Tu le paieras un jour William Afton

Chapitre 11 : Perturbations

1549 mots, Catégorie: T

Dernière mise à jour 13/09/2020 18:02

Freddy, Bonnie et Chica dansaient sur scène, synchronisés. Le grand jour était enfin arrivé et William était excité de les présenter au public. Une grande scène avait été construite dans le fond de la salle, un peu plus loin que celles de Fredbear et SpringBonnie. Le roboticien, néanmoins, était un peu sur les nerfs. En cette semaine de veille de Noël, il n'avait eu aucun répit : commandes et livraisons, réparations des robots, décoration de la salle... Tout s'était enchaîné rapidement. 


Les époux Afton restaient soudés dans cette précipitation hivernale, mais ce n'était pas le cas des enfants. Le cas de Georges s'était encore aggravé. Il refusait désormais de mettre un pied dans le restaurant sans y être contraint et, son frère continuant de l'effrayer avec ce foutu masque de Foxy, la moindre vue d'une partie métallique déclenchait une crise de panique qu'ils ne savaient vraiment gérer. William avait essayé un psychologue, mais Georges avait été incapable de sortir une pensée cohérente. Le médecin avait également accusé William d'être responsable de son état. Il l'avait mal pris, avait traité l'homme d'incompétent et avait refusé d'y remettre les pieds.


Le garçon regardait son père avec méfiance, caché derrière le mur du couloir, son ours en peluche serré contre lui. William ne pouvait pas l'obliger à entrer dans la pièce, il avait même - il fallait l'avouer - baissé les bras sur son cas. Il n'avait pas la patience de gérer ses fantasmagories. Maggie était de son avis : ça passerait avec l'âge, rien d'important qui ne valait la peine d'intervenir. Ils tenaient Michael à l'écart autant que possible, mais l'adolescent en perpétuel défi d'autorité faisait de la résistance. Ce dernier avait même une nouvelle lubie : les fugues. Pas plus tard que la semaine précédente, Clay Burke, l'officier de police, l'avait arrêté alors qu'il venait de se faire pincer sans billet dans un bus. Il s'en était tiré avec un simple rappel à la loi et des reproches de ses parents, mais cela ne l'avait semble-t-il pas plus impressionné que cela.


Le petit rayon de soleil de la famille restait Elisabeth. Bien loin des querelles qui déchiraient ses frères, elle avait décidé pendant les vacances de gagner un peu d'argent de poche en aidant au restaurant. Elle n'avait pas exactement l'âge légal pour travailler, mais William l'occupait du mieux qu'il pouvait. Alors que les adultes préparaient l'ouverture, elle décorait les menus de la soirée avec des stickers à l'effigie des stars du restaurant déguisés en Père Noël. De temps en temps, elle s'arrêtait dans son dur labeur pour montrer ses créations à ses peluches, installées sur les chaises devant elle.


"Liz', ma puce, tu as bientôt terminé ?

— Oui, papa ! répondit-elle joyeusement. Il m'en reste cinq à décorer !"


William lui sourit et partit aider Maggie à dresser les tables. Il encouragea Georges à venir les aider, mais le garçon fronça le nez et disparut vers le bureau de son père, là où on le laisserait tranquille. Les parents échangèrent un regard soucieux avant de se remettre au travail. Tant pis. Ils n'allaient pas l'attendre pour ouvrir le restaurant.


Les premiers clients s'installèrent vingt minutes plus tard. Le temps que William chauffe les fours, un troupeau d'enfants s'était agglutiné devant la nouvelle scène. Assurément, la nouvelle bande avait du succès. Tout le reste de la soirée, il n'entendit que parler de Freddy, Bonnie, Chica et Foxy aux quatre coins du Diner. Les enfants, comme les parents, étaient sous le charme. Une bonne nouvelle pour le gérant : plus ils en parleraient autour d'eux et plus le chiffre d'affaire grimperait.


La soirée se déroula à merveille et la venue surprise du Père Noël en personne après le repas acheva la fête dans la joie et la bonne humeur.


Si seulement tout avait pu rester ainsi...


Après le départ des clients, William s'attaqua à l'énorme tas de vaisselle qui encombrait la cuisine. Ils n'avaient pas encore le budget pour investir dans un lave-vaisselle et Maggie avait raccompagné les enfants à la maison. Seul Scott, inépuisable, arpentait la salle principale à la recherche des pourboires et des problèmes techniques. Le pauvre était totalement débraillé. Les enfants l'avaient pris en traître pour danser avec le Père Noël et il avait eu du mal à suivre la cadence. Il n'était pas exactement le genre d'homme à courir les pistes de danses.


