L'Invasion

Chapitre 2 : Chapitre 1

1791 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 23/03/2024 10:51

Après l’Invasion, il y a cinq ans, nous avions connu une année mouvementée. Tous

les enfants s’étaient regroupés, du moins ceux encore vivants en France. Nous

étions environ cinq milles. Seulement cinq milles à avoir survécu dans ce pays.

Nous découvrîmes rapidement quelque chose. Les créatures ne pouvaient pas aller

sous terre. Grâce à la technologie, nous construisîmes une énorme base souterraine

sous Paris.

Puis nous en firent des moins grosses un peu partout. Nous créâmes un régime

politique autoritaire. Un groupe de gens, allant de dix-huit à vingt-deux ans, sont

devenus nos dirigeants. Ils étaient cinq. Cinq pour mille personnes.

Une partie des survivants était maintenant majeure. Ils ne sortaient plus à la surface

et apprennaient à se battre.

Moi, j’avais été affectée à la base de l’ancien Lyon. On m’avait formée au combat, et

j’étais maintenant une pro avec un pistolet ou une dague dans la main. J’étais

devenue la chef de l’unité de recherche et d’exploration de la base de l’ancien Lyon.

J’aurai dix-huit ans dans une semaine, ce qui voulait dire que j’avais encore deux

ans de liberté à la surface, avant d’être affectée à un autre service.

L’âge de majorité était passé à vingt ans par souci de logique.

Notre travail dans cette unité était de sortir régulièrement et de découvrir des

informations, des points faibles des créatures, où n’importe quoi pouvant nous aider

à survivre.

Pour l’instant, nous avions fait chou blanc.

Quelqu’un toqua à la porte de mon bureau.

_ Oui?

_ Viens voir, il y a quelque chose dehors! me dit Gabriel avec excitation.

Mon frère et moi nous étions rapprochés, depuis la mort de maman. Celle de papa

nous avait éloignés, celle de maman nous a réunit.

Je voyais bien qu’il tentait de rattraper le temps perdu. Il me suivait partout, passait

énormément de temps avec moi, tellement que ça en devenait fatigant.

À la surface, quasiment tous les habitants de notre base se précipitaient les uns

contre les autres en montrant en point dans le ciel. Je regardai, et vis une lumière

rouge-orange, comme une météorite.

La foule resta silencieuse, car si nous avions appris quelque chose durant ces cinq

années de cohabitation forcée avec ces sales bêtes tueuses d’humains, c’est que

même si elles ne nous voiaient pas, elles nous entendaient.

Enfin, après de longues minutes d’attente, la lueur se précisa. C’était un vaisseau.

Des murmures se levèrent de partout, enflent de plus en plus. Finalement, quelqu’un

cria.

_ Silence!

Et un deuxième:

_ C’est la soucoupe partie une semaine avant l’invasion!

Nous restâmes une petite heure sur place en attendant de voir où elle allait se poser,

et finalement, à notre grande surprise, elle atterrit juste à côté de nous.

Comme par hasard!

La porte s’ouvrit, et nous retînmes tous notre souffle. Une femme d’environ quarante

ans sortit du vaisseau.

Elle nous regarda, semblant chercher quelque chose.

_ Si c’est les adultes que vous cherchez vous n’allez pas les trouver de si tôt! lança

quelqu’un dans l’assemblée.

Ce quelqu’un avait les cheveux blonds, les yeux verts et avait dix-sept ans, comme

moi.

Bah oui, c’était moi.

Elle nous (me) regarda avec incompréhension.

_ Je veux parler à votre chef! cria-t-elle par-dessus le vacarme.

Une belle jeune femme de vingt deux ans s’avança au milieu de nous, encadrée de

trois guerriers. Lorsqu’elle passa à côté de moi, elle m'adressa un signe de tête.

Je la saluai avec respect, et dieu, s’il existait, savait que cette femme est la seule

que je saluai comme ça.

Mon frère me donna un coup de coude, et je lui tirai la langue.

Anya, la cheffe de notre base s’avança ainsi jusqu’à la femme. Elle avait vingt deux

ans, mais elle sortait encore régulièrement, et elle revenait toujours vivante et en un

seul morceau, nous admirions et je la respectais pour cela, car j’étais prête à parier

que ces snobinards de dirigeants que je n’avais rencontré qu’une fois, rencontre qui

m’avait déplue, n’étaient jamais sortis, tous beaucoup trop trouillards.

Anya prit la parole et tout le monde se tut.

_ C’est moi. Vous êtes la cheffe du vaisseau?

La femme regarda notre cheffe avec suspicion, puis chuchota quelque chose à un

homme derrière elle. Celui-ci hocha la tête et elle grimaça.

_ Oui. Pouvons-nous descendre?

_ Bien sûr, mais faites attention. Notre cheffe fit un signe de la main et une dizaine

de guerriers se mirent en place, arme à la main, formant un passage sécurisé du

vaisseau à l’entrée de notre base.

_ Pourquoi tant de sécurité? Ce sont des enfants, en plus de ça.

_ Vous comprendrez, vous comprendrez…

Nous emmenâmes les adultes dans le hall de la base, et Anya me fit signe, ainsi

qu’à deux ou trois autres personnes.

Nous descendîmes vers la salle de réunion, et prirent place sur des sièges.

_ Racontez-nous, demanda Anya.

Ils nous racontèrent. Visiblement, pendant ces cinq années, ils n’avaient rien trouvé.

ils avaient visité plusieurs planètes, mais aucune d’elles ne convenaient.

