Les voyageurs du temps : Tome 1, The Island Of blood

Chapitre 3 : Chapitre 2

5626 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 22/04/2015 01:24

    "Si tu veux être digne de confiance, sois honnête. Si tu veux être honnête, sois vrai. Si tu veux être vrai, sois toi-même" 

Esteban quitta le bureau de la psychologue avec une drôle de sensation. Il avait raconté quelque chose qui était très secret et personnel pour lui. Même à son père, il n'en n'avait jamais autant dit. Esteban sortit prendre l'air et découvrit Tobias avec un petit sachet qui devait contenir le bloc-notes. Quand il aperçu son ami, il lui lança un grand sourire et s'approcha de lui.- Alors ? Avec Nelly, c'était comment ? demanda Tobias.Bien sûr, il n'avait pas passé cette heure avec Nelly.- Euh... Bah c'était bien, répondit Esteban.- C'est pas très intéressant tout ça. Je veux en savoir plus.- Bah... Euh... On a discuté.- Faut vraiment que tu améliores tes techniques de mensonge.La cloche sonna et les deux amis rentrèrent en cours.Le reste de la journée déferla a un rythme plutôt lent et ennuyeux. Esteban et Tobias étaient très heureux lorsque la cloche sonna la fin des cours. Ils sortirent du lycée et prirent l'autobus. Malheureusement pour Esteban, le même que celui de Nelly.- Eh, tu te met pas a côté d'elle ? demanda Tobias en lui donnant des coups dans les côtes.- Non. Ici c'est bien non ? répondit Esteban en s'installant confortablement dans son siège.Le bus démarra et Nelly s'installa a l'avant, juste derrière le chauffeur. Elle avait des cheveux blonds et longs, et des yeux couleur noisette. Elle sortit un livre de son sac et démarra sa lecture.- Aller Esteban, ça me dérange pas. Tu peux y aller si tu veux. Qui dirait non a une fille, hein ? demanda Tobias.- Puisque je te dis que je ne veux pas.- Vous vous êtes disputés ?- Non !Esteban avait crier tellement fort le dernier mot que tout le bus se retourna pour le dévisager. - C'est bon, pas la peine d'hurler. Et si tu veux pas y aller, c'est elle qui va venir.- Quoi ? Non !Esteban essayait de retenir Tobias mais celui-ci se leva de son siège et fit de grands gestes en criant "Nelly ! Viens, il reste de la place derrière nous !" Nelly, plus par agacement que par envie, décida de se joindre a eux. Tobias ne cachait pas sa victoire et affichait un sourire triomphant. Esteban lui était assis sur son siège et avait mis sa capuche.- Alors, comment ça va vous ? demanda Tobias.- La ferme, marmonna Esteban dans son coin.- Oh aller, faites pas les innocents.- Mais de quoi vous parlez a la fin ? demanda Nelly en refermant son livre d'un coup sec.- Comment ça de quoi vous parlez ? Mais de votre relation bien sûr ! s'exclama Tobias.Esteban avait envi de le frapper et n'allait pas tarder a le faire.- Quelle relation ? demanda Nelly.- Fait pas la maligne avec moi. Esteban me l'a dit. Mais t'inquiète, je garde bien les secrets. Et, entre nous, si tu l'aimes plus, moi je suis libre.- Comment ça... De quoi tu parles bon sang ?!- Mais de votre couple ! T'es longue à la détente toi !- Mais quel couple ? Comme si j'allais sortir avec Esteban !Esteban se retourna et flanqua un coup de poing a Tobias entre les deux yeux. Arrivé à son arrêt, Tobias descendit un peu sonné et la tête pleine de questions. Nelly ne dit plus rien et descendit deux arrêts plus tard, puis se fut au tour d'Esteban.

