L'ange déchu

Chapitre 1 : Azazel

2116 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/02/2022 16:52

Je marche dans la rue. Il doit être un peu plus de deux heures du matin. Je suis bourrée, je ne vais pas le cacher. Je sors de soirée et, comme je n'habite qu'à quelques pâtés de maison du lieu de la fête, je rentre à pied. Mon amie rentre alors dans son immeuble. Il ne me reste que quelques dizaines de mètres à parcourir avant d'arriver dans le hall chauffé de mon immeuble. Il doit faire -5 °C et mon souffle formes des nuages de fumée devant moi. Je reprends une gorgée à la bouteille que je tiens à la main avant de tituber. Je me rattrape à une voiture de justesse pour ne pas tomber. Le givre de cette nuit d'hiver recouvre le trottoir glacé. Au bout de la rue apparait des hommes. Je ne sais pas trop combien ils sont. Ils arrivent vite vers moi. Ils sont trois finalement. J’aurais juré en avoir vu un de plus pourtant. L'un d'eux m'attrape le bras et me tire contre lui. Je tente de me dégager mais ma fragile constitution ne joue pas en ma faveur et je manque de tomber. Il me souffle à l'oreille avec une haleine alcoolisée :

— T'es sexy toi, tu veux visiter mon lit ?

— Non... Merci, hoquetais-je.

— Oh allez, soit gentille. Je te promet que tu seras pas déçue, ajoute il avec un gros clin d'œil.

Il passe la main dans mes longs cheveux noirs puis en prend une touffe et s'en sert pour me tirer la tête en arrière. Il inspecte mon visage. Je tente de me dégager de son bras une nouvelle fois, sans succès.

— J'aime bien tes yeux, dit-il.

Je tente de lui sortir une réplique bien sentie sur mes yeux verts mais je suis bien trop engourdie par le froid et l'alcool pour ça. Ses deux autres potes s'approchent alors. Un premier me prend le bras et a un ricanment quand il voit mes formes prononcées. Un autre tente de m'embrasser, je l'évite tant bien que mal. C'est alors qu'une voix s'exclame :

— Lâchez-la !

Ils se tournent tous vers l'homme qui viens de parler. Pile le genre de personne que j'aurais pris pour leur complice : grand, musclé, blond. Ses cheveux sont coupés au niveau de son cou et sont lâchement attachés. Par contre il a pas l’air aussi sur de lui que les trois qui me retiennent. Je ne lui fait pas confiance. Il s'approche. Il se met à se battre avec les hommes. Il en assomme deux et le dernier s'en va en courant. Il me prend par le bras en disant :

— Il y en a un autre, il va arriver d'un moment à l'autre. Tu habites où ? Je te ramène.

— Je vous donne pas mon adresse ! dis-je en mettant les mains sur les hanches comme une gosse en colère tout en me dégageant de sa main.

— Il va arriver et faire comme ses potes. C'est ce que tu as envie ?

— Non mais rien en me garantis que vous n’êtes pas comme eux !

— Je viens de te sauver et c'est comme ça que tu me remercie !

Je titube alors et il me retiens de tomber par le bras avec un soupir.

— J'habite l'immeuble bleu là, deuxième étage, dis-je avant de sentir mes jambes se dérober sous moi.

Il me rattrape et j'ai juste le temps de prier pour qu'il ne soit pas un violeur car après, c'est le trou noir.


Je suis dans mon lit. Bonne nouvelle, enfin je crois. Je suis encore toute habillée de la veille. Très bonne nouvelle. Le blond n'a rien tenté. Il est où d'ailleurs ? Je tente de me lever. J'ai une putain de gueule de bois. Je marche jusqu'à la cuisine. Il est en train de préparer du café. quand il me voit à la porte, il me sourit et dit :

— Comme je suppose que tu as une gueule de bois, tu ne vas pas refuser ça, me dit-il en me tendant un Doliprane et un verre d'eau.

— Je veux bien, souris-je doucement.

— Tu veux du café ? ajoute-il quand j'ai fini de prendre le médicament.

— Volontiers !

