Magic in Words

Chapitre 2 : Teller, une ville trop tranquille

7200 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 17/08/2022 09:08

Chapitre Deux

Teller, une ville trop tranquille


Sur une des centaines de milliers de routes que comportaient les États-Unis, une petite Ford marron roulait lentement, parcourant kilomètres après kilomètres. Depuis son point de départ, ce véhicule avait simplement suivi la route vers le sud en longeant tranquillement l'Hudson River aussi longtemps que possible. Cependant, là où la tranquillité avait de loin disparu depuis longtemps, c'était bien à l'intérieur de l'habitacle. N'importe quel quidam qui aurait prêté une oreille attentive si la voiture passant près de lui, fenêtres ouvertes pour ventiler, aurait alors pû saisir des éclats de voix plutôt énervés.

- Putain de GPS de merde! hurlait un adolescent.

- Tu veux bien arrêter de t'énerver? demanda une dame plus âgée, visiblement sa mère.

- C'est pas ma faute, il arrête pas de recalculer l'itinéraire pour ce bled de merde! enchérit le jeune homme.

- Tu comptes hurler comme ça jusqu'à mon départ Connor? demanda alors Mina Binder.

- Faute à qui hein? demanda Connor.

- Je t'ai dit que j'avais pas vu en remplissant un dossier que ce lycée était à la frontière du New Jersey..., grommela Mina pour la millième fois.

Mina Binder avait réussi son petit miracle. À force d'écrire à tous les lycées de la région, en joignant lettres de motivations et dossiers d'inscription, elle avait eu une réponse. Naturellement, elle avait tout d'abord été extrêmement fière d'elle même et heureuse d'avoir réussi à trouver un lycée à son fils. Cependant, elle avait rapidement déchanté quand elle avait réalisé que ce lycée se trouvait à une heure et demi de route depuis New York, juste derrière la frontière de l'état. Malheureusement, aucune autre réponse positive ne leur était parvenue et ils n'avaient plus eu le choix. Connor avait désormais sa place en tant que boursier dans un lycée privé, possédant un internat où il serait obligé de loger, du nom de Lycée William G Jacobs.

- Un internat ! s'énerva encore Connor.

- Écoute... C'était ça ou les cours par correspondance... C'est assez renommé, tenta Mina.

- Quitter New York... Pour un bled inconnu du GPS..., s'énerva encore Connor.

- T'as vu leur taux de réussite ? Et ils te veulent par rapport au club de quiz... C'est une chance, marmonna Mina.

- D'être débarrassée de moi? Fallait le dire, grommela Connor en tapant sur la portière.

- Je ne pourrai jamais te payer un tel lycée... Et puis j'ai le droit de venir presque tous les weekends... Tu m'en veux ? demanda sa mère suppliante.

Connor fixa sa mère attentivement et il ne put en vouloir bien longtemps encore à sa mère. Elle avait fait cela pour lui, ignorant totalement qu'elle devrait se séparer de lui, chose qui lui était visiblement aussi compliqué que pour lui.

- Non... Ça me gonfle, grommela Connor.

- D'accord, j'ai déconné... Mais j'ai fait tous les lycées à proximité... J'avais pas vu, s'excusa sa mère. Même si je m'en souviens pas vraiment de celui-là en particulier.

- Je te crois M'man... Je te jure, fit-il en voyant sa tête.

- Mais c'est une chance quand même... Si ils savaient ton taux d'absentéisme..., marmonna Mina.

- Mais la bourse est si élevée que ça ? demanda Connor.

- Ben elle prend en compte ta chambre, tes repas et les sorties scolaires... Je n'ai qu'à payer tes manuels et les à côtés..., avoua Mina.

- Pour un club de quiz? T'es sûr qu'ils sont renommés ? C'est pas un centre de délinquants? demanda Connor pour être sûr.

- Tu l'as vu le dépliant non? demanda sa mère.

Connor soupira et d'un geste ample du bras droit, saisit le dossier d'inscription sur la plage arrière, sur une de ses valises. Ils avaient réfléchis longuement et Connor avait pris pas mal de vêtements, quelques livres, de quoi s'occuper avec une tablette, une des guitares de Larry, devenue la sienne, ce genre de choses... Il posa le dossier sur ses genoux et redécouvrit une énième fois ce fameux lycée William G Jacobs. Connor n'avait aucune idée de qui était ce type et franchement, il n'en avait pas grand-chose à foutre. Le logo du lycée était d'un quelconque : un gros livre bien épais avec les lettres WGJ dorées par dessus. Ce lycée semblait être un bâtiment extrêmement moderne en forme d'immense H sur plusieurs étages. Le lycée, visiblement assez huppé, comportait tout ce qui pourrait faire baver les autres lycées. Toutes les salles étaient équipées de matériels high-tech avec des écrans tactiles, les équipements sportifs étaient dignes d'un centre de préparation olympique que ce soit pour les sports d'équipe ou encore la piscine ; il y avait également des dortoirs donc mais également les équipements nécessaires aux adolescents comme le Wifi, des télévisions dans les salles communes, une bibliothèque visiblement fournie. Connor regardait les photos en y prêtant qu'une légère attention découvrant à quel point le hockey sur gazon avait son succès. Le lycée aimait se vanter que quelques hommes d'affaires en étaient sortis, rien de bien nouveau sous le soleil en fait.