Il arriva chez lui, arriva devant la porte et l'ouvrit. Son père regardait un documentaire animalier a la télé et s'effraya a moitié en voyant son fils arriver.- Je t'ai pas entendu rentrer. Alors, ta journée ? demanda-t-il.- Comme d'hab, répondit Esteban.- Tu avait une heure de libre ?- Ouais.- Et tu es allé voir la psy ?- Oui j'y suis allé. Esteban, ne voulant pas pousser la discussion trop loin, monta dans sa chambre a toute vitesse. Il ferma les volets a fond et se fit l'intégrale de la saison 1 de Game of Thrones en DVD, pour se changer les idées.Son téléphone sonna. Une dizaine de fois. Il finit par prendre son téléphone qui indiquait des appels en absence, uniquement de Tobias.- C'est quoi ce délire, lança la voix de Tobias dans le téléphone d'Esteban.- Écoute... Je suis désolé pour le coup de poing mais...- Désolé ? Ma mère à cru que je m'étais battu ! Mais c'est pas ça le pire. Tu m'a raconter des conneries ! Nelly et toi ne sortez pas ensembles, pourquoi m'avoir dit le contraire ?Tobias criait, ce qui était assez inhabituel.- Je peux pas te le dire tout de suite. On pourrais pas se voir un de ces jours ? demanda Esteban.- Et pourquoi je voudrais parler avec un menteur ?- Tobias ! Je suis désolé ! Et si tu veux savoir la vérité, retrouve-moi ce soir à 18 heures devant le Starbucks.Puis il raccrocha. Esteban comprenait parfaitement l'énervement de son ami. Mais il refusait de le perdre.Esteban se leva, éteignît la télé et enfila des vêtements propres. 18 arrivait bientôt et il ne voulait pas être en retard. "J'espère qu'il va venir..." pensa-t-il.Il prit un peu d'argent et descendit. Son père n'était pas dans le salon et il se rendit dans son bureau. Il ouvrit la porte et le vit en train d'écrire quelque chose sur son ordinateur. - Papa ...? demanda Esteban en entrant.- Hmm ?- Je peux sortir en ville ? Je rentre dans pas longtemps...- Oui oui, fais comme tu veux.Il ne détacha pas son regard de l'écran d'ordinateur. Si ça ce trouve, il ne l'avait même pas écouté. Ce qui arrangea Esteban.Il sortit de la maison. Dehors il faisait encore chaud et clair. Une légère brise vint décoiffer ses cheveux noirs. Il monta sur son vélo et démarra. Le Starbucks se trouvait en pleine ville et il arriva une dizaine de minutes plus tard. Il déposa son vélo et entra a l'intérieur. Une serveuse l'accueillit et le fit s'asseoir.- Qu'est-ce que je vous sert ? demanda-t-elle.- Un cappuccino s'il vous plaît, répondit Esteban.Le serveuse partit et revint quelques minutes plus tard. Esteban sirota sa boisson en scrutant la porte d'entrée. Il consulta son portable. Il indiquait 18 heures 8. Esteban attendit sans que Tobias vienne. Il finit son cappuccino et se décida a partir. Au moment où il allait sortir, Tobias fit irruption dans la boutique.Tobias ne dit rien et se contenta de s'asseoir. Esteban le rejoignit.- Alors ? demanda Tobias.- Je te jure que je suis désolé. C'était idiot de ma part. L'histoire avec Nelly... C'était juste une diversion.Tobias arqua un sourcil, et Esteban, comprenant son interrogation, lui raconta tout en détail. Une fois l'histoire finie, Tobias était un peu déconcerté. Il voulait dire quelque chose mais je savait pas quoi. Il se contenta de donner une tape amicale sur l'épaule d'Esteban en signe de compréhension. - Tu aurais dû me le dire, finit par dire Tobias.- Je sais... Je m'excuse, répondit Esteban.- On a tous nos problèmes tu sais. Et c'est pas parce que je fais le con a longueur de journée que j'aurais pas compris.Esteban ne pût s'empêcher de sourire. Ils discutèrent un moment en buvant un cappuccino puis chacun rentra de son côté. 