Je rentre et m'assoie sur un des tabouret du comptoir. Il me donne une tasse. Je la bois doucement. Une fois que j'ai fini, il s'assoie en face de moi et dit :

— On va commencer les présentations, non ?

— OK, moi, c'est Raphaëlle, dis-je en lui tendant la main.

— Azazel, répond-il en la serrant.

— Marrant, on a tout les deux des noms d'anges, dis-je avec un sourire.

— Oui, fait-il pensivement. Des anges.

— Tu es mon ange gardien ! Tu m'as sauvé hier soir. Je n'ai pas encore eu l’occasion de te remercier. Je me souviens pas de tout mais je sais que quand je bois, je suis pas très gentille donc je m'excuse si j'ai été désagréable.

— Je suis pas un ange, dis-il en baissant la tête. Et de rien, c'est normal, ils n'avaient pas l'air d'avoir de super intentions.

— T'as un problème avec les anges ? dis-je en riant.

— En quelque sorte.

— Pourquoi ?

— Tu vas pas me croire. Je vais avoir l'air d'un fou si je dis ça !

— Vas-y promis je ne me moque pas et je dis rien.

— Je suis un ange. Un ange déchu.

— Et pour quelle raison as-tu été renvoyé ?

— J'ai refusé de sauver une femme car elle était exécrable. J'étais son ange gardien. Et comme je porte le même nom qu'un déserteur, ils ont cru que j'en étais heureux. Tout ça pour mon nom !

— Je suis désolée pour toi. C'est différent de vivre ici ? Et le paradis existe, ça veut dire ?

Je ne pose ces questions que pour ne pas montrer que je ne crois pas un mot de ce qu'il me raconte. Un ange ? Et puis quoi encore ? Des fées ?

— Oui, c'est vraiment sublime ! Il y a du blanc de partout et des décorations dorées. Mais je suis sur que tu ne me crois pas.

— Mais comment je peux te croire ? Il n'y a pas de preuve, dis-je avec douceur, car je ne veux pas le blesser.

— Je ne sais pas... Attends ! Si ! Je peux te le prouver mais il va falloir que tu y mettes du tien !

— Je suis d'accord, m'exclame-je en me levant.

— Je peux faire apparaitre mes ailes sauf que les humains ne peuvent des voir que si ils le veulent vraiment.

— Donc je dois vouloir ?

— Oui.

Il ferme les yeux pendant que je tente de voir des ailes derrière lui. Il n'y a que la cuisine. Il ouvre alors les yeux. Je les imagine alors. De grandes ailes noires parsemée de petites plumes. Elles sont là ! Devant moi, il a des ailes qui lui sortent du dos ! Elles sont gigantesques ! J'ai la bouche grande ouverte et probablement des étoiles dans les yeux. C'est un sublime spectacle.

— Waouh ! est la seule chose que j'arrive à prononcer.

— Alors, c'est bon, tu me crois ? me demande-il avec un sourire en coin.

— Oui, bien sur ! J'y crois pas ! C'est incroyable !

— C'est la première fois que je les montre à un humain. Je ne peux que les faire apparaitre car ils me les ont arrachées.

Je suis horrifiée. Ça a du lui faire tellement mal. Et puis, c'est une partie de son corps alors elles ont du lui manquer. Enfin, ça doit être horrible de les avoir mais de ne pas pouvoir s'en servir. Je me mords la lèvre : j'aurais pas du en parler.

— Ne t'en veux pas. Ça me fait plus trop mal.

— Je peux te poser une question ?

— Oui, si tu veux.

— Tu vis parmi les humains depuis combien de temps ?

— Environ un mois.

— Et c'est pas trop dur de ne plus être là-haut ?

— Des fois, je regrette de ne pas l'avoir protégée mais elle le méritais, elle battait sa fille !

— Tu as bien fait, je trouve horrible qu'ils t'ai banni !

— Merci mais c'est pas une humaine qui va les faire changer d'avis. Sans vouloir te vexer.

— Je ne me vexe pas, t'inquiète, je sais que je ne suis qu'un grain de sable dans un désert. Mais les ailes dans anges ne sont pas sensées être blanches ?

