Les Elémentaires tome 2 : La Quête de la Gemme

Chapitre 14 : À la recherche d'un passage

4821 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 31/07/2025 16:13

Bonjour à tous !

Après un mois de juillet complètement pourri et raté, je suis de retour :D Avec j’espère peu de retard (car je sais que j’aurai du retard, nous sommes à 6h du matin le 30 juillet quand j’écris ce mot, avant de commencer la correction ^^’)

J’espère que les vacances se passent mieux pour vous qu’elles se sont « passées » pour moi :D

Je dois aussi vous prévenir ! Je serai absente dans deux semaines, et ne pourrais donc pas publier le prochain chapitre le 14 août comme prévu, mais il le sera le 21 août, soit dans trois semaines au lieu de deux ! Désolée de vous faire trop patienter, mais promis, ça vaudra le coup !

Petite note pour EnSorceleurisee : Désoléééée ! Mais après tout, le danger est partout, il fait être prêt à tout ! Je suis contente que tu as aimé voir Etian et Szèl voler, je les aime trop mes petits nenfants, ils sont adorables. J’espère que tu seras rapidement rassurée, merci beaucoup pour ton commentaire et bonne lecture !

Et sur ce, on est repartis pour de longs chapitres, bien plus longs que prévus ! C’est parti !

Bonne lecture à tous !

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Je me hisse sur une branche d’arbre, pour essayer de voir au loin.

-Argh… Allez, allez, allez…

-Besoin d’aide ? Souffle quelqu’un.

-Je veux bien !

Je sens un courant d’air me pousser. Je m’accroche, et en quelques secondes, ma tête dépasse les feuilles de l’arbre. Je souris, et clame :

-On y est, je vois la plage !

-Super ! J’entends en dessous de moi.

-Je descend !

J’essaie de reculer, pour rejoindre le sol… Quand je sens qu’une branche casse sous mon poids !

-Ah ! Attention là-dessous ! Je lance.

Je ferme les yeux et me prépare à l’impact… Mais je sens quelque chose sous mon dos. Ou plutôt, c’est comme si j’atterrissais sur quelque chose.

Comme un coussin d’air, avec quelques gouttelettes qui volètent autour de moi.

-On te tient !

Je tourne la tête vers Kusiya et Szèl. Ils ont le bras tendu vers moi, et leurs jambes ont visiblement disparus. Je me redresse rapidement sur mes deux jambes, et lève un pouce en signe de reconnaissance.

-Merci tous les deux !

-Pas de quoi ! Répond Szèl.

-Merci d’avoir grimpé ! Renchérit Kusiya.

En tournant la tête, je vois qu’Alev roule un peu des yeux. Peut être que monter sur un arbre était moins pratique que de voler au dessus, mais je voulais voir ou on en était moi-même. C’est moi l’humain, après tout, je sais reconnaître des infrastructures humaines quand j’en vois.

Hehe, j’ai enfin trouvé un truc que moi seul peut faire !

-On se rapproche, on se rapproche ! Venez !

Fey montre sa carte, et nous nous penchons tous sur elle.

-Bientôt, nous pourrons traverser la mer, pour… pour re…

-Rejoindre ? Je propose.

-Oui, rejoindre ! Reprend Fey. Rejoindre Wreilunawr puis Kharkantal !

Je souris, et laisse s’échapper un petit bruit victorieux. Cela fait 4 jours, depuis qu’on a quitté le village de Fey pour se mettre en route vers le porteur de la gemme du Feu. On a toujours pas décidé de la route exacte, mais on est au moins partis dans la bonne direction.

On a dû faire quelques détours, par contre, vu qu’on approche du bassin d’Arcachon… Et que c’est quand même une destination touristique sacrément connue. C’est pour ça qu’on a mis plus de temps que prévus.

Enfin, on se rapproche, puisque j’ai vu la mer à l’instant ! Encore quelques minutes de marche, et on sera devant l’eau !

C’est à cet instant précis que nous sommes tous restés en silence plusieurs secondes. Personne ne bouge, et on fixe simplement le carte. Ça doit être un sacré spectacle pour ceux qui viendraient, mais on a de la chance, personne ne vient.

