La légende des énokiens: L'empire monde-Chapitre d'Arkhan

Chapitre 3 : Une capitale en deuil/ Chapitre 1 de l'univers étendu

23058 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 19/03/2021 22:56

Centre principal de Scotland Yard, 2 semaines avant la cérémonie :

« 30000 de nos agents déployés sur le parcourt avec un supplément de 10000 effectifs disposés tout autours des quartiers adjacents pour filtrer et contrôler, vous aurez aussi le CTIG (Counter Terrorism Intervention Group) et du LSSU (London Special Security Unit) qui se tiendront près avec des opérateurs déjà déployé dans les points clés. »

Le briefing avait lieu dans la plus grande salle de réunion du bâtiment de Scotland Yard .

Posé sur une grande estrade, le jeune commandant Harper de la police du grand Londres présentait sur un immense tableau d’où était représenté la carte de la capitale et le trajet de la procession devant ses subalternes, des officiers de la police des différents quartiers ainsi qu’à des représentants militaires de l’armée impériale.                                                                                                                                          A ses côtés, Sir James Connelly, commissaire de police et chef de la police à Londres : Un homme dans la fleur de l’âge, l’air sérieux et imperturbable, marqué par des années de service militaire et de devoir envers la couronne, le regard incisif et tranchant et le visage marqué d’une vilaine cicatrice au niveau du nez.         

« Le CTIG mettra son poste de commandement mobile ici. » il pointa le tableau ou une ampoule lumineuse de couleur s’alluma dans le secteur situé au sud de la Cathédrale. Une autre ampoule s’alluma pour désigner la zone de déploiement des unités spéciales de la police pour sécuriser les alentours du bâtiment religieux.      

Un colonel de l’armée pris la parole : « Je vois que vous avez obtenu l’autorisation de couvrir le secteur de la cathédrale, grand bien vous en fasse…disons qu’il s’agit d’une erreur de diagnostic. » annonça-t-il de manière méprisante, Harper bégaya un instant puis repris «Hum…nos dirigeables de surveillances seront placés de sorte à former de multiples cercles au sein de la zone délimitant la procession, nos unités mobiles au sol s’assureront de l’arrêt complet du trafic routier sur un large rayon de 10 km, en synchronisation avec la cavalerie impériale comme convenu… » Les représentant militaires impériaux semblaient tantôt pouffer sous le manteau d’un rire moqueur, tantôt exprimer du mépris par expressions faciales et gestuelle de désapprobation certes discrètes mais manifestes. Le commandant continuait de présenter le dispositif mais était légèrement perturbé « euh…hum, nous serons bien sûr en contact permanent avec le personnel militaire impérial et leur offriront pleine et entière coopération… »

Le lieutenant-général Grant, chef des opérations de sécurisation de la capitale se leva, l’air grave « Vos unités seront-ils effectifs en cas de détection d’EEI ? »                                                                    

   «euh…de qu…ha bien sûr ! Nos unités sont parfaitement formées à la maitrise des engins explosif improvisés et de tout arme artisanale explosive, chimique ou bactériologique. Le commandant Morrison, chef du département de lutte contre les menaces chimiques, bactériologiques et explosives est présent ici même et répondra à toutes vos questions. »

Grant interpela le commissaire Connelly du regard, ce dernier se tourna vers Harper : « Continuez sans moi commandant. », il murmura rapidement et discrètement « Ressaisissez-vous fils, ne vous laissez pas intimider. » 

 Il descendit de l’estrade, le général fit lui aussi signe à ses officiers et se retira.                     

 Les deux hommes se dirigèrent vers une salle isolée à proximité de la salle de réunion.


Conelly ferma la porte derrière lui, Grant posa sa casquette de général sur une table et se passa la main sur son visage en signe de soupir.                                                                           

  « Pffff…Connie…c’est quoi ce foutoir ?! Tu peux m’expliquer ? »

 « Qu’est-ce que vous insinuez général ? vous pensez que mes hommes seront démunis en cas d’attaque terroriste ?! »     

« Toujours autant de rancune à ce que je vois…écoutes : Je sais ce que tu penses encore de ce qu’il s’est passé ce jour-là…mais cesse de laisser un événement vieux de 25 ans t’embrumer l’esprit ! On parle ici d’autre chose que de simples querelles intestines ! »

« Mes hommes sont parfaitement formé à la sécurisation et au maintien de l’ordre, nous n’avons d’ordres ni de leçons à recevoir de quiconque. Vos hommes ont leurs procédures, les miens ont les leurs, nous nous sommes mis d’accord avec la cour impériale, il n’y a pas lieu d’avoir discutions. »

Grant s’essuya les yeux, l’homme de 70 ans était robuste, les cheveux bruns cours et bien peignés, un visage grave et carré, marqué par des années de services dans l’armée à atteindre le haut de l’échelon : « Connie…tes hommes n’ont jamais participé à une opération d’une telle ampleur, le pouvoir royal n’a eu que faire de prendre en compte les diverses distorsions qui ont pourri la police et sa noble institution depuis des années…qu’a-t-il fait comme opération militaire ce Baker, et qu’en est -il du reste de tes hommes ? T’a déjà oublié ton service en Afghanistan ?! »

« Allez droit au but général. »

« Tu dois convaincre son altesse royale de laisser les pleins commandements à mes forces, nous avons encore le temps de réorganiser les unités afin de garantir la meilleure sécurité possible à la cour. »

« Vous contestez un ordre royal direct ? Savez-vous ce que ça signifie ? »

« PUTAIN, CONNIE !!! Mes unités ont accompagné sa majesté depuis des années, des siècles ! La police que tu commandes aujourd’hui n’a rien à voir avec celle qui fut il y a 20 ans, accepte de le voir ! Je cherche à honorer mon devoir de serviteur en la couronne, comme toujours depuis mon engagement, j’ai fait état personnellement de tes hommes sur le terrain, ils ne sont pas prêts pour ce qu’il pourrait advenir ! Ce ne sont pas tes unités spéciales qui pourront y remédier, crois-moi !                                                                                                              J’ai plus de 10000 membres des forces spéciales prêt à être déployés, ils travailleront en synchro avec les tiens. Si tu ne me fais pas confiance, fait confiance en ma réputation et les moyens qu’il y a derrière, tu es l’un des seuls qui me connaisse aussi bien pour savoir que ce n’est pas du vent ! »

