Les sentiments au fond de tes beaux yeux - Tome 1 : La magie de Noël
Chapitre 12 : Confidences à Hunter ****
Vient ensuite le tour d’échanger nos places :
- Maintenant je vais jouer l’agresseur, tu es ok avec ça ? demande Hunter.
- Bien sûr, réponds-je.
- Si c’est trop pour toi, demande-moi de te lâcher et je le ferai immédiatement, continue-t-il.
- Euh… oui…
Je ne comprends pas trop pourquoi il me dit une chose pareille puisqu’il est évident que je n’ai pas à avoir peur de lui, surtout en considérant que je suis montée dans sa voiture au milieu de la nuit…
Mais je comprends assez vite, car dès qu’il prend la place du méchant, la situation ne me fait plus rire du tout… Je ne me sens absolument pas en danger, mais il est vraiment moins drôle de me rendre compte que je pourrais tout à fait me faire agresser par un garçon de la carrure d’Hunter et dès que ses mains se referment sur mes poignets vivement, mon cœur accélère un peu et je ne sais déjà plus ce que je dois faire.
- Ne panique pas Hestia, fais ce que je t’ai montré, dit-il doucement.
Je lui lance un petit regard timide et ses beaux yeux me calment instantanément puisqu’en effet, ce n’est pas un agresseur, c’est simplement lui. Je m’applique donc à répéter les mouvements et il me lâche effectivement quelques secondes plus tard :
- C’est excellent ! me félicite-t-il. Et n’oubliez pas mesdemoiselles, dès que vous arrivez à vous faire lâcher, vous visez les bijoux de famille sans la moindre hésitation avant de partir en courant.
Nous rions toutes une fois de plus et il tape dans ses mains :
- Maintenant tout le monde s’y met, on répète tout ça un maximum de fois jusqu’à la fin de la séance en alternant les agresseurs et les agressés ! ordonne-t-il.
Mes camarades se mettent en mouvements autour de nous et je m’apaise, soulagée de ne plus être le centre de l’attention.
- Allez, on recommence, me répète-t-il.
- Je ne vais pas te maltraiter pendant les vingt minutes restantes quand même, les autres tournent …, m’inquiète-je.
- Bien sûr que si, il faut répéter encore et encore, il faut que ça devienne un automatisme pour ton corps car en situation réelle, tu paniqueras forcément, répond-il.
- Oui… Je m’emmêlais déjà complétement les pinceaux simplement parce que nous avions échangés de place, confie-je en grimaçant.
- C’est normal, le stress vous brouille les idées, c’est pour ça que je tiens à ce que les mouvements deviennent automatiques, comme ça, plus besoin de réfléchir sur le moment et donc pas de raison de rester figée.
- C’est très bien pensé, très intelligent, même l’entrainement en début de séance, dis-je timidement.
- Tu le penses vraiment ? Je suis le seul à proposer ça…, répond-il avec hésitation.
- Bien sûr, je pense que c’est un vrai plus pour notre confiance en nous… Savoir que nous avons un minimum de force, de tonicité… je me suis immédiatement fait la réflexion, j’ai trouvé ça brillant.
- C’est très gentil.
Je lui souris et nous reprenons les exercices. Le premier est largement gérable et je prends vite le pli, mais dès que nous en arrivons aux deuxième, je manque de tomber dans les pommes lorsque ses bras se referment autour de moi.
Il est très, très respectueux. Il garde son corps le plus loin de moi possible, ne me touchant qu’au strict nécessaire et c’est tout le problème, parce que mon corps rugit de mécontentement et je m’empourpre violemment. Je sens simplement ses bras chauds autour de moi, j’observe ses avant-bras sous ses manches moulantes noires en les visualisant nus et j’ai encore extrêmement honte de moi.
J’ai l’impression que cet homme réveille un drôle de monstre en moi, logé au creux de mon ventre, insatiable, affamé et surtout diabolique.
- Tu paniques ? s’inquiète-t-il en relâchant déjà son étreinte.
- Non ! m’exclame-je. J’ai été distraite pardonne-moi !
Je mets de côte ce diable et je me concentre à cent pour cent pour cette fin de séance. Comme plus tôt, je suis tellement enchantée d’avoir déjà appris à me défendre un peu que je répète les enchainements avec entrain et concentration, me visualisant déjà mettre au tapis mon agresseur s’il lui revenait l’idée débile de m’attraper.
