La légende des énokiens: L'empire monde-Chapitre d'Arkhan
3 semaines avant la cérémonie : Chambre royale du grand palais de Buckingham
La moiteur pesante de l’immense chambre royale recouvrait la totalité de la pièce : du sol recouvert d’un tapi finement orné de motifs royaux de l’empire jusqu’au plafond recouvert de dorures entourant plusieurs œuvres peintes majestueuses.
Une atmosphère sépulcrale se répandit ce jour-là sur toute la capitale comme une trainée de poudre. L’activité du palais, ralentie depuis plusieurs semaines, cessa brusquement et le cœur fragile de l’empire vacilla à cet instant : la reine Victoria gisait sur son lit, les yeux clos, la peau glacée et les mains jointes.
Rien ne semblait pouvoir rendre de la beauté de quelque manière que ce soit à un lieu d’ordinaire si étincelant : le lieu de repos de la grande souveraine devint son tombeau. .
Dans cette immense chambre à huis-clos, les rideaux scellés, les entrées gardés par les unités de la garde impériale, une ribambelle de servantes et de majordomes nettoyait soigneusement les lieux, étroitement surveillés par le serviteur royal qui tapait de temps à autre, quelques coups de bottines sur le sol pour diriger ses équipes.
En seulement 10 petites minutes, l’immense chambre fut entièrement inspectée et nettoyée du sol au plafond, jusqu’aux recoins les plus isolés et minuscules.
Tout élément sortant de l’ordinaire fut éliminé et la chambre revêtit de nouveau un éclat de sous neuf.
Les serviteurs sortirent discrètement et laissèrent place aux prêtres de Buckingham qui rentrèrent, habillés en tenue noir d’encre, tenant des objets spirituels entre les mains.
Cependant, ce calme mortuaire ne tarda pas à être rompu.
La situation s’envenimait au pied de l’escalier qui menait au deuxième étage du bâtiment :
William et Robert, les deux enfants de la reine tentaient de forcer un mur de gardes royaux qui faisaient bloc.
Robert, d’un ton autoritaire et empreint de colère vociférais sur les soldats, le regard noir marqué par l’inquiétude et la précipitation tandis que William était crispé, le visage figé qui se tordait lentement sous les effets du stress, les membres tremblants et incapable de sortir un son.
« GARDES ! Laissez-nous passer ! »
« Navré votre altesse…vous devez attendre que la procession religieuse ait fini de… »
« LAISSEZ-NOUS PASSER ! »
Robert perdit rapidement son sang-froid, il expédia ainsi un grand coup de poing qui repoussa le soldat qui lui barrait la route et s’engouffra dans la brèche ainsi crée tout en tirant son frère par la manche.
Les deux hommes se lançaient à tout allure dans le couloir qui menait vers la chambre de la reine.
Prit dans sa frénésie, il passa à travers les murs de garde du haut de sa carrure imposante et arriva finalement à la porte de la chambre, il poussa un grand coup dans l’entrée et s’introduisit dans la chambre, la procession religieuse sursauta à l’arrivée du jeune héritier, tout droit dans sa carrure, fixant le lit de mort de sa mère.
Il écarta la masse de prêtres et de religieuses et arriva au chevet du lit, les poings crispés, l’air hagard, son esprit de figea devant le fait accompli, il prit fébrilement la main de sa mère.
L’aumônier royal tenta d’intervenir : « Votre altesse, il faut que vous nous laissiez lui prodiguer les derniers soins de purification… »
Le grand brun ne se retourna pas, il avait envie du hurler sa douleur mais rien ne pas à sortir de lui à part sa respiration étouffée alors que ses yeux se maintenaient difficilement ouverts sous l’effet de sa douleur intérieure…
William restait accroché à la porte de la chambre, a peine posa-t’il le regard sur sa défunte mère que ses jambes s’effondrèrent, il retira sa perruque et laissa couler des larmes de ses doux yeux bleu.
« Mère…non…pas vous…pas maintenant… » Robert murmura faiblement ces mots entre ses lèvres.
« Vous devez partir votre altesse. » Une voix retentie soudainement derrière Robert, ce dernier ne se retourna pas, restant à genoux, le visage grave et figé devant la dépouille de sa mère dont il tenait encore la main glacée et flétrie par l’âge.
« Votre Altesse, vous devez partir. »
Robert se crispa, comme un retour soudain à la réalité, il lâcha la main de sa mère : « Qui…ose? »
« Je vous en prie votre altesse, nous devons nous occuper comme il se doit de votre mère. »
Robert, soudainement reconnue la voix, il se leva silencieusement, son poing tremblant, il fit un demi-tour pour remarquer le serviteur royal debout en position d’attente.