Et puis, comme une pierre, la question tombe.

-… Et quand on est arrivés, on fait comment ? Je demande.

Silence absolu.

-Nous verrons à ce moment là. Répond la saule.

Fey se remet à avancer. Son ton trahit son inquiétude, et je vois à son regard qu’elle est pensive. Nous l’observons s’éloigner, avant de la rejoindre.

En quatre jours, pas moyen de trouver un moyen de transport. Ce n’est pas faute d’y avoir réfléchit de mon côté, mais aucune solution magique ne semble exister… Enfin, pour l’instant, nous n’en avons pas vraiment parlé entre nous.

Jusqu’à maintenant.

-Essayons de penser à chaque possibilité. Une solution finira forcément par se présenter à nous. Souffle Kusiya.

Nous hochons la tête. Le problème, c’est que personne n’ose parler… Car chaque idée paraît stupide. Si on réfléchit depuis quatre jours, c’est pas pour rien…

-… Bien, puisque personne ne se dévoue… Continue la prêtresse.

Elle s’éclaircit la gorge.

-Première idée : voler au dessus de l’océan en passant par les vents marins.

-Ça ne pourra pas marcher, je pourrais pas vous porter aussi longtemps… Affirme immédiatement Szèl. Déjà qu’Etian c’est compliqué…

-Tu dis que je suis lourd ?! Je m’écris.

-Non, surtout encombrant. Rétorque le venteux.

Il se fige, se tourne soudainement vers moi, et attrape mes épaules. Il a l’air complètement paniqué !

-Désolé ! J’ai dit un truc méchant, pas vrai ?! Je voulais pas, désolé j’ai juste pas l’habitude et…

-Calme toi, Szèl, tout va bien ! Je coupe.

Je ris un peu.

-Je plaisantais tu sais ? Je suis un humain, c’est carrément plus encombrant que de l’air ! Déjà que tu dois te séparer d’une bonne partie de ton corps pour me porter, alors le reste…

-Plus important encore.

Fey se tourne vers nous.

-Si Szèl trop haut… Re… Repérer par l’Air.

Szèl semble cligner des yeux, puis se gratte la nuque.

-C’est vrai qu’il y a ça aussi…

-C’est compliqué cette affaire… Je marmonne. Je suis pas sûr de comprendre ou est la limite entre légal et illégal avec ton bannissement.

-Pour résumer, tant qu’on me voit, je suis mal. Explique le venteux.

-Donc, on peut rayer la voie des airs. Affirme Kusiya.

Nous hochons tous la tête. La route reprend, je vois que le sol commence à changer. De moins en moins de terre, pour de plus en plus de sable. On s’approche, on s’approche… Et on a toujours rien…

C’est vraiment frustrant, de n’avoir aucune idée comme ça.

-Maintenant, deuxième possibilité, la voie de l’eau. Continue Kusiya.

-Pas beaucoup mieux. Lance Fey.

-Encore pire oui ! Je m’exclame.

Je grommelle un peu.

-C’est de l’eau de mer, le domaine de l’autre sorcière ! Un seul millimètre qui n’est pas isolé, et on est repérés direct !

-Sans oublier que cette fois, je ne dois pas simplement couvrir un morceau d’écorce, mais 3 personnes, dont 2 physiques… Ajoute Kusiya.

Fey secoue la tête.

-Et le trajet est long, alors… Alors, plus de chance de croiser un quelqu’un.

-C’est seulement « quelqu’un », Fey. Je corrige.

-De croiser quelqu’un ? Elle recommence.

-Oui !

Elle me sourit un peu, et termine :

-Plus de chance de croiser quelqu’un d’Eau !

-En conclusion… Marmonne Kusiya.

-Retour à la case départ. Nous disons tous en chœur.

Nous soupirons profondément. Seule Alev nous regarde, entre surprise et impressionnée par notre synchronisation. Elle redresse la tête, et tend le bras.

-Yallrar ratiy.

-Hm ?

Fey se retourne.

-Oh, tu as raison ! Elle s’exclame.

