L'Invasion

Chapitre 1 : Prologue

1726 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 16/03/2024 14:27



Prologue

Abigail





Nous sommes en 2050, je m’appelle Abigail et j’ai 13 ans. Ça c’est pour les présentations.

Maintenant, les actualités:

Dans un mois, une expédition de trois mille hommes et femmes partira pour trouver une planète habitable, car d’après les scientifiques, dans trente ans, la Terre ne le sera plus. Ça fait des mois que ça passe aux infos, et pour le moral, j’avoue qu’il y a mieux. 

Ma mère est très insistante sur ce genre de sujets, elle est persuadée qu’une catastrophe va arriver. Je ne l’ai jamais vraiment prise au sérieux.

J’essaie de positiver: Pour moi, maman est un peu parano et les scientifiques vont bientôt se rendre compte qu’ils se trompent. 

Pour le moment, je me concentre sur mon livre, Harry Potter, qui raconte les aventures d’un gamin à lunettes qui sauve le monde des sorciers, etc… 

J’aime beaucoup le fantastique, je ne lis que ça. Mon frère, lui, préfère les livres de futur post-apocalyptiques et des bêtises dans ce genre. Le pire, c’est que maman lui a rentré dans la tête que ce qu’il lit est possible et peut arriver à tout moment. Gabriel est de un an et demi mon aîné, et il est un peu le génie de la famille. Intelligent, sérieux, il se concentre sur ses études. Il a toujours été introverti, mais ça a empiré depuis la mort de papa. 

Il est mort il y a deux ans, et ce triste événement a eu un effet différent sur chacun de nous. 

Ma mère s’est enfermée dans son monde, mon frère s’est assombri, il a sauté une classe et ne me parle quasiment plus que par monosyllabe. On était très proches, avant, mais maintenant il est froid et distant avec tout le monde sauf maman. 

Elle lui a fait une place dans son monde, et je me sens rejetée en permanence.

Je suis blonde tirant sur le brun, et je le tiens de ma mère.

Je déteste la pitié, c’est pourquoi à la mort de papa, j’ai tout fait pour paraître tout le temps joyeuse. J’étais déjà extravertie, maintenant je sèche, et je fais tout pour attirer l’attention de ma famille sur moi. 

Mais rien ne marche. Je désespère que tout redevienne comme avant. Des fois, je me dis que c’est la faute de papa. En mourant, il a détruit notre famille. Puis je me ravise, car il n’a pas choisi de mourir. C’était un accident de voiture. 


Un mois plus tard


Ça y est, ils sont partis depuis une semaine. Je ne pense pas qu’ils trouveront quelque chose. Pour ça, il faudrait changer de galaxie. 

Ma mère a commencé à boire, et passe son temps à marmonner à propos de destin et de morts. Elle me fait peur, et je n’ai pas la force de m’occuper d’elle alors qu’elle ne m’adresse pas un regard.

Lorsque la fusée est partie, la semaine dernière, ma mère a piqué une crise en voyant les infos. Elle a hurlé qu’il ne fallait pas partir, que tout allait être détruit. 

Mon frère la soutient et s’occupe d’elle. Parfois, il me fixe longuement, puis reprend ce qu’il fait. Et moi, dans tout ça, je tente de garder la tête sur les épaules. 

Un soir, alors que je sors les poubelles, j’aperçois une créature, puis deux, puis trois arriver dans la direction de ma maison. Elles ressemblent à des humains, mais elles ont une aura inhumaine. Plus elles s’approchent, plus je prends peur. Elles ont les yeux rouge vif, des griffes à la place des ongles et les veines de leurs muscles ressortent de façon anormale. Elles avancent avec leur tête penchée sur le côté, et se rapprochent de plus en plus. 

Je n’ose pas bouger, tétanisée. Elles passent à côté de moi sans m’accorder un regard, et je respire à nouveau. Je me retourne brusquement, et les voit s’avancer vers chez moi. Je fais un pas en avant et une brindille craque. L’une des créatures se retourne brusquement et renifle l’air. Je me fige, je respire silencieusement et la créature pousse une espèce de grognement avant de se retourner et  de continuer sa route. Elles entrent et je trouve je ne sais où le courage de les suivre, car visiblement je suis invisible à leurs yeux. Soudain, j’entends un hurlement. Ma mère? Mon frère? Mon cœur battant furieusement à mes tempes, je cours et rentre dans la maison. Je me fige en découvrant une vision d’horreur qui restera toujours dans un coin de ma tête. Le corps de ma mère est étendu sans vie devant moi. Elle a le ventre transpercé, et tient une bouteille brisée dans la main. Choquée, je tombe à genoux, et je pense à l’indifférence dont ma mère faisait preuve à mon égard. Elle ne méritait pas de mourir. Comment ces choses l’ont-ils vue? Que se passe-t-il?

