Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme

Chapitre 13 : Nouveau but

4974 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 27/06/2025 13:40

Bonjour à tous !

… Oui, je sais, ça fait longtemps… ? Désolée, j’ai enchainé une énorme période de dépression, suivie d’une page blanche pour ce chapitre, et ouais, ça ne m’a pas vraiment réussi ^^’

Mais le chapitre est là, maintenant ! Victoire !

Je suis vraiment désolée de vous avoir fait autant attendre, j’ai vraiment fait de mon mieux, mais quand ça veut pas, ça veut pas… J’espère n’avoir inquiété personne : c’est toujours inquiétant, quand quelqu’un qui devrait publier… Ne le fais pas pendant plusieurs semaines. Si jamais cela se reproduit, n’hésitez pas à aller sur le forum, ou même directement me poser des questions sur mon Instagram Emilie Graziella / Clamiroyal pour demander où ça en est ! Je préfère tenir au courant que tenir dans le flou…

Pour en revenir à ce chapitre, comme il a été compliqué, je ne sais pas s’il est à la hauteur des autres, mais j’ai vraiment fait de mon mieux. Au moins, vous avez un sacré contenu !

Pour ne pas répéter l’expérience, j’ai aussi décidé de prendre de longues vacances ! Ce chapitre signant la fin du premier « arc », soit « le retour au point de départ », je vais en profiter pour me prendre du repos afin de préparer le suivant au mieux !

Le prochain chapitre sera donc publié, notez bien la date :

LE MERCREDI 30 JUILLET.

Je pars longtemps, mais croyez-moi, c’est pour la bonne cause ! Comme ça, je reviendrai plus en forme encore, c’est promis ! Et avec de meilleurs chapitres !

Sur ce, je vous laisse avec ce chapitre, et je vous souhaite à tous de bonnes vacances !

À BIENTÔT ET MERCI POUR VOTRE PATIENCE !!!

BONNE LECTURE À TOUS !!!

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Je frotte mes yeux. Ça a beau faire une heure que je suis réveillé, je me sens toujours un peu endormi. On dirait pas comme ça, mais le lit de feuilles qu’ils ont préparé pour nous était super confortable, j’ai vraiment envie d’y retourner…

Même si je suis le seul, car Kusiya et Szèl à mes côtés sont en pleine forme. On s’est même levés un peu en avance, pour être sûrs de ne pas rater le rendez-vous avec Avkor ce matin.

J’espère vraiment qu’il a retrouvé ses…

-Ouah… Je baille.

-Etian, reprends-toi !

Kusiya me donne un petit coup de coude pour me réveiller, ce qui me fait sursauter.

-Ah ! Oui ! Pardon ! Je vais essayer !

Szèl rit un peu, puis il baisse le regard sur mon bras. Son regard s’assombrit légèrement.

-Szèl ? Tout va bien ? Je demande.

-Tu es sûr qu’il n’y a plus rien ?

Je cligne des yeux et secoue la tête.

-Non, plus rien du tout ! Kusiya m’a tout soigné, regarde !

Je soulève un peu une manche de mon sweat, et en effet, aucune trace de brûlure. Je triche un peu, pour être honnête, car le pire est un peu plus loin… Mais ça, il n’a pas besoin de le savoir. Je veux pas qu’il s’inquiète encore plus…

Même si ça me gratte un peu.

Szèl soupire de soulagement, et laisse tomber sa tête venteuse sur mon épaule.

-Tant mieux… Les humains c’est tellement fragile…

-À qui le dis-tu. Je réponds.

On rit un peu tous les deux, avant de se redresser. Fey, un peu plus loin, se tourne vers nous et approche avec un signe. La pauvre est sans arrête sollicitée depuis ce matin, elle court partout pour répondre à des questions et donner des coups de main aux autres plantes. Mais puisqu’elle doit partir avec nous, ça ne m’étonne qu’à moitié.

-Vous êtes réveillés !

-J’ai dû les traîner de force, ils n’ont vraiment pas coopéré. Affirme la prêtresse.

Kusiya rit un peu, et je grimace. Se faire réveiller par de l’eau dans la figure, c’est toujours pas agréable… Mais vu comme je suis encore endormi, c’était une bonne idée. Et puis Szèl m’a séché juste après, donc tout va bien !