-Raison de quoi ?

Mais Fey m’ignore pour partir un peu plus loin. Je l’appelle, et tend même un bras, mais il ne faut que quelques secondes pour comprendre. Devant moi, la mer s’étant à perte de vue, et les derniers brins d’herbes disparaissent sous le sable.

-Nous voilà arrivés…

-Attendez.

Je m’avance, et sort le premier de la forêt. Je regarde à droite, à gauche…

-Non, aucun humain à l’horizon.

Je me tourne vers les autres et leur fait signe d’approcher, ce qu’ils font immédiatement. Szèl semble assez impressionné.

-C’est beaucoup plus grand vu d’en bas. On ne voit même pas l’autre bout !

-Tu n’as jamais vu la mer ? Je demande, interloqué.

-De loin et de haut, mais j’ai jamais trop voyagé. C’est tellement grand…

-Non, en effet… Mais nous devons pourtant traverser…

Fey hoche la tête pour réaffirmer les dires de Kusiya, et nous observons la mer quelques instants. Il y a un peu de vent, et ça sent le sel, mais à part ça, on dirait presque qu’on peut juste nager jusqu’au prochain continent.

Je sais que c’est impossible évidemment.

Et on a toujours pas de solution.

Fey se laisse tomber dans le sable en soupirant, et fixe la carte.

-Comment faire… Comment faire…

-Hm…

-Pfff…

-Rrrr…

Après ces onomatopées très variés, les autres se plongent dans leur réflexion. J’observe la mer quelques instants. On ne peut pas rester bloquer comme ça, c’est trop idiot ! Non, il faut trouver une solution !

-…

Une petite lumière s’illumine dans mon esprit. Elle brille, de plus en plus fort.

-Dites…

Les autres se tournent vers moi immédiatement, les yeux pleins d’espoir.

-J’ai une remarque un peu stupide mais…

-Oui ?! Dis-nous, Etian ! Insiste Fey.

-Et si on passait par-dessous ?

Mes compagnons restent figés plusieurs secondes. Très, très longues secondes. Je finis par sortir, en panique à l’idée d’être trop idiot :

-Ou pas j’en sais rien, mais après tout, peut être qu’il y a un passage fait par la roche ou quoi !

-Un tunnel qui rejoindrait deux continents… ? Murmure Kusiya.

-Personne utiliserait un truc pareil ! Lance Szèl. C’est beaucoup trop lent, autant demander de l’aide.

-Non ce… Ce n’est pas stupide.

Fey se lève, serrant la carte contre elle. Alev, étrangement, semble immédiatement comprendre où la saule veut en venir… Puisqu’elle s’écrit :

-Fey, kalivar na alé ?

-Jian, ataiat alé kalivar.

Le regard de Fey se fait plus… Dur. Je déglutis, qu’est-ce que j’ai pu dire pour provoquer une telle réaction !

-Le passage Aur’ora Arnero.

Kusiya, Alev et Szèl poussent tous un petit cri en entendant ce nom. C’est pas bon, c’est pas bon du tout ! Pourquoi ils réagissent comme ça ?! Le sérieux de Fey n’est pas rassurant non plus…

-Le passage… Aur’ora Arnero ? Je demande nerveusement.

-C’est une histoire que racontent les parents pour effrayer les enfants… Commence Kusiya.

Je déglutis.

-Il y a plusieurs siècles, des humains sont arrivés sur l’autre continent, et ont massacrés plusieurs êtres d’or et de pierres précieuses. Alors, pour s’enfuir, le village Ssenaur’ess kolwien a creusé un passage sous l’océan, pour rejoindre notre continent. Continue la prêtresse.

-Mais c’est parfait, ça ! Je m’écris. Pourquoi vous semblez tous stressés alors ?

-Car la suite de l’histoire raconte comment le passage s’est effondré sur les survivants. Reprend le guerrier de l’Air.

Je cligne des yeux. Szèl il… il est sérieux, là ?!

-Quoi… ? Je murmure.