« Mes hommes connaissent parfaitement la zone et la sécurisation Général. Mes officiers correspondront avec les vôtres comme il fut prévu, je vais faire en sorte d’oublier ce que vous venez de me présenter. », le commissaire tourna les talons et se rendit vers la sortie « Maintenant, si vous voulez bien m’excuser, j’ai un briefing à faire à mes officiers…vous de même à ce que je sache. »                                                                                                    

Le général remis en place sa casquette sur la tête, l’air dépité : « J’ai tellement de regrets de l’ancien temps Connie… j’aurais voulu que tu entendes raison…tu es d’un autre temps, comme nous tous, notre monde va entrer dans une nouvelle ère et beaucoup ne pourrons y faire face…il ne reste plus qu’à enterrer l’ancienne époque et notre souveraine avec. »                                

  Le commissaire sortit sans se retourner, Grant resta un moment dans la salle, il sortit un communicateur de poche et l’activa :

« Sir, il a refusé. Il ne reculera pas. »                                                                                                         

     « Très bien, alors procédez comme prévu. Mes services s’occuperont des « preuves » et du reste. Semper Occultus général. »                                                                                                                                                                                      

   « Semper Occultus », Grant rangea le communicateur dans sa veste puis sortit également.

Au recoin d’un couloir, la jeune inspectrice de la police, Eleanor Davies observa les deux hommes s’éclipser, elle tenait entre ses bras des dossiers avec un légère dose de stress et un rythme cardiaque accéléré, une voix derrière elle l’appela soudainement : « Inspectrice Davies ? Vous êtes là ? »                                                                                                                                     

       La jeune femme de 33 ans se figea un instant : petite brune mince aux cheveux courts attachés, les yeux doux à la belle couleur de noisette, les nombreuses taches de rousseur de son visage accompagnaient sont aspect tenté de timidité et de sensibilité exacerbée qui cachait une fine analyste et un très grand potentiel d’enquêteuse imbibée par la bureaucratie impériale.

Elle se retourna au bout d’un moment d’une manière vive, totalement improvisée et non naturelle : « Oui chef ! Je dois apporter rapidement au capitaine les dossiers sur le gang des éperviers ! » La soudaine réaction surpris son interlocuteur qui ne dit mot, Eleanor passa devant lui en regardant droit devant elle d’une démarche robotique accélérée et gênée.

« Bon sang…faut que j’arrête d’écouter aux portes moi… » pensa-t-elle. « …c’est quoi cette histoire de « preuves » ?...et p… », elle se donna une forte claque sur la tête : « Arrête d’y penser ! Concentre-toi sur tes dossiers ! Tu adores ça, les dossiers ! » pensa t’elle tout haut.  Les membres de la police sur son chemin la regardaient interloqués : « Elle à quoi Davies ? Elle a été réaffectée aux niveau 0 ? » s’esclaffa un officier « Noon…tu la connais…elle passe la majeure partie de son temps le nez fourré dans les archives et la paperasse…à force de passer du temps dans la poussière, sa a dû lui monter à la tête. » rajouta son interlocuteur en ironisant.   

   

Trafalgar Square, 1 semaine avant la cérémonie :                                                                                  

 Le centre de la place fourmillait de soldats impériaux installant barrages et points de contrôle militaires pour finaliser les préparations. Les civils étaient dans l’obligation d’emprunter des voies de communications délimités par diverses automates et les navettes/véhicules aériens étaient redirigés par la police de circulation et les sentinelles de surveillances de l’armée.

Dans l’un dirigeables bloqué au point de passage, le chauffeur tentait de négocier avec la police au barrage qui menait au Bâtiment de la National Gallery :                                                              

     « Désolé monsieur, le passage est barré, ordre direct de la couronne. Veillez-vous rediriger vers les voies secondaires. », énonça le policier au chauffeur.                                                                                                                                

Un officiel de l’empire au niveau du poste de commande du dirigeable se dirigea vers la fenêtre ouverte : « Que se passe t’il officier ? J’ai des passagers de première classe qui ont rendez-vous de première importance avec la directrice Violet Knight. »

Dans la cabine arrière du véhicule, des dizaines de passagers commençaient à s’impatienter : ces derniers étaient tous des peintres sélectionnés par la cour royale pour un emploi à plein temps au service de la couronne.

« Dépêchez-vous ! Nous allons être en retard pour notre entretien ! » se plaignait une passagère, « Nous n’avons pas envie de passer pour des gens irrespectueux, faites-nous passer ! »                                                                                                                                                          

 « C’est la folie en ville depuis la mort de la reine…même les haut dignitaires doivent recevoir des autorisations pour se rendre à certains lieux…vivement la fin »                                                   

   « Chuuut , tu es fou ?! Tu veux te faire arrêter par la police ?! On est en période de deuil, parle moins fort ! »                                                                                                                                                        

  Dans le véhicule, les jeunes peintres de talents étaient rongés d’impatience, consultants leur montre à gousset toutes les minutes pour certains.                                                                                         

  D’autres n’y faisaient pas attention : un petit groupe à l’arrière discutaient entre eux d’œuvres et de mouvement artistiques.

« Parait-il que les œuvres de William Mulready seront rapatriés d’Irlande, vous devriez les étudier ! Ces personnages…on dirait une représentation humaine du paradis, c’est magnifique ! », une autre interlocutrice réagit : « Je n’attends qu’une seule chose : le nouveau travail de John Everett Millais, sa nouvelle œuvre va être présenté en grande pompe le mois prochain mais apparemment, on va y avoir accès en avance, je suis tout excitée ! »                                                                                                                                               

  « Les impressionnistes m’intriguent…leurs travaux m’ont l’air intéressants, non ? »                             

   Une fille réagit vivement avec une moquerie douce : « Qu’est-ce que tu racontes ?! Ces couleurs floues et bariolés ? Tu as de ces gouts… »                                                                                                                                                     

    « Et toi, Francesca ? », demanda un jeune élève.                                                                                                  

    Il s’adressa à une jeune fille de petite taille aux longs cheveux châtains bouclés et aux yeux ambrés qui crayonnait sur un petit carnet des croquis, elle leva la tête : « Le japonisme m’intéresse beaucoup…la beauté de la nature, les magnificences des traditions…j’attends la prochaine exposition universelle avec impatience. »                                                                                                                                              

   « Parait-il que les premiers artistes pourront bientôt se rendre là-bas, j’ai hâte d’être sélectionnée ! Ce parfum d’autre monde, de mystères…j’en ais l’eau à la bouche ! » lui répondit sa camarade.                                                                                                                                 

 « Il y a déjà des documents qui nous sont parvenus : Ils ont un art intriguant…ils ressemblent tous à ça là-bas ? » Il sortit une copie imprimée d’une planche d’art d’Hokusai représentant des geishas et des nobles.                                                                                                                                         

     « C’est quoi ces tenues ??? Elles sont magnifiques ! On dirait des toges d’empereur ! »                        

  Francesca sortit à son tour une planche représentant le mont Fuji entouré de cerisiers en fleur : « Ce pays me fait rêver…toute cette nature…sa me rappelle les poiriers du domaine de ma mère…je verrais si la cour royale m’autorisera un voyage professionnel quand les relations seront instaurées entre nos nations. » sa camarade lui répondit « Le musée à acquis des œuvres d’extrême orient, on pourra toujours demander à les voir, tu n’imagines pas comment ceux d’Oxford vous nous envier ! »

La jeune Francesca souri, elle rouvrit son carnet pour continuer ses croquis de ses camarades.