Esteban était soulagé de la compréhension de son ami. En arrivant chez lui, son père regardait la télé. Esteban monta dans sa chambre et s'occupa comme il le put.Le lendemain, il retourna chez la psychologue. Il n'osait pas le dire, mais ça l'aidait beaucoup et lui faisait un bien fou. Tobias l'attendait a la sortie.Les derniers jours déferlèrent a un rythme rapide. Lorsque la fin du dernier cours de l'année arriva, on pouvait entendre des cris de joie. Tobias et Esteban sortirent en mettant la musique de leur MP4 à fond.- Putain, c'est enfin les vacances ! J'attends ça depuis le 1er Septembre ! s'exclama Tobias lorsqu'ils arrivèrent dans la cour du lycée.- Tu pars cette année ? demanda Esteban.- Au Japon pour voir mes grands-parents... C'est pas mal là-bas mais au bout d'un moment tu te fais chier. Et toi ?- Mon père a parlé de camping mais je sais pas encore.- Bon, on a tout le premier mois des vacances pour faire ce qu'on veut !Ils rentrèrent dans le bus. Esteban appela rapidement son père pour lui demander si il pouvais passer la nuit chez Tobias, il accepta. Ils descendirent donc à l'arrêt de Tobias.Mrs. Cheong les accueillis avec un grand sourire aux lèvres.- Alors les garçons, contents ? demanda-t-elle.- Soulagés surtout ! répondit Esteban.Ils rentrèrent a l'intérieur et déposèrent leurs sacs. Ils montèrent directement à l'étage.- Alors, qu'est-ce qu'on fait ? demanda Tobias.Les vacances venaient seulement de commencer et ils ne savaient déjà pas quoi faire. Ils décidèrent finalement de regarder un film. Puis, lorsque celui-ci fut fini, ils restèrent plusieurs heures sur leur portables communs. Subitement, celui d'Esteban sonna.Tobias le regarda en arquant un sourcil. - C'est qui a cette heure là ? demanda-t-il.L'écran du téléphone indiquait "Jeffrey". Le directeur du bar.- Faut que je réponde, répondit Esteban.Il descendit dans la cuisine où il n'y avait plus personne. Il rappela Jeffrey.- Esteban ? T'es où ? dit la voix de Jeffrey.- Je peux pas venir. Et je ne veux pas venir, répondit-il.- Comment ça ?- J'ai décidé qu'à présent, je viendrais moins souvent. Je viens, mais moins souvent. Pigé ?- Et depuis quand t'a décidé ça ? C'est ton papa qui t'a grondé ? Oh là là, quelle horreur !- La ferme ! Je fais ce que je veux ! Tu n'a pas a me dire quand je dois venir dans ton foutu bar !- Bah peut-être qu'il serait plus accueillant sans ta sale tête de con.- T'oserais pas faire ça ?!- Esteban, tu n'es plus la bienvenue. Trouves-toi quelqu'un d'autre. Tu m'a assez fait chié comme ça. - Jeffrey ! J'ai dit que je viendrais moins souvent ! Où est le problème ?- Le problème c'est que tu suis les conseils de ton daron. T'a pas besoin d'un mec toujours sur ton dos qui te dit quoi faire. Ça fait longtemps que tu bats de tes propres ailes et tu veux tout gâcher ?- Oui, je bats de mes propres ailes, comme tu dis. Et si je n'ai plus envi de consommer comme avant, je le fait. Esteban raccrocha, fou de rage. Il remonta dans la chambre et s'endormi.Le lendemain, Esteban se réveilla en sursaut. Il se sentait bizarre. Il se leva et vit que Tobias était déjà descendu. Esteban avait les mains et les jambes qui tremblaient. Il se leva et rentra dans la salle de bain. Il se coiffa rapidement avec une couche de gel et se brossa les dents. Ils tremblait toujours et commençait à se sentir nauséeux et au avoir chaud. Il se passa de l'eau dans le visage.Il revint dans la chambre et s'habilla rapidement, puis il descendit.Il rentra dans la cuisine et salua la mère de Tobias. Celle-ci l'arrêta et le regarda.