Quelqu'un sonna à la porte. William regarda l'heure : vingt-trois heures trente. Qui pouvait bien venir à cette heure-là ? Il allait signaler à son manager qu'il ne voulait pas ouvrir, mais ce dernier avait déjà pris la direction de l'entrée. William haussa les épaules. Tant qu'il n'avait pas à le faire, ça lui allait. Il se reconcentra sur les assiettes salles, tout en écoutant d'une oreille discrète ce qui se passait. Il ne parvenait pas à saisir ce que Scott disait, mais il discutait avec quelqu'un, indéniablement. 


La porte d'entrée se referma après quelques minutes. William fit semblant d'ignorer Scott. Il traînait quelque chose de lourd au sol et l'apportait vers la cuisine. Si quelqu'un avait encore déposait des déchets devant la porte du restaurant...


"William, regarde ce que quelqu'un a trouvé ! s'enthousiasma le manager."


Le gérant se tourna vers la porte et lâcha l'assiette qu'il avait dans les mains au sol. Elle éclata en une multitude de morceaux, juste comme son âme à cet instant T. Ce n'était pas n'importe quel sac de déchets qui avait été déposé devant le restaurant : c'était la boîte de la Marionnette. Il blémît et jeta un regard nerveux vers l'horloge. Quinze minutes. Il restait quinze minutes avant que la poupée des enfers ne s'éveille de nouveau.


"Tout va bien ? Tu ne t'es pas coupé ?

— Non, ça va. Je suis juste fatigué. Tu sais quoi ? On... On ramassera tout ça demain matin, il est temps d'aller se coucher.

— Tu ne veux même pas jeter un œil au robot ? C'est celui qu'on t'as volé. Un éboueur l'a trouvé dans la décharge publique."


William prit sur lui. Il s'approcha de la boîte, jeta un oeil à l'intérieur. Les deux yeux noirs vides étaient braqués sur lui. Elle n'avait même pas une égratignure. Comment était-ce possible ?


"Je... Je ne sais pas si c'est une bonne idée, improvisa William. Elle a dû rester longtemps dehors et il a plu. Les circuits doivent être morts. Ça prendrait des mois pour la rénover, et puis les pièces sont anciennes, et...

— Mais tu rigoles ? s'exclama le manager. Les gens vont être ravis de la retrouver, c'est un des premiers robots du restaurant ! Le vintage, c'est la mode en ce moment. Fais-moi confiance sur ce coup-là. Les clients vont l'adorer !"


Il ne trouva pas d'autres arguments pour refuser. Il ne pouvait pas expliquer que le robot se promenait librement la nuit dans la pizzeria et était hanté par l'âme d'une gamine assassinée probablement par son ancien ami. Personne ne le croirait. Il sentit des sueurs froides couler dans son dos. 


"On verra ça demain. On... On rentre ?

— D'accord, plia le manager. Mais demain, on s'y penche sérieusement. C'est un bon investissement, j'en suis certain !"


William coupa court à la conversation et poussa littéralement le manager vers la sortie. Il éteignit les lumières et ferma la porte à clé. Alors qu'ils rentraient dans la voiture de Scott, William jura avoir vu une forme l'épier derrière les rideaux, ses deux yeux blancs accusateurs braqués sur lui.


**********


Le déguisement de Henry avait été parfait. Il avait vraiment espéré que William n'ouvre pas la porte et c'était arrivé. Jouer le rôle de l'éboueur chanceux avait été complexe, mais le manager de William avait gobé l'histoire sans faire d'histoires, par chance.


Oh, il en était certain, William allait faire le rapprochement à un moment ou un autre. Mais il le fallait. Henry avait commencé à faire des recherches sur l'âme, sur sa substance, sa manipulation. Si seulement il parvenait à ramener sa fille de cette façon, alors tout deviendrait plus simple. Il n'aurait plus à se cacher. Il pourrait enfin vivre sans le poids de la culpabilité sur les épaules.


Mais pour mettre son plan en action, il avait désespérément besoin des talents de son vieil ami en robotique. Toutes ses tentatives de transférer l'âme d'un enfant sur un morceau de robot avaient échoués. Les cadavres s'accumulaient et il ne pouvait plus se permettre de se mettre en danger comme avec le fils Afton. Il avait besoin d'un complice et d'un laboratoire pour travailler plus convenablement.


Convaincre William prendrait du temps. Lui expliquer la vérité aussi. Mais il était prêt à attendre encore un peu. Il avait un plan, et William ne pourrait pas refuser sa main tendue.


1983 promettait d'être une année exceptionnelle.


Laisser un commentaire ?