La prophétie du roi déchu: Le seigneur oublié

Chapitre 26 : Les morts n'oublient jamais

4054 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 25/07/2025 11:26

Chapitre 26 :Les morts n'oublient jamais





À l'extérieur, les paladins avaient du livrer une bataille de rude épreuve. Nombreux frères d'armes tombèrent, mais grâce à un effort combiné, ils avaient occis un nombre colossale de ces rongeurs d'os. Un monticule de cadavres commençait à se former, bientôt les chevaliers de l'Ordre ne pourrait plus contenir la marée.

_ Tu en es à combien ? Demanda Nurtag alors qu'il éventrait un Gnoll en pleine charge.

_ Ce n'est pas une course ! Rétorqua Garak.

Le chef orque planta sa claymore dans une nouvelle victime, achevant cette vermine velue. Après s'être garantie de sa mort, il répondit enfin à son meilleur ami :

_ Soixante-dix !

_ Pas mal ! J'en suis à soixante-quatorze, je commence à m'échauffer !

Garak se mit à rire, décidément son camarade ne changerait jamais. Alors qu'ils étaient en pleine frénésie, l'orage cessa. Plus de goudron, les éclairs rouges disparurent. Les ténèbres laissèrent place au jour, le soleil couchant illumina la cité. Apeurés, l'enchantement de frénésie se rompit, les Gnolls cessèrent de se battre et prirent la fuite. Les charognards se dispersèrent en horde indisciplinée. La victoire était leurs. Un paladin s'élança à leur poursuite, mais le seigneur orque le retint du bras.

_ Nous devons profiter de l'avantage ! S'exclama le chevalier. Ils doivent tous mourir !

Les Gnolls disparurent tous dans le lointain, couinant de terreur. Le Maître Noir avait subit une humiliante défaite. Nurtag rengaina son cimeterre, croisa les bras et fixa fièrement son chef. Garak répondit au paladin :

_ Ils ont le droit à une seconde chance, nous les orques sommes un exemple que le repentir existe. Un jour viendra...

Assommés par la sagesse de ses paroles, les croisés renoncèrent à traquer les hommes hyènes, peut être que l'orque avait raison, un jour même les plus fidèles adeptes des ténèbres se détourneront de la voie de Kaös. Seule l'avenir révélera si Garak avait raison ou non d'épargner ces nombreuses vies.



Au cœur de l'ossuaire, Tilbar et Galro contemplait Warda en train de lutter contre sa propre soif de sang. L'elfe noir était à genoux, se tenant le crâne, combattant ses propres pulsions bestiales. Ses glyphes brillaient d'un éclat carmin, les cris du guerrier sombre étaient glaçant. Il souffrait le martyre.



Tilbar défit l'anneau de son doigt, et le donna à Galro.

_ Seul toi peux le raisonner ! Tu es le seul qu'il écoute. Soit prudent, j'ignore comment tu t'es lié à lui. Peut-être que tu as pactisé avec les ténèbres. Peut être que ce petit rouquin qui te suit partout est pédé. Peut-être que tu vas être papa d'un horrible mutant. J'en ai rien à foutre ! Je t'ai vu, toi, Galro, grandir et défier tous les danger, défier tes propres rancœur, défier l'Ordre lui-même pour restaurer la vrai foi. Je suis fier de toi Galro, malgré et grâce à tout ce que tu as fais ! Jamais je ne douterai de toi, tu es le meilleur Prophète que l'Étale n'ait jamais eu ! Vas-y, délivre ce démon de sa tourmente !

Le cœur gonflé de fierté, le jeune homme eut des larmes de joie aux yeux, il vit le regard plein de tendresse de Tilbar.

_ J'ignorais que tu étais sentimentaliste, rigola Galro.

_ Ne me fais pas regretter mes paroles crétin ! Lui rétorqua Tilbar en se séchant d'un revers de main son œil unique. Vas y !



Face à la folie de Warda, Galro s'avança, seul, il mit l'anneau d'argent au doigt. Un contact électrique, à côté de l'elfe noir il aperçut un Sintraënnien debout, en tenue de moine. Il était silencieux, le regard attristé. Qui que cela puisse-être, il était probablement lié à la marque ou à l'anneau, voir les deux. Le prêtre posa sa main sur l'épaule du guerrier sombre, et invita Galro à faire de même. C'était un exorciste, le Commandant en avait l'intime conviction.

