Les sentiments au fond de tes beaux yeux - Tome 1 : La magie de Noël
Bonjour et bienvenue !
Il faut croire que j’aime me challenger puisque je me suis mis en tête d’une minute à l’autre de me lancer le défi de réaliser une sorte de calendrier de l’avent version roman ! L’idée est simple, un chapitre par jour jusqu’à Noël, comme une case à ouvrir ou les désormais célèbres « Vlogmas » des créateurs vidéos.
Je vous souhaite une bonne lecture ! ♡
Ps: Les étoiles surlignées en vert et rouge sont une tentative de créer une petite guirlande...
Chapitre 1 : Premiers mois à l’université ****
Nous sommes le grand jour, mon premier jour à l’université.
Je suis dans l’immense hall des dortoirs, plus que prête à recevoir ma chambre afin de commencer ma vie d’adulte, loin des tracas de l’orphelinat. J’ai travaillé correctement à l’école toute ma vie pour me donner une chance d’arriver à ce jour, ce jour où je suis devenue boursière grâce à mes bonnes notes et qu’on m’offre la chance d’obtenir une vie meilleure par mes propres moyens. Après un triste et mystérieux départ dans la vie, j’ai passé mes vingt premières années dans cet orphelinat et me voici, jour de ma rentrée à l’université, où je suis à deux doigts de vivre ma vraie vie en sautant dans le grand bain.
Dans quelques minutes, lorsqu’on me donnera officiellement mon numéro de chambre, j’aurai un « chez moi » pour les cinq prochaines années avant de sortir de l’université avec un diplôme de droit qui me permettra d’exercer un métier qui me tient à cœur. Je ne sais pas encore vers quelle voie je me dirige exactement, mais le droit m’a toujours attiré pour tenter de rendre ce monde un peu meilleur. Je sais que ce sont des études difficiles mais je n’ai pas peur, je peux être une vraie acharnée de travail et j’ai de toute façon des facilités. On dit de moi que je suis intelligente, voire très intelligente… mais je suppose que c’est lié à mon enfance et mon adolescence le nez plongé dans les livres. J’ai toujours été un petit rat de bibliothèque, toujours un livre à la main pour apprendre un maximum de choses sur des tas de sujets. Ce côté faisait bien rire Kai, un orphelin avec lequel j’ai grandi et mon seul ami, qui était plutôt très turbulent et rebelle. Il est parti il y a des années de l’orphelinat puisqu’il était plus âgé que moi et j’ai ainsi perdu le seul repère que j’avais dans ma vie. Il s’occupait de moi et me protégeait farouchement, n’hésitant pas à passer à tabac le moindre de nos camarades qui osait se moquer de moi. J’ai toujours su qu’il finirait plus ou moins mal, il n’y a qu’avec moi qu’il montrait une certaine gentillesse mais je n’aurais tout de même pas pensé qu’il finirait en prison pour violence répétée. J’aurais aimé qu’il se calme et qu’il entre avec moi à l’université, ça m’aurait évité de m’y retrouver complétement seule comme aujourd’hui mais malgré sa tendance à m’écouter, je n’ai jamais pu calmer son impulsivité.
La femme de l’accueil m’interpelle, me tirant de mes pensées alors que je lui tends fièrement mon dossier. Après quelques minutes de paperasse, elle me donne officiellement ma chambre, la chambre 28 du bâtiment K et me tend enfin mes clés.
Je me rends donc au bâtiment K en sautillant de bonheur, m’enthousiasmant déjà de constater que mon bâtiment est tout proche des amphithéâtres de droit, qu’il possède un petit café à son pied et qu’il est également proche de la bibliothèque.
Alors que je monte au deuxième étage pour découvrir ma chambre, mon cœur accélère à l’idée d’avoir une colocataire. La vie en communauté ne m’effraie pas puisque je l’ai subie toute ma vie mais c’est tout de même un grand pas.
