Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 9 : Le gars au téléphone

1875 mots, Catégorie: M

Dernière mise à jour 10/09/2020 13:48

"Je peux vous aider ?"


William venait de rejoindre l'accueil du restaurant pour accueillir les clients du midi, déjà nombreux aux portes du restaurant. L'un d'eux détonnait totalement dans le paysage. Il s'agissait d'un jeune homme un peu moins âgé que lui dans un costume noir taillé sur mesure et tiré à quatre épingles, bien loin des habituels enfants et parents qui passaient leur pause du midi ici, complètement débraillés. L'inconnu suait à grosses gouttes, très nerveux.


Il s'approcha et tendit la main.


"Scott Cawthon. Je suis envoyé par monsieur Fazbear, notre ami commun. Il m'a expliqué que vous recrutez actuellement. Je... Je pense pouvoir correspondre à vos attentes. En tout cas, lui semble le penser."


William leva un sourcil surpris et serra sa main. Il n'avait pas vraiment la tête d'un manager de restaurant familial, mais plutôt celle d'un gamin sortant à peine de l'université, encore inexpérimenté et plein d'espoir. Néanmoins, le vieux Fazbear brillait d'intelligence, il pouvait être certain que s'il avait été envoyé ici, il était fiable. Le gérant lança un regard vers la grande salle. Sa femme avait déjà repéré le nouveau venu et lui indiqua d'un signe de main qu'elle s'occuperait de la salle seule le temps qu'il en finisse. 


Le roboticien l'invita à le suivre dans son bureau, plus loin dans le couloir. Il marqua un temps de pause sur le pas de la porte pour admirer la pièce, récemment rénovée. La pièce avait été agrandie pour servir de salle de repos et de salle de garde pour la nuit. Le réseau de caméra atterrissait maintenant sur un seul écran, et des micros permettaient désormais d'écouter de manière discrète ce qui se disait dans le restaurant. L'atelier de William avait déménagé dans sa maison, pour plus de confort et de sécurité, principalement suite à la destruction de ses locaux qui le rendait un peu paranoïaque.


Il s'installa derrière le bureau, et Scott en fit de même sur la chaise en face de lui. Il ne paraissait pas très rassuré.


"Bien, commença William. Je ne vais pas passer par quatre chemins, oui, nous avons désespérement besoin d'aide. Mon co-gérant a disparu de la circulation du jour au lendemain et m'a laissé le restaurant sur les bras. Je ne suis pas restaurateur de métier, je suis avant tout roboticien. Je crée et répare des robots toute la journée. Henry devait s'occuper de la partie gestion. 

— Le travail ne me fait pas peur, si c'est ce que vous sous-entendez. J'ai travaillé plusieurs années en compagnie de M. Fazbear avant qu'il ne se retire, comme un apprenti, en quelques sortes. Je m'occupais de la communication, de la gestion de ses projets, de ses emplois du temps : j'avais le rôle de l'homme à tout faire, en quelques sortes, dit-il avec nostalgie. Je connais également bien les personnages de M. Fazbear et j'ai quelques notions de mécaniques."


William se gratta le menton, incertain. Son profil lui plaisait, c'était indéniable, en tout cas bien plus que les vingt-quatre précédents candidats.


"On me surnomme "Phone Guy", sourit l'homme, inarrêtable. Souvent, où que je sois, on me retrouve avec un téléphone à la main pour essayer de réparer les bêtises des autres. C'est devenu comme une seconde nature. J'ai crû comprendre que vous aviez besoin d'aide sur le long terme suite à l'agrandissement du restaurant. Je ne suis peut-être pas le plus calé en divertissement et animation, ni en cuisine, mais je peux gérer toute votre paperasse, recruter des gens, aider à diverses tâches.

— Pourquoi à tout prix ce restaurant ? 

— Je... J'ai fait une promesse à monsieur Fazbear. Avant qu'il... Avant qu'il n'oublie, il m'a fait promettre de veiller sur ses personnages. Puisqu'ils vont cesser d'exister en dessin animé, la suite logique est ce restaurant. M. Fazbear place beaucoup d'espoirs en vous, et j'ai envie de croire qu'il a raison de le faire."


William réfléchit un moment, l'air sérieux, puis un fin sourire étira son visage. Il étudia le visage trop sérieux de son invité encore quelques instants avant de céder.


"Si vous dites que vous pouvez m'aider et que vous avez de l'expérience, je ne vois aucune raison de vous empêcher de nous rejoindre. Quand pouvez-vous commencer ?

— Eh bien, j'ai loué une petite chambre dans le motel d'en face, j'ai aussi repéré des appartements en ville. Je pense pouvoir commencer dès que j'aurais trouvé où me loger pour de bon.

— Si ça peut vous... te dépanner, se corrigea William, il y a une chambre d'ami libre chez moi. Elle n'est pas très grande, mais il y a un bureau et une salle de bain.

— Ça m'aiderait énormément, en effet, s'enthousiasma son nouveau manager."


Ils discutèrent encore quelques minutes de paperasse et de salaire avant que William ne le libère pour de bon. Il l'aimait bien. Scott avait un humour grinçant, mais lui était finalement très sympathique. Peut-être avait-il enfin trouver un remplaçant à Henry ? Seul le temps le lui dirait. 


Quand il rejoignit sa femme, le service se terminait. Il l'embrassa dans le cou pendant qu'elle servait une pizza et elle se retourna, surprise.


"Enfin sorti ? Je pensais que tu ne le laisserais jamais partir. Qu'est-ce qu'il voulait ? C'est les impôts ?

— Pire que ça, c'est notre nouveau manager. Je lui ai proposé de dormir à la maison le temps qu'il trouve de quoi se loger."