-Vous avez bien dormi ? Demande la saule.

-Oui, c’est pour ça que j’ai été mal réveillé. Je réponds.

-Tiens, où est Alev ? Lance Szèl.

-Elle arrive !

Fey fait un signe plus loin, pour attirer son attention. Alev était en train de parler à des plantes, je ne l’avais pas vu car sa flamme est beaucoup plus… Faible ? Atténuée ? Mais elle ne semble pas pour autant être en mauvaise santé.

Serait-elle en train de contrôler son feu pour ne pas brûler les alentours ? C’est mignon ! Et je pense que ça doit lui faire plaisir, de voir qu’ils sont toujours ses amis.

-Maintenant on est au complet ! J’affirme.

-Arar khaé yarar. Sort Alev.

-Kaay khaé, rarria ! Lui répond Kusiya en souriant.

Alev regarde autour d’elle.

-Earov khaé yakia riari. Vfkha fuajiau…

Elle sourit ! Un minuscule sourire tout timide, mais un sourire quand même !

-Rarria.

Les joues de Kusiya semblent bouillir un peu, la voix d’Alev était si… tendre. Je n’ai pas l’habitude de l’entendre comme ça… Je me tourne vers Szèl, qui hausse les épaules, n’ayant pas compris non plus. Heureusement, Fey arrive à la rescousse.

-Elle vous remercie pour avoir protéger le village !

-Oh ! Trop sympa !

Szèl fait un signe à Alev.

-Mais de rien !

-Vous allez bientôt partir.

Je redresse la tête vers Avkor, qui vient d’arriver. Les autres plantes apparaissent derrière nous, je me sens un peu comme un héros national, envoyé en mission par son peuple avec ses compagnons, Kusiya et Alev à ma gauche, Szèl à ma droite…

Comme dans un film, en fait…

Avkor soupire, et ramène notre attention à lui. Fey se retourne, et sourit à son père.

-Tu as réussi à retrouver ?

Avkor reste silencieux un instant, et détourne la tête.

-Oui.

-Génial ! Dites-nous vite ! Je m’exclame.

Je sens mes yeux briller d’espoir. Une nouvelle piste, une nouvelle piste ! Mais… étrangement, mon excitation redescend aussi vite qu’elle est apparue…

Car Avkor… Semble vraiment hésitant. Un peu trop hésitant. Alev le remarque, et avance d’un pas pour prendre sa main. Fey demande juste après :

-Il y a un problème… ?

-En effet.

Il croise les bras.

-Je ne peux pas, en toute conscience, vous laisser y aller seuls.

-Papa ! S’écrie Fey.

-Vous n’êtes que des enfants ! Je me dois de vous accompagner. Coupe le chef.

-Avkor, nous… Tente Kusiya.

-Je ne devrais pas partir seul, tout le village devrait vous escorter ! C’est beaucoup trop dangereux, hors de question de vous laisser partir.

On se regarde tous les cinq. Pourquoi faire simple lorsqu’on peut faire compliqué… Je comprends le sentiment d’Avkor, et après toutes les révélations d’hier je doute qu’il se sente confiant à l’idée de nous faire partir. Enfin plus ses filles que nous mais quand même.

Le soucis, c’est que c’est pas comme si on pouvait se promener avec tout un village, c’est… l’opposé de la discrétion.

-Avkor, je regrette, mais ce n’est vraiment pas une bonne idée. Dit calmement la prêtresse.

-Et pourquoi donc, Kusiya ?

-On doit voyager discret, et c’est compliqué avec tout un village de plantes… Commence Szèl.

-Et puis ça va énormément nous ralentir de voyager avec tout ce monde… Je reprends.

-Sans oublier que c’est trop dangereux, avec des jeunes ou des blessés ! Ajoute Szèl.

Fey traduit à Alev, qui rajoute immédiatement :

-Na radayni alto !

-Comme le dit Alev, veiller sur tout le monde sera bien plus difficile que de rester entre nous ! Renchérit la prêtresse.

-Et pour finir… Réfléchit Fey.

Elle croise les bras.

-Idée stupide.

-Fey ! S’écrie Avkor.