*
En fin de séance, Hunter se fait sauter dessus par bon nombre de ses admiratrices qui veulent lui faire les yeux doux en le remerciant avec zèle pour le cours. J’attends quelques minutes, histoire de lui dire au revoir pour être un peu plus polie que sur le bonjour, mais elles ne le lâchent pas et j’estime qu’il ne m’en voudra pas trop de ne pas avoir poirauté simplement pour lui dire bonsoir.
Je sors donc rapidement dans le couloir du gymnase où Gloria et Chio m’attendent avec impatience pour commenter avec moi cette séance haute en couleurs.
- Il n’avait jamais montré l’exemple ! C’est dingue ! répète Chio.
- Personne ne s’est jamais retrouvé sans binôme ? m’étonne-je.
- Si ! répond-elle sur un ton évident. Mais il n’a jamais proposé à ces personnes de se mettre avec lui ! Il les laissait tourner à trois !
- Vraiment … ? demande-je en ouvrant des yeux ronds.
- Mais puisqu’on te le dit ! couine Gloria.
Nous échangeons des regards médusés sans savoir quoi penser de tout ça, puis les filles partent en quatrième vitesse pour éviter de rater leur bus. Je les imite et je quitte donc le gymnase en tenue de sport, un peu flemmarde à l’idée de me changer alors que je serai de toute façon mieux pour marcher une petite demi-heure. J’enfile simplement ma veste de survêtement avant de remonter la rue.
Il fait un noir d’encre et pourtant, je me sens forte. C’est la première fois de ma vie que je ressens ça lorsque je suis seule mais je marche la tête haute, prête à en découdre avec n’importe quel crétin qui oserait se frotter à moi. J’hallucine de me dire que je n’ai suivi qu’un cours alors que les filles sont là depuis septembre, je n’imagine même pas comme je me sentirai plus à l’aise dans mes baskets lorsque je serai venue de nombreuses fois mais j’aime cette assurance qui coule déjà dans mes veines. Je croise quelques hommes et au lieu de baisser le nez, je regarde droit devant moi en les ignorant, sans même sentir mon cœur accélérer dans ma poitrine.
Finalement, ce n’est pas la peur qui complique mon trajet mais le froid. Nous sommes début décembre, il fait encore relativement bon l’après-midi mais dès que la nuit tombe, il fait un froid de canard et je lutte difficilement contre la température.
J’envisage même de courir pour rentrer, histoire de me réchauffer et d’atteindre ma douche un peu plus vite, mais je dois bien avouer que les exercices de début de cours ont plutôt bien fatigué mes muscles.
Alors que j’hésite, une voiture ralentit à côté de moi et je tourne la tête lentement, me demandant si je vais réellement devoir me servir de ce que j’ai appris à peine dix minutes plus tard.
Mais dès que mes yeux se posent sur la belle voiture à côté de moi, j’en reconnais immédiatement le ronronnement luxueux et je me penche donc à la fenêtre qui descend pour regarder Hunter.
- Je te ramène ? propose-t-il.
- Ne t’embête pas, j’en ai pour vingt minutes, réponds-je poliment.
- Nous habitons à côté…, souligne-t-il.
J’observe la route embrumée devant moi et mes frissons me rattrapent :
- Ça ne te dérange vraiment pas ? demande-je.
- Pas du tout.
Je grimpe donc à bord joyeusement, toute contente de retrouver l’habitacle qui sent divinement bon, la chaleur réconfortante et surtout, le chauffeur à tomber par terre.
- C’est gentil, dis-je timidement.
- C’est normal.
Il repart en avant tandis que je m’attache.
- Alors ce cours t’a plu ? demande-t-il.
- Trop ! m’exclame-je avec honnêteté. C’était génial ! Je me sens tellement plus sereine, j’étais déjà prête à casser des figures !
Il rit doucement et je lui lance un regard heureux tandis qu’il répond :
- C’est parfait alors, c’est le but. Tu comptes revenir … ?
- Absolument ! Je veux devenir une machine de guerre ! plaisante-je.
- Super. Tu le deviendras, dit-il en me lançant un beau regard.
Je lui souris et je reste évidemment scotchée à son beau visage alors qu’il se reconcentre sur la route en silence. Je suis définitivement de plus en plus à l’aise à force de le côtoyer et je me permets donc d’étancher ma curiosité :
- Pourquoi te fais-tu appeler Grim ? Les filles pensent que tu t’appelles comme ça… ? demande-je.
- Oh… Pour… je ne sais pas trop, j’aime bien garder mon anonymat, répond-il pensivement.