Dès que j’ouvre la porte, je trouve une grande blonde aux yeux bleus rieurs qui me lance un sourire éblouissant en finissant d’accrocher un cadre au-dessus de son lit. Ses cheveux visiblement au carré sont relevés en une queue de cheval détendue, son sourire crie l’hospitalité et son énergie l’extraversion. On dirait mon inverse exact. Je ne suis pas très grande, timide, avec de longs cheveux chocolat ondulés. La seule chose qui ne fasse pas passe-partout chez moi sont mes yeux particuliers, d’un ocre si soutenu qu’ils en paraissent jaune-orangé et m’ont valu mon prénom, qui signifie « papillon » dans une vieille langue maya oubliée en hommage aux ailes des papillons monarques.
- Salut coloc ! Je m’appelle Julia ! m’accueille-t-elle.
- Bonjour, je m’appelle Hestia, réponds-je d’une petite voix en lui tendant la main.
Elle rit avant de descendre de son lit pour me prendre dans ses bras :
- Je t’en prie ! On va habiter ensemble pendant un an si ce n’est plus ! Alors épargne-nous le serrage de main Hestia ! s’amuse-t-elle.
Je ris nerveusement en lui rendant maladroitement son câlin, ne sachant déjà plus comment agir, paniquant même légèrement. Cette fille a l’air vraiment extravertie, vraiment. J’angoisse déjà à l’idée de l’ennuyer, je ne veux pas qu’elle me trouve nulle et je suis presque déçue de ne pas avoir une colocataire qui me ressemble un peu plus.
Elle me tient à bout de bras, son sourire éblouissant toujours vissé sur les lèvres :
- Alors ? Tu es dans quelle fac ? Je ne t’ai jamais croisée sur le campus ?
- J’entre en première année de droit et toi ? réponds-je.
Elle fronce les sourcils :
- En troisième année d’économie… je ne comprends pas, tu as bien vingt ans si on se retrouve dans la même chambre… ? Tu as retapé deux fois ta première année ? demande-t-elle.
- Non… en fait… c’est une histoire assez particulière. Je suis entrée à la maternelle avec deux années de retard parce que je ne parlais pas, explique-je.
- Tu avais… un genre de trouble du langage ? demande-t-elle gentiment.
- Pas vraiment, les médecins se sont simplement rendu compte au bout de deux ans que je refusais simplement de parler par choix... C’est lorsque je me suis lié d’amitié avec un gamin que je me suis mise à lui parler comme si de rien n’était.
- Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?! s’esclaffe-t-elle.
- J’ai grandi dans un orphelinat, c’était assez difficile, les médecins supposent que je suis très sensible et que je me renfermais dans un monde imaginaire pour me rassurer ou ce genre de choses… En fait, non seulement je parlais mais j’avais même appris à lire toute seule et je planquais des livres sous mon matelas… Ecoute, je ne saurais pas te dire pourquoi, je ne sais pas ce qu’il m’est passé par la tête lorsque j’avais cinq ans…
Elle éclate de rire, elle a même beaucoup de mal à s’en remettre mais lorsqu’elle le fait, elle pose ses mains sur mes épaules :
- Et bien ma petite Hestia, tu viens de tomber sur une pipelette qui aurait plutôt eu tendance à naitre en parlant déjà comme un moulin à paroles ! Résultat, je suis déjà à deux doigts de nous trouver un super plan pour une super fête ! s’exclame-t-elle.
Je me décompose, ne sachant même pas quoi répondre à ça, cherchant un moyen de lui signaler que ce n’est pas mon genre mais elle rit un peu plus :
- Tu ne vas pas me dire que tu es le genre de petit rat de bibliothèque qui se terre dans un coin sans bouger ?! Remarque, ça se tiendrait vu ce que tu viens de me dire…
- Et bien… si, couine-je avec inquiétude.
- Très bien, alors accroche ta ceinture parce qu’avec moi, ça bouge ! Et je ne compte pas abandonner ma coloc sur le carreau sous prétexte qu’elle est timide ! Et tu n’as pas intérêt à me faire le coup du mutisme en société !
Je suis aussi heureuse qu’apeurée. Je suis ravie de l’entendre me dire qu’elle ne m’abandonnera pas, mais honnêtement, tout ça est un peu « trop » pour moi. Je ne sais déjà plus où donner de la tête, j’ai envie de me sauver en courant autant que d’apprendre à la connaitre, demander à changer de chambre autant qu’essayer de m’ouvrir, c’est le chaos total.