-Jusque dans l’Air, on connaît cette histoire. Un tunnel maudit, car l’Eau ne supportait pas de voir leur territoire détruit… Termine le venteux.

-Non ?

-Hm ?

Il se tourne vers Kusiya, celle-ci semble vraiment surprise, et raconte alors :

-Ce n’est pas l’histoire que je connais… Les survivants ont réussi à passer le tunnel, mais lorsqu’ils sont sortis, les humains de l’autre côté se sont mis à les attaquer de nouveau… Alors, pour empêcher leur descendance de subir leur cupidité, les survivants ont volontairement détruit le tunnel, pour que les derniers y soient coincés à jamais.

-Mais qu’est-ce que c’est que cette version ?

Les deux se chamaillent gentiment, confus par leurs histoires différentes. Fey, qui pendant ce temps traduisait à Alev, termine son récit. Et c’est au tout de la flamme d’ajouter :

-Léro na yakerlar ajalu orhit ?

-Quoi ?! Sursaute Kusiya.

-Quoi encore ! Insiste Szèl.

-Je traduit mot pour mot. « Mais ils sont pas perdus sous l’océan » ? Réexplique Fey.

-Mais non ?! Lancent Kusiya et Szèl en cœur.

Fey se gratte un peu la joue, et ajoute timidement :

-Moi, je croyais que les humains avé retrouvés, et que pour pas souffrir, les survivants ont détruit le chemin…

Les quatre se regardent avec des yeux ronds comme des ballons. Je m’approche d’un pas et marmonne :

-Donc… Aucun de vous n’a la même fin ?

-Mon père m’a raconté depuis petite pousse ! Rétorque Fey.

-On apprends ça en cours ! Renchérit Szèl.

-Et cette histoire est contée de générations en générations pour les prêtresses ! Souffle Kusiya.

-Vfkha faverla… Termine Alev.

-Attendez, attendez, temps mort, stop ! Je coupe en faisant des signes.

Ils se tournent vers moi, les pauvres, ils sont tellement confus… Apprendre qu’une histoire qu’ils connaissent depuis l’enfance est aussi compliquée, je peux comprendre que ça les laisse dans cet état.

Mais une idée germe peu à peu dans mon esprit.

-… Ce que je vais dire peut paraître étrange mais… Vous avez tous une histoire où le passage en question a été détruit, pas vrai ? Avec des méthodes différentes ?

Ils hochent la tête, Alev avec un peu de retard causé par la traduction. L’idée dans mon esprit se renforce, et je me sens même comme un détective en affirmant :

-Et si c’était un moyen de brouiller les pistes volontairement ?

Je sens un peu de confusion, de la part des autres, mais ce n’est pas forcément un mauvais signe. Au contraire, ils semble confus mais… intrigués.

-Brouiller les pistes ? Insiste Kusiya.

-Ouais ! Pour éviter d’amener de l’attention sur ce passage, justement ! Je veux dire, si on ne veut vraiment pas être trouvé, on va inventer une histoire, une légende… Et laisser le bouche à oreille faire ensuite…

-Le bouche à quoi ? Souffle Szèl.

-Expression humaine pour dire de laisser propager l’information. J’explique.

-Ah, d’accord ! … Attends. Continue le venteux.

Fey approche d’un pas, gardant une main sur sa gemme.

-Tu dis que ce passage…

-Ouais. Ce passage existerait réellement, et a juste été caché tout ce temps ! Je lance.

Je frappe un poing au centre de ma paume.

-Je suis prêt à parier que c’est pour ça que vos histoires sont différentes ! Car ceux qui vivent dans ce passage n’en sont sortis que pour propager les rumeurs aux quatre coins du globe !

-Un moyen pour eux de se protéger après ce qu’ils ont subis… Ça fait sens, oui… Renchérit Kusiya.

-Oui !

Je souris, vraiment fier de voir qu’on partage mon idée. Après tout, ce passage légendaire est peut-être notre seul moyen de continuer notre aventure, il faut y croire jusqu’au bout !

-Ljerrirr aahaé nvfarra ? Demande Alev.

-Etian kalivar maraso ejud, tarvfo mukhrete alto folicar masta. Explique Kusiya à la flamme.

