Eden. Le maître m’a demandé de t’aider à t’occuper de l’Orphelinat.

-      Bien, au moins, on sera nombreux, ça ira vite. Soupire-t-elle.

-      Cela ne vous plait pas ? S’étonne-t-il, lui qui a toujours aimé s’occuper des enfants.

-      Si, mais les enfants sont pénibles. Ils veulent toujours que je chante et que je danse.

-      Normal, tu leurs rappelles Blanche-Neige. Souffle l’homme à la peau brune et aux cheveux argent qui se tient à ses côtés.

Si les souvenirs de Mirach sont les bons, il s’agit du jeune homme qui se nomme Die et qui était aux côtés du croquemort, André, lorsqu’il est entré dans la guilde.

-      Il était une fois, une reine était assise à sa fenêtre encadrée de bois d’ébène et cousait. Tout en tirant l’aiguille, elle regardait voler les blancs flocons. Elle se piqua le doigt et trois gouttes de sang tombèrent sur la neige. Ce rouge sur ce blanc faisait si bel effet qu’elle se dit, s’exclama un homme avant de prendre une voix exagérément féminine : « Si seulement j’avais un enfant aussi blanc que la neige, aussi rose que le sang, aussi noir que le bois de ma fenêtre ! ». Peu de temps après, une fille lui naquit, elle était blanche comme la neige, rose comme le sang et ses cheveux étaient noirs comme de l’ébène ! On l’appela… Roulement de tambours ! SNOW WHITE ! S’écrit-il avant de venir embêter la jeune femme.[1]

-      Dégage Kazumi ! S’énerve-t-elle subitement.

-      Bah quoi ? Normal que ça plaise aux gosses cette histoire ! S’en amuse le jeune homme aux cheveux châtains et aux yeux émeraudes qui ne se laisse pas déstabiliser par les reproches de la jeune mage. Et tu es le portrait craché de la princesse ! Et tu as le même nom !

-      Laisse-moi tranquille ! S’agace-t-elle.

-      Tu sais que plus tu réponds, plus tu vas l’encourager à continuer ? S’exclame Die tout en continuant de déjeuner dans le calme.

-      Bah toi, tu devrais me défendre ! Grogne-t-elle en donnant un coup dans l’épaule du jeune garçon. Tu es mon petit-ami après tout.

-      Oui, mais il sait que qui aime bien châtie bien, non ? La charrie encore le fameux Kazumi.

-      On devrait surtout se dépêcher de finir de déjeuner si on veut avoir le temps de faire toutes les chambres. Tu nous aides Kazumi ? S’exclame le garçon aux cheveux d’argent.

-      Non, je suis KO. J’ai passé toute la nuit dehors avec le maitre. MOI.

-      OUI BAH C’EST BON, s’énerve-t-elle pour de bon.

Furieuse, la jeune femme se lève et bascule sa chaise par terre. Et c’est sans attendre qu’elle quitte les lieux telle une

-      Elle est jalouse, s’exclame Kazumi en faisant un clin d’œil à Eden.

-      De quoi ? S’étonne le militaire.

-      Elle aimerait passer plus de temps avec le maitre, et avoir des tâches plus importantes. Lui confie Die avec sérieux.

-      Ce n’est pas le cas ?

-      Si, mais… Ses pouvoirs… Restent un peu instable… S’exclame-t-il en cherchant ses mots avec précaution. Donc le maitre lui confie des tâches qui ne risquent pas… de… Voilà…

Le jeune homme ne termine pas sa phrase, et très rapidement Kazumi et lui changent de sujet. Aussi, Mirach ne pose pas plus de questions que ça pour le moment. Et c’est donc naturellement qu’il se rend à l’orphelinat, et qu’il commence à nettoyer toutes les chambres. Ils font les lits, nettoie les sols et les salles de bain. C’est un travail quelque peu fastidieux, mais à plusieurs, ils progressent quand même relativement rapidement. Après une courte pause pour déjeuner, ils reprennent leur tâche là où ils l’avaient laissé.

Puis, c’est vers seize heures qu’ils terminent enfin leur corvée. Épuisé, leur journée n’est pourtant pas terminée, puisqu’une jolie jeune femme aux longs cheveux blonds ondulé à la peau pâle arrive vers eux entourée par de nombreux jeunes enfants.

-      Bonjour Elena, déclare Snow et Die en chœur.

-      Bonjour, répond-t-elle avec le sourire. Vous devez être le nouveau membre de la guilde ?

-      Lui-même, approuve Eden avant d’ajouter : Bonjour. Vous êtes un membre de la guilde ?