- C’est ce que je me suis dit, je ne leur ai pas dit la vérité, ne t’en fais pas, assure-je.
- C’est gentil de ta part.
- De rien Grim ! plaisante-je.
Il me lance un regard amusé et un petit silence confortable retombe alors que je lève mes mains devant les grilles de chauffage. Il augmente immédiatement la température et je fonds face à sa gentillesse. En fait sa gentillesse envers moi me fait réfléchir à ce que m’ont dit les filles sur les exemples à deux et après une minute de tergiversation, je me décide :
- Je peux te poser une question… ? Un peu indiscrète je crois, précise-je timidement.
- Bien sûr.
- Les filles m’ont dit que… que tu ne montrais jamais l’exemple sur l’une d’elles… alors qu’il me semble que c’est important. Je ne remets pas en cause ta façon de faire, je suis juste curieuse du pourquoi ?
Il hausse les sourcils sans quitter la route des yeux :
- Ça me parait évident pourtant… J’imagine que si ces filles se sont inscrites à un cours d’autodéfense, c’est qu’elles ne se sentent pas en sécurité face aux hommes… alors je n’ai pas envie de les mettre à mal. Je ne peux pas savoir si l’une d’elle a déjà été agressée et je ne voudrais surtout pas leur créer des réminiscences en ayant un mouvement inquiétant pour elle.
Sa réponse me scie en deux, elle est d’une évidence dingue tout en démontrant une fois de plus sa prévenance, je n’en reviens pas… Mais je ne peux pas m’empêcher d’être un poil déçue à l’idée que ce ne soit pas mes beaux yeux qui lui aient donné envie de me prendre comme exemple… il vaut mieux immédiatement écarter cette pensée, je suis trop influencée par mes nouvelles amies qui s’enthousiasmaient pour rien.
- Oh je vois, réponds-je. Donc comme je te connaissais tu t’es dit que je n’aurais pas peur…
- Oui. Enfin je l’espérais, je ne connais pas ta vie mais comme nous nous étions vu plusieurs fois, je me suis dit que c’était l’opportunité.
J’hoche la tête, toujours déçue malgré moi et nous arrivons au campus. Il se gare devant mon bâtiment et tourne la tête vers moi :
- Je peux te poser une question indiscrète à mon tour ? hésite-t-il.
- Bien sûr, le cite-je.
- Tu t’es inscrite à ce cours parce que tu ne te sens pas en sécurité ou simplement pour essayer ? Ne réponds pas si ça te gêne, je suis simplement curieux, je n’aime pas t’imaginer avoir pris ce cours parce que tu t’inquiètes pour ton intégrité.
Je fixe mes mains en rougissant, plus du tout déçue alors qu’il s’inquiète pour moi et mon cœur volète dans ma poitrine. J’organise mes pensées, me demandant quoi répondre mais j’opte vite pour la vérité, parce que je me sens bien en sa présence.
- Et bien… j’ai toujours été très peureuse, je ne suis pas bien grande, pas bien forte non plus… Mais…
Ma voix se brise un peu au sombre souvenir qui hante mon esprit.
- Mais ? m’encourage-t-il.
- En fait, il m’est arrivée une drôle d’histoire… J’ai été un peu secouée par un garçon à une fête il y a quelques semaines, il était très… trop… insistant. Il m’a d’abord plus ou moins sous-entendu qu’il allait me … « rouler une pelle » de force…
Je jette un coup d’œil craintif à Hunter et il m’observe, le visage décomposé et choqué, les yeux pleins de colère et de compassion à la fois.
- Je lui ai dit que j’avais un petit-ami mais il n’en avait rien à faire, alors je me suis enfuie en courant dans la rue. Il m’a suivi sans que je ne le voie… et m’a attrapé le bras… il m’a dit… qu’il était content que je nous éloigne de la fête… vu les… « envies » qu’il avait…, finis-je dans un murmure brisé.
Une larme roule sur ma joue et je l’essuie rapidement, me rendant compte que je suis beaucoup plus choquée par cette histoire que je ne me l’admets et que ça me fait du bien de le sortir à voix haute.
Hunter attrape alors ma main pour la presser et je relève la tête pour le regarder, aussi timide qu’heureuse.
- Je suis sincèrement désolé pour toi Hestia…, dit-il d’une voix triste. Tu… tu as réussi à … à …
Sa voix aussi se brise alors qu’il s’inquiète et je le rassure donc :
- Oui, ne t’en fais pas. Il m’a lâché le bras et je me suis sauvée en courant, j’ai couru aussi vite que je le pouvais, j’ai tout donné… J’avais tellement peur … mais heureusement pour moi, j’ai passé un coin de mur et je suis rentré de plein fouet dans un garçon, explique-je.
