Maladresses de l’amour

Chapitre 2 : Heureux hasard

1957 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 04/10/2021 09:50

Deux jours plus tard Kate se promène en direction de la plage quand une femme lui rentre violemment dedans, sous le choc la femme fait tomber ses papiers et son sac à main. Elle ramasse ses affaires sans même voir que Kate se tient en face d'elle :


  • Excusez-moi, je suis maladroite...
  • Je sais, bonjour Simone.
  • Hey! Bonjour Kate, quel hasard de vous rencontrer ici! Vous n'êtes pas dans votre librairie aujourd’hui.
  • C'est mon oncle qui s'en occupe. Je sors de ma boutique parfois, vous savez, pour voir ce qui se passe dehors. Et vous alors, le tournage se déroule bien?
  • Oui, ça va. J'avais besoin d'une pause et d'aller faire un tour pour me retrouver seule.
  • Ah euh je vous laisse à votre solitude dans ce cas.
  • Non, attendez ! Restez, j'étais sur le point de venir vous parler du livre.
  • Ah oui, il vous a plu ?
  • Euh... Vous voulez qu'on en parle en marchant jusqu'à la plage.
  • Oui, pourquoi pas !
  • Super.
  • Donc, le livre ?
  • Il est vraiment beau, ce sont de jolies histoires. C'est exactement ce qu'il me fallait.
  • Ça me fait plaisir.
  • Il m'a beaucoup touchée. Comment faites-vous pour deviner ce que veulent les gens et savoir ce qui leur plaira ?
  • Je ne sais pas et puis ça ne marche pas tout le temps. Avec vous, c'était facile. Ce livre m'a redonné le sourire quand j'en avais besoin donc en vous voyant si triste et accablée, je me suis dit qu'il vous fallait de la joie.
  • Oh ça oui, de la joie, c'est sûr que j'en ai besoin! Mais je reste intriguée par votre facilité à cerner les gens, on dirait que vous avez lu en moi comme dans un livre.
  • C'est un peu ça. Pratique pour une libraire, non ? Il faut avoir ce genre de don pour savoir choisir un livre pour les gens.
  • J'aimerais avoir un don comme ça aussi.
  • C’est évident que vous en avez un! Quand vous jouez des personnages, vous devez savoir anticiper leurs réactions, leurs gestes et leurs tics. Ça compense votre maladresse.
  • Vous croyez. Je n’en ai pas l’impression.
  • Quand vous jouez une scène avec un homme par exemple, vous n’êtes pas maladroite, vous vous sentez bien non ?
  • Oui, quand je ne dois pas courir ou toucher un accessoire, ça va.
  • Vous compensez cette maladresse par votre talent.
  • Vous êtes si gentille avec moi, vous savez quoi je vous invite sur le tournage .
  • Ah.
  • Comme ça, vous pourrez voir mon talent en action.
  • Maintenant ?
  • Oui, allons-y dit elle me tirant par la main
  • Je ne suis jamais allée sur un tournage, ce sera une première pour moi. Dis-je les mains tremblantes et la poitrine battant plus vite que de raison en sentant sa main dans la mienne et sachant que je vais passer du temps avec elle.



***


En arrivant sur le tournage installé cette fois-ci sur la place principale du village, elle me présente en vitesse à l'équipe et aux autres acteurs. Nous nous asseyons un peu à l'écart, puis une maquilleuse arrive pour la préparer. Elle n'en a pas besoin, je la trouve parfaite comme elle est. J'aime les femmes qui savent rester simples et naturelles, mais là il s'agissait d'un film donc c'est autre chose.

Elle prend ensuite place sur une marque faite au milieu de la rue, je n'ai pas la moindre idée de quoi parle le film, mais l'ambiance est très sérieuse. À partir du moment où le réalisateur crie « action », plus personne ne prononce un mot. Seule dans ce silence de cathédrale, la voix de Simone raisonne. Elle est extraordinairement douée, bien plus que ce que j'avais imaginé.