- Je vais faire tâche... Je suis concierge en fait c'est ça ? demanda Connor mesquin.

- Tu crois que je pourrais payer les trente mille dollars par an d'inscription ? demanda sa mère vexée mais ignorant la remarque.

- Non c'est clair... Mais tu vas devoir faire pas mal de route pour rejoindre Teller, précisa Connor.

- Faudrait déjà trouver, marmonna Mina en regardant les panneaux.

Teller, c'était tout simplement le nom de la bourgade de dix mille habitants environ à laquelle était rattaché le lycée. Visiblement il s'agissait d'une ville où il devait faire bon vivre. Pas de famille ayant les moyens avaient placés des enfants dans ce lycée et les habitants plus démunis étaient également prioritaires pour les bourses. Trop beau pour être honnête aux yeux de Connor. Il était convaincu que les magouilles devaient être nombreuses pour les familles riches afin de frauder les impôts.

- Bon voyons le plan... Tu devrais voir une sortie, précisa Connor.

- Une sortie sur l'autoroute ? T'es sûr ? demanda sa mère amusée.

- Ouais bon hein... J'y vais déjà alors..., grommela Connor.

- Ho... Teller, fit soudainement sa mère en montrant un gros panneau.

Connor regarda celui-ci les yeux exorbités. Le slogan de la ville était tout simplement "Une ville où vivre son histoire". Et la petite famille mièvre dégoulinante de bons sentiments sur le panneau sentait le mensonge à plein nez. Encore ces fameux patelins où il ne se passait rien, où les gens vivaient les portes ouvertes et où dès l'instant où vous ne faisiez pas le tri des déchets, la moitié des habitants vous le faisaient remarquer.

- Ça a l'air d'être le paradis ! fit Connor faussement enjoué. Je suis trop heureux !

- C'est sûr que c'est pas New York..., fit Mina en prenant la sortie.

Le GPS devant Connor était encore en train de recalculer l'itinéraire comme une machine stupide. À croire que ce patelin n'existait pas vraiment. Connor soupira en découvrant la ville. Elle avait tout de ces villes de téléfilms stupides: de belles allées arborées, des trottoirs plus propres qu'une salle d'opération, des voitures immaculées et parfaitement garées. Teller était clairement le genre de ville qui faisait rêver les tueurs en série. On devait pouvoir y trouver des victimes faciles.

- Ho ben c'est vachement beau quand même, précisa Mina en ralentissant.

- Jusqu'à l'arrivée des démons... T'es sûr que c'est pas Nielbohog? Ou Amityville? Ou un autre bled de merde rempli de maboules? la questionna Connor.

- Le maboule est en train d'y entrer, répondit sa mère vexée. Ho un glacier à l'ancienne...

- Avec un magnifique congélateur géant pour y cacher les cadavres, ajouta Connor.

- J'adore cet endroit, fit sa mère stupéfaite. On se croirait sur une carte postale.

- On échange nos places ? Tu te coupes les cheveux et tu vas au lycée..., proposa Connor.

- Je vais apprécier de venir t'y voir, précisa sa mère ignorant volontairement la remarque.

- Ben dis donc... T'es payée par l'Office du Tourisme ? demanda Connor vexé.

- J'essaye de pas rendre la séparation trop difficile ! s'énerva sa mère.

- Ouais cool, respire, tu vas accroître le taux d'accident de la route, s'excusa Connor.

- Ou de meurtre, grommela sa mère.

- Moins paradisiaque d'un coup..., marmonna Connor en regardant sa mère.

- Tu as jusqu'au soir pour prendre possession de ta chambre non? demanda soudain sa mère.

- Euh ouais... Avant vingt-et-une heure... Après on pose le bracelet électronique, fit Connor avant de voir le regard mauvais de sa mère. Quoi ?

- Écoute... Je veux que mon fils fasse des études et ce lycée peut même financer des entrées à l'Université... Alors fais un effort, marmonna sa mère.

- Je te laisse seule avec les dettes..., avoua à demi-mot Connor.

- Chéri... Je vais m'en sortir, et puis peut-être un client va tout acheter, proposa sa mère.

- C'est beau de rêver... Si tu croises Christian Grey ça arrivera..., marmonna Connor.

Sa mère se gara doucement surprenant un peu Connor. Il la regarda faire complètement dubitatif et il l'imita quand elle défit sa ceinture de sécurité.

- Je peux savoir pourquoi tu t'arrêtes? demanda Connor stupéfait.

- On a le temps de découvrir l'endroit, fit sa mère avec un grand sourire.

- Bon... Vu que tu kiffes l'endroit..., marmonna Connor en sortant de la voiture.