« Votre altesse, laissez-nous préparer dignement votre mère. »
Le jeune héritier craqua, il se jeta sur le serviteur avec rage mais ce dernier esquiva sans encombre et Robert manqua de trébucher sur une commode en bois précieux.
« Je vous en prie votre altesse, calmez-vous, la procession religieuse doit s’achever pour le besoin de purification du corps de sa majesté. »
Robert, ivre de rage, se jeta à nouveau sur le serviteur, ce dernier poussa un léger soupir. Il bloqua le poing du jeune prince et saisi avec adresse son avant-bras pour le plaquer au sol sous le regard tétanisé de la foule de prêtres et du jeune frère William.
Des gardes impériaux débarquèrent dans la pièce :
« Gardes. Raccompagnez son altesse le duc d’Hampsire et son frère, le duc de Kent vers leur appartement je vous prie, faites en sorte qu’ils ne manquent de rien.»
Robert se débattait comme il pouvait mais il sentait que son adversaire le maintenait solidement le bras de sorte qu’un mouvement trop violent de sa part le lui fasse craquer le bras.
« LACHEZ MOI ! LACHEZ MOI SUR LE CHAMP ! », les gardes virent récupérer le jeune prince et son frère pour les extraire de la chambre de force et refermèrent la porte derrière eux.
« Bon, messieurs, continuez, faites cela proprement je vous prie. J’ai un rapport à livrer alors ne perdez pas de temps. » le serviteur remis doucement son col à l’endroit.
Parlement du grand Londres, 45 minutes plus tard :
Au sein du parlement, les voix fustigeaient de toutes part dans un brouhaha incompréhensible, les députés s’invectivant les uns les autres alors que le crépuscule semblait déjà jeté sur la grande capitale.
« Vous êtes tous des incapables ! Des minables vissés à un pouvoir nécrosé par l’incompétence et l’abandon ! Nos colonies tombent les unes après les autres ! Notre armée est exsangue et des bataillons entiers désertent ou se mutinent ! C’est cela le règne de votre grande reine ?! »
« Lâches ! Vos propos vous mèneront droit à l’exécution ! Vous abandonnez notre reine alors qu’elle a plus que besoin de ses serviteurs ! »
« Ne me faites pas rire Rupher ! Regardez-vous dans une glace ! Vos décisions si « éclairées » et « réfléchies » nous ont amené à une série de débandades de nos troupes sur le front Américain ! Vous avez même été foutu de conclure un armistice dans les terres de l’extrême nord avec les Français ! Avec ces mangeurs d’escargots ! N’importe quel nuisible des égouts dispose de plus d’honneur que vous ! »
« Traitres ! Vermines ! Attendez de voir que l’autorité impériale vous condamne à mort ! »
L’agitation atteignait des proportions incommensurables : les députés loyaux étaient depuis un moment minoritaire dans l’assemblée et l’opposition redoublait de férocité pour dégager les Victoriens loyaux et faire plier la politique impériale en lui faisant suivre un chemin plus vertueux selon leur propre vision de la situation.
A plus d’une occasion, les rixes verbales faillirent se terminer en lynchage collectif voir en massacre, tout cela uniquement empêché par les gardes impériaux qui furent assignés à la sécurité de la chambre des lords, autant pour les protéger de l’extérieur que d’eux même.
Le papier volait dans la salle et plus personne ne se comprenait, la politique impériale semblait définitivement fracturée et la fausse unité envers le pouvoir royal s’étiolait à une vitesse fulgurante à tel point que plusieurs tentatives de coups d’Etat furent fomentés conte le pouvoir mais toutes échouèrent grâce au soin des protecteurs de l’ombre de l’empire.
Au dernier étage de la grande salle, se tenait seul, les bras croisés une silhouette imposante observant le capharnaüm se déroulant sous ses yeux.
Caché dans la pénombre, seul une partie de sa moustache et de sa cane en ivoire et bois précieux étaient reflété par une source de lumière provenant de la chambre des parlementaires.
« Approchez, mon ami. », un autre individu sortit de l’ombre et s’approcha de la rambarde, le serviteur royal apparu :
« C’est fait Sir. »
L’interlocuteur restait immobile « Aucune interférence ? »
« Un des enfants royaux qui a réussi à se recueillir au chevet de sa mère mais rien de quoi se préoccuper rassurez-vous. Nos hommes ont fait un travail formidable, il n’y a plus aucune trace. »
L’homme réagit en baissant légèrement la tête, soupirant discrètement.