Je ne vois plus qu'elle au centre du décor que fournis mon petit visage natal, la femme gauche et mal à l'aise de la librairie c'est complètement évaporée et c'est transformée. Son personnage ne semble pas très sympathique, mais je peux voir que Simone prend du plaisir à le jouer, son partenaire est sous son charme lui aussi, sans pour autant être déconcentré. Ils ont tous les deux du talent. Après tout, c'est pour ça qu'ils ont été engagés pour ce film.

Le réalisateur crié de nouveau cette fois un virulent « coupé » les deux acteurs sort du champ des caméras. Le réalisateur discute alors avec les techniciens. Simone reviens vers moi et sa maquilleuse en profite pour lui repoudrer un peu le nez. Puis elle repart aussi vite pour une nouvelle scène, toujours dans la même rue, cette fois il y a de l'action. Je vois bien qu'elle est moins sereine et confiante, je peux lire sur son visage de la peur, la peur de se blesser et de blesser les autres.

Quand elle commence à courir pour échapper à l'homme qui la suit j'ai le cœur qui s'accélèrent aurai-je peur pour elle, je ne la connais que depuis quelques jours et déjà je me fais du souci pour sa sécurité.


Quelques minutes passent et elle poursuit sa course, cela ne manque pas elle chute violemment aux soles, en voyant la grimace du réalisateur et du cameraman je comprends que la scène ne devait pas se passer ainsi.

La voyant au sol si fragile, j'ai envie de courir pour l'aider, seulement qui suis-je pour elle, pour intervenir et-puis je sens que le réalisateur serait encore plus agacé. Je l'entends jurer, et lancer des insultes à l'intention de Simone, il n'hésite pas à l'humilier devant tout le monde.

Pendant tout le reste de l’après-midi je la vois tomber heureusement que les chutes ne sont jamais très douloureuses physiquement mais les cris en public entament gravement son moral elle ne me sourit plus entre chaque prise, chose qui me réchauffait le cœur mais au fur à mesure que je vois sa joie s'effacer de son visage mon cœur souffre aussi. Je ne comprends pas comment elle peut supporter une telle méchanceté toute une journée et surtout de la part d'une personne qui l'a choisie pour être son actrice principale.

Quand elle revient s'installer à coté de moi je lui demande :


  • Pourquoi vous continuez à travailler dans ces conditions ?
  • Jouer la comédie est tout pour moi, c'est une part entière de ma personnalité, c'est aussi naturel que de respirer. Bien sûr le réalisateur est dur avec moi, l'ambiance est difficile parfois mais ça vos le coups pour avoir un bon résultat au final. Et puis ce n'est pas toujours comme ça, en général un tournage se passe bien. Pour ce film, les gens sont sérieux et stressé car il y a énormément d'argent dans sa production.
  • Je comprends personne n'aime perdre d'argent, mais là il vous traite comme si vous étiez une bonne à rien. Ne me dites pas que ça vous plaît de vous faire traiter de conne toute une journée.
  • Non, ça ne me plaît pas mais j'oublie vite les cris quand je me replonge dans mon personnage, puis Gérard gueule un bon coup pour faire sortir la pression et après il s’excuse. Aujourd'hui ce n'est pas mon jour, il lui arrive de s'en prendre aux autres aussi mais c'est jamais vraiment méchant. Une fois j'ai cru qu'il allait donner une gifle à son assistant alors que c'est son frère donc vous voyez, cela n'a rien de personnel.
  • Il semble très colérique.
  • C'est dans sa nature, quand il est venu me voir pour le rôle, j'ai hésité car il a vraiment une réputation d'emmerdeur, sinon il est très professionnel et ça lui a plutôt bien réussi, il a été souvent récompensé. Dit-elle avant de retourner auprès de son partenaire devant la caméra.



***

Sa journée finie, elle me demanda.