-Papa, je sais que tu… que tu es inquiet.

Fey approche et prend doucement sa main. Je vois Avkor la serrer.

-Mais le village a besoin de toi… Et… Et ils doivent rester en sécurité ! Tu peux pas venir !

-Alors je peux être le seul à venir !

Kafllef s’avance vers nous, l’air bien décidé. Bon, c’est mignon tout ça, mais ça nous arrange pas…

-Je peux me défendre seul, et au moins vous serez un peu plus nombreux. C’est un voyage difficile, je ne peux pas te laisser partir comme ça, Fey…

-Kafllef… Soupire Fey.

-On a toujours pu se reposer l’un sur l’autre, toi et moi, tu sais que je ne suis pas un poids…

Je vois bien que Fey hésite un peu. Elle tient tellement à Kafllef, ça doit être difficile de se séparer de lui une nouvelle fois… Je m’approche d’elle, et prend sa main.

-Fey… ?

Elle détourne un peu le regard. Oh oh, mauvais pressentiment… Mais heureusement, sans attendre, Kusiya approche et clame :

-Non, c’est important que tu restes ici, Kafllef.

-Pourquoi ?! Il s’écrit.

Il s’avance d’un pas vers elle, entre la colère et la tristesse.

-Car j’ai un plan.

Elle regarde Avkor.

-J’ai un plan, et tout le village peut y participer sans être directement en danger.

-… Nous t’écoutons.

Kafllef hoche la tête en croisant les bras. J’ouvre des gros yeux, même si je le cache autant que possible. Un plan ? Elle ne m’avait pas parlé d’un plan ! J’espère que c’est convaincant…

Même si je ne me fais pas vraiment de soucis ; elle est futée, Kusiya.

-Pendant que nous allons bouger, c’est important que vous attiriez Fajro le plus loin possible de nous.

La prêtresse avance d’un pas.

-Elle sait que nous allons rejoindre le porteur, elle l’a sûrement deviné. Cependant, elle est toujours persuadée qu’Avkor est en possession de la gemme, ou au moins qu’il sait où elle se trouve.

-Il faut la forcer à faire un choix entre vous et nous… Termine Avkor.

-Exactement.

Elle se tourne vers Kafllef.

-Et pendant ce temps, toi Kafllef, tu profiteras de son inattention pour observer ses mouvements. Comme tu le dis, tu es un excellent guerrier, et le second d’Avkor lui-même : je ne doute pas un seul instant que tu puisses la prendre en filature.

-Et qu’est-ce que j’en fais, de ces observations ?

-Tu les diras aux arbres non bénis.

Kafllef ouvre de grands, très grands yeux.

-Tu ne peux pas les comprendre, mais Fey, si, grâce à sa gemme. Je n’ai pas raison ?

Fey hoche la tête. C’est vrai que je l’ai déjà vu agir proche de la nature, comme lorsqu’elle a demandé aux grains d’herbes de retenir les membres de son village, au tout début du voyage !

-Alors voilà le plan. Avec Fey, Etian, Alev et Szèl, on va voir le porteur de la gemme pour demander ce qu’il s’est passé, ou au moins obtenir des informations, et on essaie de se faire le plus discret possible. Pendant ce temps, vous, vous avancer sur un terrain où vous aurez l’avantage, et Kafllef communique avec nous pour qu’on puisse éviter Fajro au mieux.

Elle frappe son poing dans sa paume.

-Comme ça, Fajro, quoi qu’il arrive, est encerclée. Et lorsque nous aurons retrouvés la gemme, nous saurons immédiatement où aller, et le conflit pourra s’arrêter.

Elle tend la main.

-Vous me suivez ?

Un silence s’impose alors. Kafllef et Avkor semblent profondément plongés dans leurs pensées… Je serre la main de Fey nerveusement. Allez, le plan de Kusiya semble…

Semble vraiment pas bête en fait, je viens d’y réfléchir. C’est comme un jeu de chat et de souris, mais avec deux souris pour un seul chat, et une autre souris qui espionne le chat.

Est-ce que ma comparaison fait sens pour quelqu’un d’autre que pour moi… ?