Connor savait bien comment était sa mère : curieuse. Ce n'était cependant qu'une curiosité pour découvrir de nouveaux endroits, de nouvelles personnes. À l'époque où ils pouvaient partir en vacances c'était exactement pareil et plus l'endroit était pittoresque, plus elle était aux anges. Il ne partageait nullement son entrain mais sa mère était comme ça. Elle observa attentivement la route et il suivit le regard de sa mère. C'était vraiment un décor de téléfilms avec sa petite friperie, son petit salon de thé, son spécialiste en glace et l'autre en confiserie, sa petite quincaillerie à la noix.

- Donc pas mouiller, pas nourrir après minuit, marmonna Connor en énumérant sur ses doigts.

- Qu'est-ce que tu racontes encore? demanda sa mère outrée.

- Ça ressemble à la ville de Gremlins... Avant qu'il y ait de l'animation, répondit Connor en riant.

- Tu es vraiment consternant, marmonna sa mère avec un petit rire.

- Ça veut dire que je vais quand même te manquer? demanda Connor amusé.

Sa mère le prit dans ses bras et embrassa sa tête avant de lui ébouriffer les cheveux comme si il avait toujours cinq ans. Il la laissa faire et elle lui sourit.

- Crétin ! s'amusa sa mère. Allons marcher.

Connor soupira et suivit sa mère qui semblait faire du tourisme. Elle regardait les vitrines comme si c'était le plus bel endroit de sa vie. Connor aimait regarder sa mère agir comme une adolescente en vacances. Elle était un peu trop enjouée mais quand Connor accrocha son regard, il réalisa qu'en réalité, il s'agissait tout simplement de sa manière d'éviter de craquer à l'idée d'être séparée de son fils. Connor décida alors d'agir en bon fils et de ne pas lui briser son petit délire. Ils finirent donc par arriver vers ce qui devait être la seule agence immobilière du coin. Connor leva les yeux et découvrit le nom de l'agence qui répondait donc au doux nom de Mirror Property. Il se demandait qui pouvait avoir une idée de nom pareille et regarda à travers la fenêtre quand il entendit sa mère.

- Et ben c'est vraiment moins cher que New York, fit sa mère. T'as vu ces maisons ?

- Mouais, pas mal... Avec du terrain, avoua Connor en regardant les affiches.

- C'est vraiment joli... Regarde celle là, le genre de maison qui me fait rêver, précisa sa mère.

C'était forcément très différent d'un très vieil appartement au-dessus d'une librairie au beau milieu d'une ville de béton. Lui, il n'avait jamais eu l'occasion de connaître les joies d'un extérieur privé, des parcs publics tout au plus.

- Si je vendais, je pourrais clairement m'installer ici, murmura sa mère.

- Vendre ? Comment ça vendre? demanda Connor choqué.

- Si j'y étais obligée pour payer les dettes, se justifia sa mère.

- Mouais...

- Bonjour ! fit alors une voix extrêmement enjouée qui poussa alors la mère et le fils à tourner la tête.

Ensemble, ils decouvrirent immédiatement la propriétaire de la voix enjouée. Il s'agissait d'une femme d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs coupés en carré dégradé et habillées d'un tailleur gris au chemisier rouge.

- Bonjour Madame, fit Mina en regardant celle-ci.

- Mais entrez, il y a d'autres annonces à l'intérieur, précisa celle-ci en ouvrant la porte.

Sa mère avait déjà accepté et il fut bien obligé de la suivre. Il pénétra dans une agence immobilière avec beaucoup d'affiches, trop pour une si petite ville à ses yeux. Cependant, alors que sa mère dévorait les annonces des yeux, il remarqua l'énorme quantité de miroirs dans la pièce. Il venait non seulement de comprendre le nom de l'agence mais de placer un joli panneau "narcissique" au dessus de la tête de la femme qui les avait invités.

- Vous cherchez à emménager ? demanda l'agent immobilier. Au fait moi c'est Rebecca, précisa celle-ci. Rebecca Mirror.

- Mina Binder et mon fils Connor, précisa sa mère. En fait mon fils va aller au lycée de...

- Le lycée William G Jacobs? demanda la femme surexcitée.

- Euh... Oui, avoua Mina surprise.

- C'est un excellent lycée, ma fille y va, précisa la femme. Enfin ma belle-fille, la pauvre petite a perdu sa mère très jeune, cela n'a pas toujours été facile... Vous habitez ici?

- Non, répondit Mina un peu gênée des détails sur la vie privée de la dame. Mon fils sera à l'internat.

- Ho vous savez qu'il est ouvert aussi aux enfants de la ville? demanda Rebecca. Une question d'autonomie et un bon moyen pour eux de s'amuser avec leurs amis... Elle rentre le weekend, et on fait des tartes...

Connor haussa les yeux au ciel se demandant si il était réellement possible d'être encore plus mièvre. Et sa mère qui se mettait à partager ses anecdotes en mode maman gateuse.

- Mais vous cherchez dans la région ? demanda soudainement Rebecca.

- Je ne faisais que regarder, précisa Mina. J'ai déjà un commerce à New York.

- Quel genre ? Entre indépendantes? demanda alors Rebecca amusée.

- Une librairie, avoua Mina très fière en sortant une carte.

- Ho... Vous auriez du succès ici, nous n'en avons plus depuis très longtemps et en plus vous auriez des aides de la mairie et surtout un partenariat avec Red Hood, précisa Rebecca.