_ Allons chasser les démons, se dit Galro en progressant lentement, toujours attentif au moindre geste de Warda.

Il parvint à son niveau, l'elfe noir ne semblait pas le calculer, plus il s'approchait, plus il sentait l'odeur fétide de l'Obscure, l'odeur du Grand Mal. D'une manière ou d'une autre, le spectre du moine semblait canaliser Warda. Faisant face dorénavant à l'elfe noir, Galro leva sa main baguée, et posa sa paume sur son front. Il fut aspiré dans l'obscurité, il entra en transe.



Tilbar proclama :

_ Bat-toi mon garçon ! Tu peux le faire !



D'abord d'infinies ténèbres, Galro erra dans le royaume de la Marque. Puis, il aperçut la lumière, du feu. Il s'avança, entra dans sa lueur. La vision qu'il eut dépassait toutes les horreurs qu'il eut jamais vu. Une montagne de cadavres masquait l'horizon, encerclant une scène horrible. Des flammes jaillissaient des profondeurs de l'abîme devant la montagne, Raon et Hélène étaient crucifiés sur des Perchoirs, suspendus au-dessus d'un bûcher, agonisant dans le feu. Warda lui, était au centre de la scène, un violon de la honte lui tenait fermement les mains, ses glyphes brillaient d'une lueur rouge. Il était nu, ensanglanté, il hurlait de douleur. Derrière lui, un chevalier blanc sans tête le fouettait avec une ronce.

_ Où suis-je ? Se demanda Galro en contemplant autour de lui la vision infernale.

_ Où n'est pas la question. Quand serait plus exact.



Une voix de tonnerre retentit.



Derrière les montagnes, une silhouette titanesque se mouva. elle était colossale, de ses immenses ailes membraneuses trouées coulait un épais goudron. Une queue en fouet se dressa avant de retomber avec fracas, elle émit un sifflement ophidien assourdissant. Deux iris semblables à des orbes de feu le fixèrent depuis les ténèbres, puis leur halo dévoila un gargantuesque crâne de dragon noir. Ses cornes étaient tordues, une odeur de cadavre parvint aux narines de Galro, c'était l'haleine du Malin en personne. De son gosier une flamme ardente brûlait, on pouvait distinguer dans son estomac les défunts y être consumés, ils agonisaient.

_ Qui es tu ? Demanda Galro tétanisé.

_ Je ne suis pas qui. Je suis rien, je suis tout. Je suis celui qui fut, est et sera. Je suis la vie, je suis le néant. Je suis dans votre chair.

Il posa sa patte qui écrasa un monticule de corps, une gerbe de sang en jaillit.

_ Je suis l'Empereur du Sud, je suis celui qui gouverne les ténèbres. Je suis l'Ennemi, je suis vous. Je suis votre tristesse, votre peur, votre douleur, votre colère. Je suis celui qui se nourrit de la mort.

Des éclaires rouges révélèrent son apparence. Un fossile géant, un tas d'ossements d'obsidienne, un squelette draconique contenant toute l'amertume du monde. C'était un cadavre en décomposition. Il empestait la viande pourrie. Il transpirait de colère, il transpirait des éternels tourments.



Le moine sortit de l'ombre, il se tenait aux côtés de Galro, faisant face à ce dieu cadavre.



_ Je suis le seigneur des batailles. Je suis le coup de poignard dans le dos. Je suis la maladie. Je suis la famine. Je suis celui qui dévore les mondes.



Il masqua le ciel de ses ailes, une pluie de pétrole leurs tomba dessus.



_ Je suis celui qui est trois. Je suis le Grand Dragon Noir. Je suis le Mal. Je suis... KAAAAAÖÖÖÖS !

