La forêt ensorcellée

Elanne passa la soirée dans sa chambre à ruminer. Elle avait, par précaution, fermé sa porte à clé car elle n’avait vraiment pas envie de voir ses parents adoptifs après ce qu’il s’était passé. Malgré tout, elle savait que c’était parce qu’ils l’aimaient, mais quand même, l’enfermer ne leur servira à rien ! C’est avec cette pensée qu’elle s’affala sur son lit, se laissant envelopper dans ses draps couleur paprika.

        La chambre d’Elanne n’était pas particulièrement grande, elle était constituée d’un bureau situé près de la porte, bien évidemment, il était impossible de s’y repérer car Elanne y laissait tout traîner. Au fond de la pièce, calé contre le mur, trônait son lit, il était à une place et fait de bois de chêne. Mais ce qui le rendait confortable, c’était les milles et un coussins qu’Elanne y avait installé. Pour elle, impossible de s’en séparer. Une petite table de nuit se trouvait juste à côté du lit, dessus, Elanne avait posé ses livres préférés. En effet, elle préférait les garder avec elle car sinon, ses parents adoptifs allaient les rager dans leur énorme bibliothèque et il serait impossible pour elle de les retrouver. Les livres étaient principalement des romans d’aventures mais quelques-uns étaient des documentaires sur les peuples du monde d’Endoy, c’était le monde qu’Elanne habitait. D’autres encore parlaient des Gogems et de leurs serviteurs les Garocs. Ces livres racontaient aussi l’histoire des Lines selon les sages de l’époque d’Elanne. Mais il était en fait impossible de savoir si ce qu’ils racontaient était vrai ou non.

La partie préférée d’Elanne dans sa chambre était sans contestation son armoire, où elle rangeait ses vêtements et, encore plus important, son carquois et ses flèches, l’arc était fait en bois de chêne bordé de jolies rayures dorées, la corde était fine et bien tendue, quand à la flèche, elle était faite du même bois que l’arc et au bout était installée une magnifique plume. D’ailleurs, ceux-ci étaient sans doute ses biens les plus précieux. « Mais pourquoi ne-puis-je pas m’en servir ? Si c’est pour les laisser pourrir ici à attendre que les Garocs nous envahissent, a quoi bon en posséder ? » pensa-t-elle.

        Elle s’assit sur sa chaise de bureau en soupirant et saisit un bouquin sur l’histoire des peuples, il était écrit :

        La terre d’Endoy, Royaume sacré.

        Elanne tourna ensuite la page délicatement et elle y lut :

        Différentes espèces peuplant cette terre :

1-     Les Lines :

Aucune reine. Spécialités : voler, jeter des sorts. Ce sont toutes des femelles. Environnement : forêt. Signes physiques particuliers : bonnet, ailes, vêtements en feuilles, pompons aux chaussures.

Les Lines sont de petites fées vivant dans la Litine, une forêt enchantée.

2-  Les Elfes :

Les Elfes sont dispersés dans deux forêts reconnaissables : Shanima et Shabila.

Elfes de Shabila : dirigés par Sa Majesté Galenne.

Elfes de Shanima : dirigés par le Roi Aluth.

Spécialités : tirer à l’arc, faisant preuve d’une grande agilité.

Signe physique particulier : oreilles recourbées en pointe.

        « Comment ça, oreilles recourbées en pointes ?! Ce qui n’est pas normal, ce sont les oreilles rondes ! » s’insurgea Elanne en ronchonnant. Mais elle continua tout de même la lecture :

3-  Les Dracs :

Espèces mi- hommes mi- dragons. Divisés en deux cités : Dracanord et Dracasud.

Dracs du Nord : dirigés par le Roi Draco, tous les mâles Dracs sont regroupés dans cette cité, stratégiquement plus proches de la Garone, la forêt des Garocs, pour protéger les femelles de Dracasud.

Dracs du Sud : dirigés par la Reine Draca, toutes des femelles.

Signes physiques particuliers : Armure d’écailles, ailes, cornes, tunique en cuir.

Spécialités : cracher du feu, voler.

4-  Les Hommes

Les Hommes sont divisés en deux Clans : les Falines et les Lornennes.

Falines : dirigés par le Roi Lybah. Spécialité : creuser dans les mines, ce sont des mineurs. Capitale du Royaume : Ine. Environnement : montagnes.

Lornennes : dirigés par le Roi Antars. Spécialité : nager et pêcher. Capitale du Royaume : Eranenne. Environnement : lacs et fleuves.

5-   Les Garocs

Les Garocs sont mi- orques mi- loups garous. Dirigés par : les Gogems. Environnement : forêt carbonisée : la Garone. Signes physiques particuliers : cheveux emmêlés, regard mauvais, crocs acérés, griffes tranchantes, haillons en guise de sous-vêtements.

6-   Les Gogems

Les Gogems sont des créatures faites de terre. Tous des mâles. Dirigés par le plus fort d’entre eux, organisation de duels. Environnement : grottes Gogemia. Signes physiques particuliers : feu sur la tête, petites pupilles et longs sourcils, épaulettes et armure, grandes dents, main flasque et visqueuse, grands pieds, blocs de terre qui tombent des mains, cible qui gère sa vie.