- Esteban ? Tu vas bien ? Tu es blanc comme un linge ! s'exclama Mrs. Cheong.- Je vais bien... Je suis juste un peu... commença Esteban.Il ne savais pas comment finir sa phrase. "En manque" aurait convenu, mais il n'osait pas le dire devant la femme qui a été un peu comme une mère pour lui. Tobias était assis à table et le fixait. Il avait vu une seule fois son ami dans cet état. Il ne connaissait pas encore son secret. La seule chose dont il se souvint, c'est qu'il avait fini a l'hôpital.- Je reviens maman. J'emmène Esteban dehors pour prendre l'air, déclara Tobias.Celui-ci prit Esteban par le bras et l'apporta dans le jardin. Ils s'assirent sur le rebord des marches.- C'est à cause de ton histoire de drogue, hein ? demanda Tobias.- Ouais... répondit doucement Esteban, presque honteux.Tobias le prit par l'épaule en signe de réconfort, et Esteban sourit.- Et tu fais comment pour arrêter ça ? demanda finalement Tobias.- Y'a aucun moyen, répondit Esteban, on m'a renvoyé du bar dont je te parlais l'autre jour.- Y'a pas... Des espèces de médocs ?- Je sais pas. Mais là je me sens vraiment pas bien.Tobias rentra a l'intérieur pour prévenir sa mère et Esteban s'assit dans l'herbe. Elle se tenait là, devant lui. Ses longs cheveux noirs ondulaient au rythme d'une brise. Esteban se trouvait dans un endroit proche de l'imaginaire. Il était dans une sorte de pré où le soleil brillait fortement. Il régnait une odeur qui rappelait celle du popcorn. Et devant lui se tenait une femme. Assez grande, yeux bleus, sourire malicieux. Elle est vêtue d'une longue robe blanche qui moule ses formes. C'est la mère d'Esteban.- Esteban ! s'écrit-elle.Il n'en croit pas ses yeux. Elle est là, en face de lui, en chair et en os. Esteban avait oublié a quel point elle lui ressemblait. Voyant qu'il était assis par terre, il se leva sans se poser de questions. Il était si étonné et confus qu'il ne prononça pas un mot et se contenta de courir jusqu'à sa mère. Elle se trouvait a quelques mètres, les bras tendus. Esteban arriva et se blottit dans ses bras. - Comment est-ce possible ? Es-tu un fantôme ? demanda-t-il.- Non Esteban. Je suis comme toi, répondit-elle d'une voix douce.Ces mots sonnaient comme une musique. Esteban n'avait pas connu sa mère très longtemps mais il se souvint tout a coup d'une chose. Sa mère adorait chanter et avait une magnifique voix. Elle lui chantait des berceuses le soir. Des fois, Esteban restait éveillé pour l'entendre jusqu'à la fin.- Tu es vivante alors ? demanda Esteban.Bien que tout autour de lui semblait sortir de son imagination, il ne pût s'empêcher d'émettre un doute. - Pas exactement. Je suis un rêve. Un songe, si tu préfères, répondit-elle.Il avait redouté cette réponse. Bien sûr, ça semblait tout a fait logique. Mais il était si bien dans ce rêve. Il resta encore blottit contre sa mère et il se détacha de son étreinte. Il la regarda, elle souriait. Lui aussi.