— Elle le sont normalement mais quand tu es dans le monde des humains, arrachées ou non, elles sont noires.

Nous nous rasseyons à nos places respectives.

— Je crois que je vais aller me doucher et me changer, dis-je avec un sourire pour rompre le silence.

Je me lève et me dirige vers la salle de bain. Je me glisse sous le jet brulant avec plaisir. Quand je sors de sous la douche. Je m’enroule dans une serviette éponge blanche et me dirige vers ma chambre. Un fois à l’intérieur, je m'habille d'un jean bleu et d'un pull blanc. Je retourne ensuite dans la cuisine. Il y est encore. Je lui ditsalors :

— Va te doucher, je vais te prêter les affaires de mon ex que j'ai encore.

— Tu es sure que tu veuilles je porte ses vêtements ?

— T'inquiète, c'est pas grave du tout.

Il va donc en direction de la salle de bain pendant que je m'attèle à préparer un vrai petit déjeuner. Il arrive au bout de 10 minutes environ. Il a une serviette autour de la taille et quand je vois ses putains d'abdos, je me mets à rougir comme une idiote.

— Tu es toute rouge, ça va ? me dit-il avec un petit rire, parfaitement conscient de son effet.

— Pourquoi est ce que tu n'es pas habillé ?

— J'ai rien pour.

— Je vais te chercher des fringues.

Je cours jusqu'à ma chambre et sors de mon placard un jean, un t-shirt et un pull. Mon ex était à peu près aussi grand qu'Azazel. Je retourne ensuite dans la cuisine et les lui donne en lui priant d'aller les enfiler dans la salle de bain. Il ne cesse de sourire devant ma gêne ce qui me rend encore plus rouge que je ne le suis, ce qui se trouve être un exploit au vu de la couleur cramoisie de mes joues en feu. Quand il revient, il est enfin habillé convenablement ce qui est tout de même mieux pour discuter pendant que nous mangeons les toasts que j'ai préparé pendant qu'il s'habillait. Je lance alors, le déstabilisant totalement :

— Je vais te faire retourner au paradis.

Sa première réaction est l'humour :

— Tu me détestes tant que tu veux que je meurs ? rit-il.

— Je ne rigole pas, je vais trouver un moyen pour que tu redeviennes un ange !

— Il n'y en a pas. Ils ne voudrons jamais que je retourne là-haut. Je suis coincé ici jusqu'à la mort. Et encore, je ne sais pas si ils vont pas me faire finir en enfer comme ils m'ont banni du paradis.

— Je vais les faire changer d'avis et tu vas retourner là-haut ! Ils n'avaient pas à te renvoyer à cause de ton nom ! C'est pas comme si c'était toi qui choisissait !

— En fait, nos noms apparaissent devant nous à notre naissance. Et si tu as le prénom d'un déserteur, ils te surveillent.

— Et ton prénom est sensé te représenter ?

— Oui, il définit ta place. Généralement ceux qui ont des noms de déchus ne peuvent pas être plus que gardien d'une personne. Les autres ne leurs font pas confiance. Par contre ceux qui ont des noms d'anges reconnus sont promis à de hauts postes.

— Mais c'est injuste, les gens ne doivent pas être jugés à leur prénom.

— Je sais mais qu'est-ce que j'y peut ?

— Rien, je le sais mais quand même, je trouve ça nul !

— Et comment est ce que tu comptes me renvoyer la haut sans mourir ?

— J'ai aucune idée, avouais-je, penaude de lui avoir balancé ça à la figure alors que je n'ai aucune idée de comment y parvenir.

— J'ai essayé, on ne vas pas y arriver, et puis vivre ici, c'est plutôt bien, me répond-il avec un sourire que je devine triste malgré le fait qu'il essaye de le rendre joyeux.

— Pas de ça avec moi, m'exclamais-je en posant mes deux mains sur ses épaules, je sais que tu as envie de redevenir un ange !

— Oui mais c'est impossible, tu es en train de me faire un promesse que tu ne pourras pas tenir puisque je suis banni et que personne à part les dirigeants ne peuvent me faire retourner là-haut, me répond-il doucement.

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