Son rugissement fit trembler la terre, ainsi que les tréfonds de leurs âmes. Devant les glorieuses ténèbres, face à la flamme de la rage, Galro fut envahit d'une sensation de terreur jamais rencontrée auparavant. Il ne faisait pas face à un serviteur de l'Obscure, c'était l'Obscure lui-même. Pas une métaphore, pas une manifestation maline, pas un subterfuge. C'était l'Obscure en personne. Le Grand Ennemi. Il sentit une main sur son épaule. Le Chasseur d'ombres.

_ Toi seul peut l'arrêter, déclara-t-il enfin.

_ Comment ? Il est trop fort !

Le Sintraënnien resta silencieux, il sourit, il lui remit un artefact d'une rare puissance. Une arme que même le Malin craignait...



Une poupée de chiffon.



Galro fit face au grand dragon maléfique. Il fit face au chevalier sans tête.

_ C'est le jour où Warda a tout perdu, conclut le Prophète.

_ Le jour où son univers s'est effondré ! Proclama le maître des fléaux. Le jour où il a goûté le fiel le plus amer, le mien.



Galro s'avança, le chevalier décapité continuait de fouetter sans relâche l'elfe noir. Il était furieux. L'homme d'église remarqua qu'il n'avait pas Grandal avec lui. Comment comptait-il se battre ? Galro releva la tête, il défia du regard le colossal Malfaisant.

_ Libère le ! Ordonna Galro. Au nom du Tout-puissant, je t'intime de quitter son âme !

_ Ton Dieu est un mensonge, il ne peut rien contre moi. Mes rivaux saignent, ils sont impuissants. Tu es seul face à moi, comment comptes-tu m'affronter ?

_ Envoie ton champion ! Si je gagne, tu partiras !

Le démon suprême rit, et grogna. Son sifflement reptilien résonna en écho, son haleine brûlante irradia le visage de celui qui lança le défie.

_ Soit, affronte mon champion.



Le paladin phénix sans tête cessa de frapper Warda. Il le contourna, et se mit en face à face avec Galro. Il tenait une plante épineuse sombre enroulée sur elle-même, du goudron en coulait. Du sang s'échappait de sa blessure.

_ Vainc le et l'elfe noir sera délivré. Perds, et tu mourras.

Le pacte passé ne plaisait pas à Galro, mais il ne pouvait plus reculer. Il mit ses poings à hauteur de visage, il défia le fantôme de paladin.

_ Je vais te sauver Warda.

Il s'avança, bravant le vile revenant. Mais avant qu'il ne puisse faire quoique ce soit, le paladin phénix fit claquer son fouet. Malgré son armure, l'arme la traversa et laissa une balafre sur son bras. Galro recula, la douleur était atroce.

_ Alors Prophète ? Je croyais que tu voulais sauver cet elfe noir. Viens te BATTRE !

Galro retourna à la charge, mais le paladin attaqua de nouveau, affligeant encore le corps du sauveur de nombreuses blessures. Le claquement du fouet marqua son visage, une cicatrice en travers de la joue. L'homme de foi tomba à terre, roula au sol, il avait la face dans la poussière, les lèvres en sang.

_ Ta foi est faible. Pourquoi combattre pour ton ennemi ? Pourquoi combattre pour une chimère ?

À côté de lui, Galro aperçut un reflet métallique. Une dague ornée d'une rose. Elle pulsait de pouvoir. Avec, il pouvait espérer vaincre le champion de Kaös.

_ Saisis la, et tu gagneras.

L'appel de l'arme était fort. Comment faire ? Non, il ne devait pas céder à la tentation, la dague était un piège. Il se rappela alors dans sa main, le chevalier de chiffons.



Galro se releva, en sang, les lueurs aveuglantes des flammes illuminaient son visage.

_ Je peux déjà te vaincre ! Déclara Galro en brandissant la poupée.

Cet acte ne provoqua que le rire du mauvais dieu. Warda regarda en direction de Galro, il suppliait de l'aide.

_ Ce n'est pas comme ça que ça marche ! Tu n'as pas de Marque, tu n'as aucun pouvoir !

Le paladin sans tête fouetta de nouveau le pauvre homme, le projetant sous la violence du coup. Des épines étaient encore coincées dans sa chair. Le poison se propagea dans son corps. Il brûlait. Malgré tout, Galro se releva une nouvelle fois, son enveloppe mortelle meurtrie.