        Après avoir lu le texte, Elanne jeta un bref coup d’œil à l’illustration représentant les Gogems. Ils étaient vraiment hideux. Elle ne prit pas la peine de lire la fin du livre car elle s’était rendu compte qu’il était déjà tard, la nuit était tombée et le ciel était noir, il devait être au moins minuit.

        Elanne posa son livre sur sa table de nuit, cela fit un énorme bruit car il lui échappa des mains.

        Cela fit résonner le bruit de la chute dans toute la maison, Erlun et Amerline furent donc réveillés en sursaut et accoururent voir ce qu’il se passait. Ils gravirent l’escalier qui reliait le rez-de-chaussée au premier étage en courant car leur chambre était située au rez-de-chaussée et celle d’Elanne au premier étage.

        Arrivés à la porte de la chambre d’Elanne, ils se stoppèrent net, car des affaires trainaient ici et là devant la porte. De plus, elle était fermée. Amerline se plaça donc juste en face et hurla à pleins poumons :

        « Elanne, pouvons-nous savoir pourquoi tu fais autant de raffut en pleine nuit ?!!

- Je suis désolée de te contredire, mais ce n’est pas moi qui beugle sur ma fille en pleine nuit, répondit la petite voix d’Elanne derrière la porte.

        - Ne sois pas insolente, jeune fille, on en reparle demain ! »

Sur ses mots, Amerline s’en fut, longeant le couloir et redescendant l’escalier, suivie par Erlun. Celui-ci jeta un dernier coup d’œil à la chambre d’Elanne, avant de retourner dans sa chambre.

En entendant le bruit de pas de ses parents qui descendaient les escaliers, Elanne soupira de soulagement. « Ouf ! Maudit bouquin ! » pensa-t-elle.

        Puis elle jeta un coup d’œil à la fenêtre de sa chambre et pensa : « Puisque je ne trouve pas le sommeil, pourquoi ne pourrai-je pas explorer Shanima la nuit ? »

        Elanne fonça vers son armoire et en sortit un gros manteau et des vêtements puis sortit son arc et son carquois rempli de flèches. Elle se changea en vitesse, prit son arc et son carquois, les passa autour de sa taille et son cou, puis elle sortit une petite bourse d’un de ses tiroirs de table de chevet. Dedans, de jolies pièces d’or et d’argents étaient éparpillées, cela formait au total 20 rivajh. Elanne passa donc la bourse autour de sa taille et regarda au travers de sa fenêtre.

        Elle vit de la lumière. Beaucoup de lumière. Elle pensa qu’il s’agissait des lumières des maisons des habitants, mais elle comprit assez tôt qu’elle se trompait. Quand sa vision se fut accoutumée à l’obscurité, elle aperçut une horde de Garocs. Des Garocs qui dévastaient le village d’Elanne. La lumière était en fait les torches de feu qu’ils brandissaient.

        Certains en posaient sur des arbres, cela les brûlait. Dans ce cauchemar extérieur, des cris résonnaient. Entre ceux des soldats qui se jetaient sur les Garocs et ceux des monstres mi- orques mi- loups garous, c‘était le chaos. Elanne put constater avec effroi que les Garocs étaient plus nombreux, c’était peine perdue.

        Une petite silhouette se tenait en bas, avec les soldats. Cette silhouette, c’était le père d’Elanne. Celle-ci mourait d’envie d’aller l’aider.

        C’est d’ailleurs ce qu’elle aurait fait si quelqu’un n’avait pas frappé à la porte. Elanne prit alors sa clé qui se trouvait dans la poche de sa tunique, elle fonça vers la porte en brandissant sa clé. Elle se dépêcha de la faire passer dans la serrure en cuivre puis il y eut un léger cliquetis.

        La porte s’ouvrit alors sur Amerline, qui rentra précipitamment dans la chambre.

        Si tôt fut elle rentré qu’Elanne referma la porte et rangea sa clé dans sa poche. Elle n’eut pas le temps de faire un autre geste car Amerline se mit à toussoter dans son dos.

        Elanne se retourna donc lentement tout en pensant « Oh mince, je crois qu’elle m’en veut encore pour ce que je lui ai dit tout à l’heure. »

        Mais à sa grande surprise, Amerline se jeta sur elle et la prit dans ses bras. Elanne l’étreignit donc tout en l’écoutant lui murmurer à l’oreille :

        « J’ai eu tellement peur pour toi, ma fille.

-Ne t’inquiète pas, je vais bien.

-Reste ici pendant l’attaque, lui conseilla sa mère adoptive, je ne veux pas qu’ils t’attrapent.

-Je vais être obligée de te contredire, maman. Papa est en difficulté, comme les autres soldats. J’irais les aider ! »

        Sur ses mots, elle courut vers la fenêtre, qui était restée ouverte, sauta au travers et atterrit sur le toit avant qu’Amerline n’ai pu la retenir. Elle dégaina alors son arc, prit une flèche de son carquois, tendit son arc et tira la flèche sur le Garoc qui attaquait son père.