-O.

Alev hoche la tête.

-Nérro avfarr airahi na yaklar skrima, antl aétalla. Reyakh tarvfo ratin, léro ljotar na taeririr.

Elle ricane.

-Na tohkha lilara avfo.

-Alev.

-Aahaé, tamarhat !

Fey soupire profondément, mais je vois dans son regard qu’elle a retrouvé de l’espoir.

-Il faut essayer !

-Mais comment trouver un passage centenaire qui n’existe peut-être pas… ? Murmure Kusiya.

-D’après ma version de l’histoire, le passage se cacherait « Dans une baie, à la pointe d’une montagne ». Tente Szèl.

Le guerrier ouvre un peu les bras.

-C’est pareil pour vous ?

Et, on a de la chance, les autres disent oui au même moment, un grand sourire au village ! Kusiya complète même avec :

-Pour être exacte, l’Eau ajoute « La pointe des montagnes dessine une route menant à la mer, où les survivants sont sortis ».

-Une pointe de montagne…

-Et Père m’a dit… La montagne est au sud ! Précise Fey.

-Au Sud ? Insiste Kusiya.

-Oui, ce ne sont pas les Alpes, mais des montagnes au sud, à un mois de marche !

-Une pointe de montagne au sud… Je réfléchis à voix haute.

Allez Etian, souvient toi de ta géographie… Qu’est-ce qui pourrait faire sens… J’ai jamais été le meilleur dans mes études, mais ça devrait être évident !

L’illumination dans mon esprit devient éblouissante.

-Les Pyrénées !

Je bondis presque sous l’excitation. Eurêka, comme a dit l’autre !

-Les Pyrénées sont des montagnes au sud par rapport aux Alpes, et elles sont assez fines, ce qui pourrait former une pointe de chaque côté !

-Mais oui, t’as raison ! Depuis le ciel, ça fait vraiment une pointe ! Renchérit Szèl.

-J’ai trouvé, j’ai trouvé !

Trop heureux, je prends les mains de Szèl, qui semble à deux doigts de devenir une tornade tant il est surpris. Je n’y fais cependant pas trop attention, trop heureux à l’idée d’aider les autres.

-Ah !

-Il ne reste plus qu’à partir au sud d’ici ! En longeant la mer, on devrait tomber sur cette baie ! Alors en route, en route !

Je prends la main de Fey, et commence à avancer. Celle-ci est surprise, mais se laisse entrainer. Pendant quelques minutes.

Car rapidement, je me tourne vers elle pour demander :

-… C’est bien par là, le sud ?

Les autres m’observent avec un air ahuri, avant d’éclater de rire. Et je les rejoins volontiers. C’est un tel soulagement, d’avoir trouver un moyen de traverser ! S’il existe bien sûr, mais je sais qu’il existe, je le sens au plus profond de moi !

Enfin, pour ça, il faut déjà le rejoindre. Alors nous nous sommes mis en route, et ajouté une grosse journée à notre palmarès de voyage. Longer la mer comme ça est très agréable, même si je devais rester prudent pour ne pas se faire voir par des humains.

Je plisse les yeux, pour observer devant moi. Devant se trouve une baie, coupée en son centre par un gigantesque canal. Il fait plus chaud ici, aussi, c’est sûrement car on est partis dans le sud. L’Espagne doit pas être loin.

-L’entrée est dans le coin, vous croyez ? Je demande.

-Ce canal au centre de la baie… Ce n’est pas anodin… Marmonne Kusiya.

-Des humains sont capables de le faire, tu sais ? Je lance.

Les autres me regardent intensément. C’est gentil de douter de moi comme ça… Mais en même temps, c’est vrai que pour l’instant, je ne suis pas le plus compétent des représentants de la race humaine.

Après, je fais de mon mieux ! Et je suis utile ! C’est le plus important.

-Comment y aller ?

Fey tend le bras.

-Il y a des humains, là bas…

Je plisse les yeux. En effet, plusieurs humains sont en train de se baigner. Ils n’ont pas vraiment tort, la mer à l’air presque accueillante. Je dis presque, car je n’oublie pas que Väle est là dedans, et c’est pire que la peste.