-      Plus ou moins, sourit-elle. Je suis plutôt la professeure de tous ces petits monstres. Explique-t-elle en désignant tous les petits autours d’elle.

Et des enfants, il y en a un certain nombre, une trentaine selon l’estimation de Mirach. Et, il doit avouer, que cela le surprend. Comment peuvent-ils avoir récupéré tant d’enfant ? D’où proviennent-ils ? Ces questions commencent sérieusement à le tarauder.

           Une fois que tout le monde est installé dans la cour, les enfants jouent ensemble. Et, ce qui surprend Mirach, c’est qu’une grande partie des enfants est capable d’utiliser la magie. Ce qu’il ne peut pas s’empêcher de faire remarquer.

-      C’est normal, lui répond la jeune femme à la peau opaline et aux cheveux ébène. On les a tous sauvés.

-      Sauvé ? Sauvé de quoi ?

Snow se stoppe et semble réaliser ce qu’elle vient de dire. Surprise, elle se referme instantanément et ce fut Die qui reprend :

-      D’une vie qu’ils ne méritaient pas.

Face à cette réponse improvisée et volontairement floue, les questions fusent dans l’esprit de Mirach. D’où viennent ces enfants ? Pourquoi sont-ils capables d’utiliser la magie ? Ce qu’il faut savoir, c’est que la capacité d’utiliser la magie, surtout à un aussi jeune âge, n’est pas quelque chose de rependu. En moyenne, seulement 40 à 42% de la population est en capacité d’utiliser la magie. Ce n’est donc absolument pas normal de retrouver autant d’enfant capable d’utiliser la magie, et ce, même si Shyûu lui avait sous-entendu qu’ils récupéraient des enfants qui souffraient de surplus de magie. Ils ne pouvaient pas tous en souffrir si ? Car, selon les informations de Mirach, qui était quand même renseigné sur le sujet, le surplus de magie ne toucherait que 1% de la population capable d’utiliser la magie. Un pourcentage donc très faible.

Mais avant qu’il n’ait le temps de trop cogiter, certains petits se rapprochent d’eux et demande à Snow de leur faire un spectacle. Après plusieurs sollicitations, elle finit par lui céder, non sans un certain agacement. Tous les jeunes s’installent à côté d’elle, et la jeune femme fait tomber de la neige tout en commençant à raconter le fameux conte de Blanche-Neige. Et, plus elle avance dans l’histoire, et plus elle leur fait des figures, et des personnages, fait de neige et de glace qui s’aiment où qui s’affrontent. Et quand elle termine son histoire, Snow semble soulagée :

-      Fini !

-      Encore ! Encore une ! Demandent-ils en chœur.

-      On veut l’histoire de la reine des neiges[2] !

-      Oh oui !

-      Non, pas celle-là ! Proteste-t-elle.

-      Je peux vous la raconter, se propose Mirach ce qui fait bondir de joie les petits orphelins et c’est ainsi qu’il débuta son histoire : « Voyons, nous commençons. Quand nous serons au bout de notre conte, nous en saurons bien plus que maintenant, car nous avons parmi nos personnage un vilain merle, le plus méchant de tous, le diable [3]».

Mirach conte aux enfants l’histoire terrifiante d’un Diable qui inventa un miroir dont les reflets ne montrent que les pires défauts. Lorsque le miroir se brisa par la faute de diablotins imprudents, la poussière de verre s’envola pour se loger dans le cœur des hommes et des femmes. A cause de ces débris, ils se mirent à ne voir le monde que dans ses pires aspects. Et, l’un de ces débris tomba dans l’œil d’un enfant : Kay. Et son cœur ne cessa de noircir ce qui l’éloigna petit à petit de ses proches. Des siens. Jusqu’au jour où il tomba entre les mains de la Reine des neiges qui l’envouta. Et si tout le monde fut persuadé qu’il était mort, sa meilleure amie, Gerda n’en cru pas un mot et partit à sa recherche affublée de ses petits souliers rouges. Et après moult péripéties, la petite Gerda trouva enfin le château de la reine des neiges pour libérer le petit Kay de l’emprise de la sorcière. Grâce à des mots et des larmes d’amour sincère, elle réussit à briser le sort de Kay, et à retirer le morceau de miroir maudit du cœur du jeune garçon.

-      Et ils vécurent heureux. Conclu Mirach sous les applaudissements des enfants.

-      Cela ne se passe pas jamais comme ça ! S’énerva Snow avant de bondir d’un coup.

