Un personnage, une histoire

Chapitre 32 : Mitama : Haïku et mots doux

1851 mots, Catégorie: G

Dernière mise à jour 26/06/2018 19:02

-La la la laaa… Non, c’est plus rapide.

J’essaie de me souvenir… Mais non, il n’y a rien. Pas la moindre petite idée. Le vide complet… Peut-être que c’était plus rapide…

-Laaa la la la… Non plus lent !

Je creuse au plus profond de ma mémoire. Mais c’était quoi le rythme déjà ! Je ne m’en souviens plus !

Mère, si seulement vous pouviez me chanter à nouveau cette chanson… Cette berceuse… Parce là pour l’instant…

Je pose mes mains autour de ma tête. Réfléchissant. Ma mère me chantant une berceuse, quand j’étais plus jeune… Mais maintenant, je suis trop grande pour ça… Alors elle ne me chante plus rien.

Mais moi, j’essaie de me souvenir de cette chanson si douce… Pour ma rappeler ma mère… Elle me manque tellement…

Je m’appelle Mitama. Fille d’Azama et Orochi, deux devins Hoshidiens. Mais à cause de la guerre, je suis dans ces Terres Oubliées, en compagnie de gardienne. Dans un sanctuaire.

Mes parents ne peuvent pas venir souvent ici. Ils sont si occupés… Et en plus, le temps se déroule différemment ici. Une semaine pour eux devient un mois pour moi. Voir plus.

Ici, je suis dans un sanctuaire secret. Avec seulement des gardiennes adultes… Bien sûr, c’est super pour l’éducation, mais…

Mais je me sens quand même un peu seule… Alors, pour ne pas devenir folle, j’essaie en vain de me souvenir de cette douce berceuse que me chantait ma mère. Pour me souvenir de sa présence.

Je ne me souviens pas du rythme… Mais je me souviens des paroles.

Rêves, dormir paisiblement… Je me souviens d’une mention de se reposer, de fermer les yeux… Je ne pourrais pas tout retenir de tête… Mais il ne faut pas que je les oublies.

Je regarde un peu autour de moi. Comment trouver une technique pour mémoriser tout ça… Mon regard se pose sur une feuille. Je souris. Oui, c’est une bonne idée.

Je prends une plume, la trempe dans un petit pot d’encre, et commence à écrire. J’écris, n’écoutant que mes souvenirs. Finalement, je pose la plume. J’ai écrit presque toute une page…

Je regarde les paroles. Peut-être que je pourrais me souvenir du rythme, maintenant…

Juste repose toi, et ferme les yeux. Les doux rêves arrivent…

Peut-être… Repose dit rapidement, yeux lentement… Non, c’est moche, ça ne marche pas… L’inverse ? Non, c’est pire…

Je suis complètement perdue… Et revoir les paroles devant moi ne m’aide absolument pas…

Je cherche. Cherche. Continue à chercher. Mon cerveau est si concentré… Je perds petit à petit toute notion du temps.

Jusqu’à ce que je relève la tête. Je regarde par la petite fenêtre de ma chambre. Ecarquille un peu les yeux. Avant de soupirer.

Ca fait presque une heure que je coince là-dessus… Je regarde la feuille sur laquelle se trouvent tous les mots. Je la froisse sans aucune trace de pitié. Il faut que j’aille m’aérer l’esprit, sinon je vais devenir folle…

Je pars de ma chambre, et vais dans la bibliothèque du sanctuaire. Une grande bibliothèque avec beaucoup de textes… Mais surtout du haïku.

Le haïku est purement Hoshidiens. C’est une forme de poème… Très abstrait. Et lorsqu’on comprend toutes les subtilités, cela devient vraiment magnifique. Et puisque la lecture est mon seul réel loisir de la journée…

Enfin bref, je commence à comprendre toutes les subtilités, toutes les finesses, tous les détails des haïkus. Et j’aime beaucoup ça.

J’arrive à la bibliothèque. Les murs sont recouverts de livre. Si haut que je n’en vois jamais le bout.

C’est assez stupide, quand on y pense… Pourquoi avoir une bibliothèque qui arrive si haut, puisqu’il n’y a aucune échelle assez grande pour les atteindre ?

Je souris en pensant aux pauvres auteurs qui se trouvent au sommet. Leurs livres doivent prendre la poussière, là-haut !

Je m’approche d’un mur, et prend un recueil de haïku au hasard. Je n’ai pas encore lu tous les livres. Et heureusement ! Sinon on pourrait vraiment dire que je n’ai rien à faire ici !

Je m’assois dans un coin, et commence à lire. Je lis longtemps. J’ai déjà lu ce passage, il me dit quelque chose…

Tiens ? Ce passage-là, je ne l’ai pas lu… J’ai dû commencer ce recueil sans le finir… Ça m’arrive assez souvent. Je me fais en général attraper par une gardienne, qui veut que je parte me coucher, que je continue d’étudier, que je m’entraine à guérir…

Je dois guérir, mais franchement, pour l’instant… Pour l’instant, je m’en fiche. Je ne suis pas en guerre. Et ici, je suis en sécurité, alors.

Je sors de ces pensées étranges, et continue à lire. Finalement, les haïkus… C’est pas si difficile à écrire… Il suffit juste de faire des phrases lourdes de sens…

Ouais… C’est assez simple, en fait… Et si… J’essayais ? Bon, ce ne sera peut-être pas du grand art mais… Mais après tout, pourquoi pas ?