A l’avant, l’officiel tapotait nerveusement sur le rebord de la fenêtre, un officier de police arriva à son niveau : « Toutes mes excuses Monsieur, vous pouvez passer. Madame Knight vous attend sur le point d’atterrissage. »

Le dirigeable passa le cordon de sécurité et alla se poser sur l’air d’atterrissage de la National Gallery.                                                                                                                                                                      

  La directrice du musée, Violet Knight les reçues à la sortie du dirigeable. Une grande femme de 55ans aux longs cheveux noirs et au regard incisif à travers ses lunettes rondes, habillé sobrement d’une tenue rouge distinguée.                                                                                                    

   « Mes salutations aux plus talentueux artistes de l’empire, nous avons beaucoup à discuter, jeunes talents de tous les horizons. Suivez-moi, nous allons discuter de beaucoup de choses importantes pour votre futur. »

Les jeunes talents, tout sourires, surexcités et stressés avancèrent vers l’intérieur du bâtiment, Francesca était également légèrement stressée : les réceptions officielles n’étaient absolument pas dans ses préférences même si elle y fut habituée à force de voir son talent louangé par les grandes institutions du temps où elle vivait encore en Italie.                                        

  Elle allait décrocher à cet instant, l’un des plus gros contrats de sa vie d’artiste.


British imperial University, Londres, 3 jours avant la cérémonie :                                                                 

 La journée venait de se clôturer pour les élèves inscrits en cour d’archéologie, Janet Hopkins, éminente professeure d’archéologie et experte des civilisations disparues achevait son cours sur la Dynastie Qin. Agée de 60 ans, des long cheveux bruns solidement noués et attachés derrière la tête, 1m 71 de charactère bien trempé, dévouée à son métier d’historienne-Archéologue :

«…et on attribua à l’empereur Qin, des pouvoirs surnaturels. Certains lui prêtaient le don d’immortalité et le pouvoir de contrôler les éléments. »     L’horloge à pendule sonna 18h, annonçant la fin de la journée d’étude.

« Bien, messieurs, mesdames, mesdemoiselles, je vous donne rendez-vous pour le prochain cours sur la Chine ancienne. Nous continuerons sur l’histoire de la légendaire armée de terre cuite de l’empereur dont quelques exemplaires nous sont parvenus et sont actuellement stockés au British Museum. Préparez vos carnets, je vous demanderais un solide compte rendu de l’ensemble de vos connaissances sur la dynastie Qin.»                                                                  

  Elle posa ses lunettes sur son bureau : « Désormais, soyons tous digne et droit dans nos tenues pour rendre l’hommage qu’il se doit à notre reine. Mettez à profil ces 7 jours de deuil National pour observer toute la grandeur accomplie jusqu’à maintenant par notre empire et n’oubliez pas de prendre votre plus beau costume pour la cérémonie. »   

Les élèves quittèrent un à un la classe, une poignée d’entre eux vinrent engager la discussion avec leur professeure.                                           Ils discutèrent de tous les sujets abordés dans ses cours, des jours d’évaluations et des potentielles places à gagner pour un voyage culturel organisé en Chine ancienne en collaboration avec les unités d’expéditions de l’armée impériale.                                                            

« Travaillez dur votre sujet en vue de la prochaine évaluation, nous verrons après qui d’entre vous gagnerons le droit de participer à l’expédition pour affermir votre thèse. L’armée impériale ne prendra que les meilleurs, rappelez-vous. Je vous souhaite bonne chance à tous. »                                                                                                                                                                                 

Les derniers élèves sortirent de la classe, la professeure rangea ses documents et sortit à son tour de la salle, elle passa rapidement devant de nombreux élèves dans les longs couloirs de l’institution qui discutaient de différents sujets d’histoire et d’archéologie.                              

  Elle passa devant un groupe                              

« C’est Madame Hopkins ? L’experte en civilisations disparues ? Il faudrait que j’aille la consulter pour des infos sur les citées Aztèques anciennes, parait-il qu’il va y avoir de nouvelles expéditions en Amérique du sud. »                                                                                          

   « C’est dans une zone de fortes tensions, et l’armée impériale n’est pas assez présente pour sécuriser les routes…PERSONNE n’a envie d’y aller Edwin. D’où ta eu ce genre d’infos sur les nouvelles expéditions ? »                                                                                                                                      

« Des rumeurs persistantes…mais j’y crois, j’ai bien envie d’aller m’installer là-bas un moment. »                                                                       « Va voir Lucero. » lui répondit un autre membre du groupe.                                                                       

    « Qui ça ?? »                                                                                                                                                           

 « Francisco Lucero, un explorateur Espagnol en freelance qui viens souvent donner des cours ici. C’est le meilleur expert de terrain avec qui j’ai pu discuter sur l’Amérique Latine, et c’est un ancien officier militaire. Tu ne pourras pas trouver mieux. »                                                                         

  « Pourquoi je n’en ai jamais entendu parler ? »                                                                                          

  « Il est plutôt discret…je crois même que la moitié des professeurs de l’institution ne savent même pas qu’il est là depuis 1 mois...c’est bizarre…pourtant il a sous-entendu plusieurs fois qu’il cherchait de nouveau un travail de terrain… »                                                                                  

« Et toi Lydia, tu en es ou de tes travaux sur les chevaliers de la table ronde ? »                              

« C’est bon ! J’ai enfin décroché ma place pour l’expédition en Cornouailles, j’enfile mon uniforme de membre du 11ème corps expéditionnaire impérial dès la fin du mois ! »                           

Ses camarades la félicitèrent chaleureusement.