_ Tu le sais déjà que tu as perdu, pourquoi t'acharner à sauver ce minable Espoir ? L'Obscure a déjà dévoré son cœur, son âme me revient de droit.

_ Il n'est pas à toi ! Proclama Galro d'un air de défi, malgré son absence de force. Je peux te vaincre !

Il serra le chevalier de tissu dans sa main. Le combattant sans tête faisait claquer le fouet sur le côté, intimidant son adversaire. Mais Galro, lui, ne fut pas intimidé le moins du monde. Il avança.

_ Il t'a déjà prit ce qui t'était le plus cher, et dans le futur, il te prendra tout ce qui te reste. Pourquoi le sauver ? POURQUOI ?

Ses souvenirs refirent surface, un jardin, un cerisier, un homme dans la lumière du soleil. Le chevalier sans tête... Il savait qui il était, il savait comment le vaincre. Il regarda la poupée de chiffon.

_ Voici la raison, annonça Galro qui s'avança calmement.

Sur ces paroles, le chevalier sans tête lança un nouvel assaut de son fouet. Il frappa de multiples fois son ennemi, mais vaillant, sans crainte, Galro progressa, réduisant la distance qui les séparait. Il ne ressentait plus la douleur, du moins il ne la montra pas. Il était affublé de nombreuses blessures, mais il s'en moquait.

_ Je dois te vaincre...

Plus qu'un mètre les séparait. Le chevalier sans tête arma sa main, mais Galro se jeta sur lui.



Il le saisit dans les bras, l'enserrant tendrement. Des images, celles d'un nouveau né dans les bras de sa femme. Celles d'un bambin apprenant à marcher. Celles d'un enfant admiratif de lui, assit, demandant ce qu'était la justice, au pied d'un cerisier.



_ C'est parce que je t'aime... père...

Le paladin phénix lâcha son fouet, il fut stupéfait. Le Grand Dragon Noir hurla :

_ Quel est ce sortilège ? Comment fais-tu ?

Dans une auréole de lumière, la tête du chevalier réapparut. Le père de Galro, Lurthor. Les ténèbres s'écartèrent, la haine fuyait. Le champion des ténèbres serra à son tour le croisé, le paladin phénix dit :

_ Tu m'as manqué, mon fils.

Galro pleura de joie, il posa son front sur celui de son père. La famille était réunie.

_ Ce n'est pas un sortilège... C'est l'amour...

Écartant ses ailes membraneuses, le Dieu Cadavre rugit, furieux.

_ ANATHÊME !

Les deux parents de Warda furent libérés de leurs entraves, et se jetèrent sur lui. Les marques rouges redevinrent noires. Les yeux haineux du Dieu Noir jugèrent les deux hommes qui avaient osé le braver. Sa gueule béante de flammes jaillit le cri de milliards de damnés.

_ Il est temps de se repentir, dit Galro à son père.

Le paladin phénix saisit le poupée de chiffon, il lui caressa la joue.

_ Je vais vous sauver, dit-il avec les yeux humides.

Il se dirigea vers l'elfe noir, Warda l'épia avec crainte, mais le chevalier blanc sortit une clé et lui enleva ses entraves. Quand l'elfe noir lui fut libre et debout, le paladin le serra dans ses bras.

_ Je te demande pardon !

Les deux individus s'enlacèrent. Face à cet acte ignoble à ses yeux, le Seigneur des meurtres rugit.

_ LES MORTS N'OUBLIENT JAMAIS ! JAAAAMAAAAIS !

Le paladin phénix se dressa face à Warda, lui donna la poupée, puis lança un regard tendre. L'elfe noir répondit :

_ Je te pardonne.

Le père de Galro s'écarta, et fit face au Grand Ennemi. Il tenait un fouet d'argent. Il regarda une dernière fois Warda.

_ Merci, dit-il avec une larme à l’œil.

Il défia Kaös, se dressant contre l'Obscure personnifié. Son fouet brilla d'un éclat d'or.

_ Tu es sa plus grande part de ténèbres, tu ne peux me trahir. Je suis ton maître ! OBÉIS !

_ Silence Bête !

Le paladin phénix fouetta d'un rayon de lumière le Grand Dément. Une cicatrice brillante le marqua.