- Pardon? fit Connor choqué en entendant cette phrase, la seule qui l'avait intéressée.

- Oui, cette ville est très dynamique grâce à Red Hood, c'est ici que se trouve le tout premier entrepôt de la marque et la société fait partie du conseil d'administration du lycée, expliqua Rebecca.

- Ho intéressant... Et vous avez beaucoup de projets immobiliers ? demanda soudain Mina.

Connor regarda sa mère choqué. Elle pensait réellement vendre le bien familial... Il n'arrivait pas à le croire. Sans doute en colère, il préféra aller attendre sa mère dans la rue après lui avoir signifié. Il regarda la rue légèrement énervé.

- J'arrive pas à croire qu'elle veuille réellement vendre..., marmonna Connor tout bas. Ok on a des dettes mais merde c'était aux grands-parents...

Il jeta tout de même un coup d'œil à la rue et c'était vrai que cette ville avait un côté enjoué bien plus intéressant que New York. Il faisait sans doute réellement bon vivre là-bas et il était évident que bien des familles devaient désirer y élever des enfants. Il tourna doucement sa tête sur la gauche et dû faire un peu de place quand deux jeunes de son âge passèrent près de lui, un garçon tenant un sandwich et une fille soupirant en claquant des pieds, tout deux traînant des sacs.

- T'as pas envie d'arrêter de bouffer ! demanda la jeune fille consternée.

- Bah j'ai faim, avoua le garçon.

- Mais t'as toujours faim putain! s'énerva la fille.

- Désolé frangine mais je suis en pleine croissance, fit le garçon consterné.

- Parfois j'ai vraiment honte d'être ta jumelle, tu fais n'importe quoi à te goinfrer devant mes copines, marmonna cette dernière en reprenant la route.

- Ben elle mange aussi, se justifia le garçon.

- Ton côté goinfre te perdra un jour, magne je veux finir de m'installer, précisa la fille.

- Mais pourquoi on habite pas chez les grands-parents ? demanda le garçon en la suivant.

- Trop petit et puis à l'internat, y a mes copines... Arrête de bouffer et marche!!! s'énerva encore la fille.

Connor regarda les deux jeunes s'éloigner, comprenant qu'ils étaient donc deux futurs condisciples. Il se demandait si ils seraient dans sa classe quand il remarqua que quelqu'un s'était posé devant lui. Il tourna la tête pour découvrir un homme âgé.

- Euh... Bonjour, fit Connor hésitant.

- Vous êtes nouveau ? demanda le vieil homme.

- Je suis inscrit au lycée, répondit Connor mal à l'aise.

- Alors bienvenue à Teller jeune homme, fit-il en tendant la main.

Connor la serra avec un sursaut. Il y avait eu un petit peu d'électricité statique entre lui et le vieil homme qui éclata en fou rire.

- Ça doit être mon pacemaker, il vous met au courant, lança l'homme en riant. J'espère que vous vous plairez.

Connor le regarda alors s'éloigner complètement effaré d'être salué comme ça, par un parfait inconnu.

- Et ben il promet le patelin..., marmonna Connor. À moins qu'il fasse écrit touriste sur mon front, ajouta-t-il en se grattant la main.

En fait, il y avait beaucoup de jeunes qui se dirigeaient vers le lycée, d'autres pour l'internat sans doute mais il devait clairement y en avoir qui préférait déjà retrouver leurs amis. C'était une évidence que bien des groupes seraient formés et se faire une place dans des groupes d'amis fermés serait compliqué. Il entendit enfin sa mère sortir et tourna la tête vers elle tandis qu'elle refermait.

- Encore merci, je vais bien lire votre documentation, fit-elle en refermant avant de regarder son fils. Quoi?

- Tu comptes t'installer ici? demanda Connor choqué.

- C'est juste de la documentation, assura sa mère.

- Et la librairie ? C'était important pour Grand-père, insista Connor.

- Connor, je ne fais qu'y songer, peut-être qu'un bâtiment moins coûteux...

- C'est dans la famille depuis toujours, ce serait comme trahir la famille ! s'offusqua Connor.

- Écoute... Pour la famille c'est transmettre ce goût de la lecture le plus important, et seulement cela, précisa sa mère.

- Mais la boutique...

- Est un gouffre financier, mais je fera tout pour le conserver, je ne fais qu'envisager un dernier recours, d'accord ? l'interrogea Mina.

- Ok... Tu me demanderas mon avis quand même ? demanda Connor.

- Évidemment, précisa sa mère. Cette dame m'a conseillé un petit restaurant, un peu plus loin. Notre dernier repas ensemble avant un moment.

- On dirait un changement de sujet, marmonna Connor.

- Mais non, mais non! Tu viens? demanda sa mère en avançant.

Connor aurait parié sa place au lycée que sa mère allait réellement réfléchir à l'option de la vente, il en mettrait sa main à couper. Ils prirent ensemble la direction d'un restaurant qui aurait été indiqué par Rebecca: Les Trois Couverts. D'après les informations que lui donnaient sa mère, il était tenu par trois frères et ils étaient très doués et très accessibles au niveau des tarifs. Connor n'avait pas le choix de toure façon et ils entrèrent dans le restaurant qui avait tous les clichés un peu campagnards comme les nappes à carreaux.