Esteban se réveilla en sursaut. Il était brûlant. Il fut d'abord aveuglé par une vive lumière et décida de refermer les yeux. Il était couché sur un matelas frais et sentait tous ses muscles engourdis.Simon, voyant que se fils avait ouvert les yeux, se précipita vers lui.- Esteban ? Tu es réveillé ? demanda-t-il.Esteban ouvrit les yeux et vit son père avec un regard plein d'inquiétude. Il voyait un plafond blanc au-dessus de lui. - On est où ? marmonna Esteban.- À l'hôpital.Esteban haussa les sourcils et voulu se lever, mais il en était incapable. Déjà parce qu'un horrible douleur lui assaillît tout le corps, mais aussi parce qu'un tube accroché relié à une perfusion remplie d'un liquide transparent.- Mrs. Cheong m'a prévenue. Je j'ai pas pu venir tout de suite.Esteban cligna des yeux plusieurs fois de suite.- Ça fait longtemps que je suis là ? demanda Esteban, soudain inquiet.- Depuis hier.On toqua à la porte et Simon dit à la personne d'entrer. C'était une infirmière avec un bloc-notes à la main.Simon se leva et vint lui serrer la main. Esteban ferma les yeux, voulant éviter d'avoir à parler pendant des heures.- Quand pourra-t-il sortir ? demanda Simon.- Dès cet après-midi. J'ai aussi une ordonnance.Esteban entendit un morceau de papier qu'on plie et qu'on déplie.- J'ai parler avec la psychologue de votre fils, commença l'infirmière. Nous avons décidé de quelque chose et nous voulons vous en faire part. Vous êtes convié, vous et votre fils, demain à 14 heures dans mon bureau.Elle lui donna un petit papier avec des indications et s'en alla en fermant la porte. Esteban rouvrit les yeux et vit son père se rassoir. Il tenait deux papiers qu'il fourra dans ses poches.Ils restèrent ensembles, sans parler beaucoup, jusqu'à ce qu'on dise à Esteban qu'il puisse sortir. On lui retira la perfusion et Esteban pût enfin se relevé. Ils avait les muscles endoloris mais cela ne le dérangeais pas. Son père l'attendait dehors et pendant ce temps, il s'habilla rapidement. Il sorti de la chambre et la ferma. Il commença à descendre les marches. Il était au rez-de-chaussé et décida de s'arrêter à un distributeur pour s'acheter un paquet de chips. Il allait sortir mais une infirmière l'interpella, la même que quelques heures auparavant. - Esteban, c'est ça ? demanda-t-elle.Il répondit d'un hochement de tête.- Je suis désolé mon père m'attends dehors...Et il partit.Simon l'attendait sur le parking, quelques mètres plus loin. Esteban rentra dans la voiture, ferma la portière et attacha sa ceinture. Son père alluma le moteur et la radio. La maison était à une trentaine de minutes et ils ne mirent pas longtemps à revenir. En entrant dans la maison, Simon vit que son fils voulait directement monter dans sa chambre mais il l'arrêta. Il le conduit dans le salon où ils s'installèrent sur le canapé.- Tu viendras avec moi demain, n'est-ce pas ? dit-il.- Ça reste à voir, répondit Esteban.- Ce n'est pas grand chose ce que je te demande. Fait l'effort de venir. Elles ont peut être un moyen de t'aider. Ne trouve-tu pas ça génial ?- Ça c'est toi qui le dit...- Tu m'accompagneras, tu peux me croire. Même si je devrais te tirer par la peau du cou.Esteban haussa les sourcils.- Tu peux partir maintenant, dit Simon.Esteban monta dans sa chambre et s'y reposa jusqu'au lendemain matin.

Esteban était accroupi par terre, toujours dans ce champ de maïs. Il ne releva pas directement la tête. Puis il se décida à se redresser.Elle était là-bas, à quelques mètres. Toujours avec sa robe blanche immaculée et ses cheveux voletants. Elle tendait les bras, un grand sourire aux lèvres. Il s'approcha, même si il savait que c'était un rêve. Elle le prit dans ses bras, murmura quelques mots. Elle lui caressait les cheveux, et il la regardait dans les yeux.Puis le décor sembla changer. Le ciel devint gris, d'énormes nuages encombraient le ciel.Au loin, un groupe de corbeaux s'envola. Ils poussaient des cris incessants. La mère d'Esteban se retira de l'étreinte. Elle avait un visage grave.Esteban se recula un peu, laissant un brin de peur entrer en lui.Puis, au niveau du cœur de la mère d'Esteban, une tâche rouge commençait à s'agrandir. Elle faisait un grand contraste avec sa robe blanche.Mais ce n'était pas une simple tâche, c'était du sang.Esteban courut vers sa mère au moment où elle tomba au sol. Ils s'accroupit à côté d'elle en pleurant et en plaquant sa main contre la plaie. Elle souriait et pleurait en même temps. Puis, elle lui posa une main sur son bras et lui dit faiblement "on ne peut changer les destin".Elle ferma les yeux et Esteban cria de tout ses poumons.