Je me mets à réfléchir. Comment faire fuir des humains près de la mer… ? Alev remarque notre concentration, et après avoir reçu une traduction de Fey, semble regarder ailleurs.

-Oh… Je crois que j’ai une idée.

-Dit nous !

Je me tourne vers Szèl.

-Est-ce que tu te sens capable de faire reculer la mer ?

Il ouvre d’énormes yeux. Kusiya semble comprendre immédiatement, et ajoute, ses yeux s’illuminant :

-Oh, tu veux simuler un tsunami !

-Exactement ! Je réponds.

-Un tsunami ? Demande le venteux. Je connais pas ce mot !

Ses yeux s’illuminent à l’idée d’en apprendre plus. Kusiya lui répond sans attendre :

-C’est une manœuvre ancestrale de l’Eau. Reculer l’eau de la mer, afin de créer une immense vague qui se jettera sur les côtes. C’est une manœuvre qui est souvent dévastatrice, que ce soit pour la Terre ou les humains.

-Oh, je crois que j’ai vu ça depuis le ciel, parfois ! Affirme Szèl.

-Alors, Szèl, tu peux ? Demande Fey.

Le venteux cligne des yeux, puis rit, un peu gêné.

-C’est quand même beaucoup de mer… Je suis pas sûr que ça fonctionne. Si Vinhizi était avec moi, pourquoi pas, mais seul…

-Un peu trop ambitieux ? Insiste Kusiya.

-Ouais… Désolé…

Il soupire, et Kusiya prend doucement sa main pour le rassurer.

-Et mince, mon plan tombe à l’eau… Je marmonne.

-Littéralement. Taquine Szèl.

Je me remets à réfléchir, mais… J’entends un cri au loin. Un cri de terreur. Suivit par de l’agitation, de la panique…

-Hein ?! Qu’est-ce qu’il se passe, encore ?! Je m’écris.

-Vous entendez ça aussi ?! Renchérit Szèl.

-Euh… Les humains…

Je me tourne vers Fey, qui tend le bras.

-Les humains s’en vont…

Je tombe presque en avant pour me mettre devant elle, et… Oui. Les humains s’enfuient en courant, attrapant à peine leurs serviettes et leurs enfants avant de se réfugier plus loin.

Et en tournant la tête, je comprends pourquoi…

-Le Feu nous a déjà retrouvé ?!

Szèl se met instinctivement devant moi, et Kusiya se prépare, mais Fey souligne la véritable question.

-Où est Alev ?

Nous restons en silence plusieurs minutes. C’est Szèl qui le tranche.

-Elle a quand même pas…

-Ljotar yaira.

Comme si elle nous avait entendu, Alev apparaît de derrière un arbre, semblant plutôt fière.

-Alev, est-ce que t’as foutu le feu à la forêt ?! Je m’écris.

-Aahaé nvfarra ?

-Alev, jomuro nérro rasrha ? S’écrie Fey en m’imitant.

-Ey, vfha atiaka ! Aharuno harjo yuhrir ! Rétorque Alev.

-Na vfkha murioes… Souffle Kusiya.

-Ljerrirr na rarria. Coupe Alev.

Moi et Szèl nous regardons, un peu confus, alors qu’Alev grimace en croisant les bras. Fey et Kusiya, un peu trop fatiguées, ne prennent pas le temps de traduire, et à la place, Fey fait un geste d’épaule.

-Bon, bah allons y !

Je regarde Szèl à nouveau, nous haussons les épaules, puis nous partons en direction du canal. Nous n’y sommes qu’en quelques minutes ; le courant est vraiment fort, ce qui est assez impressionnant, vu de si prêt.

-S’il y a une entrée, c’est forcément ici. Affirme Szèl.

-Je ne vois rien… Souffle Fey.

Je me penche en avant, mais ne vois rien non plus. Sauf si les poissons, ça compte comme un indice. Comment ouvrir un passage vers… un passage, justement ? Je repense alors à des choses que j’ai déjà vu…

-Vous croyez qu’il faut murmurer un truc ? Je demande.