- Bonjour, fit l'homme en chemise jaune à l'accueil. Bienvenue aux Trois Couverts, deux personnes ?

- Tout à fait, confirma sa mère.

- Venez avec moi, fit l'homme. Mon frère viendra prendre la commande et mon autre frère va vous mijoter tout ça, dit-il en riant.

Connor s'installa avec sa mère et vit débarquer le second frère, dans une chemise marron celui-ci, et ils passèrent commande de deux plats du jour, du rosbif avec un gratin de macaronis au fromage. Sa mère regarda partir le serveur en souriant.

- Me dis pas que tu le trouves mignon, s'étonna Connor.

- Pas mal... Mais c'est marrant le truc des chemises, fit sa mère consternant son fils.

Il jeta alors un coup d'œil à ce fameux serveur que sa mère trouvait pas mal et il le vit discuter avec son autre frère. Connor précisa alors à sa mère que le troisième portait une chemise rouge lui avant de se gratter à nouveau. Connor détestait l'été à cause des moustiques, ils se faisaient tous un grand plaisir de le piquer.

- Je t'ai mis une lotion dans tes affaires de toilettes, précisa sa mère en le voyant faire.

- Je hais les moustiques... Heureusement que c'est pas la Floride, fit Connor en riant.

- Ne râle pas tout le repas, lui fit sa mère avec un grand sourire.

- Seulement si tu dragues le serveur, marmonna Connor en riant.

Un petit coup de pied sous la table lui fit office de réponse. Le repas s'avéra alors extrêmement succulent comme pris par l'agente immobilier. Ce restaurant mériterait dans des guides même si tous les clients semblaient se connaître. Connor avait l'impression d'avoir une pancarte clignotante indiquant étranger sur la tête. Après une mousse au chocolat comme dessert, la mère et le fils retournèrent tranquillement à leur voiture, d'un pas plus lent sachant que la séparation serait pour bientôt. Connor n'était clairement pas le plus heureux, sa mère allait lui manquer mais au moins, il pourrait lui parler au téléphone. À peine furent-ils attachés que sa mère redémarra, tellement lentement qu'elle semblait être limitée à dix kilomètres par heure. Connor comprit pourquoi et serra donc l'avant bras droit de sa mère.

- Je te promets de me comporter parfaitement bien, fit-il avec énormément de sincérité. Pas d'absentéisme, pas de remarque des professeurs, aucune vague... Ils ne sauront que je suis élève que parce qu'ils verront mon nom sur mes copies, je te le jure.

- Tu as le droit de t'amuser quand même, de te faire des amis mais je te remercie de me rassurer, lui fit sa mère avec un sourire.

- C'est vrai? Cool, répondit Connor avec un petit soupçon de mesquinerie.

Cela fit bien rire sa mère qui quittait lentement la petite ville de Teller pour se diriger à un kilomètre de là. Cette distance n'était en réalité là que pour laisser de l'intimité à l'école. De loin, elle était très visibles, ses bâtiments extrêmement modernes jurant particulièrement avec la nature ambiante. Là, c'était impossible de se perdre surtout, il suffisait de suivre la seule et unique route indiquée par le panneau et pour arriver entre les barres du grand H. Connor regarda un peu partout pour découvrir les équipements et enceintes sportifs qui feraient pâlir bien des universités. Il n'était pas le seul à débarquer évidemment et cela de voyait. Il y avait clairement des gens aisés vu les voitures mais sans doute également d'autres boursiers. Une seule chose dénotait par rapport aux autres écoles qu'avait pû connaître Connor. C'était une grande table au centre du parking.

- Au moins c'est clair avec ce panneau d'enregistrement, avoua sa mère en se garant.

- Tu crois que je dois faire ça d'abord ? demanda Connor.

- On va aller voir, fit sa mère en détachant sa ceinture.

Mère et fils quittèrent donc l'habitacle de leur véhicule pour avancer vers la table. Visiblement, ils n'étaient pas les seuls car tous les élèves semblaient faire de même. Au moins semblait il comme les autres en ce jour là. Il attendit son tour, suivant des élèves visiblement plus jeunes. Quand enfin il se retrouva face à la personne s'occupant de l'enregistrement, il se figea. C'était un homme assez massif même assis, un physique de catcheur encore plus musclé et effrayant que Dwayne Johnson. Connor en déglutit.

- Bonjour Monsieur, fit sa mère.

- Bonjour, répondit l'homme avec une voix douce et posée jurant avec son apparence de brute.

- Mon fils commence cette année... Connor Binder, fit-elle alors.

- Binder..., fit l'homme en cherchant dans une boîte. Voilà.

L'homme tendit alors une clé avec le numéro deux cent quatre, le numéro de chambre de Connor donc et un épais cahier relié.

- C'est quoi? demanda Connor.

- Le règlement d'ordre intérieur, je suis le responsable du règlement dans l'établissement et également concierge. En cas de soucis je suis là mais je serai également responsable des punitions des élèves. Mais tu pourras m'appeler Adam, c'est plus simple.