Après un long, très long silence, j’entend Avkor pousser ce qui ressemble à un soupir. Je cligne des yeux, et me penche très, très légèrement en avance, priant tous les dieux que je connais dans ma tête…

-Bon, très bien.

Je nous vois tous les quatre – car Alev ne compte pas, la pauvre, elle nous comprend toujours pas – faire un minuscule geste de célébration. Le plan a fonctionné ! On est toujours en danger, mais moins !

Je vois Avkor et Kafllef détourner le regard. Ils doivent quand même être embêtés, mais c’est pour le mieux. On sera de retour en deux temps, trois mouvements !

Fey hoche la tête en serrant un peu ma main, et approche d’Avkor.

-Alors dit nous, où est… l’endroit ?

-Bien sûr.

Avkor fait un signe à Kafllef, qui semble comprendre et s’en va. Je reste confus quelques instants, et Kusiya le remarque, et se penche vers moi.

-Il va sûrement chercher quelque chose.

-Mais quoi ?

Elle hausse un peu les épaules. On est pas plus avancés… Kafllef revient cependant vite, tenant ce qui ressemble à une écorce dans les mains. Fey s’approche et s’exclame joyeusement :

-Carte !

-Une carte ? Je souffle.

-Incomplète, pour l’instant.

Avkor prend cette écorce, et nous fait un signe d’approcher. Nous penchons la tête vers cette écorce ; l’intérieur est tourné vers nous, c’est rugueux et sans aucun motif.

-Voici Llahkarr.

Avkor commence à tracer quelque chose sur la carte, avec le bout de ses doigts. L’écorce de son doigt étant plus dure, elle parvient à graver sur…

Attendez, est-ce qu’il a arraché la peau d’un de ses congénères ?! Un peu surpris – et horrifié -, je recule d’un pas.

-Ça va Etian ?! Sursaute Szèl.

-D’où elle vient, cette écorce ! Vous avez pas tué un arbre quand même !

Les autres ouvrent des yeux ronds en me fixant. C’est très gênant, mais je suis un peu trop paniqué pour le remarquer. Et finalement…

Fey se met à rire.

Je cligne des yeux, et Kusiya accompagne la saule. Puis Szèl, et même Alev. Avkor soupire, mais rejoint rapidement sa fille tant son rire est communicatif.

Je ne pense pas s’ils se moquent de moi, mais je suis quand même un peu perturbé… Enfin, les voir aussi détendus, ça me fait vraiment du bien, à l’intérieur.

Ils méritent de rire sincèrement…

Finalement, je sens la main d’Avkor sur mon épaule. Je redresse la tête vers lui, il a toujours un sourire aux… à l’écorce. Un sourire à l’écorce.

-Aucun arbre n’a été arraché à son écorce, humain. Celle-ci vient d’un arbre malade, qui a dû s’en séparer pour guérir.

-Ah ?

-Nous avons une réserve, pour utiliser ces supports en cas d’urgence.

-D’accord…

Donc les arbres muent… ? Non, Avkor a dit que c’était la maladie… C’est fou, les arbres… Tombent malade… Et se soignent… C’est logique, mais, je ne sais pas, c’est…

Enfin bref, au moins aucun arbre n’a été torturé et écorché vivant.

-Ça va mieux ? Demande Fey.

Je hoche la tête.

-Oui, oui, on peut reprendre, désolé.

Avkor se penche de nouveau vers nous, reprenant la carte.

-Alors, comme je le disais, ici se trouve Llahkarr.

Il montre ce qu’il vient de tracer, une grande courbe avec une croix, surement représentant Lla… truc. Attendez, mais j’ai entendu ce nom quelque part moi !

-C’est pas une capitale ? Je demande.

-Si, celle du Feu. Précise Szèl.

-Ici se trouve Shëfishlavëndë. Continue Avkor.

-La capitale de l’Eau. Rappelle Kusiya.

Avkor trace une grande ligne… Assez proche de Llahkarr, en fait. Je ne m’en étais pas rendu compte, mais les capitales sont drôlement proches… Tu m’étonnes, qu’elles se soient alliées…

Elles doivent être vraiment proches, hm…

-Là, se trouve les terres de l’ouest, avec le village de Mawkaktsche, mais surtout Wreilunawr.