Hopkins arriva enfin à son bureau du dernier étage, elle ouvrit la porte précipitamment et regarda immédiatement dans sa boite aux lettre personnelle : elle y vit une lettre estampillée du sceau du 20ème régiment de la cavalerie expéditionnaire de l’armée impériale, elle se précipita dessus et l’ouvrit.

Il s’agissait d’une lettre manuscrite :


A ma très chère épouse, Janet.

Je te prie d’accepter mes plus sincères excuses pour cette lettre qui arrive bien tard pour te délester du poids que je t’inflige par mon absence, j’ai reçu ta lettre sur l’entrée de notre fils au conservatoire de musique du haut collège impérial, dit lui que je l’aime et que je n’ai jamais été aussi fier en tant que père. Salue aussi les filles de ma part, je leur rapporterais de délicieux gâteaux aux dates.

Par ailleurs, je voulais te communiquer d’excellentes nouvelles :

 Nos forces ont réussi à sécuriser la partie nord-ouest de l’Irak et nous avons procédés à l’installation de dizaines de fouilles de sites archéologiques, et devine quoi ? Tu avais raison ! Nous avons découvert de nombreuses anciennes reliques et représentations murales d’êtres similaires à tous ceux découverts dans les autres sites secrets à travers le monde…te rend tu comptes ???                                                                                

Cela valide toutes tes théories sur l’existence d’une civilisation encore plus ancienne que les mésopotamiens ou les chinois !

Les pièces d’armures représentés sur les murs et les visages de ces « êtres » sont présents aux quatre coins du monde mais nous n’en n’avons jamais trouvé d’aussi détaillés et nombreuses que dans les sites du moyen Orient et de l’Asie Orientale, cela valide également ton analyse sur les « murmures des dieux »…un chemin obscur et tortueux que laissa une entité très ancienne apparu sur terre et qui aurait fondé son propre royaume dans le désert infini du moyen Orient, la synthèse de plus de 10 millénaires d’histoire !                                                                    

    Je compte revenir au pays le plus vite possible, le temps d’organiser les troupes et le ravitaillement sur place mais nos moyens sont faibles malgré notre ténacité et notre volonté.                                                                                                          

 J’en référerais à la haute autorité impériale dès mon retour et avec l’appui de tes analyses et mes recherches sur le terrain, l’institution ne pourra qu’accepter l’évidence : La « première civilisation de l’humanité » existe, et nous sommes sur le point de la découvrir !                             

     L’histoire s’écrit en ce moment Janet, est tu en fais partit, je n’ai jamais été aussi fier de nous.                

 Je ferais tout mon possible pour te revoir toi et les enfants le plus rapidement possible, qu’ils méritent enfin le bonheur et le prestige que tes confrères et l’académie ont tant rechignés à nous reconnaitre.

Je t’aime ainsi que toute notre famille.                                                                                                               

  Pour dieu et la reine.

Ton mari aimant et fidèle, Colonel Timothy-Lee Hopkins.                                      


Janet s’effondra à genoux et pleura des larmes de joie, son mari était en vie : elle ainsi que ses enfants commençaient à désespérer, à craindre le pire…elle fut enfin consolé après des mois d’absence de nouvelles et un espoir radieux naquit en son sein : celui de voir des années de recherches erratiques enfin aboutir.                                                                                                               

   Elle se releva doucement, avec précaution. Elle s’assied sur la chaise de son bureau et observa les photographies de ses enfants : « Votre vieux père revient et va enfin vous rendre fier de notre nom…merci mon seigneur d’avoir protégé mon mari. »

Eglise souterraine de la communauté de la « souricière »,en dessous du niveau 0, J-5 avant la cérémonie :   Profondeur estimée : 100 mètres sous la surface. 

« Pater noster

qui es in coelis

sanctificetur nomen tuum

adveniat regnum tuum

fiat voluntas tuas

sicut in coelo et in terra.

Panem nostrum quotidianum da nobis hodie

et dimitte nobis débita nostra

sicut et nos dimittimus debitoribus nostris

et ne nos inducas in tentationem

sed libera nos a malo

Amen »*

« Amen. » , une foule de personnes amassés dans l’église s’exclamèrent tous de manière enthousiaste tout en retenue. Les prêtres et prêtresses firent les gestes des sacrements primaires à la foule puis distribuèrent les rations hebdomadaires.

De nombreuses familles avec jeunes enfants firent la queue devant l’autel et reçurent un sac de tissu froissé contenant des victuailles en tout genre : céréales, fruits et légumes de la surface ainsi qu’un supplément cultivé dans les égouts, une maigre ration de sucre et quelques dizaines de grammes de viande de rat d’élevage, font de commerce qui permettait à la communauté de vivre et d'échanger avec les autres, d’où son nom.

Quand la dernière famille quitta la paroisse, le prêtre se laissa tomber sur un des bancs tournés vers l’autel, épuisé.                                           

  Une des jeunes sœurs vint à lui, une jeune femme aux longs cheveux blonds cachés sous sa guimpe**:                                                                                     

« Sœur Irène… les rations sont bien maigres aujourd’hui…la communauté risque de manquer de ressources de première nécessité rapidement avec tout ce qui se passe à la surface...et cette espèce de contagion se répand dans les souterrains et dans notre communauté.          

Nous allons devoir nous adapter et commencer le rationnement vers les plus nécessiteux et les malades. »       

Le prêtre, vieil homme de 69 ans, d’1m83 de carrure robuste aux cheveux et à la barbe grisâtre, plein de rides et des cicatrices se frotta le visage de frustration, la sœur répondit : « Soyez fort mon père…notre communauté a besoin de personnes comme vous en de tel temps de crise. »             

  L’homme restait sous l’effet « Notre communauté a réussi à subvenir à ses besoins jusqu’à il y a peu… la compagnie du capitaine Chestburry ne peut plus nous fournir à cause de la réorganisation…j’espère qu’ils ne craindront rien…si leur commandement s’aperçoit qu’ils font parvenir une partie des réserves vers les égouts, c’est l’exécution assuré… »                                                                                   

« Notre seigneur veille sur les justes mon père, nous prions chaque jour pour eux et pour leurs familles. » répondit Irène avec une voix rassurante et calme.                                                                                                                                        

Thomas croisa les mains : « La reine Victoria va être enterrée dans 5 jours…et vous savez ce que ça me fait ?...rien. Rien du tout…je souhaite juste que tout rentre à la normale… »                            

 « Je ne pourrais pas vous donner mon avis mon père…je ne l’ai pas assez connue pour m’exprimer sur elle… »                                     