Elle fronça les sourcils, faussement énervée.


"Tu aurais pu me demander.

— Tu aurais dit non ?

— Non."


Elle releva la tête et quitta la pièce avec le plus de dignité possible sous les yeux de William. Ce dernier sourit quelques secondes avant de balayer la salle du regard à la recherche de ses marmots dans le flux continu d'enfants qui couraient et hurlait autour des tables. Il repéra rapidement Elisabeth. La petite fille jouait avec deux autres gamines aux pieds de Fredbear et SpringBonnie avec les peluches à l'effigie des nouveaux robots du restaurant. Michael la surveillait à distance respectable, nonchalamment appuyé contre le mur. Cet élan de fraternité ne pouvait être motivé que par la présence de Jessica, une jeune fille de son école qui avait su, par un quelconque miracle, dompter le fauve.


Le roboticien se rapprocha de son fils aîné. Dès qu'il entra dans son champ de vision, la magie de l'amour se rompit brutalement. Michael lui offrit un regard dédaigneux et agacé.


"Mike, où est ton frère ?"


L'adolescent haussa les épaules.


"Je sais pas. Sûrement en train de chouiner dans un coin, comme d'habitude."


William poussa un soupir. Il était vrai que Georges agissait étrangement ces derniers jours. Il ne mangeait presque pas, refusait de jouer avec sa soeur et paraissait effrayé à la simple mention du restaurant. Depuis qu'Elisabeth l'avait retrouvé enfermé dans un placard, il n'était plus le même. Les parents avaient tenté de comprendre ce qui se passait, mais Georges restait terriblement silencieux et rejetait tout contact dès que l'on mentionnait la pizzeria. Quelque chose s'était produit, William en était certain, mais il ne savait pas quoi. 


Il continua l'inspection du restaurant dans la salle d'arcade. Plusieurs adolescents s'excitaient sur les bornes avec férocité sous le regard bienveillant de Clay Burke venu prêter main forte pour la journée. L'officier salua William d'un signe de tête et pointa ensuite la scène de la main.


"Si tu cherches Georges, je l'ai vu partir vers les bureaux. Il... n'avait pas l'air bien."


William le remercia et tourna les talons. Il n'était pas difficile de trouver où l'enfant s'était réfugié : la porte du bureau de Henry, qui servait désormais de réserve, était encore ouverte, une nouvelle fois. Pour une raison qui lui échappait, Georges ne cessait de s'y rendre. Le roboticien toqua et entra. Des sanglots lui arrivèrent immédiatement aux oreilles.


Alerté, le gérant appuya sur l'interrupteur pour y voir plus clair. Assis entre deux colonnes de ramettes de papier, les genoux repliés contre lui, Georges pleurait à chaudes larmes. Il releva la tête vers son père, avant de recommencer son manège. Son père poussa gentiment les paquets de feuilles et s'installa à côté de lui. Le garçon lâcha ses jambes pour se blottir contre lui. Ses sanglots redoublèrent d'intensité. William se contenta de lui frotter le dos pour le rassurer, un peu perdu.


"Qu'est-ce qui se passe ? lui demanda-t-il une fois qu'il fut un peu calmé. Quelque chose s'est passé ?

— C'est... C'est Mike, il a... Il a... Il a pris la tête de Foxy et il a... Il est sorti de nulle part pour... pour faire peur."


Son père se crispa légèrement. Michael avait promis d'arrêter. Depuis quelques temps, il terrorisait son petit frère en se déguisant en animatronique, juste pour lui faire peur. Ses nouveaux "amis" lui en avaient donné l'idée, avançant que l'adolescent n'avait pas à se faire marcher dessus par un morveux. William avait menacé d'en parler à leurs parents et ils s'étaient un peu calmer. Du moins l'avait-il cru jusqu'à aujourd'hui.


"Tu sais que tu n'as rien à craindre, n'est-ce pas ? lui dit doucement William. Ton frère est atteint de cette maladie qu'on appelle "crise d'ado".

— Il va mourir ? s'affola le garçon.

— Non, mais ça va durer un petit moment. En revanche, il n'a pas le droit de s'en prendre à toi de cette façon. Les robots n'existent pas, tu le sais bien, ils ne peuvent pas sortir d'ici.

— Oui, je sais, répondit-il, peu convaincu."


Le garçon baissa la tête.


"Papa, les monstres existent, pas vrai ?

— Eh bien... Tout dépend de quel monstre on parle. Certaines personnes sont qualifiées de monstres après leurs actes.

— Comme ceux qui... tuent des enfants ?"


William fronça les sourcils. Il sentit son coeur tambouriner dans sa poitrine. Se pouvait-il que Georges soit au courant ? Comment ? Il n'était même pas là quand il s'était débarrassé du corps ! Non, c'était idiot. Son fils le dévisageait avec attention alors que la panique le gagnait petit à petit. Il finit par se ressaisir et dévia le sujet, mal à l'aise.


"Pourquoi ne vas-tu pas jouer avec Elizabeth ? Mike ne t'embêteras pas tant que tu seras avec elle. Va."


Il remarqua immédiatement qu'il détournait son attention. Georges resta silencieux. Il récupéra son ours en peluche et sortit de la pièce, non sans lui lancer un regard suspicieux. Quel genre de père était-il pour ne pas le rassurer alors qu'il se posait des questions sur des meurtres ? Il cacha son visage dans ses mains et poussa une plainte sourde.


Non, Georges n'avait pas découvert, il devait s'en convaincre. Puisque si c'était le cas, il devrait le faire taire, et ni le gamin, ni le père ne souhaitaient en arriver là.



Laisser un commentaire ?