Ange déchu

Quand ses lèvres ont touché les miennes, j’ai cru que le monde s’était arrêté.

C’était doux. Agréable. Sucré. J’ai cru que je rêvais. Que c’était une sorte de mirage. Mon premier baiser. Et c’était avec lui. Avec Kyoshi. Celui qui avait réussi à faire disparaître cette solitude qui me rongeait. Celui que j’avais laissé approcher. Mon cœur battait à tout rompre. Mon ventre se tordait dans tous les sens. Comme si une tempête était née en moi. J’étais figée, incapable de bouger. Incapable même de respirer.

J’avais peur.

C’était étrange comme sensation.

Mais je n’avais pas envie de reculer.

Je me sentais… vivante.

Puis des voix ont retenti. Des rires, une claque brutale contre le silence. Une nuée de garçons. Sanshiro au milieu. Des regards. Des moqueries… Et l’instant magique s’est brisé.

Un nom. Une somme d’argent. Un pari.

Tout est devenu flou.

Je regardais leurs lèvres bouger, les mots m’atteignaient par vagues. Je voulais ne pas comprendre. Mais je comprenais. Trop bien. Trop clairement.

Il avait parié.

Un pari. Tout ça… depuis le début. Il avait joué avec moi.

Mon cœur s’est mis à hurler dans ma poitrine.

Non.

Ce n’était pas possible.

Ça ne pouvait ppossible.

Je ne voulais pas y croire. Pas lui. Pas Kyoshi.

Je l’ai regardé, les yeux noyés d’incompréhension. Je voulais qu’il démente. Qu’il rie et me dise que c’était un malentendu, une mauvaise blague. Mais il ne disait rien. Il fuyait mon regard.

Et là, j’ai senti quelque chose mourir en moi.

Quand il a enfin dit que c’était vrai… que tout était vrai… j’ai senti mon corps se vider.

J’ai eu envie de crier. De pleurer. De frapper. De disparaître.

Et c’est ce que j’ai fait. J’ai crié. J’ai pleuré. Je suis partie. Je ne voulais plus le voir, plus les voir, plus rien entendre.

Je courais en titubant, ne voyant rien à cause des larmes qui ne faisaient que couler. Mes jambes tremblaient. Ma respiration devenait de plus en plus saccadée. Mon cœur me faisait horriblement mal. C’était affreux. Mais malgré tout…

Je voulais juste fuir.

Mais mon corps, lui, ne voulait pas me laisser faire.

Mes jambes me lâchèrent et je finis par m’écrouler.

C’était pathétique… J’étais pathétique. Même pas capable de courir quelques mètres sans tomber.

Je n’arrivais pas à me relever, mes jambes ne répondaient plus.

J’avais froid. Aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur.

Kyoshi criait mon nom. Je l’entendais à peine.

Je ne pouvais plus bouger. Mes larmes me brûlaient les joues. J’avais mal. Tellement mal. Une douleur si profonde que celle physique ne me faisait presque rien. Mon âme saignait.

Tout ce que j’avais cru. Tout ce que j’avais ressenti… tout était faux. Illusion. Trahison.

Il m’avait menti. Depuis le début.

Et mon cœur ne faisait qu’hurler.

Ma poitrine me brûlait. J’avais de plus en plus de mal à respirer. Mon corps convulsait légèrement. Je ne pouvais plus respirer. J’avais trop pleuré. Trop crié. Trop espéré.

Et puis le noir.

Le vide.

Plus rien.​