Le Pouvoir des Arcanes

Chapitre 1 : Un Avenir Nouveau

1656 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/11/2016 17:52

J’essayais de lire les symboles en Ilirien ancien. J’avais appris à lire cette langue il y a quelques années déjà, mon instructeur avait pris grand soin de me l’apprendre et cet enseignement, bien que parfois pénible et complexe, me permettait maintenant de lire de vieux ouvrages.

J’entendis des personnes monter les marches pour arriver dans le couloir. C’était mon père, accompagné d’un homme que je n’avais jamais vu auparavant. Ils allaient sûrement parler de la situation du royaume, car bien que mon père ne soit qu’un simple seigneur, il avait un don pour tout ce qui relevait de politique.



Plutôt que de retourner à mon ouvrage et de les laisser discuter tranquillement, je continuais à fixer l’inconnu. Il portait des vêtements légers, la ceinture de cuir qui entourait sa taille portait de nombreuses fioles aux contenus mystérieux, tout comme la besace qui pendait à son côté. Elle devait probablement être remplie de grimoires et de puissants élixirs. 

Le contenu de ses affaires restait mystérieux, mais l’identité même du personnage ne laissait aucun doute, s’était forcément un magicien. Cette guilde très secrète était apparue lors de l’invasion des vampires il y a une vingtaine d’années. Beaucoup de rumeurs circulaient sur l’étendue de leurs pouvoirs, mais de tout ce que William avait appris des soldats qui en discutaient, c’était que les magiciens maîtrisent des pouvoirs parfois extraordinaires. On dit même que certains peuvent porter des montagnes ou creuser le lit de fleuves.

-William ? Peux-tu te joindre à nous ? La voix de mon père me fit sortir de mon imagination et me ramena à la réalité. Je laissai mon livre et me dirigeai vers eux :

-William, je te présente Louis Del’Sayen. Comme tu l’as sûrement deviné, c’est un magicien. Louis, je te présente mon second fils : William.

Le magicien me jaugea du regard. Ces yeux noisette me scrutaient comme un rapace fixe sa proie avant de plonger, toujours alerte. Puis il finit par dire, un sourire naissant sur le coin de sa bouche :

-« L’Histoire des peuples de l’Ilisar » de Franck Rudern. Comment as-tu appris l’Ilirien ancien, c’est une langue complexe.

Le livre était sur une table posé à plus de cinq mètres, comme le mage avait-il fait pour en voir la couverture de là où il se trouvait :

-Mon instructeur était passionné de langues anciennes, il m’a donc appris tout ce qu’il en savait, messire.

-Très bien, et qu’as-tu appris d’autres avec ce professeur ? le questionna de nouveau le mage.

Je m’empressai de répondre, heureux à l’idée de pouvoir montrer tout ce que j’avais appris :

-Messire Ernest m’a enseigné l’histoire du royaume, les principes économiques et politiques du royaume ainsi que les diverses tensions ethniques et religieuses qui le parcourent. J’ai également appris l’arithmétique et la géométrie.

-Excellent, et apparemment, tu as bien retenu tes leçons. Fit le mage, avant de se tourner vers mon père :

Néanmoins, le temps me manque, j’ai une affaire pressante qui m’attend dans le nord, et je ne peux rester plus longtemps discuter. Pouvons-nous passer dans votre bureau, Alfred Hoppins ?

Mon père s’effaça pour le laisser entrer dans son bureau.

Je les regardais sortir de la bibliothèque et me rassieds à ma place pour me replonger dans l’épais ouvrage.

***


-Asseyez-vous donc, mage. S’empressa de dire Alfred quand il eut refermé la porte. Il contourna le lourd bureau de chêne qui remplissait presque entièrement la salle, avant de s’asseoir sur la chaise qui l’y attendait.

-Comment se porte le royaume ? demanda-t-il alors, vos voyages doivent vous tenir au courant de bon nombre de nouvelles.

-Et bien, fit alors Lucas en réfléchissant : Les tensions entre l’Ilisar et le royaume de Ragnok s’intensifient, on parle même de petites attaques de chaque côté de la frontière, bien que cela ne soit pas encore confirmé par le trône. Quelques mages ont été envoyés à la frontière pour tenter de rétablir la paix.

-C’est plutôt fâcheux… 

-Mais je ne suis pas venu pour cela, dit Lucas en indiquant la porte, c’est bien le fils dont vous me parliez ?

-C’est bien lui, répondit Alfred. C’est mon second fils, comme vous avez pu le voir, il est instruit. Mais les terres reviennent à l’ainé, j’ai donc pensé à ce qu’il devienne mage.

-Je le prends à l’essai, pendant un an. S’il réussit l’épreuve, il continuera trois autres années d’apprentissage avec moi. 

