Ce qui reste après

Chapitre 1 : Réveil

1077 mots, Catégorie: K+

Dernière mise à jour 16/11/2025 17:32


Bip 


Bip


Bip


Le silence fut brisé par le bruit des machines autour de la jeune femme. Puis le rythme rapide de la marche d’une personne retentit.

_ Elle s’est réveillée? 

_ Non docteur. Mais son état est relativement stable. 


Bip


Bip


Bip


_ Elle était censée se réveiller hier! 

_ Nous avons peut-être mal évalué la situation…

_ Non. Ce qui se passe n’est pas normal. 


Bip


Bip


Bip


Que se passait-ill?

Adeline prit peu à peu conscience de son corps. Elle avait mal… son ventre la faisait atrocement souffrir, comme si ses entrailles étaient en feu. Elle voulut crier, mais ses muscles refusaient de fonctionner. Son esprit était prisonnier de ce corps qui lui paraissait soudainement trop étroit. Son coeur battait toujours. Elle l'entendait, faiblement, mais bien là. 


Bip


Bip


Bip


Sa gorge aussi lui faisait mal. Elle tenta de lever son bras, échoua. Elle tenta d’ouvrir les yeux sans succès. 

Les images des derniers événements lui revinrent alors.

La chaleur des flammes mordant sa peau, les cris de sa sœur, tandis qu'elle tentait de la sortir du brasier. La fumée lui emplissant les poumons, les sirènes des pompiers résonnaient dans ses oreilles. 


Bip


Bip


Tiens? Seulement deux bip cette fois. Elle n’avait plus mal, la sensation de brûlure s’était dissipée, et elle se sentait de plus en plus légère. Elle n’entendait plus son coeur. 

Était-t-elle morte? 







_ Lève-toi! Lui ordonna une voix bourrue. 

Pour qui se prenait-il, à lui parler comme ça? Adeline pensait que lorsqu’on rescapait d’un grave accident, on avait le droit à un minimum de sollicitude! 

Une main attrapa son poignet, et la força à se lever. 

Sa vision se débloqua enfin, et elle parvint à ouvrir les yeux. Mais au lieu du spectacle de sa famille réunie autour d'elle pour fêter son réveil, elle n'aperçut que des visages en pleurs. Ils étaient réunis autour d’un lit d'hôpital recouvert d’un drap. 

_ Que se passe-t-il? Maman? Qui est-ce?

Mais sa mère l'ignora. Elle ne lui adressa même pas un seul regard. Quelque chose clochait… 

_ Tu dois me suivre. 

Adeline regarda l’homme qui l’avait interpelé. Il n’avait pas l’air d’avoir envie de perdre du temps, mais elle ne parvenait pas à comprendre ce qui se passait. 

_ Non, je dois rester avec ma famille… Pourquoi m’ignorent-ils tous? Je ne comprends pas!

_ Ils ne te voient pas. On t’expliquera tout au camp, ici n’est pas le moment. 

_ M’expliquer quoi? Pourquoi devrais-je vous suivre? Je ne vous connais pas. 

La porte s’ouvrit brusquement, et une femme qui semblait âgée d’une quarantaine d’année entra, suivie d’un jeune homme qui devait avoir la vingtaine, et qui semblait aussi perdu que la jeune femme. 

La mère d'Adeline leva la tête vers la porte, puis soupira et détourna le regard, les larmes aux yeux. 

_ Maman! 

_ Il en reste? demanda l’homme qui attendait Adeline à la femme qui venait d’entrer.

_ Non, seulement ces deux-là. 

_ Dans ce cas, allons-y. 

L’homme prit la main de la jeune femme et la força à sortir de la salle. Celle-ci résista, et il prit un air ennuyé. 

_ Tu me fatigues, jeune fille, dit-il d’un ton impassible. 

Avant qu'elle ait pu faire quoi que ce soit, il sortit une seringue de sa poche et l'enfonça dans le bras d'Adeline, qui s'évanouit. La dernière image qu'elle eut fut celle de l'homme, son visage aux traits de marbre l'observant de haut. 





Elle se réveilla à l’arrière d’un véhicule, entourée d’une dizaine de personnes au bas mot. Elle examina les visages des personnes l'entourant, et repéra un visage familier. C'était l'homme de l'hôpital! 

Il se fraya un chemin jusqu’à elle et lui offrit un sourire grave. 

_ Où nous emmènent-ils? 

_ Je ne sais pas… Je les ai entendu parler de camp de classements. Je ne sais pas ce que ça signifie. 

_ Un camp? 

Des images traversèrent la tête de la jeune femme. Des reconstitutions et dessins des camps de concentration de la Seconde Guerre mondiale.   

_ Tu penses que…

_ Je n’espère pas. 



Les heures s’écoulèrent dans un silence de marbre. Adeline renonça à compter les minutes lorsque le véhicule s’arrêta. La porte s’ouvrit, et des hommes et femmes les firent sortir dans une cour en béton, encadrée par des grillages. Ils les conduisirent ensuite  dans une grande salle ressemblant à une salle d’hôpital, où les attendaient des lits. 

Ils les laissèrent là, et quelques minutes plus tard, deux femmes d’environ quarante ans entrèrent, un léger sourire automatique sur le visage. 

_ Bonjour. Je suis Sophie, et voici Myra. Nous sommes chargées de vous injecter le Sérum, qui vous aidera à stabiliser vos émotions et votre organisme, récita celle de gauche. 

_ La procédure ne durera pas plus de quelques minutes, à la suite de quoi un sédatif vous sera donné afin de laisser à vos corps le temps d’assimiler le Sérum. Un volontaire pour commencer? 

Le groupe se regarda, gêné. Il y avait quelque chose d’étrange chez ces femmes. Leur sourire paraissait faux, et leur gentillesse feinte. 

Finalement, un homme entra et poussa le premier d’entre eux vers la dénommée Sophie. Celle-ci l’invita à s’installer sur un des lits, ce qu’il fit à contrecœur. Elle lui injecta le contenu d’une fiole posée sur la table de nuit, avant de lui donner un flacon rempli d’un liquide transparent. Il l’avala sans faire d’histoire, et ses paupières ne tardèrent pas à se fermer. 

Elle se tourna alors vers le reste du groupe, et Adeline constata qu’une autre femme était déjà partie voir Myra. 

Elle se fit discrète, mais son tour finit par arriver. 

Myra l'accueillit avec son petit sourire. 

Elle répéta la procédure, et la jeune femme tomba finalement dans l’inconscience pour la deuxième fois de la journée. 



Laisser un commentaire ?