  • Vous voulez un peu marcher avec moi vers la plage on continuera à discuter
  • ....pou...pourquoi pas dis-je prise de cours elle veut passer plus de temps avec moi, à cette idée j'ai les mains qui deviennent moites et le cœur qui sauta un battement.
  • Enfin si vous n'avez pas autre chose faire dit-elle presque en me suppliante.
  • Non rien de prévus ce soir.
  • Allons-y, dit elle en me laissant passer en premier pour sortir de ses loges improviser.
  • Euh je …
  • Oui dites-moi.
  • Je... vous ... je comprends mieux pourquoi vous participer à ce film, dis je toujours troublé en marchant à ses coter et nous éloignant du tournage.
  • Comment ça ? Qu'est-ce que vous voulez dire ?
  • Je comprends pourquoi vous avez décidé de dire oui Gérard. L'histoire que raconte le film vous a touchés, ce n'est pas seulement pour l'argent, lui vous a choisi avant tout pour votre talent, pas seulement pour votre physique de femme fatale. Qu'est-ce qui me prend de lui parler comme ça.
  • Hhhh..... je oui..dit-elle rougissant un peu.
  • Je voulais dire par là que le talent compte plus qu'un beau visage non, dis-je sens plus osez-la regarder.
  • Certainement... c'est mon expérience qui m'a amené à ce film et dans ce village. Dit-elle reprenant sa couleur naturelle sa peau blanche comme neige fait ressortir ses taches de rousseur que j'ai envie de compter du bout des doigts.
  • Depuis combien temps vous jouez la comédie? Dis-je en reprenant mes esprits.
  • Fuuhhh, un paquet d'années ! Quand j'ai débuté on ne me proposait que des rôles de jeunes filles naïves. En vieillissant ça a changé j'aime varier les genres et maintenant j'ai la chance de pouvoir choisir les scénarios.
  • Attendez, comment ça en vieillissant ? Vous n'êtes pas vieille!
  • J'ai trente-huit ans, plus vraiment l'âge d'une demoiselle en détresse et cela me va très bien.
  • Ah, c'est autre chose de préférer des rôles plus matures que de dire que vous êtes vieille, dis je en arrivant à nouveau a la regarder dans les yeux .
  • Vous êtes trop gentille dit-elle gêner sûrement par mon regard pas des plus discrets.
  • Je peux continuer à vous trouver des qualités mais autour d'un verre. Je vous invite. Qu'est que tu fais Kate elle aime les hommes, c'est comme si je n'avais plus aucun contrôle sur les mots qui sortent de ma bouche quand je suis avec elle.
  • J'aimerais vraiment continuer à parler avec vous de mes aventures de tournage mais ce soir je suis trop fatiguée. Une prochaine fois peut être.
  • Pas de souci. Je vous raccompagnais à votre hôtel...
  • Euh en fait, nous y sommes déjà! Me coup-t-elle en me montrant la façade d'un immeuble aux pierres de cassis avec écris en grosse lettre lumineuse Hôtel Cassitel
  • Ah oui dis on je n'avais pas remarqué que nous étions revenus dans le village.
  • C'est vrai que le temps passe plus vite en compagnie d'une amie.
  • Oui dis-je en ravaler de travers ce mot ami.
  • Bonne soirée et à bientôt Kate.
  • Vous aussi Simone.


Je reste planté là aux beaux milieux du trottoir alors que je n'ai qu'une envie, la rattraper pour lui dire beaucoup d'autres choses qu'un simple vous aussi. Seulement le temps que je réfléchisse elle a disparu de ma vue. Je retourne alors à la librairie mon oncle m'y attend pour la fermeture .Je monte ensuite dans ma chambre, qui se situe juste au-dessus du magasin. Seule dans ce petit appartement je me prépare à dîner, oui je suis seul, mais Simone n'est pas bien loin dans mes pensées. Il faut pourtant que je l'oublie et que je la considère autrement que comme une conquête.





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