Le mage sortit alors de sa sacoche un parchemin qu’il posa sur la table. Des lettres de feu s’inscrirent sur sa surface, comme si une main invisible écrivait. 


Louis Del’Sayen, mage, accepte de prendre William Hoppins comme apprenti magicien. Il apprendra sous sa tutelle le pouvoir des Arcanes, et au terme de son apprentissage, pourra prétendre au titre de magicien du royaume d’Ilisar


* * *


-Où allons-nous ? fis-je, complètement essoufflé.

-Dans les montagnes, plus précisément dans un petit village à leur pied. Les nains semblent avoir cessé tout contact avec les villages aux alentours, et cela m’inquiète.

Cela faisait plusieurs heures que l’on marchait sur la petite route qui quittait les terres de mon père, pour arriver sur celles du seigneur Prontios.

C’est seulement après le coucher du soleil, quand l’on ne voyait presque plus nos pieds, que nous nous arrêtèrent.

-Assieds-toi là, me demanda alors Lucas en me pointant une souche de la petite clairière où nous trouvions.

D’un coup de main il alluma des flammes qui s’empressèrent de dévorer le petit bois que nous avions entassé là. La lumière qu’émirent les flammes réchauffa la froideur de l’obscurité environnante.

-Que connais-tu des Arcanes ?

-Seulement ce que j’ai lu dans les livres : Il y en a quatre, on retrouve dans chacune d’elle un élément. Il y a l’Air, la Terre, l’Eau et le Feu.

Je m’arrêtais, mesurant l’ampleur de mon ignorance, me rendant compte que j’avais lu bien peu d’ouvrages à ce sujet, voire pas du tout. 

Lucas sourit avant de me dire :

-La première des leçons pour un mage, c’est de savoir que le monde est bien vaste, en comparaison de notre maigre existence. Dans chaque fleur, chaque pierre, et même chaque être humain se trouvent des milliers de particules. Notre pouvoir, en tant que mages, est de contrôler ces particules, pour ainsi influer sur la matière en elle-même.

Il se positionna en face de moi :

-L’Air est le plus simple à contrôler. Il faut exercer ta concentration de sorte à la focaliser sur un élément, et oublier tout le reste. Ferme les yeux… Oublie tout ce qu’il y a autour de toi…


J’imaginais donc la scène. Je me voyais, assieds, les yeux fermés, avec mon maître devant moi. Mais en me concentrant encore plus, après de longues minutes de vaines tentatives, je parvins à ignorer tout ce qu’il y avait autour. Je n’entendais plus le bruit des oiseaux ni celui du vent. 

Seulement la voix de Lucas qui résonnait dans mon esprit, calme et reposante.

-Bien… Concentre-toi maintenant sur quelque chose en particulier. Sur l’air qui nous entoure…

Je cherchais à repérer quelque chose d’inhabituel dans ce qui m’entourait, dans l’air que je savais présent, que je percevais sans jamais la voir.

Puis d’un coup, comme si on soulevait un voile devant mes yeux, je vis des milliers, même des millions, de points en mouvement, comme un essaim d’abeilles. Sous l’effet de la surprise, je relâchais quelques secondes ma concentration, et mon esprit se focalisa sur quelque chose d’autre pendant un bref instant.


Mes yeux s’ouvrirent brusquement et je tombais à la renverse. Mes sens avaient tellement été déconnectés que j’en avais perdu l’équilibre.

-Tu y étais presque ! fit alors Lucas, qui était juste à côté de moi.

Mais je ne l’écoutais déjà presque plus, la fatigue m’était tombée dessus d’un seul coup. Ma tête commençait à me faire mal, et j’avais l’impression qu’un cheval m’était passé dessus. Je sombrais rapidement dans un profond sommeil réparateur.


La lumière du soleil me força à ouvrir les yeux et à sortir de ce sommeil sans rêves, mais je ne pus voir clairement qu’après que mes yeux se soient habitués à la lumière ambiante.

Mon maître s’affairait à préparer notre départ, tout en ayant pris soin de me laisser de quoi manger à portée de main. Je mis quelques minutes à me rétablir complètement, et je m’empressais de dévorer la miche de pain qu’il avait posé, mon ventre s’était lui aussi réveillé et criait famine.

-Nous partons immédiatement ! fit Lucas. J’ai un mauvais pressentiment et je préfèrerais arriver avant que mes suppositions ne se réalisent.

-Et mon entraînement ? demandais-je, inquiet de la tournure que prenaient les événements.


-On s’en occupera en chemin, et là-bas. Mais l’une des premières règles d’un mage, c’est de toujours porter secours à son prochain.

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