Ce qui reste après
_ Levez-vous!
Adeline se réveilla difficilement, et prit un moment avant de se rappeler où elle se trouvait. L’hôpital, l’injection…
Autour d'elle, les autres se levèrent de leur lit, complètement impassibles.
La jeune femme hésita un moment, puis comprit qu'elle paraitrait suspecte si elle ne s'éxécutait pas.
Elle tenta de prendre un air neutre, et se joignit au groupe.
Elle retrouva rapidement l'homme avec qui elle avait déjà échangé quelques mots.
_ Tu sais ce qui se passe?
_ Oui. Il faut se lever.
_ Tout va bien?
_ Oui.
Adeline resta interdite, puis tourna les talons, s'apprêtant à aller voir quelqu'un d'autre lorsqu'elle croisa le regard d'une femme en uniforme. Celle-ci la regarda avec un léger air de surprise. Adeline choisit donc la sécurité, et se composa d'un air neutre. Elle ne tenta plus d’aller parler aux autres.
Au bout de quelques minutes de marche, ils entrèrent dans une immense salle, où des milliers de personnes attendaient la file indienne. Ils se mélèrent à la queue.
Adeline remarqua avec horreur que toutes les personnes composant cette file avaient le même regard, privé d’émotions. L’absence de bruits était telle que l’on pouvait entendre quasiment distinctement ce que disaient les hommes et femmes assis derrière des bureaux, à l’opposé d’elle.
Des minutes passèrent, qui se transformèrent en heures. Au bout d’au moins cinq ou six heures, ce fut à Adeline d’avancer devant les bureaux.
Une femme au regard sévère lui demanda;
_ Quel âge as-tu?
_ Dix-sept ans.
_ Quelle capacité as-tu?
_ Pardon?
_ Quelle capacité as-tu?
_ Je ne sais pas.
La femme soupira, puis indiqua un groupe de gens derrière elle.
_ Va les rejoindre.
Adeline acquiesça et se dirigea vers eux. Elle devait comprendre ce qui se passait, mais la prudence était de mise. Pour l'instant, elle en était réduite à agir comme les autres.
La salle se vida, les gens étant triés puis envoyés dans différents groupes. Ils quittaient ensuite la salle. Bientôt, il ne resta plus que le groupe de Adeline.
Les hommes en uniforme, qu'elle avait identifié comme des gardes, les emmenèrent dans la même salle d'hôpital.
Là, on leur prit un peu de sang. Puis, les infirmiers quittèrent la salle, laissant Adeline et les autres.
Ils revinrent quelques instants plus tard, et une infirmière vint se placer devant Adeline, avec ce même léger sourire sur le visage.
Elle lui tendit silencieusement un badge bleu-violet.
Adeline l'accrocha, et l'infirmière passa au lit suivant.
Quand tout le monde reçut son étiquette, des gardes arrivèrent et emmenèrent deux personnes avec eux. Ces deux personnes avaient un badge aux contours dorés, contrairement au reste de la pièce.
Adeline et le reste des gens furent emmenés dans des petites chambres, contenant seulement un lit une place et une commode.
Ce soir-là, Adeline ne put dormir. Elle se tourna et retourna dans son lit.
Plus elle se concentrait sur ses souvenirs, plus une terrible certitude s'ancrait en elle.
Elle n'avait jusque-là pas pu la formuler, mais elle devait se rendre à l'évidence.
Elle avait été prise dans un incendie.
Pour la troisième fois depuis 10 minutes, Adeline tenta de se concentrer sur les battements de son corps.
Pour la troisième fois depuis 10 minutes, elle échoua à les détecter.
Elle pensait jusque là que ce matin, elle était simplement sortie de son coma, mais en réalité elle ne s'était jamais réveillée.
Elle était morte.