Cœur sur Papier

Chapitre 5 : Mon vieux Jacquot

938 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 30/04/2022 23:18

Mon vieux Jacquot

J’ai totalement conscience que, pendant que je suis en train de te rédiger cette lettre, tu es tranquillement installé à mes côtés en train de roupiller. J’entends tes respirations, tes souffles réguliers et cela m’apaise.

J’ai également conscience que tu ne pourras jamais lire cette lettre mon bon Jacquot. Alors c’est peut-être égoïste de l’écrire, peut-être que je fais ça pour apaiser ma vieille âme, mais j’ose penser que je l’écris en mémoire de tous nos souvenirs partagés.

Oh ce n’est pas un tort de ne pas savoir lire tu sais, tous les oiseaux ne peuvent pas se targuer de savoir parler comme toi tu sais le faire, mon bon Jacquot. Et en plus de ta voix, la nature t’a offert des plumes blanches, ainsi que des bleues, qui ravissent tous les regards. C’est ça d’être une perruche aussi charmante que toi. Je crois que j’aurais bien aimé avoir des plumes moi aussi, tu sais. Pour pouvoir m’envoler visiter plein de pays à travers le monde, pouvoir découvrir mon lot d’horizons enchanteurs. Cela aurait été plus aisé de bouger mes vieux os avec des plumes, hein, Jacquot ? Mais ne t’inquiète pas, tu sais bien que je ne volerai jamais les tiennes.

Je voulais te remercier tu sais. Parce que malgré le temps qui passe, et malgré Élise ma douce qui nous a quittés depuis quelque temps déjà, tu es resté là avec moi. On s’en sort bien tous les deux, quand même, on est heureux, enfin j’espère que tu l’es autant que moi mon vieux Jacquot. Quand on reçoit pour l’apéro les copains de la pétanque, tu es tout bavard et je me dis que ça te fait du bien d’avoir du monde à qui parler. Jacques, Germaine et Dédé sont vraiment heureux de te voir à chaque fois.

Mais ce qui nous change du quotidien, toi comme moi, c’est quand mes enfants et petits-enfants nous rendent visite, n’est-ce pas ? Alors là, c’est la fête et mon bon Jacquot, tu jacasses ! Mais tu es attendrissant, c’est pour ça que personne ne peut te résister. Ils n’ont jamais eu peur de toi, oh ça non bien sûr ! Ils t’aiment pour ce que tu es, et moi aussi. Tu sais, ça me fait toujours une sensation singulière dans le cœur quand je vois à quel point ils ont grandi, ils ont changé. Alors que toi et moi Jacquot, on ne bouge pas d’un pouce, fidèles à nous-mêmes ! Et toi, resplendissant qu’importe l’heure, qu’importe l’endroit !

On a fait un sacré bout de chemin ensemble, brave camarade. J’ai un bon tas de souvenirs avec toi tu sais ? Il n’était parfois pas toujours tâche aisée que de suivre un programme télévisé avec toi à nos côtés ! Tu te prenais d’une passion ardente pour répéter tout ce que tu pouvais entendre !

Ah, ça tu sais que tu m’amuses beaucoup mon Jacquot. Quand tu te dandines sur les musiques qui sont diffusées à la radio, tu as vraiment un sacré rythme ! Avec tes petites pattes, tu cours et tu t’amuses sur l’épaisse table en bois qui trône dans le séjour. J’ai cru remarquer que tu avais un faible pour le vieux rock. Un style des plus originaux pour la petite perruche que tu es, ça te va bien ! Peut-être que c’est simplement Élise qui t’a influencé avec ses goûts musicaux, quand ma douce était encore parmi nous. Tu as un peu hérité d’elle en un sens, cela m’émeut.

Oh, et voilà que tu te réveilles ! Tu as vraiment un air confus quand tu sors de ta sieste, et toujours je me demande de quoi tu as bien pu rêver pendant ton petit somme qui avait l’air des plus reposants.

Je ne sais pas ce que le lendemain nous réserve mon vieux Jacquot, cependant je sais que tant que nous avançons, je veux qu’on le fasse ensemble, aile dans la main.

Je crois que c’est à mon tour d’aller faire un petit somme maintenant, je vais m’installer dans le grand fauteuil, à côté de toi.

Merci, mon bon Jacquot.

                                                                                                                                                                        Marcel


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