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Chapitre 4 : In a Bottle.

1320 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 09/10/2017 20:08

CHAPITRE 4

IN A BOTTLE



Maria :



La fin de mon année de cinquième se rapproche dangereusement. Les jours rallongent, les manuels sont rendus, l'arrêt des notes est prononcé. L'année scolaire s'arrête officiellement le 7 juillet, mais comme chaque année, nous partirons deux semaines plus tôt, à cause du brevet. Nous ne travaillons plus vraiment en classe, et j'adore cette ambiance de pré-vacances. Le plus agréable est que, cette année, contrairement à celle de sixième, je pars sans regrets : ma classe de cinquième était une catastrophe.

Je sais d'avance que je serai dans la classe de ma copine Leelou, et sûrement dans celle de Loïc, car en plus de partager les mêmes options, il a fait la demande d'être dans ma classe et dans celle de son ami Enéo. Oui, vraiment, je suis comblée.


Je lèche ma glace Magnum, à moitié sur la chaise de Dina et celle de Loïc. Mais à vrai dire, mon amie me pousse tellement vers Loïc qu'on finit par partager un siège pour deux. Ca nous change pas tellement, on a l'habitude de le faire en techno. Nous regardons et écoutons d'une oreille distraite la conférence humoristique sur l'existence des extraterrestres projetée par mon prof de physique. Pour fêter notre dernier cours de l'année avec lui, M. Dour a fait les choses en grand : film, glaces, bonbons. Mais bon, avec mon bras collé à celui de Loïc (sans compter nos jambes, Dina me pousse tellement contre lui que je suis presque à moitié sur ses genoux !) ont le don de me distraire au plus haut point. Et puis ses blagues à deux balles me font bien rire, je dois avouer.


Les filles de la paillasses devant la nôtre se retournent. Le prof, lui, à l'air de totalement s'en foutre que nous parlions tous les six (moi, Dina, Loïc, Luc, Manon et Leelou).


Ça vous dit qu'on fasse une bouteille ? Lance Manon, en chuchotant.


Euh...Ouais !


Attendez, j'ai une bouteille d'eau dans mon sac, dit Loïc en se penchant pour fouiller dans ledit sac. Il pose la bouteille au centre de notre table.


Par contre on fait juste des smack sur la joue ! impose Dina. Leelou fait la moue.


— Mais non, c'est pas fun du tout sinon !


— Oui fin d'un autre côté on va pas se galocher en plein cours avec le prof à six mètres de nous, j'argumente à voix basse.


— Bon allez, c'est parti.


Luc tourne la bouteille en plastique. Le goulot tombe sur Dina. Je lui fait un petit clin d’œil, elle est en crush sur lui, comme la moitié des filles de la classe, à part moi apparemment. Luc vérifie que le prof ne regarde pas, se penche par-dessus la table puis il pose timidement sa bouche sur la joue de mon amie.


— Next !


La bouteille tourne : elle désigne moi, puis Luc.


— Ah non c'est mort, on s'est déjà smackés à anniversaire de Noah. Je recommencerai pas une deuxième fois, dis-je.


La bouteille tombe sur Leelou et Manon, rien de bien intéressant.

Dina relance la bouteille.


A son premier tour, elle s'arrête sur moi.

Au deuxième, sur Loïc.

On échange vite fait un regard mi-gêné mi-amusé. Il débat avec Luc en chuchotant pour se défiler, mais il capitule vite.


J'attends tranquillement une action quelconque, quand je sens ses lèvres se presser sur ma joue. Je ne les ai jamais senties sur ma peau, mais étrangement ça ne me dérange pas du tout. Sa bouche émet un petit bruit de bisou, et je ferme légèrement les yeux. Trop vite, il s'éloigne de moi. Je jette un regard au prof : il ne nous a pas vus, ça va. Tandis que le reste du petit groupe charrie Loïc le plus silencieusement possible, je baisse les yeux. Dans le noir quasi complet, personne ne distingue le petit sourire qui menace de naître sur mes lèvres.


***

Le cours cours est bientôt fini. Après que M.Dour nous ait demandé de moins parler, Leelou et Manon se sont replacées à leur table, tandis que j'ai toujours le cul entre deux chaises : en l’occurrence celles de Loïc et Dina.

Je regarde la vidéo projetée, silencieuse, la tête sur mes bras, avachie sur la paillasse.

La jambe de Loïc se secoue contre la mienne. C'est un tic qu'il a, et sur l'instant présent, ça m'énerve drôlement : je n'arrive plus à me concentrer sur le sketch/conférence !

Pour faire cesser les tremblements de sa jambe, mais aussi parce que j'en ai envie, je glisse sur un coup de tête la mienne par-dessus.

Mon ami émet un petit bruit surpris :


— Euh...J'suis censé bander là ?


— T'es con.


Je roule des yeux, agacée par ses blagues stupide.


Mais je ne retire pas pour autant ma jambe des siennes.


Je me suis placée ainsi pour l'empêcher de me déconcentrer de base, mais au final c'est pire à présent, bien qu'il ne fasse plus trembler sa jambe.


Je me sens bizarre. Comme si, par ce contact, je lui transmettait tout ce qui ce passer dans ma tête et mon cœur, bien que ce soit un bordel sans nom. Toute la classe peut voir nos bas qui se touchent, la chaise qu'on partage presque, mais nul ne voit nos jambes. Et la chaleur des siennes sous la mienne est enivrante.

Est-ce que je l'aime ? Est-ce que j'aime Loïc, mon ami, mon pote ? Non. Oui. Je ne crois pas...Mais je ne poses pas vraiment la question à vrai dire. Pourquoi compliquer les choses avec lui, alors que tout est si simple et naturel entre nous ? Et pourtant, personne ne comprend la situation. Il faut die qu'elle est tellement étrange !

Je ne cherche pas à la comprendre, ni à la définir. Je suis si bien ainsi, si heureuse dans cette relation que j'entretiens avec Loïc. On se connaît depuis deux ans lui et moi, j'en ai vu des vertes et des pas mûres, c'est la fin de l'année mais aussi le début de quelque chose.

Maria et Loïc.

Loïc et Maria.

Dans quoi je m'embarque ? Je n'en ai plus aucune idée. et ça me plaît terriblement.


***


Loïc :


Nous sortons tous de la salle de physique. Je me presse de la quitter suivi de près par Luc.

Je sors du collège, avec mon vélo. Je suis enfin en Week-End ! Putain, j'attendais que ça depuis le début de la semaine.


Ce qu'il vient de se passer était...Pour le moins agréable. Mais je me suis aussi rendu compte d'une chose : je ne peux plus laisser Maria contrôler mon cœur ainsi.

Je vais finir fou d'elle sans m'en rendre compte, à moins que ce ne soit déjà le cas. Et je refuse d'être déçu une deuxième fois par cette fille : je suis trop jeune pour attendre indéfiniment.

Mais suis-je prêt à renoncer totalement à mes sentiments et à une possible histoire entre nous ? Non, pas encore.


Alors, pour me donner bonne conscience, je m'approche d'elle. Elle se retourne vers moi, délaissant sa discussion avec ses amies, et son visage se fend en un doux sourire.


"Oh, Maria, si tu savais", me souffle mes pensées. Je me contente simplement d'une question simple et banale, pourtant tendu et stressé par sa réponse comme jamais.


"Tu rentres par où ?" demandé-je.


La suite de notre relation dépendra de sa réponse.

Si elle rentre par le même chemin que moi, je lui avoue mes sentiments, la demande en mariage, bref, tout ce qu'elle voudra.

Si non... J'emploierai définitivement les grands moyens pour oublier Maria


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