Je n’ai aucune idée de ce que sont ces endroits, mais Kusiya et Fey semblent savoir. Szèl se penche vers moi.

-Tu saurais ce que sont ces endroits en humain ?

Je me penche vers lui.

-Pas la moindre idée.

-Ah.

-Ouais, pardon.

On se regarde et on rit un peu, avant de se reconcentrer sur la carte.

-Entre les deux, comme vous le savez, se trouve un océan.

Nous hochons tous la tête, moi moins vigoureusement que les autres.

-Voici votre destination.

Il trace un cercle… au milieu de l’océan. Je blêmis à vue d’œil. Au milieu de l’océan… ? Une île, au milieu de l’océan, entre deux continents… ?

… Attendez.

-Lors de notre discussion, elle m’a dit… Que le porteur s’était exilé ici, pour ne pas que quiconque vienne le déranger… Sur l’île de Kharkantal.

Avkor se plonge dans ses pensées.

-Oui, elle se plaignant de son isolement, qu’il « ne servait à rien, au milieu des eaux » et que « personne n’entendait plus parler de lui » … Je suis formel, c’est ce nom qu’elle m’a dit, qu’elle a laissé échapper. En réfléchissant ensuite auprès des anciens, nous sommes certains. C’est ici.

-Hawaï…

Les autres se tournent vers moi.

-Tu as dit quelque chose, Etian ? Demande Kusiya.

Je hoche la tête.

-Oui, les humains appellent cette île Hawaï. Il y a un volcan dessus, c’est peut-être… ici qu’il est caché… Ou était.

Je grimace un peu. Ça reste très probable qu’on tombe sur un cadavre… Ou quoi qu’il reste après qu’un habitant du Feu ne périsse…

-Ooooh ! Hawaïïïï !

Szèl s’entraine à le prononcer, ce qui me fait doucement sourire. Kusiya prend ma main, pour attirer mon attention.

-Et… Tu sais comment y aller ?

-Euh…

Je me gratte la nuque.

-C’est un endroit ultra touristique pour les humains, donc je suppose qu’il y a des bateaux en dehors des avions mais… C’est pas comme si on pouvait prendre ça.

-Non en effet… Et c’est si proche des Capitales, c’est se plonger en territoire ennemi… Marmonne Kusiya.

-Voyez, c’est bien trop dangereux. Renchérit Avkor.

-Mais si trop nombreux, on sera plus… plus facilement repéré. Rétorque Fey. Plus simple de se déplacer en petit comi… comaté ? Comité !

Nous restons en silence plusieurs minutes. Il va falloir réfléchir à un plan… Mais au moins, on a un nouvel objectif, une nouvelle destination.

Et puis, on a surtout pas de temps à perdre.

Fey prend la carte, et l’observe fixement. Elle doit sûrement être pensive. Après seulement quelques secondes cependant, elle redresse la tête.

-On y pensera en route !

Elle se retourne vers nous.

-Allez, on y va !

Nous hochons tous les 5 la tête. Nous n’avons pas davantage de temps à perdre. Avkor, cependant, en nous voyant déjà près à partir, avance d’un pas.

-Vous allez déjà…

-Oui, papa.

Kafllef approche et prend la main de Fey, qui l’observe tendrement, comme pour le rassurer.

-Ewunu schly, kar mieni…

-Erif rfy efa wallewen, Kafllef.

Ils se serrent dans les bras quelques instants, s’accrochant un peu l’un à l’autre. Je ne peux pas m’empêcher de détourner la tête ; c’est pas que c’est pas mignon, mais plutôt que je me sens comme un voyeur…

-Fey ? Appelle Kusiya.

-Oui. Je suis là.

Elle lâche Kafllef, et se tourne vers le village, pour leur faire un petit signe d’au revoir.

-Bon, il est temps de… Elle commence.

-Aarov !

Je me retourne, et remarque quelqu’un courir vers moi.

-Kawa ?

La petite fleur semble un peu nerveuse. Je vois qu’elle tient Lionie dans ses bras, je souris en voyant qu’elle n’a rien, même pas une petite trace de brûlure ! Elle est géniale, ma peluche.

Puis, Kawa hoche la tête, comme pour se donner du courage… Avant de tendre Lionie vers moi.