Le serviteur fut concerné « Vous doutez ? je puis vous assurez que… »
« Comment l’ont-t-ils su ? »
« Quoi ? »
« Aucune information n’est censée avoir filtré du palais. J’ai fait en sorte que cette bâtisse soit isolée à un tel point que le moindre courant d’air de l’extérieur soit contrôlé avant de pouvoir pénétrer l’établissement. Alors COMMENT ? »
« Sir…vous connaissez les turpitudes du Duc d’Hampshire…il n’a pas vu sa mère depuis un long moment, je ne pense pas qu’il y ait à déb.. »
« Il n’y a pas de hasard. Son emploi du temps était connu de nos services, rien ne pouvait lui en extraire, pas même une attaque sur la capitale. Vos hommes m’ont assuré que les enfants de la reine n’apprendraient la nouvelle que le lendemain. Vous m’aviez assuré qu’aucun détail, pas même minime, ne sortirait de cette chambre. »
Son interlocuteur fut pris de court mais se ressaisis rapidement : « Sir, je puis vous assurer que tout le personnel a été soigneusement mis au pas sous la supervision de nos meilleurs éléments. Rien n’a dérivé d’un iota, j’en ai été témoin depuis le début de l’opération. Nos équipes sont…. »
La silhouette coupa son interlocuteur avec une voix grave tenté de colère : « VOS équipes Howard. Il me semble vous avoir assez facilité la tâche pour l’accomplissement de votre mission : maintenir un verrouillage total sur le palais et de surveiller le personnel avec ce que vous avez désigné comme des « infaillibles ». Venez-en à la bonne conclusion je vous prie. »
« Vous pensez que nos services ont été infiltrés ? »
« Je ne pense pas, je suis sûr. Désormais, mes doutes sont confirmés. Quelqu’un à réussi à faire avancer ses propres pions sur notre échiquier, cela n’augure rien de bon. »
« Mais…q.. »
« Qui ? J’ai ma petite idée mais elle doit murir encore un peu pour devenir une conviction.»
« Y a-t-il une quelconque perturbation pour l’opération à venir ? »
« Non, aucune. Gardez le contact avec les cellules et gardez les directives en place, si quelqu ‘un d’extérieur est au courant, il profitera de la moindre faiblesse pour s’infiltrer. Ne leur faisons pas ce cadeau. »
« Mais Sir, si ce quelqu’un a réussi à s’immiscer dans nos affaires, cela veut dire que…elle est au moins aussi puissante que nos forces…c’est imposs.. »
« Ressaisissez-vous Howard. Rien n’est impossible en ce monde…le grand architecte à parfois des pensées que nous ne pouvons traduire, il nous met à l’épreuve…sans aucun doute, il demande de ne pas relâcher notre vigilance. Un autre loup est entré dans le terrain de chasse et celui-ci n’obéi pas à nos préceptes. »
Le valet royal repris son souffle, tentant par tous les moyens de désamorcer la tension ambiante « Quel est ma mission ? »
« Commencez par passer au peigne fin tous les agents assignés à la surveillance de la famille royale, tous les membres des chevaliers de la garde impériale affilié à nos services. J’enverrais de l’assistance sous peu. Il est fort probable que ces intrus soient aussi appliqués que nous dans la maitrise du flux mystique. »
Il sentit comme un flash dans son esprit : « Vous pensez qu’elle…? »
« Peu importe. Ses jours sont comptés, j’ai engagé mes meilleurs éléments pour disposer de sa personne. Le débat est clos. » l’homme mis sa main dans sa veste et en sortit un petit cylindre scellé « En attendant, faites parvenir cette circulaire à notre loge de Westminster, nous allons devoir accélérer certaines de nos opérations. »
Il tendit sa main avec le cylindre dans son creux, son interlocuteur l’empoigna fermement et respectueuses.
Les deux hommes se sérères dans les bras, l’homme de l’ombre chuchota au niveau de l’oreille, « Semper Occultus… », le serviteur répondit « …et lumen venerari. » « Ave ! » s’exclamèrent tous deux à voix basse.
Ses instructions en main, il s’éloigna de la rambarde :
« Howard, il n’y aura pas de seconde chance. Prenez en note. »
Cet avertissement le fit s’arrêter un instant, son visage d’apparence inflexible prit une mine plus grave et il pressa rapidement le pas.
L’homme sortit de sa pénombre et descendit vers le rez-de-chaussée, les gardes à l’entrée menant à la salle des parlementaires lui ouvrirent les portes en silence puis les refermèrent derrière lui.
Les cris et injures s’étaient transformés en aboiement et vociférations, alors que certains députés s’étaient levés pour en venir aux mains. Le papier volait dans tous les sens et l’ordre ainsi que la bienséance impériale semblait n’être qu’une lointaine illusion.
L’homme pris sa cane en main et tapa trois coups secs sur le sol.
« TAK TAK TAK »
Un silence de plomb s’abattit sur la salle, les députés qui s’invectivaient s’arrêtèrent soudainement, comme foudroyés...
Ils ramassèrent les papiers sur le sol et se remirent en ordre sur leurs bancs.
La figure imposante s’avança silencieusement vers le pupitre central et se racla la gorge : « Messieurs, commençons. »