Soudain, la température chuta brutalement, et la jeune femme se sentie obligée de s’enfuir. Les fins heureuses ? Cela n’existe pas à ses yeux. Et pour cause, elle a vécu l’enfer durant sa plus tendre enfance et elle a l’impression que la bataille qu’ils mènent n’aura jamais de fin. C’est comme un cauchemar qui n’a jamais de fin. Et, c’est submergé par ses souvenirs que Snow s’effondre dans la cour en hurlant de douleur. Elle attrape sa tête entre ses mains en espérant que cela l’aide à chasser au loin ces souvenirs. Mais cela ne fonctionne pas, et malgré elle, Snow replonge dans les pires instants de sa vie.

Une vie qui avait pourtant bien commencée. Snow est née dans le petit village de ‘Ino Hau[4] perché au sommeil d’une montagne. Ses parents, de simples fermiers, vivaient dans une grande pauvreté. Malgré leur dur labeur, les terres peu clémentes qu’ils cultivaient ne leur permettaient pas de tirer des revenus élevés. Cependant, ils étaient suffisants pour qu’ils subsistent tous les trois. Car, cette petite fille, ils l’avaient ardemment désirée. Après des années et des années à essayer d’avoir des enfants, c’est quand ils avaient presque renoncé à l’idée de devenir parent que le miracle se produisit. La naissance de Snow, cette magnifique petite fille à la peau de porcelaine et aux cheveux noirs comme la nuit les combla de bonheur. A leurs yeux, c’était un cadeau des Dieux. Pourtant, ce bonheur dura si peu de temps, qu’aujourd’hui, la jeune fille n’a aucun souvenir clair de ses parents. Il ne lui reste que des émotions de chaleur et de réconfort. Car, à l’aube de ses trois ans, la petite fille fut arrachée de la plus cruelle des façons à ses géniteurs.

Un jour, le petit village de ‘Ino Hau fut assailli par un groupe de mercenaire qui attaqua le village pour récupérer tous les enfants de moins de cinq ans. Ce rapt fut organisé méthodiquement, et tous ceux qui osèrent résister à ces soldats furent assassiner de sang-froid. Ce qui fut, malheureusement, le cas des parents de Snow qui se sont battus jusqu’à leur dernier souffle pour sauver leur fille tant désirée. Quant à la petite fille, elle fut livrée à un laboratoire situé au sommet de la montagne. Dissimulé par la brume perpétuellement présente à cette hauteur et par deux immenses rochers ce qui le rend presque introuvable. Et, c’est ici que les années de cauchemar débutèrent pour la fillette qu’était Snow. Enfermée dans une cellule en béton avec un simple matelas en guise de lit, et sans aucun jouet ni peluche pour la réconforter, la jeune fille pleura durant des jours entiers. Appelant, en vain, ses parents. Et, après quelques jours enfermés, avec pour seule visite un homme qui apportaient des plateaux repas composé d’une simple bouillie avec de l’eau et un quignon de pain, les expériences débutèrent. Au début, ce ne fut que de simple test : prise de température, scanner et IRM. Mais très vite, les expérimentations tournèrent à la torture. Tous les jours, elle fut confrontée à ces tests tous plus douloureux les uns que les autres. Tous les jours, Snow priait pour que ce soit le dernier.

Quand elle apprit à parler, elle les supplia d’arrêter. De la laisser tranquille. En vain. Et bientôt, les scientifiques obtinrent ce qu’ils voulaient : elle développa des pouvoirs. Snow avait la capacité de maîtriser la glace, et le but de ces hommes étaient de pousser ses capacités au-delà des 100%. Car, leur but est de trouver le secret d’un pouvoir infini et sans limite. Et pour ce faire, ils ne reculent devant rien. Aussi, quand un enfant développe des pouvoirs, ils continuent à expérimenter sur lui. Quand ce n’est pas le cas, ils s’en débarrassent. Aussi, le cauchemar de Snow ne fit que s’amplifier à ce moment-là. Les expériences furent de plus en plus intenses et ils la poussèrent à travailler encore et encore ses pouvoirs. Et ce, jusqu’à l’épuisement. Combien de fois la jeune fille a-t-elle perdue connaissance ? Tombée d’épuisement avec ces journées intenses ? Même aujourd’hui, Snow serait bien incapable de répondre à cette question. Ces journées sans fin épuisaient moralement et physiquement la jeune fille. Et, à l’approche de ses huit ans, elle n’en pouvait plus. Chaque jour de plus était un cauchemar. Elle ne pouvait s’empêcher de se répéter : « Je veux qu’ils disparaissent… je veux qu’ils disparaissent tous ! ».