-Alell, erif rfy ynüken iwallro wäschwa Lionie !

Je cligne des yeux, et voit Kusiya et Fey plaquer leurs mains devant la bouche, complètement attendries. Qu’est-ce Kawa a bien pu dire, pour qu’elles réagissent comme ça ?

C’est après quelques secondes que Fey pousse un petit cri, et approche pour traduire :

-Elle veut que tu reprennes ta gardienne !

-Oh !

Je cligne des yeux. C’est vrai que je n’avais pas pensé à ça, en lui donnant, je voulais juste qu’elle se sauve… Et maintenant qu’elle est en sécurité…

J’observe Lionie quelques secondes. C’est ma peluche favorite, ma meilleure amie, mais… Plus je continue, plus c’est risqué pour moi de la garder. Sans oublier que maintenant…

J’en ai d’autres, des gardiens.

Et je dois apprendre a en être un aussi.

-Tu sais quoi, Kawa ?

La petite fleur penche la tête sur le côté.

-Lionie préfère rester avec toi pour protéger le village, tu devrais la garder.

-Awwww…

Les yeux de Fey pétillent un peu. Je l’entends ensuite traduire à Kawa, qui sursaute, et me regarde fixement.

-… V… Vanioke…

Je connais ce mot.

-De rien, Kawa.

Je regarde Lionie encore quelques secondes, avant de tourner la tête. C’est la meilleure chose à faire, même si elle va me manquer. Au moins, elle vivra ses propres aventures avec le village.

Je regarde les autres qui hochent la tête, avant de faire un signe aux plantes.

-Auwl llieawerse !

Fey les salue, avant de commencer à reculer. Quant aux plantes… Elles se mettent à applaudir. À nous acclamer.

Je me sens rougir, c’est la première fois que je vois un truc pareil !

Je m’éloigne, lentement, fixant Avkor et Kafllef. Ils ont toujours l’air un peu nerveux… Mais semblent confiants malgré tout. De toute manière, ils n’ont pas vraiment le choix.

Il faut croire en Fey, jusqu’au bout.

Je finis par me retourner pour les quitter des yeux, et marche, jusqu’à ne plus entendre les applaudissements des plantes. Bien plus loin, dans la forêt. Nous revoilà seuls, aussi simplement.

Et nous voilà partis ! 

Je replace mon sac sur le dos, et commence à avancer pour suivre Fey. Je me demande quel est son plan pour traverser la mer… Est-ce qu'on va remonter sur une bûche ? Non, non, c'est beaucoup trop loin pour ça…

Enfin, pour commencer il faut encore rejoindre une des capitales sans se faire repérer… la route va vraiment être rude.

Pensif, je serre une lanière de mon sac. Puis je sursaute. Il est quasiment vide… et la moitié de ce qui est dedans ne m'est plus vraiment utile… à part mon sac de couchage et ma gourde - et encore.

Ce brave sac à fait le tour du monde.

Je l'observe. Je suis si proche de la maison…

Est-ce que… grand-mère va bien ?

-Etian ?

Je me tourne vers Kusiya, elle semble un peu inquiète.

-Tout va bien ?

-On arrête pas de me poser cette question hein ? Je répond en ricanant.

Kusiya croise les bras et penche la tête sur le côté.

-Désolé de vous inquiéter autant… J’ajoute.

-Mais non ce n'est rien ! Dis-nous ce qui te tracasse !

Szèl, qui vient d'apparaître, prend ma main et hoche la tête.

-C'est rien en fait je suis juste pensif car euh…

Car euh ma grand-mère est juste à côté ? Je ne sais pas vraiment si je peux le dire comme ça… Je me mets alors à penser, et penser. Et encore penser. Et réfléchir.

Et après quelques secondes d'hésitations… je lève la tête.

-On peut faire un petit détour ? 

-Oh ? Souffle Kusiya.

Elle se tourne vers Fey.

-J'ai entendu ! Par où ? 

-J'aimerais bien… voir quelque chose. Je réponds.

-C'est loin ?

Je secoue la tête.

-Ça va rajouter… 20 minutes maximum.

-Alors je te suis !