Je hoche la tête. Oui ! Ça pourrait être une excellente idée !

Je prends le livre, et court dans ma chambre. Une fois arrivée, je ferme la porte, m’installe sur mon bureau, prend une plume, et…

Et ne trouve pas d’inspiration.

Je soupire. Frappant ma main contre mon visage. Laissant s’échapper quelques mèches mauves sur mon front. Décidément, je suis vraiment maudite…

Je regarde partout autour de moi en quête d’inspiration. La fenêtre, le ciel, des plumes, un lit… Mais rien ne vient.

Et je tombe sur une feuille froissée. Je l’ouvre. Oh… Ce sont les mots de ce matin… Les fameux…

Rêve… Paisible… Reposer… Des mots si doux… Je souris rien qu’à les lire. Comment j’ai pu froisser cette feuille ?

Une ampoule s’allume en moi. Et si… Et si je faisais un haïku avec les mots de ma mère ?

Oui ! C’est une excellente idée ! Comme ça, je pourrais lui lire quand elle reviendra !

… Si elle revient un jour… Enfin.

Je commence à lire les mots. Rêves, reposer, paisible, ferme les yeux…

Je soupire. Je n’ai que des bribes de mots ! Peut-être que je vais trouver quelque chose à dire mais… Mais pour l’instant, c’est mal parti.

Peut-être quelque chose sur le sommeil d’un enfant… Non, ce serait ridicule… L’amour d’une mère ? Vu et revu…

Je cherche. Encore et encore. Mais je ne trouve décidément aucune idée… Je crois que ce n’est décidément pas mon genre… Si seulement j’étais aussi douée pour trouver des idées que pour être cassante…

Oui, il m’arrive d’être très cassante, quand je veux. C’est un défaut que j’ai pris de mon père. Il est tellement… Cynique… Je le suis un peu moins, mais parfois je me surprends à vexé durement certains personnes.

Enfin, retournons à ce haïku en court d’écriture.

Finalement, je reste devant mon bureau longtemps. Très longtemps. J’écris quelques mots, froisse la feuille, la jette et recommence. En boucle…

Jusqu’à ce que la lumière du jour soit remplacée par une lumière de bougie. Une faible flamme. Une rougeur vacillante.

Finalement, le balancement régulier de la lumière m’hypnotise… Finalement, sans aucune lutte, je sombre dans un sommeil profond.

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Je me réveille. Mais… J’entends un bruit tellement fort… C’est sûrement ces bruits qui m’ont réveillée… Qu’est-ce qu’il se passe, encore ?

-Mitama ! Mitama ! J’entends

Je relève la tête mollement. Mes yeux encore engourdis de sommeil.

-Hum ? Je fais

-Il est déjà midi ! Tout le monde t’attend en bas pour manger ! Affirme une voix.

Je comprends ensuite ce qu’il se passe… Il est déjà midi… Une seconde.

Hein ? Déjà midi ?

J’ai dormis si longtemps ? Mais c’est impossible ! Ah oui quand même… Les pauvres gardiennes doivent m’attendre depuis longtemps… C’est d’ailleurs l’une d’entre elle qui doit être derrière la porte.

-J’arrive… Je souffle

J’entends la gardienne partir, et je me relève. Je me suis vraiment endormie sur mon bureau ?

Je soupire. Je devais vraiment être fatiguée… Je sors de ma chambre, et me dirige vers la cantine. Les autres doivent m’attendre…

J’entre dans la cantine, épuisée. Je ne suis pas encore totalement réveillée… Mais je dois manger quand même.

On m’amène un plat. Je remercie d’un grognement, puis, je prends une baguette entre les doigts. Je la bouge dans l’assiette. Une gardienne en face de moi me demande :

-Tu n’as pas faim ?

-Nan… Je fais

Je ferme presque les yeux… Je suis encore tellement endormie… Mais alors que j’allais tomber la tête la première dans mon bol, une ampoule s’illumine en moi. Je lâche ma baguette. Sourit.

-Mitama ? Souffle cette même gardienne

-JE REVIENS TOUS DE SUITE !!! Je crie

Je me relève brusquement de ma chaise, la faisant presque tomber. Je n’entends même pas les autres gardiennes protester, car…

JE SAIS !!! JE SAIS COMMENT ECRIRE CE HAIKU !!! JE SAIS COMMENT FAIRE !!!

Je cours vers ma chambre, fonce à mon bureau, et trempe rapidement ma plume dans l’encre. Si fort que des taches énormes apparaissent.

Et J’écris. Par réflexe. Les mots sortent directement de mes pensées pour rejoindre la feuille.

Et je continue… Et je continue… Encore et encore…

Finalement, j’arrête d’écrire. Je pose ma plume. Et je relis mon texte.

Je pleure. Plaque ma main contre ma bouche. Ce haïku… Il est magnifique… Je n’ai jamais été aussi fière ! C’est vraiment…

Je prends la feuille, et la cache rapidement dans un placard. Je le sortirais uniquement lorsque ma mère sera de retour…

Et j’espère vraiment qu’elle sera aussi fière que je le suis.

Vraiment, plus je lis ce haïku, plus j’aime ces mots, ces poèmes… Il me rappelle ma mère…

Je vais dormir, à présent. Parce que dormir amène toujours bon conseil... Et c’est endormi ce matin que j’ai pu trouver l’inspiration de mon premier haïku !

Et certainement pas mon dernier !

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