Ange déchu

Chapitre 4 : Le poids d'un contact

814 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 21/10/2025 10:53

Quand il m’a touchée, quelque chose s’est brisé à l’intérieur.


C’était infime, à peine un contact, quelques doigts qui effleurent ma peau. Mais pour moi, c’était comme si une alarme s’était déclenchée dans tout mon corps. Je voulais reculer, hurler, courir… et pourtant, une autre part de moi, plus silencieuse, plus triste, ne voulait rien de tout ça.


Parce que moi aussi, j’aimerais pouvoir ressentir ces choses-là.


Ce que les autres font sans réfléchir : poser une main sur une épaule, s’étreindre, rire à quelques centimètres de distance. Être touchée. Sentir la chaleur humaine. C’est bête, hein ? Ce sont des choses que tout le monde fait sans y penser. Mais moi… moi, je n’ai plus ce luxe.


Ma maladie me rappelle chaque jour que je suis fragile. Cassable. Comme du verre.


Je n’ai pas peur pour moi, pas vraiment. J’ai peur pour eux. Pour lui.


Peur qu’un simple geste, un moment d’abandon, devienne un poison. Que mon souffle devienne une lame. Que mon corps, déjà abîmé, en abîme un autre.


Alors je m’interdis ce qui est naturel. Je fuis ce qui me manque le plus.


Je voudrais tant sentir de la chaleur, juste une fois, qu’on me serre fort et qu’on me dise que tout ira bien. Mais si je le laissais faire, si je baissais ma garde… et qu’il tombait malade lui aussi, comme Kaito…


Je ne me le pardonnerais jamais.


Alors je me renferme. Je fais taire mes envies. Je me coupe du monde, du contact, des sensations. Je préfère être seule que responsable.


Je crois que c’est ça, être malade. Ce n’est pas juste le corps qui lâche. C’est aussi l’âme qui s’effondre en silence, à force de s’interdire d’exister comme les autres.


¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤¤


L’après-midi, je retournai m’asseoir à côté d’elle. Elle ne refusa pas, je n’essayai plus de la toucher. Au bout de quelques minutes de cours, elle prit une feuille et m’écrivit :


« Pardon pour tout à l’heure… mais je préfèrerais vraiment que tu gardes tes distances, s’il te plaît. »


J’acquiesçai. Et dire que je pensais pouvoir la séduire en à peine deux jours. Tout cela s’annonçait plus compliqué que prévu.

Mais finalement, ça ne fera que rendre le défi plus amusant.


Elle continua d’écrire :


« Tu voudras bien manger encore avec moi demain ? »


Je pris la feuille et le stylo et écrivis :


« Tous les jours… »


Elle me sourit et rangea la feuille. C’est ainsi que notre amitié débuta. Pour moi ce n’était qu’un jeu, alors que pour elle c’était important. Mais ça ne me préoccupait pas. Faire souffrir les autres, je m’en fichais. Il fallait juste que je m’occupe l’esprit pour penser à autre chose qu’à ma vie. Et ce pari était l’idéal.


Le soir, je quittai le lycée en disant au revoir à Hanae, ignorant tous les autres. Contrairement aux matins, je prenais le métro pour rentrer. À peine avais-je franchi la porte d’entrée que Jun commença à déblatérer toutes sortes d’âneries sur sa « Asako chérie plus belle que le soleil ». Je compris instantanément qu’il parlait de mon professeur principal. Je marmonnai :


— Qu'est-ce que j’en ai à cirer qu’elle soit plus belle que l’univers, cesse de me prendre la tête.


Sa réponse fut criante de vérité, mais je n’y fis pas attention :


— Tu ne connais vraiment rien à l’amour, Kyoshi…


— Tss.


Je montai les longues marches et allai m’enfermer dans ma chambre.

Je m’assis à mon bureau, posai mon sac puis pris une feuille blanche et un stylo dans ma trousse.


Alors, comment vais-je faire pour attirer cette fille ? Et surtout la forcer à avoir un contact avec moi ? Y aller doucement d’abord… La brusquer ne servirait à rien.


J’écrivis sur la feuille le mot « calme ». Après ça, je mis au point plusieurs techniques, comme par exemple la frôler en lui prêtant un stylo, passer avec elle une porte étroite ou bien m’arranger pour qu’on ait des contacts lorsqu’il y a une foule… Au bout d’un moment, elle finira par s’habituer. Alors on pourra passer aux choses sérieuses.


J’entendis la porte de ma chambre s’ouvrir.


— Hey Kyoshi, le dîner est prêt… Tu fais quoi ??


— J’apprends aux gens comment gagner 30 000* yen facilement, répondis-je d’un air distant.​


_____________________________


Et voilà c'est tout pour le chapitre 4, j'espère que ça vous aura plus, si c'est le cas n'hésitez pas à lâcher un p'tit like ou un commentaire, merci ^^

* Environ 170 euro

Laisser un commentaire ?