_ Blasphème !

Il vomit un torrent de feu et de douleur sur le chevalier du Phénix. Mais miraculeusement, le père de Galro fut indemne. Raon était à ses côtés, ainsi qu'Hélène.

_ Nous sommes plus forts que toi, déclara la femme.

_ Tu perd ton emprise, reprit le forgeron. Tu as passé un pacte, délivre notre enfant.

Le Grand Maléfique scruta les trois individus qui défiaient ses ténèbres. Il s'élança dans un élan de fureur, mais une nouvelle fois, le paladin claqua son fouet brillant.

_ DAÖS ! Tu lui as lancé un sort ! Abandonne le, il m'appartient !

_ Non, répondit Raon dont les yeux devinrent d'un blanc éclatant. Nul ne t'appartient, tous choisissent leurs destins. Renonces, tu as perdu cette bataille !

Le Démon rugit, mais le fouet purificateur le réduisit au silence. Plusieurs fois, le dragon chargea, mais l'homme de foi le repoussa, jusqu'à le briser entièrement. Il explosa en étincelles. Sous les yeux stupéfaits de Warda et Galro, le père de ce dernier se retourna, victorieux. Il lâcha son instrument. Les ténèbres furent percé par un soleil intérieur, les flammes s'éteignirent.



Baignés dans la lumière, tous les belligérants se regardèrent, une expression de joie sur le visage. Le père de Warda se rapprocha de ce dernier et l'enserra dans ses bras.

_ Aujourd'hui est une grande victoire ! Déclara-t-il. Grâce à toi !

Sur ces dernières paroles, il regarda Galro, l'homme se sentit ému.



Le prêtre Sintraënnien se rapprocha, il remit l'anneau au Commandeur.

_ Tu as vaincu, tu as une grande force en toi. La voie du pardon est plus forte que la voie du sang. Te voilà récompensé par ma bénédiction.

Il referma sa main dessus, dorénavant la bague d'argent lui appartenait.

_ Fais en meilleur usage que ce que je n'ai pu en faire moi-même.

_ Comptez sur moi, répondit Galro. Nous sauverons Natal, Warda et moi. Nous vous en faisons le serment solennel.

Les quatre anges se séparèrent de l'elfe noir et de l'homme. Le soleil dévorait ce monde de douleur pour en créer un meilleur.

_ Nous veillerons toujours sur vous, décréta le paladin phénix qui rejoignit les parents de Warda. Je veillerai sur toi, Galro. Dans les plus obscures ténèbres, nous vous accompagnerons.

_ Merci père, répondit Galro.

_ Nous ferons de notre mieux, ajouta Warda.



Le soleil aveugla tout le monde, les deux guerriers retournèrent dans le monde réel.



Warda se réveilla le premier, il remarqua que sa frénésie avait disparu, ses glyphes étaient de nouveau sombres. Galro se releva péniblement, Tilbar se jeta dessus de joie.

_ Tu as réussi !

Il l'embrassa sur le front d'excitation. Il lui fit un câlin, ne contenant plus sa gaieté. Puis, voyant que Warda récupérait ses esprits, Galro l'invita à les rejoindre. Hésitant, mais encore marqué de son expérience spirituelle, l'elfe noir accepta, et se jeta à son tour sur Galro. Les trois hommes s'enlacèrent.



Après un moment, les trois survivants sortirent du Temple, face à eux, Garak et les paladins se tenaient droits, Nurtag était assit sur une pile de cadavres de Gnolls.

_ Vous en avez mis du temps ! S'offusqua l'acolyte de Garak. Vous avez laissé tellement de Gnolls derrière vous que nous avons du faire le ménage !

Galro rit à ces paroles, il aida Warda à marcher en le tenant sous l'épaule. Les paladins scrutèrent leurs supérieurs, l'un d'eux s'avança.

_ Où sont les paladins phénix ?

Galro baissa les yeux, silencieux. Son subordonné comprit. Il se retourna vers ses compères et ordonna :

_ Fouillez le temple, retrouvez les dépouilles, effectuons des funérailles dignes de ces héros.