Mais lorsque je plonge au fond des yeux bleus de Julia, je n’y vois que gentillesse et bienveillance alors je suppose que tout ira bien.
*
Ça fait bientôt deux mois que la rentrée a eu lieu.
Le premier mois a été très calme, Julia m’a apprivoisé petit à petit jusqu’à en arriver à une belle amitié. Elle a cerné mon caractère avec le temps, comprenant bien que je ne risquais pas de chercher à me faire des amis par dizaines comme elle. Elle a donc continué de développer son réseau de son côté, se faisant des tas d’amis dans différentes facultés puisque son objectif est d’avoir un carnet d’adresses plein à craquer lorsqu’elle finira sa licence. Elle aimerait tenter de devenir journaliste et ce côté « réseau » est donc primordial mais elle ne m’a pas abandonné pour autant. Elle passe des heures à me raconter ses journées et ses stratégies sociales tandis que je travaille. Elle me propose souvent de me présenter des gens, ce que je refuse en prétextant vouloir me concentrer sur mes cours pour ne pas perdre le fil dès le premier mois alors qu’elle sait que j’excelle.
Désormais, je peux être complétement moi-même, ma vie et mon caractère n’ont plus de secrets pour elle et je dois dire que nous nous entendons drôlement bien. Elle est chaotique et désordonnée mais je me fais un plaisir de remplir le rôle de la colocataire sérieuse, qui pense toujours à tout tandis qu’elle se fait un plaisir de me rendre les choses plus faciles. Je m’occupe du ménage et de l’administratif, elle s’occupe des repas et de la sociabilité, je me charge de la forcer à étudier et elle se charge de me forcer à sortir un minimum, je la canalise et elle m’aide à me relâcher.
Le deuxième mois, nous avons déjà nos petites habitudes et nos rituels, ma vie d’adulte démarre encore mieux que je l’avais imaginé dans mes rêves grâce à notre bonne entente. Nous discutons de tout, ne nous fâchons jamais et nous apprécions sincèrement comme nous sommes. Ces dernières semaines, Julia a enfin réussi à toucher du doigt son but en se rapprochant d’une bande de filles en troisième année d’économie, comme elle, qui sont de toutes les soirées et tous les bons plans. Je ne me suis pas fait d’amis en droit, je n’en ai pas besoin, je dissocie ma vie en deux : les études d’un côté et Julia de l’autre. Je me fiche complétement d’avoir quelqu’un avec moi lors des cours, je préfère largement me concentrer sur mon travail que d’avoir des bécasses qui papotent à côté de moi alors j’ai repoussé tout net chaque personne qui a tenté de m’approcher durant ces deux premiers mois.
Je préfère avoir quelques amis sincères qu’une multitude de copains sur qui je ne peux pas compter et je suis enchantée d’endosser le rôle de véritable amie pour Julia qui butine les amitiés à droite et à gauche en sachant qu’elle possède une base solide. Nous veillons l’une sur l’autre à notre manière et tout ça fonctionne très bien.
*
Je viens de terminer d’étudier pour ce soir lorsqu’elle passe notre porte avec un air surexcité comme rarement :
- Hestia ! s’exclame-t-elle en claquant la porte avec énergie.
- Oui ? demande-je en reculant ma chaise de mon bureau.
- J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle !
Elle fonce sur moi pour attraper mes mains et me lever de ma chaise en me sortant ses yeux de chiens battus, ce qui signifie qu’il y a un cas d’extrême urgence.
- Qu’est-ce qu’il se passe… ? demande-je en craignant le pire.
- Il y a une super fête ce soir, c’est à quelques minutes à pied, ce sont les filles d’éco qui m’y ont invité ! Je crois qu’elles commencent à me considérer comme leur amie !
- Mais c’est génial ! m’exclame-je en sachant comme ça compte pour elle.
- Oui… mais…
Elle se dandine un peu d’un pied sur l’autre en balançant mes mains et je fronce les sourcils pour la faire cracher le morceau, ce qu’elle fait :
- Tu sais bien que j’attends ça depuis la rentrée, ces filles connaissent tout le campus, elles ont une bande d’amis immense et des tas de bons plans…
- Oui… ? me méfie-je toujours.