Fey sourit, et serre la carte contre elle. Je soupire un peu de soulagement, et vois Kusiya traduire à Alev. Elle hoche la tête et croise les bras, sans se plaindre pour autant.

-On va où ! 

Je commence à avancer, sans même avoir besoin de me repérer. C'est comme si je savais déjà où aller, instinctivement.

-Voir ma grand-mère.

Je sens les autres se figer un peu. Je cligne des yeux.

-Un problème ? 

-Etian… elle… Peut pas nous voir… Peut être… Rappelle Fey.

-Je sais, ça ! 

Je souris.

-Je veux juste m'assurer qu'elle va bien ! Juste la voir, même pas lui parler, en fait. Pour partir plus sereinement.

-On va voir ta grand-mère ?!

Szèl sautille d'excitation.

-Génial génial ! Je me demande à quoi elle ressemble ! Euh c'est bien elle pas vrai ? Je confonds pas ?

-Non non Szèl tu confonds pas, c'est bien une dame humaine ! 

-Ah fiou, avec la discussion de l'autre jour tout s'est mélangé.

Il prend ma main et me tire un peu en avant.

-Qu'est-ce qu'on attend, on y va !

-C'est par ici !

Je me retourne, et entraperçois Alev me fixer mystérieusement. Pas hostile ou quoi, mais peut être avec un peu… de compassion ?

Je dois rêver. Mais en même temps, c'est pas si incohérent. Enfin bref.

On avance dans la forêt quelques minutes… mon cœur se serre un peu. Je reconnais ces arbres, ce sentier… ça n'a pas changé. 

Et c'est là que je vois la maison.

Par réflexe, je tombe à genoux pour me cacher dans un buisson. Les autres font immédiatement de même, bien qu'un peu surpris.

-C'est cette maison ? Demande Kusiya.

Je hoche la tête silencieusement.

-Je ne l'ai jamais vu… Souffle Fey.

-Une maison humaine d'aussi prêt c'est incroyable ! S'écrie Szèl.

Je souris devant son enthousiasme, avant de fixer… ma maison. 

Je crois que je n'ai pas trop réfléchi, avant de demander à y aller… Je ne sais pas du tout comment réagir.

Devant moi c'est ma maison.

Bon sang devant moi c'est ma maison…

Puis… je souris. Je plisse les yeux, et regarde la fenêtre. Je vois des ombres bouger. Celles-ci s’affinent, et je vois ce qui se cache derrière. 

Ma grand mère est là, en vie. Elle parle avec Théo. Il a respecté sa promesse… 

Je me sens tellement… soulagé. Elle va bien, elle n'est pas brûlée et ne semble pas malheureuse. Elle est comme quand je l'avais laissée… Malgré tout ce voyage, elle, elle reste.

-Elle va bien…

Je vois les autres me regarder mystérieusement. Fey prend ma main, et souffle doucement :

-Tu ne veux pas aller la voir… ?

Je l'observe quelques secondes, puis secoue la tête.

-Non. Si je vais la voir, ce sera trop difficile de la quitter encore une fois.

Je me lève, et commence à m'éloigner. Les autres me rejoignent. Je serre mon propre pendentif fermement dans ma main, sans faire demi tour, ni me retourner.

-Quand je reviendrai la voir… elle sera fière de moi.

Je serre mon pendentif plus fort.

-Je serais un héros qui a sauvé le monde.

Je ne regarde pas trop les autres avant de m’éloigner, je remarque seulement que Szèl m’observe avec des étoiles dans les yeux. C’est vrai que c’était une jolie phrase, j’en suis plutôt fier !

En avançant pour m’éloigner au plus vite jusqu’à ne plus voir la maison derrière moi, il y a cependant une chose que je n’ai pas entendu, dans mon dos.

Une porte qui s’ouvre.

J’étais bien caché, derrière trop d’arbre pour être visible, mais quelque part… Je pense qu’elle n’avait pas besoin de me voir, pour savoir. Qu’au fond d’elle-même, son instinct était bien plus fort que ses sens.

Elle a su que c’était moi.

Et elle a su que j’allais bien.

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On se retrouve le 30 juillet pour la suite des Élémentaires avec l’arc : « Le porteur du Feu » !

Bonnes vacances à tous !

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