      « Vous avez bien de la chance…c’est mieux ainsi… », elle fut intriguée : « Mon père ? » , Thomas acheva la conversation : «Peu importe, tout ça est derrière nous. Pensons d’abord aux nôtres. »                                                                                                                                                                

  Une none apparue devant eux : « Père Thomas ? L’équipe d’expédition est rentrée dans le périmètre, ils arrivent à l’entrée principale. »                 Le vieil homme se releva : « Merci ma sœur. Sœur Irène, allons les accueillir comme il se doit. »

                                                                                                                                                                  

 Les deux êtres de foi sortirent de l’église : Devant eux s’étala une immense cour baignée dans la lumière des lampes à pétroles et des quelques ampoules électriques accrochés aux parois de l’immense zone souterraine ou s’était établi la communauté.                                                   

  Il s’agissait d’une zone non rénovée de l’ancienne banlieue de Londres engloutie par le grand tremblement de terre de 1795 comme il y en avait des centaines sous terre et vaguement isolés par 5000 kilomètres de tuyaux de toutes tailles formant comme un immense corps gangréné de tous les côtés.                                                                                                                                                   

 La zone où se trouvait la communauté fut une ancienne place ouverte qui fut engloutie dans les souterrains et découverte presque intacte par les premiers membres de la communauté 60 ans après.                                                                                                                                              

   La zone était grande comme un petit village de campagne : des maisons ainsi que l’église furent remises sur pied par les 60 membres de la communauté et la place fut aménagée en cour de jardinage avec un potager.                                                                                                           

 Les deux personnes saluèrent les fidèles/ femmes/hommes et enfants qui retournaient la terre et récoltaient, plantaient des carottes, des pommes de terre, de la salade ou encore des radis et les arrosait avec de l’eau purifiée.                                                                                                 

 Un groupe de personnes entièrement équipés de la tête aux pieds d’une tenue de protection bricolée revint avec des sacs lourdement chargés vers le milieu de la place : « Voilà l’équipe de récupération, il était temps ! Notre réserve de fumier est presque à sec ! » s’exprima un des fermiers.                                                                                                                                                           

  L’un d’entre eux, équipé d’une sorte de cotte de maille de fortune déchargea des cages qu’il portait sur son dos d’où émanait un concert de couinements insupportables. 

                                                                                                                                                            

  « J’ai jamais vu une journée comme celle-là ! En moins d’une heure, j’en ai attrapé une bonne cinquantaine ! Ca continue de s’intensifier de jour en jour ! »                                         

 « Ce n’est pas bon de voir tant de rongeurs…j’ai peur que ce soit un avertissement… » s’inquiéta un autre membre du groupe.                                    

Le prêtre et la sœur saluèrent le groupe, le plus grand et imposant d’entre eux enleva son masque et s’avança : il révéla le visage d’un homme dur et massif ayant la trentaine, les cheveux noirs, le visage balafré d’une vilaine cicatrice, il prit la parole : « Mon père…comment va sœur Grace ? » il tenait un petit sachet emballé dans sa main, le prêtre pris une mine grave : « Daniel…je…son état est stable mais il ne s’améliore pas…il lui faut des soins et des médicaments adaptés, on a pas réussi à obtenir assez de sérum désinfectant. »      

  L’homme pris une mine grave et inquiète : « Mon père, s’il vous plait… dites à Grace que je reviendrais aussi vite que je peux. »                                                                                                                               

  Il se retourna et se dirigea vers la sortie, le prêtre lui attrapa son bras.       

« Daniel ! On compte tu aller ?!».

L’homme répondit sans se retourner :                                                                                                                               

 « Au centre-ville du « Thames » pour trouver des médicaments pour Grace, je ne peux me permettre de la voir souffrir plus longtemps. »              Le prêtre insista : « NON, tu connais la règle : personne dehors après 20 h ! Nous faisons le maximum pour elle, je t’assure. »                                                                                                                     

 « Vous voulez m’en empêcher ? » menaça t-il d'un ton grave, le prêtre garda son sang froid: « Si tu disparais, tu risques de ne jamais la revoir ! Attend le lendemain, je ne peux autoriser une sortie solitaire qui risque de mettre en danger la communauté, tu ne te souviens pas des membres que nous avons perdus ?! Je ne veux pas que tu sois le prochain ! »  

                                                                                                                                                                    

 Irène s’avança au niveau de l’homme : « Ecoute Daniel, je prends soin de Grace tous les jours et je t’assure que sa condition s’améliore, notre père est un peu trop sensible. Je t’en prie, reste avec nous. Tu pourras partir demain à la première heure. »                                         

 L’homme se calma et se retourna sans un mot, il se dirigea vers le quartier des hommes et disparu.

« La communauté devient de plus en plus tendue père Thomas…nous n’allons bientôt plus avoir le choix…il va falloir organiser plus d’expéditions au centre-ville… »                                      

 « Pourquoi avoir menti sœur Irène…son état n’a cessé de s’aggraver en un mois…, je ne pourrai pas donner de l’espoir aux nôtres en leur édulcorant la vérité… »                                  

« Psaume 119: 28 – Mon âme fond de la lourdeur; Renforce-moi selon ta parole. Esaïe 40:31 - Mais ceux qui attendent le Seigneur renouvelleront leur force; ils monteront avec des ailes comme des aigles; ils courront sans se lasser; ils marcheront et ne faibliront pas. »                          

« Vous citez la bible…comment puis-je avoir la foi aussi forte que vous alors que les événements ne cessent de nous mettre à l’épreuve et nous font souffrir…bon sang… » , il chavira légèrement sur ses appuis, la sœur Irène le rattrapa.                                                                                     

 « Père Thomas ! », Irène soutint comme elle le pu le corps imposant du prêtre qui finit par se rééquilibrer, il la remercia.