Jusqu’au jour où tout bascula : Snow traversa encore une journée particulièrement éprouvante. Les tortures devaient intenable, car, elle était le sujet le plus prometteur du centre de recherche. Elle était celle dont le taux de magie s’approchait des 100%, aussi, les efforts des scientifiques se concentrait sur elle. Et ce, peu importe l’état physique et émotionnel de l’enfant qu’elle était alors.

-      Je veux qu’ils disparaissent… Se répétait-elle inlassablement.

Ce jour-là, comme tous les jours depuis ses trois ans, elle fut jetée dans sa cellule encore inconsciente. Pourtant épuisée, elle se réveilla au beau milieu de la nuit. Priant, encore et encore pour la même chose :

-      Je veux qu’ils disparaissent…

-      Je ne peux pas les faire disparaitre, mais je peux les faire stopper le mal qu’ils te font subir. S’exclama une voix qui semblait résonner dans la tête de la jeune fille.

Intriguée, elle se releva et chercher du regard, dans la pénombre, qui pouvait bien être à l’origine de ses propos. Les faire stopper serait déjà bien suffisant pensa-t-elle.

-      Qu’il en soit ainsi. S’exclama la voix sur un ton glacial.

Sous les yeux ébahis de Snow, une créature entièrement constituée de glace se matérialisa devant elle. L’esprit dont l’apparence était semblable à une femme géante vêtue d’une robe et des ailes de glace se posta devant la petite fille tremblante de peur.

-      Mon enfant, j’ai entendu ton désespoir, et même si je m’étais jurée de restée éloigner des Hommes, je n’ai pas pu t’ignorer tant ta peine était immense. Déclare l’esprit qui semble flotter dans les airs.

-      Qui… qui… êtes-vous ?? Demande la petite fille avec terreur.

-      Je suis l’esprit originel de la Glace. Mon devoir est de veiller sur ceux béni par la magie de la glace, et c’est pourquoi, mon enfant je vais t’accorder mon pouvoir. Que souhaites-tu ?

-      Je veux qu’ils disparaissent tous ! TOUS ! S’exclame-t-elle en saisissant l’occasion qui se présentait à elle.

Enfin, enfin, ils allaient tous payer pour ce qu’ils lui ont fait subir. Ce n’est que justice. L’esprit tendit les bras en l’air et une vague d’un froid mordant se rependit dans tous le bâtiment. Dans toute la montagne. Déversant sur le monde toute la colère et toute la rage de la petite fille. Puis, une fois le sort jeté, l’esprit se rapprocha de la petite fille pour lui donner un dernier cadeau :

-      Écoute-moi, mon enfant, quand tu auras besoin de moi, récite les mots suivants : « Ô toi, déesse des terres glacées, nous invoquons ta puissance et ta bénédiction. Protège-nous de la morsure du froid, accorde-nous ton pouvoir en ce jour afin que nous puissions t’honorer demain. Ô toi, déesse des terres glacées, je t’invoque, prête-moi ta puissance ! ».

-      Je peux sortir ? Lui demande naïvement la jeune fille.

-      Tu es libre. Approuve l’esprit en ouvrant de force la porte métallique qui est désormais recouverte d’une épaisse couche de glace.

Heureuse, la petite fille courut aussi vite qu’elle le put à l’extérieur du bâtiment. Vêtue de sa simple petite chemise blanche, et sans chaussure, elle courut sans craindre le froid et sans s’arrêter. Passant devant les scientifiques qui furent complètement gelé par l’esprit originel. Snow courut dans la neige pendant des heures sans s’arrêter. Pour la première fois depuis des années, elle voit enfin l’extérieur : Le ciel, les nuages, le soleil… Elle était euphorique. Elle était libre. Mais, son bonheur fut de courte durée car quand elle arriva enfin au petit village de ‘Ino hau il n’y avait pas une seule trace de vie. La petite fille appela à l’aide, mais personne ne répondit. Et pour cause, toutes les personnes présente sur la montagne furent gelé. Conformément à ce qu’elle avait demandé à l’esprit Originel qui ne fait pas la différence entre les bons et les mauvais. Terrifiée d’être seule, et réalisant à peine ce qui venait de se produire, la petite fille continua d’errer dans les bois durant des jours. Cherchant désespérément de l’aide. Jusqu’au moment où son vœu se réalisa. Et qu’elle fut secourus par un homme au cœur noir. La plongea ainsi encore un peu plus dans les ténèbres. Mais, pour l’heure, seuls les souvenirs du laboratoire venaient hanter la mémoire de la jeune femme.