-Comme pour entrer à la Capitale du Feu ? Reprend Fey.

-Oui, exactement !

Je croise les bras.

-Vous avez tous une version différente, y’en a bien une qui mentionne un mot de passe ! Non ?

Fey baisse la tête, Kusiya joue avec ses doigts, Szèl sifflote.

-Non ? Rien du tout ?

-J’ai peut-être un truc, mais c’est encore plus rumeur que le reste de l’histoire. Tente le venteux.

-Raconte, on sait jamais ! Insiste Fey.

-Jusqu’ici, ta version de l’histoire nous a beaucoup aidé ! Renchérit Kusiya.

-D’accord, d’accord.

Szèl soupire longuement.

-C’est un peu embarrassant, mais voilà. On raconte que le seul moyen d’en voir les ruines serait de supplier à l’Eau en disant « Nous sommes en quête d’or » ...

Kusiya roule des yeux.

-Mais bien sûr.

-On peut essayer !

Fey hoche la tête, et s’avance proche du canal.

-Nous sommes en quête d’or !

Silence absolu. Même l’eau ne veut pas bouger un peu. On dirait presque qu’il y a moins de courants, juste pour nous embêter. C’est vraiment… décevant.

-Non, ça ne marche pas… Souffle Fey.

-Fallsh hario.

-Yaraf na, Alev.

-Hm… J’ai une autre idée.

Je regarde Szèl. Mon cerveau est en feu, aujourd’hui ! Je commence peut être à m’habituer à ce monde et à sa logique ! En tout cas, je sens une casquette et une pipe métaphorique sur moi lorsque je théorise :

-Si on part du principe que les survivants ont fait ce tunnel pour échapper à des ennemis, et qu’ils veulent toujours s’en protéger… Est-ce que la phrase pour entrer ne serait pas…

Je tourne la tête vers le canal.

-Nous ne sommes pas en quête d’or ?

Répondant à mon appel, la mer se met à s’ouvrir. Non, c’est pas une blague, elle s’ouvre sur les côtés, libérant un passage qui s’enfonce sous terre !

-Ça a marché ! Hey, regardez !

Je tends le bras vers l’entrée qui vient d’apparaître, devant 4 personnes absolument abasourdies. On croirait qu’ils voient un fantôme, ou une cité légendaire, un truc incroyable !

-Je n’arrive pas à croire que ce passage existe… Murmure Kusiya.

-Vinhizi va faire une de ces têtes ! S’exclame Szèl.

-Avfo mufaresa vfenaa. Sourit Alev.

-Allons y ! Pas de temps à perdre ! Invite Fey.

La saule avance, et me prend la main fermement. Je me dirige le premier vers le passage qui vient de s’ouvrir, suivit par Kusiya, Alev et Szèl. Lorsque je m’engouffre dedans, la lumière du jour commence à disparaître, remplacée par la lueur de la flamme d’Alev.

J’entend alors un bruit fort dans mon dos. En me retournant, je vois que l’eau a simplement repris sa place, bouchant la sortie. Je déglutis, c’est pas le moment d’être claustrophobe…

Il n’y a plus qu’une voie possible, maintenant… Quoi qu’on trouve là dedans, il faut continuer. Un frisson parcourt mon dos, j’espère vraiment ne pas voir de fantômes d’or enfouis…

Je secoue la tête. Je dois rester courageux. Tout un peuple repose sur nos épaules, ce n’est pas le moment de faiblir. Pour Avkor, pour Kafllef, pour ma grand-mère… Et pour Unasaë.

-Eh ben… C’est parti ! J’encourage.

Les autres hochent la tête. Fey garde toujours la carte contre elle, les flammes d’Alev se reflétant dans ses yeux, la rendant encore plus héroïque. Nous nous rapprochons de notre but, petit à petit.

Sans plus de cérémonies, nous nous enfonçons dans le passage Aur’ora Arnero, sans nous retourner.

Le Porteur de la gemme du Feu n’a qu’à bien se tenir.

On arrive.

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