_ Vous plaisantez? Vous avez passé cinq ans en sécurité dans l’espace pendant

qu’on se faisait exterminer pour rien?! lançai-je avec colère

Anya me regarda avec des gros yeux et je haussai les épaules.

_ Nous avons perdu environ mille personnes en tout. Donc non, je pense que nous

étions en sécurité là-bas, répondit Lily, la cheffe du vaisseau.

_ La belle affaire! On a perdu plusieurs milliards d’humains ici…

_ Si nous étions restés, nous aurions subi le même sort. Avec notre présence ici

aujourd’hui, nous pouvons reprendre le contrôle, car le pouvoir est trop lourd sur les

épaules de quelques enfants, me répond leur cheffe avec un geste d’impatience.

_ Pardon? Je me levai, mais Anya fit un geste de la main et un des gardes me fit me

rassoir de force.

Anya prit une grande inspiration, puis raconta tout. Comment tous les adultes

avaient disparu, pourquoi nous vivions sous terre, les différentes informations que

nous avions recueillies. Enfin, elle insista sur le danger que représentaient les

créatures pour les adultes revenus.

La cheffe, qui s’appelait d’ailleurs Lily, fut très attentive et prit au sérieux tout ce que

Anya dit.

À la fin du récit de notre dirigeante, elle se leva et se mit à faire les cent pas.

_ Tout d’abord, je veux m’excuser. Des enfants ne devraient pas avoir à supporter

tout ça. Si je vous ai bien suivie, les humains les plus âgés à part nous sur Terre ont

vingt deux ans.

_ Oui, c’est ça, mais ce ne sont pas pour autant nos chefs. Par exemple, j’ai vingt

ans, et je m’occupe de cette base. Dans notre base centrale, ils sont cinq à la diriger,

et aucun n’a vingt deux ans.

_ Je vois.

Lily prit un instant pour réfléchir avant de déclarer:

_ Il faut que nous rallions la base centrale.

_ C’est très dangereux. Les démons vous voient, et je vous rappelle qu’ils ont mis

deux mois à tuer tous les adultes présents par ici, répondis Anya, inquiète.

_ Je sais, mais nous devons parler à vos chefs principaux. Pour ça, il vaut mieux

que nous allions là-bas.

Notre cheffe ferma les yeux pendant quelques secondes, et la connaissant, elle

cherchait une autre solution, mais j’en étais arrivé à la même conclusion que Lily, il

fallait que les adultes se rendent sous l’ancien Paris.

Finalement, Anya rouvrit les yeux, résignée.

_ Je ne peux pas vous empêcher de partir, mais je peux vous faciliter le voyage.

Vous ne savez pas précisément où vous devez vous rendre, et sur les deux milles

que vous êtes, vous n’êtes pas tous des guerriers. Voici donc ce que je vous

demande. Vous partirez à mille cinq cent, pas plus, et vous serez accompagnés par

des guerriers habitués à ce genre de mission.

_ Merci beaucoup pour le soutien que vous nous procurez.

_ Ne vous méprenez pas. Maintenant que vous êtes revenus sur Terre, il faut que

vous compreniez que nous nous sommes organisés sans vous. Si vous voulez

survivre ici, vous devrez vous plier à nos ordres.

Lily serra les dents, puis hocha la tête avec un sourire.

_ Bien sûr, je comprends tout à fait. Quand partons-nous?

_ Dans deux jours. Karim, raccompagnez Lily dans le hall. Nous n’avons pas assez

de chambres, mais nous vous apporterons des duvets.

Karim hocha la tête et invita Lily à sortir.

Celle-ci le fusilla du regard et sortit la tête haute.

Lorsqu’ils furent partis, Anya nous fit signe de s’installer à la table.

_ Qu’en pensez-vous?

Adam prit la parole. Il était responsable des guerriers de notre base.

_ Je pense que ce voyage est une mauvaise idée. Nous ne pourrons jamais fournir

assez de guerriers pour les protéger. Beaucoup vont mourir à la fin de ce voyage.

Anya me regarda. Je pris une inspiration, puis exposa mon avis.

_ Certes, le voyage va faire des morts, mais il faut qu’ils rallient la base principale.

Là-bas, nos dirigeants pourront prendre une décision.

_ Dans ce cas pourquoi ne pas faire partir seulement leur cheffe et quelques autres

personnes? Les deux mille n’ont pas besoin de tous y aller.

_ Ils ne peuvent pas tous rester ici. Ils nous surpassent en nombre, et nous ne

pouvons pas avoir confiance, intervint Anya.

_ C’est vrai, ils doivent rester en infériorité numérique.

_ Ou on pourrait faire plusieurs voyages, trois cents par voyage environ.

_ Dans tous les cas, dans deux jours un convoi emmenant au moins Lily,

accompagné de guerriers, de quelques savants et ingénieurs partira pour l’ancien

Paris. Ils devraient atteindre Paris en une semaine, peut-être deux. Abigail, je veux

que tu y ailles, et emmène ton frère et un ou deux membres de ton unité. Et pas de

majeurs, seulement des mineurs, c’est bien compris? Je garde l’idée de plusieurs

voyages. Adam, tu resteras ici, mais sélectionne une quinzaine de tes guerriers, la

majorité mineurs. Au passage, préviens les adultes, qu’ils décident qui part.

Notre cheffe nous congédia et Adam et moi sortirent.

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