- Je suppose que peu d'élèves ne respectent pas les règles, marmonna Connor convaincu de subir un german souplex à la moindre incartade.

- Ho il y a bien des récalcitrants, un petit noyau qui subit mes punitions, aucune maltraitance physique je vous rassure, fit le concierge à la mère de Connor. Par contre ils passent du temps à faire des taches ménagères.

- J'espère qu'il ne vous verra pas trop souvent, fit sa mère gênant Connor.

- Et la règle la plus importante ? demanda-t-il pour la forme.

- Ce bâtiment, fit-il en indiquant un des montants du H. Il t'est interdit.

- Ha... Et pourquoi ? C'est là qu'ont lieu les électrochocs ? demanda Connor mesquin.

Le responsable de l'école le regarda contrit et Connor fut gratifié par un coup de coude de sa mère. Visiblement le concierge n'avait pas d'humour.

- Mon fils est du genre à essayer d'être drôle, le défendit sa mère.

- Je vois... Un petit rigolo... Il n'aura pas le temps de rire quand il verra la quantité de devoir, répondit alors Adam en fixant Connor avec un petit air de défi.

- Et plus sérieusement... Pourquoi il m'est interdit ? demanda quand même Connor.

- Dortoir des filles, précisa Adam. Les garçons sont en face... Et avant une autre blaguounette, les vitres sont teintées.

- Ha merde..., grommela Connor avant de voir le regard de sa mère.

- Et... Je peux l'aider à s'installer ? demanda sa mère.

- Oui bien sûr pas de soucis, et bienvenu à l'établissement William G Jacobs, fit Adam très fier de lui.

Alors que Connor suivait sa mère en retournant à la voiture, il aurait parié que ce type était déjà en train d'imaginer les punitions à lui filer.

- Essaye de te tenir quand même, grommela sa mère.

- Bah quoi... On dirait un gardien de prison où on pratique la torture style Guantanamo, j'y peux rien, avoua Connor.

Sa mère ouvrit le coffre et saisit la valise de vêtements. Elle n'était pas bien grand car sa mère comptait bien amener des affaires au fur et à mesure, même si normalement les internes pouvaient faire une lessive mais pour Connor, les boutons d'une machine à laver ressemblaient aux commandes de la dernière fusée en date. Lui, il prit le carton à loisirs comme il l'appelait, avec ses livres, ses magazines et sa tablette avec tous les câbles qui vont avec. Sa mère le regarda également prendre sa guitare et le fixa méfiante.

- Tu vas pas jouer bruyamment au moins? demanda-t-elle méfiante.

- C'est juste en loisir Maman, grommela Connor. Je mettrai un casque.

- Je me demandais si c'était pour gagner des points, marmonna sa mère.

- Hein? s'étonna Connor.

- Les filles aiment les musiciens..., fit-elle mesquine.

- Mais bien sûr... Je vous jure, marmonna Connor en embarquant ses affaires.

Il vit sa mère prendre un autre sac qu'elle avait placé dans la voiture, il savait que c'était pour le petit micro-ondes présents dans les chambres, des dosettes de café solubles principalement et quelques paquets de nouilles lyophilisées pour les petits creux. Avec sa mère sur les talons, il pénétra dans le bâtiment en esquivant ses futurs condisciples d'âges divers. Le bâtiment ressemblait tellement à ces Open Space tout droit sortis de la Silicon Valley que Connor se demandait si il ne venait pas au boulot en fait. Le sol tout en marbre était un peu trop classe pour une école à ses yeux et les ascenseurs, même si facultatifs, furent bienvenus.

- Les élèves sont vachement calmes, fit sa mère en sortant de l'ascenseur au deuxième étage.

- On entend rien... Tu crois que c'est parfaitement isolés ? demanda Connor.

- Ben vu l'argent du lycée, je pense, marmonna sa mère.

Connor eut l'immense honneur d'ouvrir sa porte et il découvrit un petit studio plutôt sympa. Une quinzaine de mètres carrés tout au plus, avec un grand lit, un bureau et des placards. Il y avait également le fameux espace kitchenette avec un petit évier camouflé. Connor posa sa caisse et sa guitare sur son lit en observant la porte du fond, toilettes et douche selon la brochure.

- C'est joli... Très blanc par contre, fit sa mère en regardant les murs et refermant la porte.

- Je mettrai des posters..., avoua Connor en déballant sa caisse et jetant des trucs sous le lit.

Connor se figea en entendant le lourd silence dans la pièce. Il se retourna et vit le regard mauvais de sa mère. Il ne comprenait pas cette réaction.

- Qu'est-ce qu'il y a? demanda Connor avec une certaine méfiance.

- Tu es franchement consternant, avoua sa mère.

- D'accord..., marmonna l'adolescent. Mais encore...

- T'es pas dans cette chambre depuis dix minutes que tu la mets déjà en désordre, tu sais que tu devras faire le ménage ? le questionna donc sa mère.

- Ben ouais... Je sais pas encore où je vais mettre ça, précisa Connor.