« Je deviens vieux ma sœur…mon corps semble suivre le même chemin que ma foi en notre seigneur…peut être l’ai-je mérité. » dit-il en rigolant ironiquement et en se remettant à l’endroit.                                                                                                                                                        

  « Mon père…ce n’est pas drôle, vous êtes plus solide que vous ne pouvez le penser. Nous trouverons pour Grace et les autres, Daniel est trop volatile pour apprendre toute la vérité et vous le savez. »                                                                                                                                              

 « J’ai peur pour lui, il n’a jamais pu se raisonner lui-même... »                                                                                                                                          

 Irène restait optimiste : « Ayez confiance, le temps fera son effet. J’en suis convaincue. »                                                                        

 « Je vais consulter l’état de sœur Grace. Je ne veux pas que Daniel s’énerve alors que nous avons tant de problèmes à gérer… »                          

Le prêtre se dirigea vers le quartier des nones, il s’adressa à l’une des membres qui s’occupait de nourrir des poules dans un enclos : « Bonjour ma sœur, comment vont les malades ? »                                                                                                                                                  

« Père Thomas…, j’ai peur de constater que leur état ne s’améliore pas…même si mes sœurs tentent de garder une pudeur de gazelle sur la question, j’ai bien peur que nous n’ayons pas le choix : nous ne pourrons pas attendre la prochaine livraison, il va nous falloir des médicaments avant la semaine prochaine ou les cas les plus atteint ne tiendront pas…nous avons eu 2 malades supplémentaires il y a peu de temps…»                                                         

     Le prêtre serra fort sa main sur son chapelet « Ma sœur, est ce que sœur Grace a obtenu sa soupe et son médicament ? »

  « Oui mon père, sœur Eden est sortie il y a un quart d’heure de sa chambre, elle a tout bu et semble avoir repris un peu de force mais son état reste préoccupant, les médicaments tardent à prendre effet. Vous pouvez encore lui parler, elle est pas encore couchée.»

« Merci ma sœur. », elle rajouta :« Au fait, elle demande sans cesse des nouvelles de Daniel…nous essayons de lui changer les idées mais elle le demande sans cesse et elle vous le demandera à vous aussi…s’il vous plait…pour son bien, ne lui en parlez pas. Trouvez une excuse ou un récit, dites-lui qu’il ne s’est toujours pas rétabli…peu importe…je sais que ça la rendra malheureuse mais elle a déjà trop subi…inutile de lui en rajouter. »                                                                                                                                            

     « Il viendra de lui-même ma sœur…cet homme n’est pas du genre à se laisser intimider…je doute qu’il ait abandonné l’idée de la voir simplement parce que je lui aie sommé de ne pas la voir… » répondit Thomas.                                                                                                                                           « Son état est trop grave pour qu’elle puisse le supporter mon père…si elle recouvre sa mémoire…cela risque de l’achever…s’il vous plait. Pour une si jeune et innocente enfant, je veux que vous fassiez ce qui compte. Nous veillerons à la préserver de lui de notre côté, je vous demande de faire de même pour l’empêcher d’interférer avec elle le plus possible. Cet homme est une brute…il a failli blesser sœur Christine, j’ai peur rien qu’à le voir… »        « Nous ferons le nécessaire, ma sœur. », Irène s’inclina pour la saluer.

Les deux personnes se dirigèrent vers la chambre de Grace, une entrée en bois joliment décoré avec quelques pots de fleurs, des lettres de soutien et des prières de toute la communauté pour la plus jeune sœur, une fille âgée de seulement 13 ans.                                                                      Le prêtre toqua à la porte.                                                                                                                     

  « Ma sœur, nous venons vous rendre visite, pouvons-nous entrer ? » s’exclama sœur Irène.

« …Entrez... » s’exclama une douce voix d’enfant atténué par la maladie.                                                                                     

 Les deux personnes entrèrent dans une chambre éclairée par plusieurs lampes à pétrole et au milieu de la petite pièce, un lit dans lequel une jeune fille aux courts cheveux bruns avec une serviette imbibée d’eau fraiche sur le front.                                                                                                                                                                               

« Sœur Grace ? Nous voulions nous assurer que vous alliez bien…le…le père Thomas va vérifier votre état. » Irène fit un sourire de compassion que lui rendit faiblement la jeune fille, comme paralysée dans son lit.

« Mon père, ma sœur ? Avez-vous…des nouvelles de Daniel ?...est-ce qu’il va bien ?… »

Le prêtre tenait nerveusement dans la poche de sa soutane de fortune, le petit paquet que lui avait donné Daniel mais sa main était complètement paralysée, en plein conflit entre le risque de voir la petite fille plus attristée que nécessaire ou celui de donner encore plus envie à cette dernière de se rappeler de son lourd passé.

« Daniel…il… doit juste se reposer un moment pour récupérer sa forme ma sœur…ce n’est pas encore le cas mais il vous adresse ses vœux de guérison et… » Il maintenait le paquet dans sa poche, il finit par le laisser là où il était. « …sa confiance en notre communauté. », il acheva son discours.

La jeune fille souffla légèrement : « Je veux qu’il vienne me voir dès qu’il ira mieux ! »                          

 Thomas baissa légèrement les yeux, il semblait que la seule chose qui pouvait être fait pour le moment était de gagner du temps.

                              

« Sœur Grace, nous allons nous assurer que vous alliez bien…le…le père Thomas va vérifier votre état. » Irène fit un sourire de compassion que lui rendit faiblement la jeune fille, comme paralysée dans son lit.

Le prêtre passa sa main sur son front, il était brulant malgré la serviette mouillée, il pris son poignet et mesura son pouls : «… », il poussa un soupir d’exaspération discret.

La jeune fille tourna sa tête vers lui, « Mon père, vous pouvez me parler…je suis prêt à entendre ce que vous avez à dire. », la jeune fille, malgré son état de faiblesse, gardait la tête haute et refusait de céder à la maladie .                                                                                       

      Sœur Irène ne put retenir une larme qui coula doucement de sa joue.                                                          

 La jeune fille pris la main du prêtre, le visage marqué par un mélange de fatigue et de compassion : « Père Thomas…s’il vous plait… »                                                                              

  Le vieil homme se sentait démuni : « Est-ce que vous sentez vos membres ? »                                             

« Je sens votre main…mais mes jambes me portent de moins en moins…j’arrive à peine à sentir les draps qui les recouvre et le matelas qui les soutient… «…je…est-ce que la nourriture… »                                                                                                                

La jeune fille sourit : « La soupe est délicieuse mon père, nos sœurs sont les meilleures cuisinières de tout Londres ! » s’exclama t’elle à haute voix avant de ralentir à cause de la maladie qui l’affaiblissait.                                                                                                                

   « Sœur Grace…je vais vérifier l’état de vos jambes…voir si...l’état… »                                                             

« Allez-y mon père, je n’ai pas peur. »                                                                                                    

 Le père Thomas enleva délicatement le drap qui couvrait les jambes de la jeune fille, il révéla des jambes couvertes de bandeaux et d’herbes. Il défit avec tout autant de délicatesse les bandeaux.