Les croisés se lancèrent dans le bastion du démoniste vaincu. Derrière eux, la foule des Rescapés se joignirent à Warda, il le soulevèrent dans les airs, le transportant de main en main, il était acclamé comme un ange venu sur terre. Galro et Tilbar se mirent côtes à côtes, constatant la joie de ces hommes et femmes. Ils n'avaient pas seulement réussi à vaincre une horde de barbares, ils avaient unis des peuples. Les orques et les croisés festoyèrent de leur victoire, ils crièrent de joie en voyant le soleil les bénir de sa présence. Le Mal avait été chassé de cette montagne, il devait apprendre à craindre les peuples de Natal. La peur avait changé de camp, ensemble, ils étaient invincibles.



Le soir tomba, les bûchers furent allumés. L'heure n'était plus à la fête, l'heure était au deuil. Malgré une victoire éclatante, nombreux furent les morts en ce funeste jour. Warda et Garak étaient en premières loges, aux côtés des paladins. Tilbar se tenait derrière son apprenti, il lui donna une tape sur l'épaule.

_ Fais ton office.

Galro s'avança depuis les ténèbres, entra dans la lueur des flammes. Les corps de Junar, Fradel et bien grand nombre de ses camarades furent plongés dans les flammes. Il avait le cœur lourd :

_ Aujourd'hui, enfants du Cœur, est un jour chargé d'émotions.

Les yeux de Warda se baissèrent, il ne pouvait contempler ce spectacle sans sentir un pointe d'amertume.

_ Aujourd'hui nous avons vaincu, aujourd'hui nous avons chassé les Gnolls. Mais aujourd'hui est aussi un jour triste.

Les paladins s'avancèrent, jetant des fleurs dans les brasiers. Beaucoup pleuraient en silence, ils voulaient être dignes de ces exemples de bravoure. Puis ce fut le tour de Garak, un petit bûcher face à lui. Un gobelin, Gartërn, voyait sa dépouille être dévorée par les flammes. Il prit une de ses mèches de cheveux, la coupa de sa dague, et la lança en guise de dernière offrande à son père adoptif.

_ Merci pour tout Gartërn.

Il s'écarta, ce fut le tour de Warda. Il coupa un bout de son chevalier de chiffon, la tête, et jeta le reste au vieux gobelin.

_ Tu ne seras plus là pour recoudre. Mais je ne t'oublierai jamais.

Galro vit ses fidèles rendre leurs derniers hommages aux victimes de la bataille. Il continua son discours.

_ Ces sacrifices que nous avons commis, hélas, étaient une nécessité. Nous devons accepter de les recommencer, autant de fois qu'il faudra. Mais tant que nos flammes brûleront, nous avons encore un espoir.

Il jeta un œil à la dépouille de Junar. Il fut affligé de voir un pareil homme tomber. Puis ses yeux allèrent sur le bûcher de Fradel.

_ Nos morts nous ont montré la voie, celle du courage. Tant que nous tiendrons, nous honorerons leurs mémoires.

Il lança un regard vers le ciel étoilé. Une lumière plus brillante que les autres se détachait. Son père.

_ Nous avons un serment à tenir, une promesse. Les morts n'oublient pas, mais les morts pardonnent, c'est une leçon qui m'a été enseignée aujourd'hui. Nous les vivants devons tirer sagesse de ce savoir. Ceux qui vous ont fait du mal hier seront vos meilleurs alliés demain.

Il regarda Warda, l'elfe noir lui renvoya le sien. Ils entrèrent en harmonie, ils partageaient tous les deux la peine. Dourgen et Brentark rendirent leurs dernières offrandes au petit gobelin. Nurtag fut le dernier, le plus accablé, il y laissa un croc de fauve. Alors que les derniers soldats rendaient hommage aux morts, Galro conclut son discours.

_ Ce soir, nous prierons pour leurs âmes. Qu'elles rejoignent toute la demeure de Dieu, qu'ils festoient, qu'ils s'empiffrent, qu'ils s'amusent, qu'ils se reposent. Ils ont tout donné, accordons leurs le sommeil bien mérité. Et nous reprendrons la route demain, nous finirons ce qu'ils ont commencé. Amen.

Laisser un commentaire ?