Sa mère déposa alors la valise de son si consternant fils, dans un soupir extrêmement lourd de sens et surtout extrêmement bruyant par dessus le marché. Elle ouvrit la fermeture éclair et commença à sortir les vêtements qu'elle avait si soigneusement pliés la vieille en les posant dans le placard avec un côté extrêmement maniaque.

- Tu sais que personne viendra vérifier ? demanda Connor.

- Moui... Je sais..., murmura sa mère qui enlevait même des petits moutons dessus.

- Tu vas pas pleurer au moins? s'inquiéta son fils.

- Non... Je me disais que pour faire ça j'aurais encore le temps, fit-elle alors.

- On sera prêt pour l'Université, fit alors Connor.

- Dire que mon petit garçon va vivre seul, marmonna sa mère.

- Et que tu vas le voir presque tous les weekends, ajouta Connor.

- Ho ça va... Tu verras quand dans au moins trente ans ce sera ton tour, grommela sa mère.

- Ho mais je pense que Grand-mère accompagnera aussi ses petits-enfants, fit-il mesquin.

- Je pense qu'il te manque des pulls... Si il fait froid, avoua sa mère.

- On est encore en été tu sais? demanda son fils. Et puis tu peux envoyer un colis.

- Bon tes boxers neufs sont dans le tiroir avec tes chaussettes, lui notifia sa mère.

- C'était nécessaire d'acheter tout ça en neuf? Je suis sans doute pas censé ramener des filles, précisa Connor.

- C'est plus présentable, avoua sa mère.

- Naturellement je monterai tous mes boxers à mes potes... Étonnant comme raisonnement, fit Connor avant d'éclater de rire.

- Ce que tu peux être chiant quand même ! s'offusqua sa mère. Je sens que je vais repartir avec ton cadeau.

Connor, toujours en train de répartir ses livres sur le meuble faisant office de bibliothèque au dessus du lit, se figea en regardant sa mère extrêmement attentivement.

- Un cadeau ? Quel cadeau ? demanda-t-il avec empressement.

- Tu ne le mérites pas, avoua sa mère en fermant le tiroir à chaussettes.

- Je suis ton seul fils, précisa Connor en riant.

- Sans doute mais tu ne le mérites pas pour me maltraiter comme ça, fit Mina avec une voix faussement triste.

- Te maltraiter... C'est juste de l'humour, expliqua alors Connor.

- Mouais... Peut-être, ajouta sa mère amusée.

- Je peux l'avoir ? insista son fils.

- Bon... D'accord, fit sa mère avec un air qui semblait signifier qu'elle lui faisait une fleur.

Connor la regarda se diriger vers le grand sac où elle lui avait mis sa nourriture et ses dosettes de café. Connor était assez impatient car, sachant pertinemment qu'ils avaient des dettes, ce cadeau devait être franchement utile ou important. Il observa avec une extrême attention sa mère qui sortit donc du sac un autre sac plus petit. Il soupira en repensant à quel point sa mère aimait depuis toujours ménager son suspense. En effet, elle était capable d'emballer une boîte dans une boîte dans une troisième boîte. Le genre de choses extrêmement gonflantes en général. Sauf que pour une fois, cela ne traîna nullement. Elle lui apporta immédiatement le paquet et le posa sur le lit.

- Qu'est-ce que tu m'as offert ? demanda son fils.

- Déballe le... Doucement, fit-elle stressée.

Connor releva le stress de sa mère et fut assez étonné de cela. Il prit doucement l'emballage et l'ouvrit avant de se figer. Il avait devant lui un immense livre extrêmement épais mais sans aucune inscription. La couverture semblait très ancienne et son cuir était assez usé. Connor caressa doucement la couverture, intrigué par le livre. Juste au toucher, il savait qu'il devait être très vieux.

- Tu es intrigué hein? demanda sa mère amusée.

- C'est quoi? Une édition originale ? l'interrogea Connor.

- Ouvre le, fit quand même sa mère.

Connor obéit enfin à sa mère et découvrit qu'il n'y avait pas de page de titre, juste une page blanche. Il regarda sa mère qui semblait émue. Il se demandait bien pourquoi et tourna encore la page suivante avant de voir apparaître une écriture manuscrite. Il se figea en voyant le titre: Le vilain petit canard.

- Attends c'est un manuscrit ? s'étonna Connor. Mais ça vaut une fortune...

- Calme toi, lui intima sa mère.

- Garde le et vends le, ça paiera les dettes, enchérit Connor.

- Écoute moi, lui conseilla sa mère en touchant son bras.

- C'est quoi? insista son fils.

- C'est un livre qui appartient à notre famille, précisa sa mère.

- Quoi? s'étonna son fils surpris.

- Depuis très longtemps, l'ouverture du magasin même, avoua sa mère. Les propriétaires ont toujours fait cela.

- Il recopie des histoires ? demanda Connor ébahi.

- Ils recopient les histoires originelles qu'ils découvrent grâce à leurs recherches, afin d'en conserver un exemplaire, précisa sa mère.

- Donc il y des histoires anciennes? demanda Connor ébahi en tournant les pages avec délicatesse.