Il se figea soudainement, arborant une expression de stupeur.                                                                       

 « Dieu tout puissant. »                                                                                                                                               

Sœur Irène ne put se retenir, elle s’effondra à genoux en larmes.                                                            

Une grande plaie bleu-violette recouvrait en bonne partie la jambe de la jeune fille, une plaie qui avait très rapidement progressé en seulement quelques jours : de la nécrose.                                                

             

  Le père Thomas ressentit un immense mal intérieur, incapable de parler.                                      

 Sœur Irène s’approcha de Grace, le visage mouillé par les larmes.                                                                      

  La jeune fille avança sa main, comme pour inviter Irène à la prendre : « Ma sœur, mon père…prions ensemble, que notre seigneur nous guide et nous accompagne dans cette épreuve, nous tous et ceux qui sont atteints de cette pestilence… »                                                                                                                                                 

Les deux personnes s’agenouillèrent et joignirent les mains à celle de la petite.

« Seigneur Jésus, quand tu parcourais notre terre, on t'apportait les malades, et toi, tu leur imposais les mains et leur rendais la santé. Moi aussi, je viens vers toi, te prier pour mes proches, durement frappés par la maladie. Aie pitié d'eux, adoucis leurs souffrances, et si telle est ta volonté, rends-leur la santé. Incline leur cœur à la prière, pour qu'en communion avec toi, ils aient la force de tenir dans l'épreuve. Quant à nous, inspire-nous de les entourer toujours de soins et de tendre sollicitude. Amen. » 

                                                                                                                                                                    

Le petit groupe resta silencieux un instant, les mains jointes, ils murmuraient des paroles d’espoirs et de guérison continuellement.           

  « Merci…je n’ai pas peur…je sais que vous êtes là, pour moi comme pour nous tou… », elle toussa brusquement.                               

   « Gardez de la force jeune fille, vous devez vous reposer. » le père Thomas rehaussa doucement la couverture au niveau de son cou.                « …je crois que je vais dormir un peu…dites à Daniel que je l’aime et qu’il me manque… »                                                          

   Irène et Thomas quittèrent la chambre, encore sous le coup de l’émotion : « Cet enfant est une réelle battante, j’aimerais être aussi optimiste qu’elle ma sœur. » Thomas ne pouvait ignorer la maladie qui gagnait du terrain mais était réellement impressionné de la mentalité de Grace .                        Irène quant à elle, ne disait rien, durement marqué par la condition de la jeune fille.                                    

« Ma sœur, voulez-vous reposer ? je peux m’occuper des malades en attendant… »                    

 Irène leva sa main, les larmes coulant toujours de sa douce joue en peau de pêche : « Non…non, je peux continuer… »                                     Les deux se dirigèrent vers les chambres des autres malades quant ils se firent interpeller par un homme au loin qui courait dans leur direction : « ..est parti ! Daniel est…»                                        

Le prêtre vit l’homme trébucher à quelques mètres d’eux, Thomas et Irène coururent vers lui : « D…. Daniel… » l’homme avait le visage en sang et couvert de bleus.                                          

« Bon sang, Eric ??? Qu’est ce que tu as au visage ???», Irène appela les autres au secours :                        

 « Il nous faut de l’aide, vite ! On a un blessé ! »                                                                                                                        

Le prêtre constata que les blessures ne furent pas causées par la chute, étant trop importantes et nombreuses.                                                                                                                                                                 

  « Eric…ton visage…on t’a frappé, c’est Daniel ??? »                                                                                         

    « Dani…el, il est parti…il a emmené un groupe avec lui…ils vont vers le « Thames », j’ai essayé de le raisonner… »                                                                                                                                       

  L’homme s’évanoui, Thomas resta sur place pendant que les sœurs se ramenaient avec une trousse médicale et de l’eau.                          

  Irène vint la première à lui et rapporta de l’eau dont elle imbiba une serviette avant de la passer sur le visage de l’inconscient.                                                                                                       

   « Le brancard arrive, on va le transporter dans une chambre ! »                                                                     

   Elle se retourna vers le prêtre qui semblait se retenir d’exploser de colère : « Mon père…est-ce qu’il a dit qui lui a fait ça ??? »                            « A votre avis… », répondit-il sèchement.                                                                                                           

  Thomas se leva et transporta l’homme vers le brancard qui l’achemina rapidement vers le centre des soins.                                                                                                                                                

  Le prêtre sera le poing et alla rejoindre le quartier des blessés : « Postez plus de gardes à l’entrée, qu’ils me fassent signe quand il reviendra, il devra répondre de tout ceci. »                               

     Il leva les yeux au ciel : « Que le seigneur le pardonne pour ce qu’il à fais…car je risque de ne pas pouvoir le faire. »

*Notre Père

qui êtes aux cieux

que Ton Nom soit sanctifié

que Ton règne vienne

que Ta Volonté soit faite

sur la terre comme au Ciel

Donne-nous aujourd'hui notre pain de chaque jour

Pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés

et ne nous laisse pas succomber à la tentation

mais délivre-nous du Mal

Ainsi soit-il


**Sorte de capuche faisant partie des tenues traditionnelles portées par les nonnes.


Quartier de Westminster, boutique “Harry’s Clockwork”, boutique de réparation d’horlogerie de précision situé à 200 mètres de la cathédrale, J-2 avant la cérémonie :                                                          

                                                       

        St Matthew Streets était bloqué de tous les côtés, les barrages étaient installés aux deux entrées de la rue. La rue, bien que petite, était un incontournable pour la haute bourgeoisie en recherche d’un réparateur de qualité pour un prix abordable.                                                         

   La porte de « Harry’s Clockwork » s’ouvrit et le son d’une petite clochette sonna pour l’annoncer, un jeune homme de 17 ans habillé dans un manteau soigné et de bonne facture, tenant un petit paquet se présenta au comptoir.                                                                      

   L’homme au comptoir salua son visiteur : « Quelle bonne journée aujourd’hui, n’est-il pas ? » , le jeune homme tendit sa main de manière hésitante : « Plus pour longtemps, la tempête approche. »                                                                                                                                                         

    Les deux se serrèrent la main un instant dans une démarche bien choisie. L’homme au comptoir se rendit vers la porte d’entrée et la ferma à clé puis retourna le panneau « Ouvert » à « Fermé ».

