L'Invasion

Chapitre 4 : Chapitre 3

978 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 07/04/2024 18:19





C’est bleu. 


Voilà la première pensée qui me vint à l’esprit lorsque j’ouvris les yeux. Bleu avec des nuages. Comme le ciel, tiens, quelle coïncidence…

À la réflexion, c’était sans doute le ciel. Je fis une tentative pour m'asseoir mais mon bras flancha et me fit grimacer. 

Quelqu’un me donna de l’eau, puis m’aida à m'asseoir. 

_ Que se passe-t-il? demandais-je, certaine que pendant mon sommeil, une nouvelle attaque avait eu lieu, que tout le monde était mort, que je ne reverrai plus jamais mon frère et…

_ Bienvenue dans le coin des grands blessés! 

_ Hein?

_ Faites attention, vous avez peut-être une légère commotion. 

_ Qui êtes-vous? 

La femme qui me parlait me sourit. 

_ Je m’appelle Aïcha, c’est moi qui vous ai soignée. Vous étiez dans un état pas possible! Faites aussi attention à votre bras, la blessure pourrait se rouvrir.

_ Je vois… Mon frère? Où est-il? 

_ Vous avez un frère très protecteur. Il a menacé de me tuer si je vous ne sauvais pas. Non pas que vous soyez en grand danger, bien sûr, m’assura Aïcha, mais il ne faut pas sous-estimer les blessures à la tête. 

_ Où est-il? 

_ Je vais le chercher. Ne bougez pas, rappelez-vous, votre bras! Vous pouvez faire connaissance avec les autres patients si vous voulez, je suis sûre que vous allez bien vous entendre! 

_ Allez-y, s’il vous plaît…

Aïcha hocha la tête et se leva. Un homme s’approcha de moi avec un sourire fatigué. 

_ Elle est bavarde, n’est-ce pas? Personne n’a osé lui dire, elle nous a sauvés, après tout. 

_ Oui… Qui êtes-vous? 

_ Je m'appelle Etienne. Je faisais partie des soldats du vaisseau. 

_ Faisiez? Pas fait? 

_ Disons que j’ai sous-estimé le danger de ces bestioles… J’ai été touché à la colonne vertébrale, je ne pourrai plus marcher. 

_ Oh… Je suis désolée, j’aurais dû vous protéger.

_ Vous avez fait ce que vous pouviez. Les enfants ne devraient pas avoir autant de responsabilités. Ils devraient avoir des histoires d’amour et des problèmes d’adolescents. Nous n’aurions pas dû partir. 

_ Si vous n’étiez pas partis, vous auriez été tués. 

Je souris en me rendant compte que je citais ce que Lily m’avait dit quelques jours plus tôt, alors que je lui reprochais justement le départ des adultes. 

_ Hum… 

_ Je suis de retour! 

Aïcha revint avec un grand sourire. Elle me fit un signe de la main et je lui souris faiblement. 

_ J’ai trouvé ton frère, il avait hâte que tu te réveilles. Si vous avez besoin de moi, je suis pas loin, je vais aller discuter avec mes autres patients!

Elle s’éloigna en sautillant, et mon frère me prit la main.

_ Ça va mieux? L’attaque nous a tous pris au dépourvu. 

_ J’avoue que ça pourrait aller mieux. Et puis cette gosse me donne la migraine. 

_ Elle a au moins dix ans de plus que toi. 

_ Tu es sûr? 

Gabriel me sourit. 

_ J’ai une bonne nouvelle. Nous ne subirons sans doute pas d’autres attaques, nous arrivons demain dans l’après-midi. 

_ Dis quand même aux guerriers de rester sur leurs gardes. Attends… demain!? J’ai dormi combien de temps?

_ Ce n’est pas très important… Tu n’avais pas le choix. 

_ Combien de temps?

_ Pff… tu es vraiment têtue. Quand es-tu devenue comme ça? 

_ Quand tu étais collé à maman. 

Je voulus retirer ce que j’avais dit au moment où les mots s'échappaient de ma bouche, mais le mal était fait. Gabriel ne méritait pas mes reproches, cette période avait été difficile pour toute ma famille et il avait tenté de se racheter.

_ Désolée… Je…

_ Non, tu as raison, j’aurais dû être plus présent. Mais au cas où tu ne l’aurais pas remarqué, je tente de rattraper le temps perdu. 

Gabriel se leva et s'éloigna. Au moment de sortir du chariot, il se retourna. 

_ Cinq jours. 

Je fermais les yeux, dépitée. J’étais vraiment une incapable! Et je ne parlais pas que du temps pendant lequel j’avais été inconsciente. 

_ Eh bien… Je n’aurais peut-être pas dû entendre cette conversation. Mais je suis d’accord avec vous, Aïcha parle beaucoup trop, et trop vite. 

Etienne me sourit faiblement, et j’en fis de même. Autant ne pas se mettre tout le monde à dos. 




Quelques heures plus tard, j’étais à nouveau debout malgré les protestations de mon infirmière.

_ Vous devriez vous reposer jusqu’à notre arrivée! 

_ Je vais bien, et en cas de nouvelle attaque, il vaut mieux que je sois prête. 

_ Vous êtes défaitiste. Il n’y aura pas de deuxième attaque et votre blessure va se rouvrir si vous sortez… Il est super tard en plus, vous devriez aller dormir, et demain, si vraiment vous y tenez, je pourrai concevoir que vous alliez…

_ Aïcha? 

_ Oui? 

_ J’y vais. 



La nuit se passa bien, malgré quelques attaques qui ne dépassèrent pas la première barrière de guerriers. 

_ Si tout se passe bien, nous arriverons dans une dizaine d’heures! 

L'exclamation fut saluée par des cris de joie, et les quelques heures qui suivirent, le campement baigna dans la bonne humeur. Plus de démons, un ciel bleu et ensoleillé, qu’est-ce qui pourrait gâcher tout ça?



Laisser un commentaire ?