- Oui, même des histoires plus anciennes que les contes, provenant de traditions françaises, anglaises, germaniques, bien avant ce qui est célèbre. C'est un travail de longue haleine, qui n'aura sans doute jamais de fin, avoua sa mère.

- Donc ça appartient à la famille ? demanda Connor ébahi.

- Oui, tu te demandes pourquoi je te le donne ? comprit sa mère. C'est au moment de l'indépendance que l'on le donne au suivant. Tu vas être un peu indépendant et je pensais que cela te rappellerait la librairie.

- Maman c'est... Wahou..., fit-il en prenant sa mère dans ses bras.

- On dirait qu'il te plaît ce cadeau, fit sa mère en riant.

- Je vais en prendre soin, je te le jure, fit-il touché.

- Je sais... Mon grand garçon, fit sa mère émue.

Naturellement, ce fut pris d'une émotion gigantesque qu'ils finirent d'installer Connor, profitant même de cet instant pour inaugurer la kitchenette. Malheureusement, Connor finit enfin de s'installer et il était temps pour sa mère de repartir. L'étreinte fut plus longue que jamais et Connor resta planté à sa fenêtre pour saluer sa mère.

- Je t'appelle dès que j'arrive ! fit-elle avant de monter.

- T'as intérêt ! Fais gaffe à toi ! hurla son fils à la fenêtre.

Il la regarda partir et hésita longuement à quitter la fenêtre même quand elle avait clairement quitté la ligne d'horizon. Ce fut en se retournant qu'il se rendit compte qu'il était seul et d'un simple soupir s'assit sur son lit.

- C'est con mais elle me manque déjà, marmonna Connor pour lui-même.

C'était peut-être bien la première fois qu'ils étaient séparés, hormis lors de voyages scolaires, et bizarrement il était perdu. Il pesa dans sa main le livret du règlement intérieur et soupira avant d'attraper sa tablette. Il put rapidement se connecter au wifi du dortoir, sans aucun doute verrouillé sur bien des points, et se rendit sur la page du lycée. Il savait déjà qu'il avait des choses à remplir, comme ses options et également des choses à lire. Il découvrit alors qu'il pouvait demander des produits pour le ménage ou faire nettoyer les draps.

- C'est marrant, c'est comme remplir sa liste en prison, dit-il en riant. Alors... Ha le vide ordure...

Il regarda sa porte et alla l'ouvrir afin de mieux chercher le fameux vide-ordure dans le couloir. Il le trouva près de la porte de l'ascenseur avec une note du gardien de prison, Adam.

- Ne pas jeter de mégots ni produits incendiaires..., lut alors Connor en se grattant le bras. Mouais... Ne pas y jeter d'élèves... Sérieux ?

Connor regarda la dernière ligne avec consternation avant de retourner dans sa chambre. Il ne ferma pas la porte, pensant aller se chercher des choses dans les distributeurs qu'il avait vu dans le hall du bâtiment, dans le couloir opposé aux ascenseurs et qui devait amener aux zones communes. Revenu dans sa chambre, il vit le livre ayant appartenu à ses ancêtres et en tourna doucement les pages. Il y avait comme quelque chose d'impressionant à avoir un tel vestige du passé familial.

- Hey! T'es nouveau ? fit une voix derrière lui.

Sursautant et rangeant le livre dans un placard du bureau d'un mouvement brusque, Connor se retourna pour fixer sa porte désormais plus grandement ouverte. Deux garçons de son âge se trouvait à l'entrée, l'un appuyé contre la porte et l'autre sur son bras contre le chambranle de cette dernière. Celui sur la porte avait tous les signes du mec sûr de lui, avec un air suffisant qui indiquait que si il était élève dans le public, il serait du genre à s'en prendre aux faibles. Des cheveux courts bruns et un début de barbe ponctué par un look un peu grunge. Le second était par contre le parfait opposé: clairement issu d'une grande famille, ce grand blond musclé, stéréotype du playboy du lycée, semblait aimer montrer qu'il avait de l'argent, les vêtements qu'ils portaient semblaient tout droit sortis de la plus haute gamme de costumes vestons de chez Armani. Qu'ils soient amis étaient même assez perturbant.

- Et oui le nouveau, fit simplement Connor méfiant.

- Hm..., marmonna le mec en tenue grunge.

- Et boursier, précisa Connor.

Les deux jeunes échangèrent un regard qui devait se vouloir assez entendu. Connor comprit qu'il s'était déjà mis dans une situation merdique. Visiblement, les bourges faisaient la loi dans le coin. Peut-être que l'autre en tenue grunge n'avait ce look que par provocation envers son milieu. Connor se demandait si les groupes étaient aussi dingues que dans son ancien lycée. Il avait toujours eu une théorie dans la vie : le lycée c'est comme la prison, faut pas se laisser emmerder. Quitte à montrer qu'il ne fallait pas le faire chier, autant commencer tout de suite.

- Ça pose un problème ? demanda alors Connor sur un ton plutôt évident.

Il s'attendait à des ennuis avec ces deux là mais il ne s'était pas attendu à ce qui allait suivre mais c'était à marquer d'une pierre blanche.




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