« T’est en retard. »                                                                                                                                                   

« Il ont intensifié les points de contrôle, vous ne savez pas à quel point j’ai dû faire des détours et donner de ma poche pour qu’ils ne déballent pas le paquet… »                                                                           

  « Ta de la chance. Ils sont trop occupés en bas pour s’en rendre compte. »

Les 2 hommes se rendirent vers le sous-sol, ils se retrouvèrent dans une salle de stockage entièrement remplie de pièces et rouages d’horloges rangées un peu partout.                          

  Ils se dirigèrent vers un mur sur lequel était accroché une dizaine d’horloges de toute facture, il interagit avec l’une d’entre elle.

Le mur devant eux s’ouvrit, ils s’engouffrèrent à l’intérieur. Les deux hommes, arrivèrent ou bout de quelques mètres dans une salle occupé par de nombreuses personnes en train de manipuler des armes, des explosifs, des unités mécaniques démontées et des tenues de soldats impériaux sur une grande table.

Un homme robuste à moustache et barbe fournie arrêta de manipuler son fusil automatique Enfield 7.77 : « T’a ce qu’on a demandé ? », le jeune homme tendit son paquet il le déballa, il en sorti des cartes d’identification avec le badge impérial.                                                                 

    « Accréditation pour les niveaux 3 et 2, ça m’a pris du temps et pas mal de risque pour les obtenir, mes potes ont bossé dur et mon sergent a failli me choper… »                                         

  Il fut coupé par une jeune fille à lunettes aux courts cheveux noir d’encre qui bricolait sur un engin explosif, elle ne semblait avoir pas plus de 15 ans :

« T’a pas à t’inquiéter mon gars, y’aura du retour sur investissement !». La jeune fille, toute pétillante, donna un coup de coude à son voisin qui failli lâcher son arme qu’il nettoyait avec une mini-brosse : « N’est-ce pas « père » ? », son interlocuteur lui répondit avec humour : « Oui bien sûr, « jolie lapine » , tu as totalement raison ! », il lui sourit.

Le jeune homme restait debout devant la table, l’air un peu gêné, il finit par sortir une phrase : « Quand est-ce que je recevrais mes ordres ? »                                                                  

   L’homme à moustache répondit : « Louis ne t’a encore rien dit ? »                                                             

« Euh…qui ? », « Le Français ! » lui répondit à haute voix un membre de la table. « Non…toujours rien, à part que je devrais me tenir prêt le moment venu… il reste deux jours et… »                                                                                                                                                             

« Alors t’attend, t’a pas besoin d’en savoir plus. »                                                                                                  

 « Mais…je… », l’homme à côté de lui le regarda droit dans les yeux : « Tu t’engages, tu suis. Si t’en sais trop, ça risque de fuiter.»                        Le jeune homme se tut.                                                                                                                                         

La jeune fille aux lunettes sifflotait un petit chant d’oiseau tout en manipulant son engin bourré d’explosifs, elle s’adressa de nouveau au jeune homme « Tu verras, nous préparons une grande fête, ce sera génial ! Mais tu ne dois pas en savoir trop…c’est une surpr… »                             

 Soudainement, elle fut envahie d’une soudaine douleur et gémi : « Argh !.... » avant de lâcher le tournevis qu’elle tenait et de mettre sa main sur son œil droit.                                                                                                                 

« Merde ! C’est l’implant ! Il fait encore des siennes ! » Son camarade à proximité la récupéra dans ses bras alors qu’elle était chancelante et qu’elle avait de fortes convulsions, ses lunettes se brisèrent sur le sol : « Vite ! Le stimulant ! »                                                                                                                           

 L’un des hommes sortit d’une trousse, un produit d’injection et se précipita vers celui qui tenait la jeune fille, prise de convulsions de plus en plus violentes : « Sa manche, vite ! », il souleva la manche et injecta le produit : au bout d’une poignée de secondes, son corps cessa de se débattre.

L’une des membres se leva avec force et fit trembler la table : « Bon sang ! C’est la troisième fois en une semaine ! »                                                                                                                   

 Celui qui la tenait la releva doucement : « Shhh, du calme…tout va bien… » il susurra des mots doux à l’oreille de la jeune fille tout en lui caressant les cheveux.

La femme ne lâcha pas son invective : « Elle est trop instable ! Combien de fois je l’ai crié ?!! Personne ne m’écoute ! LA VIE DE MA SŒUR DEPEND D’ELLE, MERDE !!! »             

L’Homme qui tenait la jeune fille tenta de désamorcer la situation : « Je t’en prie Marilyn…on a déjà eu cette discussion… »                      

   La jeune fille ouvrait doucement les yeux et essayait de murmurer quelques mots, Marilyn posa les cartouches de munitions qu’elle tenait dans la main avec fracas : « Jenny n’aura pas à craindre l’instabilité d’une détraquée, je vais m’en assurer ! »                                                                      

      La jeune femme quitta la grande table et se dirigea vers la sortie, elle écarta l’homme au comptoir qui se tenait devant l’entrée dérobée.                                                                             


 « …Une vrai irlandaise… » souffla faiblement l’homme à moustache.

La jeune fille finit enfin par sortir une phrase audible : « J’ai mal à la tête…j’ai soif…», l’homme qui la tenait l’embrassa doucement sur le front : « On va t’apporter du thé…tu iras beaucoup mieux… »

Un autre membre prit la parole : « Marilyn a pas tort Frank…on l’a laissé fabriquer des explosifs de TNT par dizaines et alors que son implant mécanique déraille…on est obligé d’être au moins deux pour la surveiller 24 heures/24…ce n’est pas tenable…elle nous met tous en danger. »

La jeune fille demanda de nouveau de sa voix affaiblie ; « J…je vois rien…mes yeux…le brouillard…non…», elle recommença à gémir.


« Oh, oh… » se dit l’homme à moustache. Son porteur sortit rapidement une paire de lunettes de son sac et l’installa avec grande précaution sur son visage : « Voiiilà, voilà petite lapine…touuuut va bien… » elle se calma de nouveau.                                

                                         

Le jeune coursier restait figé, ne sachant pas quoi faire, L’un des membres de la table pris un paquet emballé et le donna au jeune homme : « Tient, déballe-moi ça chez toi à l’abri des regards et attend le signal comme prévu le jour J, on ne se reverra pas alors bonne chance mon frère. Sic Semper Tyrannis. » 

Le jeune homme réceptionna le paquet, l’homme au comptoir s’approcha de lui : « Désolé…on n’a pas vraiment le choix, il y a beaucoup de choses à gérer et les gens sont à cran…tout va changer d’ici peu de temps. » il posa sa main sur son épaule. 



« Tu t’y fera, fils. Bienvenu dans le nouveau monde. »                                                  

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