Esteban se réveilla en sursaut. Une douleur à la poitrine le cinglait. Il se leva et descendit dans la cuisine.Simon était là, en train de réchauffer quelque chose au micro-ondes.- Tu as dormi longtemps, c'est bientôt l'heure de manger, dit-il.Esteban ne dit rien et s'installa à table. Ils mangèrent silencieusement en écoutant les informations à la radio. Esteban essaya de finir son assiette le plus rapidement possible pour remonter dans sa chambre.- La réunion est à 14 heures. Prépares-toi déjà, lui dit son père au moment où il se leva de table.Esteban poussa un profond soupir et partit se préparer. Il prit le plus de temps possible et descendit un moment plus tard. - Tu ne va pas regretter d'être venu, dit son père, un sourire aux lèvres.Esteban le lui rendit, à son propre étonnement.Ils sortirent de la maison et rentrèrent dans la voiture. Simon mît la radio. On passait "In Spite Of All The Danger" des Beatles. Esteban se souvint qu'il aimait chanter cette chanson avec sa mère. Il posa son coude sur le rebord de la fenêtre et écouta la musique en regardant par la fenêtre.Un paysage de ville défilait sous ses yeux tel une peinture en aquarelle. Quelques instants après, ils arrivèrent sur le parking de l'hôpital. Esteban sortit de la voiture et entra à l'intérieur avec son père. Ils se dirigèrent vers l'accueil où une femme assise était au téléphone. Elle leur demanda d'un signe de la main de patienter.Ils restèrent debout jusqu'à ce qu'elle ai fini, puis elle s'adressa à eux.- C'est pour quoi ? demanda-t-elle.- Nous avons rendez-vous avec... commença Simon.Il fronça les sourcils et sortit un papier de sa poche. Il le lût.- Mrs. Lowell et Mrs. Hendel, finit-il.La femme regarda le papier et indiqua à Simon et son fils le chemin à prendre.Ils prirent un ascenseur jusqu'au troisième étage. Ils parcoururent un long couloir jusqu'à arriver à une porte indiquant "Mrs. Lowell, docteur"Simon toqua et une voix lui dit d'entrer.Il ouvrit la porte et rentra à l'intérieur. Son fils le suivait de près.La pièce ressemblait à la salle du lycée. Les mêmes murs blancs, la même absence d'objet personnel ou de décoration. Il y avait seulement une table de consultation avec 4 chaises. La docteur et la psychologue étaient toutes les deux assises et elles se levèrent pour serrer la main d'Esteban et de son père. Elles leur firent signe de s'assoir, ce qu'ils firent.- Vous savez tout deux pourquoi nous nous voyons, commença la docteur.Simon hocha la tête.- D'après le comportement de votre fils, certaines mesures devront être prises. A commencer par prévoir un rendez-vous avec ma collègue 2 fois par semaine à partir de la prochaine rentrée. "Je lui ai déjà tout dit..." pensa Esteban.Ils discutèrent tout les 4 un moment (enfin 3, Esteban ne participait pas) puis, Mrs. Lowell et Mrs. Hendel arrivèrent au point qu'elles voulaient aborder depuis le début.- Avec ma collègue, nous avons un projet pour votre fils, dit la psychologue à Simon.Esteban relève la tête. Il croise les bras et attends.- Nous prévoyons... Une sortie pour Esteban.- Oui, en quelques sortes, ajoute la docteur.- De quel genre de sortie parlez-vous ? demande Simon.- Nous avons déjà envoyé plusieurs adolescents là-bas. Tout c'est très bien passé pour eux.- D'accord, mais de quoi s'agit-il ?Les 2 femmes, voyant que Simon s'impatiente, en viennent aux faits.- Nous avons envisagés, toutes les 2, d'envoyer votre fils dans un camp de jeune en quelques sortes. Mais... C'est... Comment dire ?