Un deuxième cri me sort de ma torpeur. Gabriel est là, dans la maison, et il est encore vivant!

Je me précipite dans le couloir et monte à l’étage. 

  • Mamaan!

Encore un cri, et un appel déchirant.

Je me mets à courir et entre dans la chambre de mon frère. Il est là, contre le mur du fond. Les créatures avancent à tâtons vers lui. 

Il me voit et je mets un doigt sur ma bouche pour lui faire comprendre qu’il doit se taire. Ça marche, et il plaque sa main sur sa bouche. Les créatures poussent un espèce de cri, ressemblant à un crissement et au bruit du vent pendant la tempête. Gabriel tremble et je lui fais signe de me rejoindre en évitant les créatures. Il les contourne et dès qu’il arrive vers moi je lui prends la main pour qu’il me suive. 

Nous sortons en courant vers la maison où un terrible spectacle nous attend. Des dizaines et dizaines de ces créatures marchent dans les rues du village. 










Isaac




J’ai grandi dans une belle famille, avec mon meilleur ami et frère de cœur, Nahel. Ses parents sont morts alors qu'il avait cinq ans et nous l’avons accueilli dans la famille. Je suis fils unique au sens génétique, mais Nahel ayant toujours été là, je ne me considère pas comme tel. 

Nous nous ressemblons en tout point, sauf physiquement. J’ai les cheveux et les yeux noirs, hérités de mon père, et la peau pâle, cadeau de ma mère. 

Nous avons les mêmes goûts pour quasiment tout et Nahel passe tellement de temps avec moi que je ne sais pas ce que je ferais sans lui, je le considère comme un membre à part entière de ma famille.

Aujourd’hui, une fusée emportant trois mille hommes et femmes est partie, avec pour objectif de trouver une autre planète où vivre. 

J’ai 14 ans et je m’appelle Isaac, et je ne me doute pas du tout de ce qui va arriver dans une semaine de partout dans le monde. 

Nahel et moi faisons une partie d’échec, et comme d’habitude, je gagne. Dans tous les jeux où il faut réfléchir et utiliser son cerveau, je me débrouille comme un pro. La stratégie, ça me parle. Nahel, c’est le contraire. Il fonce tête baissée sans faire attention aux conséquences de ses actes. 

Il y a deux ans, j’avais cassé un vase en jouant au ballon. J’avais été puni pendant une semaine, et Nahel, par solidarité, avait cassé un vase aussi. Mais il avait cassé le mauvais vase. Je me rappelle ma mère en larmes devant les cendres de ma grand-mère. Nahel avait été puni un mois. 

Bref, je suis le cerveau de notre duo, et je viens de remporter la partie. 

_ Un jour je te battrai, espèce de démon de la stratégie… marmonne Nahel.

_ Tu me battras quand on sera envahis par les martiens!

_ Je parie qu’ils arrivent demain! 




une semaine plus tard




Je n’arrive plus à réfléchir. Je n'arrive plus à parler. C’est impossible. Et pourtant, tout est devant mes yeux, et je me suis pincé assez de fois pour savoir que je ne rêve pas. Les corps de mes parents sont devant moi, la poitrine transpercée. Ils ont été tués par des créatures humanoïdes aux yeux rouges. 

Je les ai trouvés en me réveillant pour aller boire, cette nuit. 

Je suis descendu dans la cuisine, et ce carnage m’attendait. 

Je sens Nahel venir à côté de moi. Il me prend la main, et nous restons là, immobiles et silencieux. 

Une fois remis du choc, nous avons enterré mes parents et avons fait le tour de la ville. Il ne reste que les mineurs. 

Les créatures sont toujours là. Elles marchent dans le village, mais pour une raison que j’ignore, ne nous voient pas. Les enfants sont invisibles à leurs yeux. 

Je respire. J’ai toujours été le roi de la stratégie, je dois trouver quelque chose à faire. 

Étant celui qui a le plus gardé la tête froide, je prends le commandement de ce petit village. 

Je demande aux autres d’enterrer leur famille s’ils s’en sentent capables. 

Il faut qu’on sache si cette situation est présente de partout, ou si nous sommes les seuls à faire face à ça. 

Puis une phrase que j’ai dite il y a quelques jours me revient en tête. Quelle ironie à présent…


Nahel va me battre aux échecs. 


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