- Et bien… toutes mes copines sont occupées ce soir et tu imagines bien que je ne peux pas débarquer là-bas toute seule ! avoue-t-elle enfin.
- Non ! Julia non ! m’exclame-je en reculant d’un pas.
- Je t’en prie Hestia ! Je t’en supplie ! Je ne veux pas débarquer là-bas toute seule, imagine qu’elles me snobent finalement, je serais la pauvre petite créature abandonnée dans un coin ! s’écrie-t-elle.
- Elles ne te snoberont pas Julia ! Je le sais ! Il est hors de question que je vienne à une « super fête » alors que j’ai déjà du mal à venir à tes petites soirées filles plus calmes ! m’affole-je.
- Je t’en prie ! insiste-t-elle. C’est simplement le temps que les filles discutent avec moi et m’intègrent dans leur groupe ! Je ne veux juste pas arriver là-bas comme si je n’avais pas d’amis. C’est un service de coloc Hestia ! Ça ne durera pas longtemps, je te laisserai rentrer tôt, je te demande une heure, juste une heure, pour ta colocataire chérie d’amour que tu aimes plus que tout…
Elle m’affiche sa moue la plus adorable et je sens que je commence déjà à céder, je ne peux pas lutter contre les « services de coloc » parce que je sais à quel point il est chouette de pouvoir compter sur quelqu’un quoi qu’il arrive, et c’est très sincèrement ce que Julia m’offre depuis que je la connais.
Je soupire et ses yeux s’illuminent, parce qu’elle me connait et qu’elle sait pertinemment que la guerre est déjà à moitié gagnée.
- Bon, dis m’en plus…, grommèle-je.
Elle me rassoit dans ma chaise de bureau et s’agenouille devant moi, les yeux joyeux :
- Alors, c’est la fête où il faut être, elle a lieu dans le bâtiment L…, commence-t-elle.
- Le bâtiment L ?!
Elle hoche la tête gravement malgré ses yeux impatients. Le bâtiment L est le bâtiment le plus prisé pour les soirées dont raffole Julia, c’est un petit bâtiment qui réunit les garçons de l’université de sport, autant dire « les mecs les plus prisés de tout le campus » selon elle et je commence à comprendre que cette soirée est doublement primordiale pour mon amie.
Elle reprend son explication :
- L’objectif, c’est de devenir amie avec elles à cette soirée, et après ça, je ne t’embêterai plus parce qu’elles m’emmèneront à toutes les soirées sensationnelles ! Je te jure que je ne te demande que deux heures maximum, le temps que je me glisse parmi elles et tu pourras rentrer.
- Où se situe le bâtiment L …? soupire-je.
- Il est à dix minutes à pied je dirais, je te raccompagnerai même ici si tu veux, pour que tu n’aies pas à marcher toute seule…, précise-t-elle.
- Bon, je suppose que je peux bien faire ça pour toi… C’est quand ? demande-je.
- Tu es la meilleure ! C’est ce week-end, ça te laisse quelques jours pour t’y préparer ! s’enthousiasme-t-elle.
- Je vais te tuer Julia…, ronchonne-je. Qu’est-ce que je vais aller faire à une soirée pareille franchement ? Je vais détonner…
- Mais non, ça va être sympa, on pourra se préparer ensemble, je te pimperai pour que personne ne te remarque, répond-elle. Tu seras noyée dans la masse…
- Tu as plutôt intérêt, je ne veux pas ressembler à tes amies mais je ne veux pas non plus qu’on se moque de moi, marmonne-je du bout des lèvres.
- Celui qui se moquera de toi prendra mon poing dans la figure, tu sais que je le ferais, réplique-t-elle en me souriant.
- Oui, je sais. Mais évitons tout de même le scandale ! réponds-je en riant un peu.
Nous passons le reste de la soirée à discuter de tout ça, Julia me faisant une liste longue comme le bras des bonnes raisons d’assister à cette fête tandis que je retiens mes soupirs.