           Toujours recroquevillée au sol, elle hurle de douleur. Et bientôt, sa magie devient de plus en plus incontrôlable. Die, son petit-ami, accourt vers elle en compagnie de Mirach. Il tente de l’approcher et de la raisonner, mais rien n’y fait. Elle ne les entend même pas. Prisonnière de sa douleur et de ses souvenirs.

-      Snow ! Tout va bien ! Tout est fini ! Lui hurle son petit ami qui ne peut même pas approcher la jeune fille qui est protégée par une sorte de blizzard.

-      Que se passe-t-il ? Lui demande Mirach toujours aussi confus par ce spectacle.

-      Elle perd le contrôle de ses pouvoirs. Snow est à plus de 100% de ses capacités en magie, lui explique alors le jeune homme à la peau brune. Et, il lui arrive de ne plus contrôler sa magie quand ses émotions sont trop fortes.

Mirach comprend alors que Snow fait aussi partit de ces enfants qui souffre d’un surplus de magie. Et, il sait, par expérience que ce genre de crise peuvent être dangereuse pour tout le monde. Que ce soit pour les personnes qui les entourent qui peuvent être touchée et blessé par la magie qui se dégage de la personne malade. Que le malade lui-même dont le surplus de magie peut le tuer. Car, la magie, au-delà des 100% consomme une quantité d’énergie non négligeable chez son hôte que cela puise dans ses ressources vitales. Et que le cœur peut tout simplement être amené à s’arrêter.

-      Snow. S’exclame soudain le maitre qui apparait dans le dos de Mirach et Die.

Il prononce le prénom de la jeune fille avec calme, et s’approche d’elle avec douceur. Il passe sans problème la tempête de neige pour atteindre la jeune mage toujours aussi confuse. Le maître pose sa main sur l’épaule de la jeune fille ce qui stoppe instantanément le blizzard.

-      Snow, je sais… Je sais ce que tu ressens…

La jeune fille se redresse et saute dans les bras de Shyûu en pleurant. Ses larmes coulent à flot ce qui lui permet d’évacuer ce surplus d’émotion.

-      Je suis désolée… je suis désolée, répète-t-elle en bafouillant.

-      Chut, c’est fini maintenant…

Snow et Shyûu reste ainsi durant de longues minutes. Et ce, jusqu’à ce que les sanglots de la jeune femme cessent enfin.

-      Je suis désolée, Maître… Je ne voulais pas…

-      Snow, nous avons vécu la même chose toi et moi. Et je sais ce que ça fait que de se laisser submerger par ses émotions et sa noirceur. Mais maintenant, tu es à nos côtés. En sécurité. Tu peux relâcher la pression.

-      Merci…

La jeune fille desserre un peu son étreinte du maître, et fini par rejoindre Die pour regagner sa chambre et se reposer après ce tourbillon d’émotion. Quant à Mirach, il s’approche de Shyûu pour lui demander :

-      Que s’est-il passé ?

-      Ce qu’il se passe ? Rétorque-t-il visiblement agacé : Eden, sachez qu’il existe des hommes en ce monde qui pensent que la fin justifie les moyens. Et que peu importe le nombre de victime innocentes qu’ils feront, ils poursuivront leurs quêtes jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur but.

-      Quels hommes ? De qui parlez-vous ?

-      De l’empire, Eden.

-      De l’empire ? Soulève-t-il choqué par ces propos.

-      Oui. Venez avec moi. Je dois vous montrer quelque chose.

Mirach et Shyûu se rendent jusqu’à l’antre du croquemort pour emprunter un portail qui les mènera jusqu’à une réalité que Mirach n’aurait jamais pu soupçonnée.

A suivre

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Bonjour, bonsoir,

J’espère que ce nouveau chapitre, riche en révélation vous aura plu ! Si tel est le cas, n’hésitez pas à me le dire en commentaire !

Ici, nous en apprenons plus sur le passé de Snow que vous aurez l’occasion de pouvoir revoir encore dans les prochains chapitres ! En tout cas, j’espère que ces premiers éléments de l’histoire vous auront plus !

Sur ce, bonne soirée et bonne lecture !

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[1] Le conte de blanche neige est tiré du site : https://shop.cramcram.fr/content/78-blanche-neige-et-septs-nains

[2] Ici je fais référence au conte de « la Reine des neiges » d’Anderson où la reine des neiges est méchante.

[3] https://fr.wikisource.org/wiki/Contes_danois_(Andersen)/La_Reine_des_Neiges/Texte_entier

[4] ‘Ino Hau signifie tempête de neige en Hawaïen