Une larme roule encore sur ma joue mais un sourire s’étire sur mes lèvres alors que je repose les yeux sur Hunter, qui retrouve un petit sourire malgré ses yeux inquiets :
- Et il t’a aidé ? demande-t-il.
- C’était Eden, c’est comme ça que je l’ai rencontré, souris-je.
- Alors oui, il t’a défendu comme je le connais, affirme-t-il en me souriant vraiment cette fois.
J’hoche la tête et nous échangeons un long regard qui me fait du bien, c’est chouette de voir qu’il y a des garçons fondamentalement bien dans ce monde.
- Alors tu vois…, reprends-je. Ce cours me rassure vraiment, parce que depuis cette histoire, je suis encore moins sereine.
- C’est normal, et tu fais très bien de le suivre.
- Tu dis ça parce que tu es l’instructeur, tu fais la promotion de ton cours, plaisante-je timidement.
Il rit doucement avant de relâcher ma main et de poser ses yeux sur son volant :
- Et ton petit ami ? J’espère qu’il a retrouvé ce type pour lui foutre une râclée…, dit-il.
- Oh non, je n’en ai pas, j’avais simplement dit ça à mon agresseur pour essayer de le dissuader…
- Bon réflexe, souligne-t-il en reposant ses yeux sur moi.
- Merci.
- Mais je ne suis pas très heureux d’apprendre que ce type s’en sort… Tu sais comment il s’appelle ? demande-t-il d’une voix sombre que je ne lui connaissais pas.
- Eden s’en est chargé, il lui a apparemment mis une rouste en retournant à la soirée, dis-je en haussant les épaules.
- Une rouste ou une rouste à la Eden ? demande-t-il avec mauvaise humeur.
- Euh… je ne sais pas… quelle est la différence ?
- Une rouste de ma part et ce type ne se relève pas, une rouste d’Eden et ce type aura simplement reçu un petit coup de règle sur les doigts, gronde-t-il à voix basse mais furieuse.
J’ouvre des yeux ronds, un peu choquée par ses propos puisque je ne l’imaginais pas comme ça et il se justifie :
- Excuse-moi, je ne voulais pas t’inquiéter mais… je ne peux pas supporter… Pardonne-moi.
- Tu ne m’inquiètes pas… enfin pas pour ma sécurité, précise-je.
- La sienne t’importe ? s’étonne-t-il.
- Pas du tout ! réplique-je vivement. Il pourrait bien agoniser dans un caniveau que j’en rirais… Simplement, je ne sais pas, je ne te voyais pas comme ça.
- Comment ?
- Je ne sais pas… bagarreur…, dis-je en fronçant les sourcils.
Il éclate doucement de rire et je m’attarde sur ses petites fossettes, que j’ai désormais découvertes et que j’apprécie beaucoup.
- Je ne suis pas vraiment bagarreur je crois, mais disons que je me salis les mains quand je juge que c’est mérité…
Je le trouve encore plus sexy, c’est aberrant. Je ne savais même pas que j’aimais bien le côté mauvais garçon, mais entre son tatouage et maintenant son côté bagarreur… je ne peux pas nier que ça affole les chatouilles dans mon ventre.
- Donc Eden connait ce type… ? reprend-il.
- Il le connaissait un peu apparemment, je suppose que c’est un habitué des fêtes au bâtiment L, réponds-je en haussant les épaules.
- D’accord…
Comme d’habitude, « Winston » nous interrompt et ça me ramène les pieds sur terre puisque je suis encore en train de prendre de son temps alors qu’il a déjà la gentillesse de me raccompagner.
- Je vais te laisser répondre, je sais que ce con de « Winston » n’arrête pas d’appeler tant qu’il ne t’a pas en ligne…, m’amuse-je.
Il éclate de rire et je sors de la voiture avant de me pencher à sa fenêtre :
- J’espère que tu seras payé ! plaisante-je en référence à notre première soirée en voiture.
- Je le serai ! répond-il. Passe une bonne nuit Hestia.
- Toi aussi. Envisage de changer de travail parce que ton patron est un sacré harceleur !
Il rit encore puis repart et je fonce à la douche en quatrième vitesse, bien contente de me lover sous l’eau chaude où je répète mes mouvements d’autodéfense en me prenant très clairement pour une ninja.