- Pour les ados "comme lui", finit l'autre.Simon fronce les sourcils.- Qu'entendez-vous par "comme lui" ?- Et bien vous savez... Là-bas, tout le monde est comme lui. C'est un peu une cure de désintoxication, si vous préférez. Et c'est à la fois des vacances.- Et où est-ce ?- Vous ne connaissez sans doute pas. C'est une petite île au milieu de l'océan pacifique. Les habitants l'appellent "l'île au sang" mais elle n'a pas de vrai nom. C'est très isolé, votre fils ne sera pas tenté de... Enfin vous voyez.Esteban se raidit en entendant ces paroles. Il se leva de sa chaise et dit :- Je n'irais jamais là-bas. Vous pourrez dire ce que vous voudrez, je ne changerais pas d'avis. Son père se retourna vers lui avec une mine grave.- Esteban, je pense que ce te serait vraiment bénéfique. C'est peut être ta dernière chance de retrouver une vie à peu près normale.Esteban grince des dents. De quel droit son père à le droit de dire qu'il ne mène pas une vie normale ?Il préfère se taire en présence des deux femmes et sort de la pièce en claquant la porte.Il descend les escaliers à toute vitesse, manquant de peu de renverser quelques personnes.- Déjà fini ? demanda la femme à l'accueil.- Oh vous, fermez-la.Esteban sortit de l'hôpital et entra dans la voiture. Il ferma le tout à clef et alluma la radio et monta le son au maximum.Il croisa les bras en se remémorant cette réunion éclaire. Jamais il n'irait sur cette île. Il se le promit à lui-même. D'énervement, il donna un coup de pied au sol de la voiture. "Si seulement je n'avais pas oublié mon téléphone ce jour-là..." Il se disait ça presque tout les jours à présent. Il souffla un grand coup et prit sa tête dans les mains."Comment expliquer calmement à mon père que je n'irai pas sur cette putain d'île paumée au milieu de nulle part ?"Esteban attendit patiemment le retour de son père, presque une heure plus tard. Il tenait dans ses mains des tonnes de papiers, qui devaient être des contacts d'inscription.Esteban lui ouvrit la porte et il entra dans la voiture.- Pourquoi es-tu partit si précipitamment ? demanda Simon.- Tu m'a énervé, répondit Esteban.Simon haussa les épaules.- Comme d'habitude.Il n'avait pas l'air particulièrement énervé ni même contrarié. Il avait l'air même plutôt heureux.La voiture démarra et ils rentrèrent à la maison.Il arrivèrent chez eux quelques minutes plus tard. Esteban et Simon sortirent et rentrèrent dans la maison. Esteban commençait déjà à se diriger dans sa chambre lorsque son père l'interpella :- Esteban, s'il te plait. J'ai à te parler.Il descendit la marche qu'il venait de monter et s'assit sur le canapé. Son père vint le rejoindre.- Tu sais, cette histoire d'île... Ça peut t'aider...Esteban haussa les sourcils.- Ah oui ? Tu crois vraiment que la solution est de me castrer sur une île totalement isolée avec des jeunes complètement timbrés ? Je te signale que je d'aire ma vie tout seul. Je n'ai pas eut besoin de toi quand maman est morte. Je suis resté tout seul. Tu était dans ton coin, et moi dans le mien.- Esteban... Tu sais très bien que...- Papa ! J'avais 5 ans ! Tu n'imagine même pas !- Je sais que tu m'en veux. Mais je ne veux que ton bien. Tu comprends, ce voyage pourrait changer ta vie. Tu serais à nouveau normal.- Arrête d'utiliser le terme normal ! Je suis normal ! Pour toi, être normal c'est être comme toi ?- Ce n'est pas ce que je voulais dire...- C'est bon, j'en ai assez entendu.Esteban se leva et monta s'enfermer dans sa chambre. 

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